Autoroute A480 | ||
L'A480 au niveau de l'échangeur du Vercors en octobre 2022. | ||
Autres dénominations | Rocade Ouest de Grenoble | |
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Historique | ||
Ouverture | de 1968 à 1989 | |
Caractéristiques | ||
Longueur | 12,5 km | |
Direction | nord / sud | |
Extrémité nord | A48 à Saint-Égrève / Saint-Martin-le-Vinoux | |
Intersections | N 87 à Seyssins (Rocade sud de Grenoble) | |
Extrémité sud | A51 à Claix / Varces | |
Réseau | Autoroute française | |
Territoire traversé | ||
1 région | Auvergne-Rhône-Alpes | |
1 département | Isère | |
Villes principales | Grenoble | |
Exploitation | ||
Gestionnaire | AREA (depuis 2017) | |
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L'autoroute A480 est une autoroute urbaine de la métropole grenobloise, entièrement gratuite et desservant l'ouest de l'agglomération, sur une distance de 12,5 km. Elle constitue sa rocade ouest, et borde la rivière Drac sur sa presque totalité et fait le lien entre l'autoroute A48 et l'autoroute A51. Cette voie permet aussi le lien avec l'autoroute A41 par l'intermédiaire de la Rocade sud de Grenoble.
L'autoroute était initialement gérée par l'État à travers la DIR Centre-Est[1]. Elle est concédée depuis 2015 à l'AREA qui doit procéder à son élargissement partiel. Ce projet, en cours de réalisation, provoque une importante discorde dans l'agglomération grenobloise.
Cette autoroute a porté le numéro B48 jusqu'en 1982.
Après la sortie no 10, l'A480 se raccorde à la section nord de l'A51, gérée par le même concessionnaire, et qui se dirige vers Sisteron (Fin de la voie autoroutière à Monestier de Clermont).
La suite du contournement périphérique de Grenoble, correspond à la voie urbaine de la Rocade sud, classifiée sous l'appellation de RN 87 et qui se prolonge jusqu'à Meylan, avant de se raccorder à l'A41.
Un premier projet, celui d'une de la « rocade nord » de Grenoble, fut tout d'abord prévu pour se raccorder au nord de l'autoroute A480 jusqu’à l'A41, en passant sous le massif de la Chartreuse, au niveau du site de la Bastille à Grenoble. Les deux extrémités de cette portion routière, en grande partie souterraine, se seraient situées entre le quartier de la Presqu'île de Grenoble (à la limite de la commune de Fontaine) et la commune de La Tronche (au niveau du CHU de Grenoble).
Cependant, ce projet a subi plusieurs avis défavorables, dont le dernier, en date du , émis par la commission d'enquête à la demande du Conseil départemental de l'Isère, qui a poussé les collectivités concernées, dont la ville de Grenoble, à abandonner ce projet[7].
L'idée de relier la partie nord de l'A51 (Grenoble - Varces - Col du Fau) à sa partie sud (Marseille - Septèmes - Sisteron - La Saulce) est très ancienne. L'année 2007 est la dernière année de travaux d'infrastructure et les deux tronçons de cette autoroute à péage sont distantes de plus de cent kilomètres, l'une de l'autre. Cependant le coût d'une telle opération entraîne un refus net de la part de l'État[8]. Dès lors, la région Rhône-Alpes, le département de l'Isère et le syndicat d'aménagement du Trièves émettront le souhait d'un « aménagement des départementale RD 1075 (ancienne RN 75) et de la route nationale 85 couplé à une meilleure desserte ferroviaire ».
Le projet d'autoroute étant abandonné, il a tout de même eu l'intérêt de mettre en avant le problème de l'A480, connu, au niveau régional, pour ses ralentissements et ses embouteillages incessants[9] et donc préalablement identifié comme un obstacle à la création de ce nouvel axe autoroutier nord-sud. Le coûteux projet de tunnel sous la Bastille, prévu pour dévier une partie de la circulation, ayant été rejeté, l'idée d'élargir l'axe à 2 × 2 voies que constitue l'A480 en 2 × 3 voies, reste l'unique solution mais également l'unique proposition pour les défenseurs du transport routier au niveau local.
