Baména Làh Mèh'nóh | ||
Chefferie de Bamena | ||
Administration | ||
---|---|---|
Pays | Cameroun | |
Région | Ouest | |
Département | Ndé | |
Commune | Bangangté | |
Démographie | ||
Population | 24 452 hab. (2013) | |
Densité | 509 hab./km2 | |
Géographie | ||
Coordonnées | 5° 09′ 47″ nord, 10° 25′ 57″ est | |
Altitude | Min. 1 300 m Max. 2 000 m |
|
Superficie | 4 800 ha = 48 km2 | |
Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte : région de l'Ouest
| ||
modifier |
Baména est un village, chef-lieu de groupement de la commune de Bangangté, région de l'Ouest du Cameroun. Il est le siège de l'une des treize chefferies traditionnelles Bamiléké du département du Ndé.
D'environ 24 452 habitants, le village est à 10 km de Bangangté sur la route nationale Bangangté-Bafang.
Bamena se trouve sur la base du triangle des routes qui relient trois villes importantes de la région des Hauts Plateaux de la province de l'Ouest. Bandjoun et Bafoussam se trouvant à environ35 km de 45 km plus au nord.
Sous l'angle des découpages administratifs, Bamena est limité par les villages :
Le climat de Bamena est celui qu'on rencontre sur tous les hauts plateaux de l’Ouest Cameroun; malgré quelque singularités, il se classe bien dans le type Cameroun d'altitude avec ses 2 saisons.
Pluies & ensoleillement: Il est doux le matin et le soir, accablant en mi-journée; cependant en saison de pluie on note des jours sans soleil où le ciel reste entièrement couvert faisant ainsi apparaître le brouillard qui entrave la circulation.
Il faut signaler que l'an 1983 a été exceptionnel car la saison sèche s'est prolongée jusqu'en mi-avril à Pozou (Bamena)[réf. nécessaire]. Bien que le département du Ndé n'ait pas de station météorologique, le poste agricole de Bamena possède un pluviomètre depuis mars 1965.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Précipitations (mm) | 2,8 | 19,6 | 77,9 | 140,1 | 152,4 | 123,2 | 138,8 | 201 | 260,2 | 252,4 | 46,8 | 4,2 | 1 419,4 |
D'après un document publié par Nji Ouaffeu Ngongang André, les villages Bamena et Bangoulap auraient été créés par deux frères jumeaux : Ouandmegni (pour Bamena) et l'autre Nzouémi (pour Bangoulap). Ces deux frères jumeaux avaient pour aîné le chef qui a fondé Baloumgou (dans l'Arrondissement de Bangou). Les trois frères venaient d'un village de Penka-Michel, Baloum (en Bamena Lepkiep).
Toujours selon cette source, contrairement aux pratiques courantes dans le Ndé où le chef fondateur d'un village marque son histoire d'une empreinte indélébile, à Bamena, le nom du chef fondateur a disparu et a été remplacé par Tchaptchop. Or ce nom désigne plutôt une statuette représentant le chef fondateur Ouanmegni.
À la suite de son analyse, l'auteur de l'article établit la liste des différents chefs Bamena comme présenté dans le tableau sur la lignée des Rois et des Reines mères (Mèh Feuh).
Quelques remarques s'imposent à la lecture de cet article :
La deuxième piste serait-elle alors la moins controversée ?
Certaines sources révèlent que Bamena, en des temps immémoriaux, était une vaste étendue de terre dominée par la savane et la forêt. Quatre chefs de famille, sans origine précise s'y étaient installés, sans doute attirés par le gibier abondant. C'était par ordre d'importance: Zawang, Zacheu, Zafeng, Zossougang. Ils s'étaient répartis le vaste territoire. Plus tard, ils seront rejoints par un groupe de chasseurs venus de Lep-Kiep (Baloum). Sous la conduite de Tchaptchop, ils s'installeront à Lep, au lieu-dit Touh-Nah. C'est de ce groupe que sortira le premier chef Bamena.
D'autres investigations montrent que Bamena n'était habité vers le XIIIe siècle que par une très faible population dominée par trois personnes : Zafang, Zafeng et Zossougang. Leurs origines restant imprécises.
Les trois résidents vivant en harmonie dans leur indépendance, avaient baptisé le milieu "Lah Meno", c'est-à-dire « le village où l'on trouve du gros gibier. »
La population du village et de son groupement est relevé selon diverses sources en 1967[4], 1982[5], 1992[5], 2005[6] et 2013[7].
