Yad Yitzhak Ben-Zvi (hébreu : יד יצחק בן-צבי) est une institution d'État israélienne qui s'occupe, depuis 1947, de la recherche et de l'étude de l'histoire de la Terre d'Israël et de Jérusalem, de la conservation du patrimoine historique du pays et contribue au développement de la connaissance au sujet des communautés juives vivants ou ayant vécu en pays musulmans[1]. L'institut, qui porte le nom du deuxième président de l'État d'Israël, Yitzhak Ben-Zvi, se situe dans la demeure de ce dernier et de son épouse Rachel dans le jardin Kouzari au 12 rue Abrabanel. Il fut construit d'après le projet d'aménagement urbain du quartier de Réhavia à Jérusalem, réalisé par l'architecte Richard Kaufmann.

Le premier fondateur et directeur de Yad Ben-Zvi était Yehuda Ben-Porat (1913-2009)[2]. Le docteur Zvi Zameret dirigea l'institution jusqu'en . Ensuite, Yaakov Yaniv fut nommé à la tête de l'institut.

Fondement et Objectifs de l'Institution

Yad Yitzhak Ben-Zvi a été fondé en tant que société publique le [3]. Dès sa création, l'institution fut dirigée par un conseil public, un conseil d'administration, un conseil scientifique, un conseil d'éducation culturelle et du personnel administratif. Parmi les membres de l'institut se trouvent des représentants du gouvernement, de la Knesset, de la municipalité de Jérusalem, de l'université hébraïque et des fonctionnaires[4].

Les objectifs fixés dans la charte de Yad Ben-Zvi votée le sont [5]:

"(1) Approfondir la conscience de la continuité de la communauté juive en Terre d'Israël et favoriser l'étude de l'histoire du Yishouv.

(2) Promouvoir l'étude de Jérusalem.

(3) Promouvoir l'étude de l'histoire des communautés juives en Orient.

(4) Refléter la personnalité d'Yitzhak Ben-Zvi en tant que président de l'État et ses activités dans le mouvement sioniste, le mouvement ouvrier, le Yishouv et l'État "

Les Instituts de recherche

Yad Ben-Zvi a plusieurs instituts de recherche, notamment l'Institut d'étude de la Terre d'Israël[6], l'Institut Ben-Zvi pour l'étude des communautés juives de l'Est (he), la Société d'étude de la culture arabo-juive, la Société d'étude de la communauté juive sépharade (he)[7] ainsi qu'un centre d'archives.

L'Institut d'étude de la Terre d'Israël

L'Institut d'étude de la Terre d'Israël s'occupe du développement de la recherche sur la Terre d'Israël et Jérusalem et étudie les populations y ayant résidé dans toutes les périodes de l'Histoire. Le centre traite également l'histoire d'Yitzhak Ben-Zvi, de son travail dans la communauté et le pays, de son action au sein du mouvement ouvrier en Israël, du mouvement sioniste et en tant que président du pays. L'Institut poursuit également les recherches d'Yitzhak Ben-Zvi sur la littérature juive antique, sur l'histoire des Juifs à Jérusalem au cours de la période ottomane, sur la société civile durant la guerre d'Indépendance, etc.

L'institut travaille en partenariat avec des universités et institutions à travers le pays, organise des conférences et des séminaires et publie des livres et des périodiques tels que Cathedra et Etmol (he).

L'institut est dirigé par le professeur Alon Kadish et son adjoint, le Dr Amnon Ramon.

L'Institut Ben-Zvi pour l'étude des communautés juives d'Orient

L'Institut Ben-Zvi pour l'étude des communautés juives en Orient a été créé le , à l'initiative de Yitzhak Ben-Zvi, qui a défini l'objectif de l'Institut comme suit:

"L'étude des communautés juives inclut l'histoire de la vie spirituelle et du quotidien de toutes les tribus d'Israël, partout où elles ont vécu. Les sages des communautés orientales ont, au cours des générations précédentes, occupé une part considérable de la culture et de la littérature juives et leurs nombreux écrits se sont répandus dans les communautés européennes. Les travaux de ces Sages d'Israël, pleinement impliqués dans leurs communautés orientales, sont souvent des textes halakhiques et des livres de philosophie et d'éthique d'une grande richesse étudiés jusqu'à aujourd'hui par les Grands d'Israël. Les poètes orientaux tels que les poètes de Turquie et du Maroc, dont les chants et poèmes sont maintenant révélés, ont une grande valeur poétique et historique... Afin d'étudier les communautés juives d'Orient, cet institut a été créé."

Peu après la fondation de Yad Yitzhak Ben-Zvi, l'Institut Ben-Zvi y a été rattaché. Depuis 1973, il est administré en coopération avec l'Université hébraïque de Jérusalem.

Les sujets de recherche de l'Institut comprennent : la vie spirituelle, sociale et économique, le statut politique, l'histoire, la littérature et la culture matérielle des communautés juives d'Orient, y compris les langues parlées dans ses régions. Le terme « communautés juives d'Orient » inclus pratiquement toutes les communautés non Ashkenazes telles que : « romaniotes », « moustarabim », « espagnol », la communauté juive italienne, les Juifs d'Afrique du Nord et d'Égypte, les Juifs de Babylone, les Juifs yéménites, la communauté juive persane, les Juifs de Boukhara et du Caucase, le judaïsme d'Inde, les communautés juives d'Asie du Sud-Est et toutes celles comprises dans la définition moderne de "Oriental".