Dès le début de la décennie 2010, le projet de lancer les travaux pour ajouter une voie supplémentaire sur ce tronçon est évoqué par les médias locaux :
Le , le quotidien le Dauphiné libéré évoque un « A480 bientôt à trois voies » et présente la démarche de l'État quant à l'aménagement des tronçons de cette autoroute[10] :
« [...] L’État a scindé les 12 km de tracé de l'A480, depuis l'A48 au nord jusqu’à la RN 85 au sud, en trois tronçons : le secteur nord (de l’échangeur des Martyrs à l’échangeur du Vercors), le secteur centre (de l’échangeur du Vercors à celui du Rondeau) et le secteur sud (du Rondeau à la RN 85). Parmi les principales réalisations envisagées : une voie de circulation supplémentaire dans les deux sens (ouverte à tous en permanence sur le tronçon centre, uniquement aux heures de pointe sur les secteurs nord et sud) ; la réduction de la vitesse maximale autorisée à 70 km/h (elle était passée de 110 à 90 km/h en 2002) en permanence entre les échangeurs du Vercors et du Rondeau (car 2 × 3 voies en permanence), et uniquement aux heures de pointe au nord et au sud (donc 90 km/h en heure creuse, quand il n'y a que 2 voies) ; le réaménagement des différents échangeurs (notamment des Martyrs, du Vercors et du Rondeau). »
Une première phase de travaux (prévue alors en 2015) permettrait la création d'une troisième voie réservée à droite dans le sens nord-sud entre l’A48 et l’échangeur du pont du Vercors avec la création de voies d’entrecroisement, permettant aux véhicules de s’insérer dans le trafic en fonction des échangeurs) puis la création d’un accès direct à la Presqu’île scientifique depuis l’A480 dans le sens Lyon-Grenoble. Ce projet, au niveau local (Métro et département) n'est pas très bien accueilli ; d'une part, en raison de l'engagement de l'État sur le plan financier qui reste très limité et d'autre part, en raison du manque de solution par l'État pour engager le réaménagement complet de l'échangeur du Rondeau, dépassé et vétuste, considéré au niveau local comme une des principales causes de l'engorgement du trafic routier, mais restant d'un coût élevé pour être uniquement assuré par les deux collectivités.
Bien que considéré comme un projet inutile et dispendieux par l'association pour le développement des transports en commun (ADTC), groupe d'écologistes grenoblois promouvant l'usage des transports en commun, ces travaux d'élargissement à 2 × 3 voies doivent débuter en 2015 pour une mise en service en 2016[11].
Un décret est signé le concernant ces travaux, mais en décembre 2015, le nouveau maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, élu en 2014, dépose un recours gracieux auprès du Premier ministre contre ces travaux[12]. Le , Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental de l'Isère lui répond à ce sujet en annonçant des “Rendez-vous de la mobilité” pour la première semaine de février à Grenoble[13]. À ses côtés, des chefs d'entreprises de l'agglomération grenobloise[14] signent un manifeste pour l'élargissement affirmant que « l'engorgement » de la zone représente « un vrai danger pour l'économie »[15]. De son côté Christophe Ferrari, président de la métropole de Grenoble promet que la « métropole et les communes qui la composent parleront d'une seule voix » mais sans pour autant prononcer le mot d'élargissement[16]. Il rappelle qu'un autre projet, celui du réaménagement de l'échangeur du Rondeau fait l'unanimité dans la classe politique locale. Pour Jean Vaylet, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Grenoble, « l'élargissement de l'A480 et la réfection de l'échangeur du Rondeau sont tous les deux indispensables et complémentaires »[17].
À la suite de nombreuses tractations entre l'État et les collectivités locales (notamment la Métropole et le département), un accord finit par aboutir un 2016 avec l'arrivée d'un nouveau protagoniste, la société AREA, appartenant à Eiffage, qui gère les trois autoroutes d'accès à l'agglomération grenobloise.
Le , Christophe Ferrari obtient un accord sur l'aménagement de l'A480 qui doit passer à deux fois trois voies en 2022 entre l'échangeur du Rondeau et celui de Fontaine sans élargir l'emprise de l'autoroute et avec limitation de vitesse à 70 km/h, accord qui n'avait jamais pu être trouvé compte tenu de l'importante mobilisation des écologistes contre ce projet[18],[19]. Cependant, le , le conseil municipal à majorité écologiste dirigé par Éric Piolle émet six réserves concernant ces travaux, laissant présager un avis défavorable sur ce projet de réaménagement[20].