Beaucoup (la majorité ?) de Bamena (chiffres et estimations non connues) sont installés dans des grandes villes (Douala, Yaoundé…) où ils sont étudiants, travailleurs… Certains s'investissent au village en y construisant une maison. D'autres reviennent en vacances pour se reposer, visiter, saluer ou encore en week-end enterrer des proches.
Ces dernières années, la diaspora Bamena s'est illustrée par des projets de développement réalisés au village. Citons :
Le groupement de Baména est constitué de six villages selon le compte administratif de 2013 : Louh, Faplouh (Bagnou), Poozou, Bangweu, Tchouplang, Langweu.
La présence de plusieurs établissements scolaires réduit l'exode.
Les élites et parents Bamena participent - comme dans le reste du pays - à la création, à la construction des bâtiments et à l'équipement des établissements. Bien qu'encore sous équipées, c'est une habitude que les écoles soient fréquentées par un grand nombre d'écoliers.
---- | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 |
---|---|---|---|---|---|
---e / --- (--, --%) | ---e / --- (--, --%) | 262e / 749 (46,42 %)[8],[9] | 230e/ 749 (40,24 %) | 360e / 810 (37,50 %) [10] | ---e / --- (--, --%) |
Des parties de football se pratiquent régulièrement sur le terrain au milieu de l'École au centre à Ntchou'Ntah.
Bamena dispose de deux centre de santé intégrés : Ntchou'Ntah et Ngnou. Le centre de santé du village répond à la volonté des Bamena d'avoir à proximité une unité de soins. Le centre de santé Intégré de Bamena assure les soins des habitants de Bamena. Les cas les plus graves sont transférés à Bangangté.
En dehors Ntchou'Ntah au centre et au Carrefour Bangou, le long de la route nationale, où les cases sont serrées, les habitations à Bamena sont dispersées. Comme ça se fait partout en 'pays' Bamiléké. Chaque lot de terre, attribué par le chef à une famille nouvelle, est clôturé. C'est la tâche des hommes d'entretenir ces clôtures. L'activité humaine fait reculer la forêt qui ne subsiste qu'au fond des vallées, où poussent les bambous utilisés pour la construction des haies de clôture, des battants, montants et charpentes des cases. Les champs recouvrent les pentes, la terre y est maintenue par les haies et des arbres dispersés.
À la mort du père, la famille se segmente. Seul reste l'héritier désigné par le défunt pour le remplacer sur sa terre. L'aîné n'a pas plus droit qu'un autre fils à la succession. C'est à l'héritier qu'incombe le culte des crânes des ancêtres, gages de l'ancienneté du lignage, et le soin de la terre familiale (concession) qui n'est jamais divisée. Les femmes du père, qui font partie de l'héritage, continueront à cultiver la concession, à y loger, chacune dans sa case, et recevoir protection de l'héritier. Les autres frères quittent la concession pour fonder ailleurs un autre groupe de descendance. Tout comme les filles qui sont supposées rejoindre la concession de leur conjoint. Le chef, qui est maître de la terre, assigne une parcelle non cultivée ou abandonnée, vraisemblablement assez loin. Ceci n'empêche à l'héritier d'autoriser un frère, une sœur, un ami a cultiver et exploiter un lopin de terre sur sa concession. La soumission chef assure la cohésion de la vie rurale[11].
Les Bamena parlent le Bamena ou la langue NDA'NDA' plus précisément. Leur patois, le Hôh Mèh Noh ou Hoah Mèh Noh appartient à la famille des langues Bamiléké. Malgré sa proximité géographique avec Bangangté, le patois Bamena a une consonance éloignée duMe dùmba (langue de la même famille parlée par leurs voisins Bangangté)[12].
