Ambroise-Polycarpe de La Rochefoucauld (Paris, – Montmirail, ), 1er duc de Doudeauville, est un militaire et homme politique français des XVIIIe et XIXe siècles.
Ambroise-Polycarpe de La Rochefoucauld est le petit-fils d'Alexandre-Nicolas de La Rochefoucauld (1709-1760), marquis de Surgères, « dont Voltaire a cité le nom avec éloges[1] » et le fils du vicomte Jean-François de La Rochefoucauld (1735-1789), maréchal de camp, et d'Anne-Sabine-Rosalie de Chauvelin, troisième fille de Germain-Louis Chauvelin (1685-1762), marquis de Grosbois, garde des sceaux de France.
Devenu grand d'Espagne par diplôme de création en 1780[1], il est connu depuis cette époque, sous le titre de duc de Doudeauville[2].
À quatorze ans, il épouse une descendante de Louvois, Bénigne Le Tellier. Entré, deux ans après, au service comme sous-lieutenant de dragons, il appartient aux armées du roi jusqu'en 1792. À cette époque, il est major en second de cavalerie[1].
Officier supérieur, gouverneur et grand-bailli d'épée de la ville de Chartres à l'époque de la Révolution française[2], c'est en sa qualité de grand-bailli qu'il préside, en 1789, l'assemblée de ce bailliage lors de l'élection des députés aux états généraux[3].
Il émigre et se livre à une suite de voyages d'études dans divers pays de l'Europe. Rentré en France sous le Consulat (1800[3]), il se tient à l'écart de la politique, et, malgré les avances de Napoléon Ier, n'accepte de lui que les fonctions de membre du conseil général de la Marne[1].
Lors du rétablissement du trône des Bourbon, le duc de Doudeauville est nommé par le comte d'Artois, lieutenant-général du royaume, commissaire extraordinaire du roi dans la 2e division militaire (Mézières), le [3]. Louis XVIII le nomme, le 4 juin suivant, à la Chambre des pairs, avec institution de pairie au titre ducal dont il est revêtu comme grand d'Espagne[3], et, le 13 août de la même année, il est créé chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis[3]. Ambroise-Polycarpe de La Rochefoucauld y siège parmi les plus ardents royalistes, vote pour la mort dans le procès du maréchal Ney, et s'attache particulièrement à combattre la liberté de la presse, « où il voit une source de ruine pour le pays »[1].
Lors du retour de l'île d'Elbe, en , le duc de Doudeauville signe l'adresse que les fondateurs de l'Association paternelle des chevaliers de Saint-Louis envoient au roi. Dès que le roi est de retour dans sa capitale, il nomme Doudeauville président du collège électoral du département de la Marne, il préside ce collège sans interruption, pour toutes les sessions, ainsi que le conseil général du même département. Il est aussi nommé, par le roi, président du conseil supérieur de l'École polytechnique[3].
Nommé, le [3], directeur général des Postes, il acquiert la réputation d'un administrateur habile et introduit dans son service des améliorations notables[1].
Il devient successivement ministre d'État, membre du conseil privé le , officier de la Légion d'honneur le 17 août suivant, « chevalier commandeur » des ordres du roi, le et enfin, le 4 août de la même année, Charles X le nomme ministre de la Maison du roi en remplacement du maréchal de Lauriston : il conserve ce ministère jusqu'au [1]. Un des principaux actes de son passage aux affaires est l'acquisition, pour le domaine royal, de la terre de Grignon et l'établissement sur cette terre de l'Institution royale agronomique de Grignon, connue aujourd'hui sous le nom d'École d'agriculture de Grignon.
« Il blâma, dit-on, l'attitude du pouvoir aux obsèques de son cousin François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld-Liancourt[1] », combattit également, en 1827, le licenciement de la garde nationale, et, lorsque cette mesure eut été adoptée, donna sa démission de ministre () pour se livrer tout entier à la direction d'établissements de bienfaisance[1].
Très attaché à la branche aînée des Bourbon, il vit avec tristesse la révolution de Juillet 1830[1]. Après avoir pris la parole à la Chambre des pairs, contre les propositions qui tendent au bannissement perpétuel des princes qu'il a servi, il informe le président () qu'il ne souhaite plus siéger, et son nom est, à partir de cette date, rayé de la liste des pairs de France.
Le duc de Doudeauville, « imitant les actes de bienfaisance et de libéralité qui depuis des siècles ont été, pour ainsi dire, l'apanage de toutes les générations de sa famille »[4], a fondé, à Montmirail, un hospice auquel il a depuis accordé différentes sommes pour contribuer à son entretien[4].
Burelé d'argent et d'azur, à trois chevrons de gueules brochant, celui du chef écimé[5].
Fils de Jean-François de La Rochefoucauld (1735-1789), marquis de Surgères, comte de Morville, de Turny, seigneur d'Armenonville, maréchal de camp, et d'Anne-Rosalie Chauvelin, le duc de Doudeauville avait pour frères et sœurs :