Apatite
Catégorie VIII : phosphates, arséniates, vanadates[1]
Image illustrative de l’article Apatite
Apatite, Québec (Xl 32 cm).
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Ca5(PO4)3(OH,Cl,F)
Identification
Couleur incolore, jaune, bleue, verte, violette, rouge, brun-rouge
Système cristallin hexagonal
Classe cristalline et groupe d'espace Dipyramidal,
Clivage imparfait selon {0001}
Habitus le plus souvent, prisme hexagonal avec faces du prisme plus ou moins développées
Échelle de Mohs 5
Trait blanc
Éclat vitreux
Propriétés optiques
Indice de réfraction no=1,633-1,667
ne=1,630-1,664
Biréfringence de 0,002 à 0,004 ; uniaxe négatif
Dispersion optique δ=0,003
Propriétés chimiques
Densité 3,16-3,2
Solubilité lentement sol. dans HCl (fluorapatite)[2];

sol. dans l'HNO3

Propriétés physiques
Magnétisme aucun

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L'apatite est un nom générique désignant des phosphates hexagonaux de composition assez variable, Ca5(PO4)3(OH, Cl, F). Trois espèces sont reconnues par l'IMA, nommées selon l'anion prévalent :

Deux variantes monocliniques précédemment reconnues comme espèces (dont la clinohydroxyapatite) sont maintenant reconnues comme des polytypes.
Tous comportent des tétraèdres PO4 isolés, avec des ions Ca2+ en coordination 9. Les carbonate-apatites remplacent un tétraèdre PO4 par un groupe CO3OH ou CO3F.

Inventeur et étymologie

Ayant des aspects et des couleurs variés l'apatite fut longtemps confondue avec des minéraux très divers, et sa composition chimique ne fut déterminée que vers la fin de XVIIIe siècle. C'est pour cette raison que le minéralogiste allemand Abraham Gottlob Werner lui a donné en 1786 ce nom qui est inspiré du grec apatan (« tromper »)[3].

Cristallographie

Unité cellulaire de l’apatite
Unité cellulaire de l’apatite

Cristallochimie

Super-groupe de l’apatite

Elle sert de chef de file à un groupe de minéraux isostructuraux de formule générale : A5(XO4)3Zq. Dans lesquels le calcium est remplacé par du strontium, cérium, manganèse, yttrium, plomb et le phosphore est remplacé par l'arsenic, le vanadium, le soufre, le silicium... (pyromorphite, vanadinite, mimétite, fluorellestadite (en)...) Ce sont de minéraux de structure hexagonale ou pseudo hexagonale-monoclinique, contenant des arséniates, des phosphates et de vanadates. Ce groupe se scinde en deux sous-groupes : celui de l’apatite et celui de la pyromorphite[4].

Chlorapatite Ca5(PO4)3Cl
Fluorapatite Ca5(PO4)3F
Hydroxyapatite Ca5(PO4)3(OH)
Fluorstrophite SrCaSr3(PO4)3F
Mimétite Pb5(AsO4)3Cl
Pyromorphite Pb5(PO4)3Cl
Vanadinite Pb5(VO4)3Cl

Les espèces

Inventeur : Rammelsberg en 1860 le nom reprend l'espèce initiale supposée et la composition chimique spécifique ici le chlore[5].
Topotype : Kragerø, Telemark, Norvège
Formule : Ca5 (PO4)3Cl
Gîtologie : veines dans les roches gabbroïques, et dans certaines météorites
Système cristallin : hexagonal et monoclinique
Particularité : présente dans certaines météorites
Formule : Ca5 (PO4)3F avec des traces de : OH;Cl;TR;La;Ce;Pr;Nd;Sm;Eu;Gd;Dy;Y;Er.
Inventeur : Rammelsberg en 1860, le nom reprend l'espèce initiale supposée et la composition chimique spécifique ici le fluor.
Particularité : luminescence, fluorescence, phosphorescence, thermoluminescence
Système cristallin : hexagonal et monoclinique
La clinohydroxyapatite est maintenant considérée comme un polytype monoclinique de l'hydroxyapatite
Formule:Ca5 (PO4)3(OH)
masse moléculaire : 499.72 gm
Système cristallin : monoclinique
Uniaxe négatif;δ = 0.008
Particularité : radioactivité détectable
Topotype : district de Thunder Bay Nord-Ouest ontarien, Canada