Voir les ressemblances et différences avec le Bandenkop et le Bangang-Fondji
Lignée des rois et des reines mères (Mèh Feuh)
Rang | Souverain | Période | Reine mère | Notes |
---|---|---|---|---|
1 | Ouandmegni | Boubihii | ||
2 | Kouagoung | Blingoung | ||
3 | Meufeu (Albinos) |
Tchoutchie | ||
4 | Ngongang I | Noundo | ||
5 | Ouandmepo
(Ouandji II) |
Mefeupokep | ||
6 | Kombou | ________ | ||
7 | Ouandguep (Ouandji III) |
Kouasseu | ||
8 | Toukep | Djanga | ||
9 | Ngongang II (Ngopayong) |
Payong | ||
10 | Ouandji Ngongang (Ouandji IV) |
— 29 ans, 9 mois et 6 jours |
Kouadio | Il est le père d'André Ngongang Ouandji[13] |
11 | Nietcho Jacques[14] | — 26 ans, 7 mois et 2 jours |
Tchakoundieu | Il laissa 71 enfants[13]. |
12 | Njoukwe Nietcho Alexandre[15] | Depuis le 28 ans, 11 mois et 25 jours |
Mbatchou |
Chefferies de troisième degré et quartiers constituants Bamena
Mban'ngweuh, Chouplang, Foplouh, Lah'ngweuh, Louh et Pouh'zouh.
Les sols de Bamena, moins fertiles que d'autres de la région sont couverts de savanes herbeuses, des forêts galeries sacrées des chefferies, de raphias (caractéristique de la région), formations hydrophiles, des îlots de forêts primaires, et des arbres fruitiers autour des concessions[16].
La forte pression démographique, les déboisements, l’abandon des bocages et la dégradation des sols expose les populations à l’insécurité alimentaire et aggrave la pauvreté. L’exploitation exagérée des raphias engendre l’érosion de la biodiversité locale : Raphia vinifera, Dacryodes edulis, Irvingia gabonensis, Ricinodendron heudelotii, Kola sp, Canarium scheinfurtii[16].
Un comité travaille contre la désertification et la dégradation des terres et pour des bonnes pratiques agricoles dans le village. Le replantage du raphia est motivé par ses vertus écologiques. La clémence du climat et le tropisme hydrique de ces essences qui peuplent les habitats hydromorphes des bas fonds permettent ainsi une persistance du système hydrique de la région par absorption d'eau[16].
Les replantages se feront sur deux sites sacrés où une case sera construite pour chaque site et servira d’abris aux touristes :
L’introduction d'essences médicinales comme le Pygium africanum, Sebania, Voacanga, les bois d’œuvre comme pinus serviront à la préservation de la biodiversité des sites choisis[16].
Nom local | Nom scientifique | Usage | Observation |
---|---|---|---|
Fiham | Garginia Juntata | Fabrication de tabouret en bambou | Herbes |
Feuken | Dracena Delis Telliana | Sert aux cérémonies coutumières | Herbes (de paix) |
Ketcho | Afromomun | ||
Pie | Persea Armerica, Gratissima | Plante fruitière | Arbre avocatier |
Zop | Dacrydesedudis | Plante fruitière | Arbre safoutier |
Theumeke | Ecaluptus Saligna | Charpente, chauffage poteaux électriques | Arbre à reboiser |
Kieu | Raphia Vignifera | Produit du vin blanc + bambous construction greniers | |
Neu | Imperata Cylindrica | Couverture de toitures | Plantes à rhizome |
Tiosseu | Curcuba | Produit de calebasse |
Bamena fait face à un vaste exode rural, même si on estime la densité de sa population à 147 habitants au km2. L’économie du village repose sur le petit élevage, les cultures vivrières et le petit commerce; dans une espèce de marché périodique et rotatif, lieu par excellence des échanges[17].
Le marché de Bamena, à proximité d’une route nationale, est un marché rural phagocyté par sa coïncidence avec le jour du marché de Bangangté et la proximité du marché permanent de Bangou.
D'après Nganso Emmanuel, Bamena de Louh 1 et socio-géographe, En pays Bamiléké, et particulièrement dans le Ndé, le grand marché traditionnel porte le nom de la Chefferie.
Ntah Leng à Balengou, ; Ntah Ze à Bazou….
Le marché traditionnel de Bamena est Ntah Louh en référence au village d’antan de Louh. Ce fut le prix à payer pour que Louh accepte de coopérer avec la coalition des autres villages, dirigée par l’un des chasseurs venu de Baloum dans la Menoua".
Bamena compte quelques bâtiments religieux.
La société Bamiléké en général et Bamena en particulier se veut fortement hiérarchisée. Les civilités diverses, immuables et séculaires, y régissent la vie du groupe. Les Ndab et les titres de noblesse en constituent la quintessence.