Un protocole d'intention entre les parties prenantes du dossier avait pourtant été envisagé dès la fin de l'année 2016. Le passage à 2 × 3 voies, sans élargissement de l’emprise autoroutière, est alors acté, avec un maintien à 2 × 2 voies au-delà des échangeurs de Sassenage et du Rondeau. La limitation de la vitesse à 70 km/h sur cette portion urbaine est évoquée afin de répondre aux demandes de la municipalité grenobloise[21]. La réalisation d'une tranchée couverte au niveau de l'échangeur du Rondeau afin de séparer les flux est prévue. La création d'une nouvelle bretelle d'accès au niveau de la Presqu'île, le réaménagement des échangeurs du Pont du Vercors et de l'avenue des Martyrs, l'aménagement d'une promenade piétonne le long du Drac et l'installation d'une passerelle piétons/cycles franchissant l'Isère sont également évoqués par la métro[22].
En parallèle avec le projet d'élargissement à trois voies, des travaux sont initiés dès la fin de l'année 2018 afin de créer une nouvelle bretelle d'accès entre l'autoroute, le secteur du pont du Vercors et la presqu'île de Grenoble[23].
En , la commission d'enquête émet un avis favorable sur le projet de réaménagement de l’A480 et de l’échangeur du Rondeau. Une seule réserve est émise quant à la continuité des écrans phoniques que le concessionnaire devra lever. La limitation de la vitesse à 70 km/h et le renforcement du verrou Nord, réclamés par la municipalité de Grenoble, sont relégués au rang de simples recommandations par la commission[24]. L’arrêté préfectoral de déclaration d’utilité publique (DUP) est signé par le préfet de l’Isère le . Les travaux, soumis encore à l’enquête publique au titre de l’autorisation environnementale, devraient normalement commencer en 2019[25].
La fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (FRAPNA) émet des réserves vis-à-vis de ce dernier projet, reprenant ainsi les avis publiés par le conseil national de protection de la nature, publié en 2018. La FRAPNA y indique ses inquiétudes en matière de boisement des rives du Drac, torrent longé par l'autoroute ainsi que sur la dégradation de la qualité de l'air dans une agglomération déjà saturée de polluants[26].
Le projet a été estimé à 380 millions d'euros dont 300 millions supportés par AREA pour l'A480 et 80 millions pour l’échangeur financés à hauteur de 43 % par l’État, 28 % par la Métropole, 21 % par le département de l'Isère et 8 % par la région Auvergne-Rhône-Alpes[27].
Selon le site officiel du ministère des transports et de l'écologie, le calendrier de l'ensemble des chantiers spécifique au nouvel aménagement de l'A480 se présente ainsi[28] :
Les travaux d'aménagement du secteur du Rondeau, dont les études sont en cours en 2019, devraient commencer à partir du 2e semestre 2020. Les travaux, sont prévus pour être réalisé principalement de jour et sous circulation maintenue à 2 × 2 voies entre l’A480 et la rocade est.
Parallèlement au chantier, un mur protecteur anti-bruit végétalisé, dénommé « Natura Wall », est installée le long de la voie autoroutière afin de protéger certains riverains (côté Grenoble) du bruit lié à la circulation automobile[29].
Le un premier tronçon de 2 × 3 voies est ouvert entre le Rondeau et le diffuseur Vercors[30].
À la fin du mois de , quatre citoyens grenoblois ont déposé un premier recours pour faire annuler la déclaration d’utilité publique signée par le préfet de l’Isère le 23 juillet, préalable au projet de réaménagement de l'A480. Ce recours peut retarder les travaux initialement prévus pour commencer au premier trimestre 2019[31].
Le , le quotidien régional grenoblois le Dauphiné libéré publie une tribune signée par 135 scientifiques locaux afin d'interpeller les pouvoirs publics afin de les convaincre de renoncer à l'élargissement de cette portion urbaine de l'autoroute. Selon Samuel Morin, chercheur à l'origine de cette tribune[32] :
« Toutes les routes qui ont déjà été élargies ont fini par subir une augmentation du trafic. C'est un effet pervers qui n'a pas été pris en compte dans les enquêtes publiques. »
À la suite d'un communiqué paru dans le Dauphiné libéré le , les maires de deux communes riveraines de l'A480, Jean-Paul Trovero (PCF) pour Fontaine (mais non réélu en 2020) et Christian Coigné (UDI) pour Sassenage, ont fait connaître leur opposition à toute remise en question du projet de 2018[33].
Le , une trentaine de membres de diverses associations écologistes, opposants à l'élargissement de cette autoroute urbaine, ont bloqué le chantier d'abattement des arbres dans un parc situé à proximité de l'A480, à Grenoble, puis ils ont été délogés par les forces de l'ordre[34].
Le le tribunal administratif de Grenoble rejette la demande de suspension en référé introduit par quatre particuliers domiciliés dans la commune de Grenoble[35].
L'association de protection de la nature FRAPNA Isère décide, à son tour, le , de saisir le tribunal administratif de Grenoble en vue de faire annuler le second arrêté préfectoral au titre de l'autorisation environnementale. L'association locale, contestant la légalité des travaux de défrichement, a également porté plainte contre la société AREA[36].
Les recours des opposants à l'élargissement ont tous été successivement rejetés par le tribunal administratif de Grenoble, le 2 juillet pour celui des quatre riverains et à la fin juin pour celui déposé par la FRAPNA[37].
Selon Frédéric Héran, économiste des transports et urbaniste, maître de conférences à l'université de Lille 1[38], cette voie « une fois élargie, sera saturée dans les années, voire les mois qui suivront sa mise en fonction ». Le professeur a réalisé cette courte analyse de façon bénévole, le 11 avril 2019, à la demande du collectif pour des alternatives à l’élargissement de l’A480. La société AREA considère, en réponse à ces déclarations, que « la hausse du trafic sera compensée, et donc annulée, par le développement du réseau de transports sur l’agglomération », renvoyant ainsi cette éventualité de saturation dans le camp des collectivités locales[39].
En , les agents de la DIR Centre-Est ont manifesté directement sur l'A480. Ces agents publics protestent contre la prévision du rattachement des tronçons urbains de l'A480 et l'A48 à la société AREA, qui entraînerait, à leurs yeux, une privatisation de facto. À cette occasion, des banderoles et des pancartes ont été installées par des employés, le long du tronçon autoroutier[40].
L'A480 est cependant concédée en 2017, à la suite d'un accord entre l'État et la société concessionnaire qui s'engage, dès lors, à entretenir ce tronçon et à participer à son aménagement en vue de son éventuel élargissement. Une polémique s'engage également sur le plan politique à propos du contenu de cet accord[41].
L'A480 est une autoroute entièrement urbaine qui traverse des zones densément peuplées, notamment le secteur d'immeubles des quartiers orientaux des villes de Fontaine, de Seyssinet-Pariset et de Seyssins, situés à l'ouest du tronçon, et les immeubles des quartiers Europole, Berriat, Eaux-Claires et Paul Mistral à Grenoble, situés à l'est de l'A480. Le passage à trois voies pourrait donc entraîner de nouvelles nuisances pour les habitants de ces secteurs, si aucun aménagement spécifique n'est prévu pour les protéger.
Un mur anti-bruit entre l'échangeur de Catane-Seyssinet et du pont du Vercors-Fontaine est revendiqué par l’union de quartier Berriat-Saint-Bruno-Europole à Grenoble auprès des autorités municipales[42].
Le , un canidé a été percuté par un camion dans la partie sud de l'A480 au niveau de la commune d'Échirolles, à proximité de la zone commerciale de Comboire, non loin des falaises du Vercors. Autopsié ultérieurement par les services vétérinaires, l'animal avait cependant bien été identifié comme étant un loup. Selon les spécialistes locaux, le lieu de l'accident correspond à un couloir écologique où transitent différents animaux[43].
Le , un incendie de détritus s'est déclaré dans un petit tunnel piétonnier passant sous l'échangeur dit des Eaux Claires, situé à la limite de la sortie n°4 de l'A480. L'accès à cette sortie fut dès lors interdit à la circulation automobile durant plusieurs semaines et les véhicules furent déviés vers les autres échangeurs[44].