Ainsi les activités de l'Institut comprennent le Centre de documentation du Judaïsme d'Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale[8], un projet sur les communautés juives d'Orient durant les 19e et 20e siècles, l'Annuaire de recherche Friedberg « Ginzei Qedem» (he), outil d'archivage et de recherche[9], le Centre de recherche sur la communauté juive yéménite et sa culture en mémoire d'Abdias Ben-Shalom, le Centre de recherche sur les Juifs de Boukhara et d'autres projets.

L'Institut publie au cours de l'année différents ouvrages :

Le premier directeur de l'institut était le secrétaire scientifique d'Yitzhak Ben-Zvi, Meir Benayahu.

L'actuel directeur de l'Institut Ben-Zvi est le professeur Eyal Ginio, son adjoint est le docteur Yoel Marciano et le président du comité académique est le professeur Moshe Idel.

En 1985, l'Institut Ben-Zvi a remporté le prix israélien de littérature juive orientale pour sa contribution plurielle à l'étude de l'histoire et de la culture des juifs d'Espagne et d'Orient.

La société d'étude de la culture arabo-juive au Moyen Âge

La société pour l'étude de la culture arabo-juive se consacre à l'étude de l'histoire et de la culture des Juifs arabophones au Moyen Âge.

La Société a été fondée à Chicago en 1984. Son siège est à l'Institut Ben-Zvi et elle comprend plusieurs projets de recherche axés sur la littérature et les documents judéo-arabes, notamment la préparation d'éditions critiques de textes judéo-arabes, la publication de catalogues détaillés de documents judéo-arabes des collections Firkovitch et le catalogage de textes de Genizah pour le projet Friedberg[10].

Active sur quatre continents, la Société compte des centaines de membres qui publient articles et livre pour l'avancement de la recherche sur le sujet[11].

La Société d'étude de la communauté juive sépharade

La Société d'étude de la communauté juive sépharade a été créée en 2009.

La définition de Sépharad pour la société est large puisqu'elle suit le sens originel du terme, c'est-à-dire toute la péninsule Ibérique, composée de l'Espagne et du Portugal d'aujourd'hui.

La Société regroupe des chercheurs du monde entier dont les intérêts de recherche se concentrent sur l'histoire et la culture des juifs séfarades et de leurs descendants à l'Est et à l'Ouest, dans tous les domaines et disciplines, incluant l'histoire, la philosophie, le mysticisme, la littérature, les langues, l'art, la musique, le folklore, l'éducation, l'archéologie, la liturgie, la halakhah, les études bibliques et talmudiques etc.

L'objectif de la Société est de promouvoir et coordonner la recherche, organiser des conférences et des ateliers, offrir de l'information sur la recherche, publications et activités académiques dans le domaine des études sépharades[12].

La Société se divise en cinq domaines d'étude :

1. Les juifs sépharades de l'époque médiévale

2. La diaspora séfarade orientale

3. La diaspora sépharade nord-africaine

4. La diaspora sépharade occidentale

5. Les juifs et l'Espagne moderne.

La société est affiliée à l'Institut Ben-Zvi pour l'étude des communautés juives sépharades nord-africaines (he).

Les Archives de l'Institut Ben-Zvi

Les collections de l'Institut Ben Zvi sont conservées à la bibliothèque de Yad Ben Zvi, et incluent une variété de manuscrits anciens, de livres et de journaux rares de différentes époques et communautés juives, dont certaines sont éteintes, écrits en langues juives uniques, telles que : le ladino, le judéo-arabe, le boukhara, l'amharique, le judéo-persan, le malayalam, le krimtz'akit.

On y trouve également des dizaines de milliers de documents de différentes communautés: documents publics, lettres, collections commerciales et documents rares provenant de divers pays de l'Est.

Le manuscrit le plus important de l'Institut Ben-Zvi est le Codex d'Alep, que les érudits bibliques considèrent être la version la plus précise de la Bible.

Il a été transféré au Musée d'Israël en raison des conditions strictes d'entretien.

L'histoire du manuscrit et son parcours jusqu'à l'Institut Ben-Zvi a été raconté dans le livre Le Codex d'Alep de Matty Friedman[13].

Activités éducatives et culturelles

Récompense et distinctions pour encourager la recherche

Yad Yitzhak Ben-Zvi décerne des prix, des subventions et des bourses d'études à des chercheurs sur leurs travaux ou sur des essais achevés et imprimés.

Ces distinctions sont :

Notes et références

  1. (en) « The Ben Zvi Institute », sur The Ben Zvi Institute (consulté le )
  2. (he) שמעון רובינשטיין, « על יהודה בן-פורת », שריגים היסטוריים, כרך א,‎ , p. 1-3
  3. יד יצחק בן-צבי, תש"ל- 1970, עמ' 5
  4. (he) « הוועדות הציבוריות של יד יצחק בן–צבי - Membres des Comités de Yad Yitzhak Ben-Zvi », sur www.ybz.org.il (consulté le )
  5. (en) « Our Vision », sur www.ybz.org.il (consulté le )
  6. (he) « המכון לחקר ארץ ישראל ויישובה », sur www.ybz.org.il (consulté le )
  7. (en) « Sepharad », sur www.sefarad-studies.org (consulté le )
  8. [1]
  9. (en) « Ginzei Qedem », sur www.ybz.org.il (consulté le )
  10. (en) « The Friedberg Jewish Manuscript Society » (consulté le )
  11. (en) « Society for Judaeo-Arabic Studies - Who we are and what we do », sur www.ybz.org.il (consulté le )
  12. (en) « SEPHARAD », sur www.sefarad-studies.org (consulté le )
  13. Matty Friedman (trad. de l'anglais), Le Codex d'Alep : l'étrange destin d'un manuscrit sacré, Paris, Albin Michel, , 352 p. (ISBN 978-2-226-25483-2, lire en ligne)