Synonymie

Variétés et mélange

Synonymie pour cette variété :
collophanite (Dana 1892) [19]
dahllite[20] Nommée en hommage à Tellef Dahll (1825-1893) et Johan Martin Dhall (1830-1877), géologues norvégiens.
francolite : tire son nom du site de Wheal Franco, à Whitchurch, dans le District de Tavistock, dans le Comté du Devon, en Angleterre[21],[22]. Les fossiles de conodontes sont généralement formés de francolite (carbonate-apatite fluoré) répondant à la formule suivante : Ca5 Na0.14 (PO4)3.01 (CO3)0.16 F0.73 (H2O)0.85[23]
grodnolite (Morozewicz 1924)[24] Nommée d'après le topotype Grodno (Hrodna, biélorusse)
kourskite (Chirvinsky 1911) [25].
podolite (Chirvinsky 1907)[26]
pseudo-apatite (Breithaupt 1837)[27] décrite à partir d'échantillons de la mine de Churprinz près de Freiberg en Saxe.

Galerie

Gîtologie

Gisements remarquables

Mine Yates, Otter Lake, MRC de Pontiac, Outaouais, Québec[37]
Liscombe, canton de Cardiff, Comté d’Haliburton, Ontario (variété trilliumite)
Wilberforce, Ontario
Carrière Barbin, Nantes Loire-Atlantique [38]
Mines de Panasqueira, Panasqueira, Covilhã, District de Castelo Branco[39]
Carrière Pulsifer, Maine
Nagar, Territoires du Nord
Ipira, Bahia
Lavra de Golconda, Minas Gerais

Apatite biologique

Altération biogéochimique de grains d'apatite dans le sol. Les agents de dégradation biologique accélèrent la dissolution du minéral comme le montre sa surface grêlée.

L’apatite (hydroxyapatite) est la principale source minérale primaire de phosphore dans certains types de sol[40]. La libération de phosphore disponible dans le milieu biologique résulte d'une altération de ce minéral par des agents de dégradation biologique (bactéries, mycorhizes, micro-algues, lichens), le phosphore participant à la nutrition des organismes, entre notamment dans la composition des tissus végétaux, des tissus osseux et dentaire animaux[41],[42],[43].

C'est aussi le constituant des microfossiles appelés conodontes.

