Le Wi-Fi Direct, initialement appelé "Wi-Fi Peer-to-Peer (P2P)", est une technologie disponible depuis 2009 et développée par le consortium Wi-Fi Alliance permettant le partage de données entre différents appareils (ordinateurs, TV, mobiles, imprimantes, etc.) via leur connexion Wi-Fi sans devoir utiliser un point d’accès Wi-Fi intermédiaire comme un routeur[1]. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir un accès à internet pour pouvoir utiliser Wi-Fi Direct. Les périphériques peuvent communiquer deux à deux mais aussi à plusieurs de manière simultanée[1].

Ce protocole permet d'effectuer un transfert de données, allant du partage de connexion internet au transfert de fichier par exemple, comme on le ferait avec le protocole Bluetooth mais à un débit théorique bien plus élevé (250 Mbit/s)[1] et avec une meilleure portée, au prix d'une consommation énergétique plus élevée[2]. L'un des avantages de Wi-Fi Direct est la possibilité de connecter des appareils même s'ils sont de fabricants différents. Un seul des appareils Wi-Fi doit être compatible avec Wi-Fi Direct pour établir la connexion[3].

Description technique

Technologie

Les produits Wi-Fi Direct peuvent fonctionner avec les normes IEEE 802.11 a, g et n et communiquent dans la bande de fréquences de 2,4 GHz. En outre, certains appareils Wi-Fi Direct fonctionnent dans la bande de fréquences de 5 GHz pour se connecter à 802.11a et 802.11n. De nombreux appareils fonctionnent dans les deux bandes de fréquences[4].

Comme il n'y a pas de routeur central, les appareils compatibles négocient eux-mêmes lequel doit devenir un point d'accès. L'un d'eux assume donc le rôle traditionnel de point d'accès (PA) appelé "Group Owner" (GO) et les autres appareils, y compris les appareils non compatibles Wi-Fi Direct, se connectent aux PA/GO en mode "Group Client" (GC). Par conséquent, un appareil Wi-Fi Direct doit implémenter à la fois le rôle d'un client et le rôle d'un point d'accès. Ces rôles sont donc des rôles logiques qui peuvent même être exécutés simultanément par le même appareil, c'est le "concurrent mode". Lorsque l'appareil agit à la fois comme client P2P et comme le "P2P Group Owner", l'appareil alterne généralement entre les deux rôles en partageant l'interface Wi-Fi.

Seul le "GO" est autorisé à connecter les appareils de son groupe P2P à un réseau externe. Wi-Fi Direct ne permet pas de transférer le rôle de "GO" au sein du groupe. Si le "P2P Group Owner" quitte le groupe P2P, le groupe se décompose et doit être recréé si nécessaire.

Formation d'un groupe

Il y a trois manières de former un groupe [5] :

Découverte de périphériques

Pour que les appareils P2P puissent se trouver les uns les autres, ils écoutent et envoient alternativement des trames de requêtes avec des éléments d'information P2P supplémentaires sur les canaux dits "social channels", qui sont les canaux 1, 6 et 11 dans la bande 2,4 GHz. Les dispositifs P2P non connectés et les propriétaires de groupe (GO) y répondent par des trames de réponse "probe response frame" qui comprennent également des éléments d'information P2P décrivant les caractéristiques du dispositif et du groupe. Les propriétaires de groupe (GO) répondent à la place des appareils qui font partie de leur groupe, mais les clients peuvent choisir de ne pas pouvoir être découverts lorsqu'ils sont connectés à un groupe.

Les caractéristiques de l'appareil comprennent notamment :

Les caractéristiques du groupe comprennent :

Découverte de services

Une fois qu'un périphérique P2P a été découvert et avant d'établir un groupe avec lui, on peut lui demander de décrire les services qu'il fournit. Pour ce faire, le Wi-Fi Direct utilise le protocole "Generic Advertisement Service" (GAS) pour transmettre ces informations conformément à la norme 802.11u. Il est alors possible d'effectuer des requêtes depuis des protocoles tels que "Bonjour" (DNS-SD), UPnP ou WS-Discovery. Après cela, l'application ou l'utilisateur peut choisir de se connecter à un appareil en fonction de son nom ou des services fournis, par exemple, un appareil photo peut se connecter automatiquement à un écran pour afficher ses photos, ou un utilisateur peut choisir de se connecter à "Mon imprimante" pour imprimer un document.

La procédure de découverte de service peut être utilisée pour trouver les services offerts par un appareil P2P ainsi que des informations supplémentaires pour chaque service. Il peut aussi être utilisé pour savoir s'il y a eu un changement dans les services offerts par un dispositif P2P.

Économies d'énergie

Le Wi-Fi Direct permet aux dispositifs P2P de se mettre en mode sommeil si nécessaire. Un propriétaire de groupe peut se mettre en veille si tous les clients se signalent comme endormis, c'est l' "Opportunistic Power Save".

Le propriétaire de groupe peut aussi utiliser la notice d'absence « Notification of Absence » (NoA) en fixant des intervalles de temps, appelés périodes d'absence, où les Clients P2P ne sont pas autorisés à accéder au canal. Ce protocole repose sur quatre paramètres :

Bande passante et portée

La bande passante et la portée dépendent de la norme sous-jacente IEEE 802.11 utilisée par Wi-Fi Direct. Dans le cas où seul le Wi-Fi 802.11g est disponible, la portée est de 38 mètres en intérieur et 140 mètres en extérieur pour une bande passante de 54 Mbit/s.

Sécurité

La connexion est réalisé sans avoir besoin d'entrer les mots de passe Wi-Fi de la manière conventionnelle en utilisant un autre protocole appelé Wi-Fi Protected Setup (WPS). WPS simplifie le processus de connexion à un réseau sans avoir à saisir des mots de passe compliqués (clé de cryptage WPA/WPA2), en introduisant par exemple un code PIN dans le client P2P ou en appuyant sur un bouton dans les deux périphériques P2P.

Dans un premier temps, le "GO" génère les clefs de sécurité et envoie celles-ci au client. Puis, le client se dissocie et redémarre une tentative de connexion avec les clefs précédemment reçues. De cette façon, si deux périphériques ont déjà les informations d'identification réseau requises (c'est le cas dans la formation d'un groupe persistant), il n'est pas nécessaire de déclencher la première phase, et ils peuvent directement effectuer l'authentification[5].

Différences avec le Wi-Fi ad hoc

Le mode ad hoc est officiellement appelé IBSS (Independent Basic Service Set) dans la norme IEEE 802.11. Tous les dispositifs conformes aux normes devraient le mettre en œuvre.

Wi-Fi Direct, malgré son nom "P2P", n'est pas un véritable protocole peer-to-peer car il s'agit essentiellement d'un protocole de formation de groupes hiérarchiques, principalement utilisé pour connecter seulement deux appareils. La sécurité, le chiffrement et la découverte de service sont déjà incluses dans le protocole, contrairement au Wi-Fi ad-hoc. Le Wi-Fi Direct est simple d'utilisation et permet à l'utilisateur de pouvoir connaître sans difficulté la liste des périphériques accessibles et les services qu'ils proposent avant même d'établir une connexion.

Le Wi-Fi Direct ne prend pas en charge la communication entre deux dispositifs clients d'un groupe et ne prend pas non plus en charge la communication à sauts multiples (multi hop) entre les nœuds d'un groupe, ce qui est une exigence clé de l'IoT[7].

À l'opposé, le mode ad hoc (IBSS), relativement ancien, simple et peu utilisé, est une véritable solution poste à poste sans hiérarchie, où tous les participants sont égaux. Il peut gérer les changements dynamiques de topologie et gère bien les réseaux maillés à grande échelle contrairement au Wi-Fi Direct.

Dispositifs compatibles

Les produits qui veulent être disponibles sur le marché Wi-Fi Direct doivent être certifiés par la Wi-Fi Alliance[8]. Le consortium existe depuis 1999 et vise à assurer l'interopérabilité des appareils approuvés selon la norme IEEE 802.11. Les appareils qui réussissent les tests de certification reçoivent le logo "Wi-Fi Certified".

Les appareils basés sur Android supportent la norme WiFi-Direct depuis la version 4 Ice Cream Sandwich.

Microsoft supporte Wi-Fi Direct sur son système d'exploitation Windows depuis la version 8 ainsi que sur la Xbox One.

La technologie AirDrop d'Apple repose sur WiFi-Direct mais la compatibilité n'est assurée que pour les appareils utilisant iOS.

Il peut être couplé à d'autres techniques, par exemple avec le cas du S Beam de Samsung (qui est une extension d'Android Beam), où lorsque deux appareils possédant le support du Communication en champ proche (NFC) et du réseau Wi-Fi Direct, se connectent via NFC, puis peuvent automatiquement faire un transfert via réseau Wi-Fi Direct[9].

La technologie Miracast de partage d’affichage et de son sans fil est basée sur WiFi-Direct.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. a b et c « Wi-Fi Direct | Wi-Fi Alliance », sur www.wi-fi.org (consulté le )
  2. (en-US) David Okwii, « Bluetooth 5 vs WiFi Direct: Which is the best for sharing files between smartphones », sur Dignited, (consulté le )
  3. (en) « Simple Questions: What Is WiFi Direct? How Does It Work? », sur Digital Citizen, (consulté le )
  4. « Does Wi-Fi Direct work on 802.11 a/b/g/n? | Wi-Fi Alliance », sur www.wi-fi.org (consulté le )
  5. a et b D. Camps-Mur, A. Garcia-Saavedra et P. Serrano, « Device-to-device communications with Wi-Fi Direct: overview and experimentation », IEEE Wireless Communications, vol. 20, no 3,‎ , p. 96–104 (ISSN 1536-1284, DOI 10.1109/MWC.2013.6549288, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b « Thinktube - WiFi Direct », sur Thinktube (consulté le )
  7. J. H. Lee, M. Park et S. C. Shah, « Wi-Fi direct based mobile ad hoc network », 2017 2nd International Conference on Computer and Communication Systems (ICCCS),‎ , p. 116–120 (DOI 10.1109/CCOMS.2017.8075279, lire en ligne, consulté le )
  8. « Wi-Fi Alliance », sur www.wi-fi.org (consulté le )
  9. (en) Lapotop Mag How to Use S Beam to Share Files on Your Samsung Galaxy S III. 2012