Utilisations

Notes et références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. (en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, ASTM International, , 251 p. (ISBN 978-0-8031-2066-2, lire en ligne), p. 71
  3. Abraham Gottlob Werner (1786) Gerhard's Grundr., 281
  4. Duncan McConnell (1973) "Apatite, its Crystal Chemistry, Mineralogy, Utilization, and Geologic and Biologic Occurrences", in Applied Mineralogy, vol. 5, Springer-Verlag
  5. Karl Friedrich August Rammelsberg (1860) Handbuch der Mineralchemie, 1re édition, Leipzig
  6. Frédéric Cuvier, Dictionnaire des sciences naturelles, 1816, p. 331
  7. Balthazar Georges Sage (1777) Eléméns de minéralogie docimastique, deuxième édition, en 2 volumes, 1: 231
  8. Annales de la Société géologique du Nord, volumes 21-22, Société géologique du Nord, Lille, France, 1893, p. 248
  9. Théophile-Jules Pelouze, Edmond Frémy, Traité de chimie, générale, analytique, industrielle et agricole, volume 2, 1865, p. 702
  10. Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts, volume 1, 1750, p. 174
  11. René Just Haüy, Traité de minéralogie, volume 2, 1801, p. 234
  12. Jean-Baptiste Romé de L’Isle (1772) Essai de cristallographie, Paris
  13. Henry Enfield Roscoe et Carl Schorlemmer, A Treatise on Chemistry, vol. 1, D. Appleton and Company, New York, 1877, p. 459
  14. André Brochant de Villiers, Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, volume 17, 1803, p. 477
  15. Pedro Francisco Dávila (1767) Catalogue systématique et raisonné des curiosités de la nature et de l’art qui composent de cabinet de M. Davila, 3 tomes, Briasson, Paris
  16. Joseph Louis Proust (1788) Le Journal de physique et le radium, Paris, 32: 241
  17. Charles Upham Shepard (1856) American Journal of Science, 22: 96
  18. Thomas Lamb Phipson (1862) Journal of the Chemical Society, Londres, 15: 277
  19. Edward Salisbury Dana (1892) A System of Mineralogy, 6e édition, John Wiley & Sons, New York (NY), 1134 p., p. 808
  20. (en) Charles Palache, Harry Berman et Clifford Frondel, The System of Mineralogy of James Dwight Dana and Edward Salisbury Dana, Yale University 1837–1892, vol. II : Halides, Nitrates, Borates, Carbonates, Sulfates, Phosphates, Arsenates, Tungstates, Molybdates, etc., New York (NY), John Wiley & Sons, , 7e éd., 1124 p., p. 879
  21. (en) Francolite sur Mindat.org.
  22. (en) Benmore R.A., Coleman M.L. & McArthur J.M., 1983. Origin of is sedimentary francolite from its sulphur and carbon isotope composition. Nature 302: 516 (lien)
  23. « vertebresfossiles.free.fr/cono… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  24. Józef Marian Morozewicz (1924) Bulletin de la Société française de minéralogie, 47:46
  25. Peter Nikolaevich Chirvinsky (1911) Jb. Min., II: 61, 71
  26. Vladimir Nikolaevich Chirvinsky (1907) "Podolite, a new mineral", in Centralblatt für Mineralogie, Geologie und Paleontologie, Stuttgart, 279
  27. Johann August Friedrich Breithaupt (1837) Glocker’s Min. Jahresh., 217
  28. Gustav Adolph Kenngott, Übersicht der Resultate mineralogischer Forschungen in den Jahren 1844 bis 1849, Vienne, 1852, p. 37
  29. Alexandre Ievguenievitch Fersman, Neues Jahrbuch für Mineralogie, Geologie und Paläontologie, vol. 55, 1926, p. 40 et 45 ; cerium-apatite apparaît dans American Mineralogist, vol. 11, 1926, p. 293
  30. Ebenezer Emmons (1838) Report on the Geology of New York, 252
  31. EUPYRCHROITE. E. Emmons. 1838, Geol. Surv. N. Y., 252, f. εὖ, 'well,' πῦρ, 'fire,' and χροἱα, 'color,' in allusion to its beautiful phosphorescence when heated. A var. of apatite, found in sub-fibrous, concretionary forms.Albert Huntington Chester, A Dictionary of the Names of Minerals, John Wiley & Sons, New York, 1896, p. 91
  32. Nils Gustaf Nordenskiöld (1857) Moskovskoe Obshchestvo Ispytatelei Prirody (Société impériale des naturalistes de Moscou), 30: 217, 224
  33. Peter Christian Abildgaard (1798) Moll’s Berg.-Hütten, Jb., 2: 432
  34. Bulletin de la Société française de minéralogie et de cristallographie, Société minéralogique de France, Société française de minéralogie, volume 20, 1897, p. 164-165
  35. Richard Kirwan (1794) Elements of Mineralogy, second edition, 1: 129
  36. Michael O'Donoghue, Gems: their sources, descriptions and identification, 2006, p. 386
  37. Ann P. Sabina, Geological Survey of Canada, paper 70-50, 1963
  38. Annales, volumes 55-56, Société Académique de Nantes et du Département de la Loire-Inférieure, 1884, p. 433
  39. Bulletin minéralogique, no. 111, 1988, p. 251-256
  40. (en) Renske Landeweert, Ellis Hoffland, Roger D.Finlay, Thom W.Kuyper et Nicovan Breemen, « Linking plants to rocks: ectomycorrhizal fungi mobilize nutrients from minerals », Trends in Ecology & Evolution, vol. 16, no 1,‎ , p. 248-254 (DOI 10.1016/S0169-5347(01)02122-X).
  41. (en) Jie Chen, Hans-Peter Blume, Lothar Beyer, « Weathering of rocks induced by lichen colonization — a review », CATENA, vol. 39, no 2,‎ , p. 121-146 (DOI 10.1016/S0341-8162(99)00085-5).
  42. (en) Håkan Wallander, « Uptake of P from apatite by Pinus sylvestris seedlings colonised by different ectomycorrhizal fungi », Plant Soil, vol. 18, nos 1/2,‎ , p. 249-256 (DOI 10.1023/A:1014936217105).
  43. (en) S. A. Welch, A. E. Taunton & J. F. Banfield, « Effect of microorganisms and microbial metabolites on apatite dissolution », Geomicrobiology Journal, vol. 19, no 3,‎ , p. 343–367 (DOI 10.1080/01490450290098414).
  44. (en) Monique E. Muggli, Jon O. Ebbert, Channing Robertson, Richard D. Hurt, "Waking a Sleeping Giant: The Tobacco Industry’s Response to the Polonium-210 Issue", American Journal of Public Health (en), vol. 98, no. 9 (septembre), 2008, pages 1643-1650, doi 10.2105/AJPH.2007.130963, pré-impression
  45. « Le Secret du polonium-210 dans la fumée de cigarette », Le Figaro, 27 août 2008, archive
  46. « Du polonium 210 dans les cigarettes: les industriels savaient », Le Nouvel Observateur, 28 août 2008

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes