Nom de naissance | Bernadette Paule Anne Lafont |
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Naissance |
Nîmes (Gard, France) |
Nationalité |
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Décès |
(à 74 ans) Nîmes (Gard, France) |
Profession | Actrice |
Films notables |
Le Beau Serge La Fiancée du pirate La Maman et la Putain L'Effrontée Paulette |
Bernadette Lafont, née le à Nîmes et morte le dans la même ville, est une actrice française.
Grâce à ses rôles dans Les Mistons (1957) de François Truffaut[1], Les Bonnes Femmes (1960) de Claude Chabrol, La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan (1969), ou encore La Maman et la Putain (1973) de Jean Eustache, cette vedette populaire est considérée comme l’une des égéries de la Nouvelle Vague[2].
Issue d'une famille protestante des Cévennes, elle nait à la maison de santé protestante de Nîmes[3].
Elle est la fille de Roger Lafont, pharmacien à Saint-Geniès-de-Malgoirès[4], et de son épouse Simone Illaire[5], femme au foyer qui désespérant d’avoir un garçon pendant dix ans,[pas clair] l'appelle toujours Bernard[6].
Elle fait ses études secondaires au lycée de jeunes filles (actuel collège Feuchères) de Nîmes, où sa famille s'installe dans les années suivantes[7],[8]. Bernadette, qui se destine à la danse, suit aussi des cours de danse à l'opéra-théâtre de Nîmes[9], et elle rêve de cinéma en regardant les premiers films de Brigitte Bardot[10]. Ses cours à l'opéra donnent à la midinette gironde et au caractère bien trempé une cambrure parfaite[pas clair][11] Elle est reçue au baccalauréat (première partie) à 16 ans.
En 1955, alors en vacances, elle fait la connaissance de l'acteur Gérard Blain, qui répète la pièce de Shakespeare Jules César[12],[13] aux arènes de Nîmes. Elle l'épouse âgée de dix-huit ans[2] et le suit à Paris.
François Truffaut lui offre son premier rôle dans son court-métrage Les Mistons (1957), tourné la même année à Nîmes. Pour ce premier film, Truffaut, qui dispose de peu de moyens financiers, l'engage ainsi que Gérard Blain, à la grande surprise de Bernadette, car son mari refuse qu'elle devienne actrice[pas clair][3].
Prenant goût au cinéma, elle devient rapidement une figure représentative de la Nouvelle Vague notamment après deux films de Claude Chabrol essentiels dans ce mouvement, Le Beau Serge en 1957[14] avec son mari, puis Les Bonnes Femmes en 1960, qui révèlent son tempérament fougueux et sexy[pas clair][15][source insuffisante].
Elle va également travailler avec Jacques Doniol-Valcroze, Édouard Molinaro, Costa-Gavras, Georges Lautner et Louis Malle, Philippe Garrel, Michel Drach et Moshé Mizrahi, Jean-Daniel Pollet et Marc'O, montrant sa prédilection pour un cinéma d'auteur exigeant.
Estampillée « Nouvelle Vague », mouvement qui critique le cinéma français de ces années (le « cinéma de la qualité »), cette bourgeoise décomplexée n'hésite pas à jouer des rôles transgressifs[réf. nécessaire]. Plusieurs de ses rôles qui mettent en valeur son physique lui valent le surnom de « vamp villageoise »[réf. nécessaire].
Divorcée de Gérard Blain[Quand ?], elle devient en 1959 la compagne du sculpteur et cinéaste hongrois Diourka Medveczky qui en fait sa muse[réf. nécessaire]. Elle met au monde trois enfants en trois ans : Élisabeth, David et Pauline (1963)[16].
Elle vit alors à la campagne et sa carrière connaît un creux mais cela lui est égal, car elle fait de la phrase de Jean Cocteau sa devise[réf. nécessaire] :
« Les premières places ne m'intéressent pas spécialement ; celles que j'aime, ce sont les places à part. »
En 1969, elle tourne dans un film de son époux Paul, unique long métrage de celui-ci, qui malgré d'excellentes critiques[réf. nécessaire], n'est pas distribué (il n'est paru qu'en 2012 en DVD[17]).
La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan, en 1969 également, lui permet de renouer avec le succès. Alors que la mode est aux actrices blondes, cette brune de type méditerranéen détonne et se fait qualifier de « Bardot nègre » dans Le Monde par l'écrivain Hervé Guibert[16].
En 1971, elle est l'une des femmes du manifeste des 343, publié le 5 avril 1971 par le Nouvel Observateur en faveur du droit à l'avortement[11].
Elle est ensuite l'héroïne de Une belle fille comme moi (1972) de François Truffaut et joue le rôle de Marie dans La Maman et la Putain (1973) de Jean Eustache[13] qui marquent sa filmographie. Lafont enchaîne avec des films signés László Szabó (Zig-Zig), Jacques Bral, Jacques Rivette (Noroît), l'italien Pasquale Festa Campanile (Le Larron), Jacques Davila et Juliet Berto, ainsi que des comédies et « nanars » réalisés par Gérard Pirès, Jean-Marie Poiré voire Max Pécas, où sa voix gouailleuse et son ton décalé la rendent populaire[10].
Dans les années 1980, elle apparaît dans plusieurs films de Jean-Pierre Mocky (dont Le Pactole avec sa fille Pauline) et Claude Chabrol (dont Inspecteur Lavardin et Masques), mais surtout dans L'Effrontée de Claude Miller en 1985 qui lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle[10]. C'est aussi durant cette décennie qu'elle intensifie son activité sur le petit écran, où elle avait débuté dès 1961 : elle participera au fil des ans aux séries Merci Bernard de Jean-Michel Ribes, Maigret face à Bruno Cremer, Pepe Carvalho, Les Enquêtes d'Éloïse Rome, La Minute vieille, jusqu'à Scènes de ménages en 2013 ; elle sera dirigée par Liliane de Kermadec, Paul Vecchiali, Élisabeth Rappeneau, Bruno Garcia, et retrouvera Nelly Kaplan pour un téléfilm en 1985 ; elle interprétera même la gouvernante du Père Noël en 1997.
En 1988, sa fille Pauline, elle aussi actrice, meurt accidentellement[2]. Elle surmonte son chagrin en multipliant les films et les pièces de théâtre[11]. Elle rencontre alors Marion Vernoux et Pierre-Henri Salfati, Raoul Ruiz, Pascal Bonitzer, Claude Zidi, Julie Delpy, Zoe Cassavetes… Tout au long de sa carrière, non contente de multiplier les collaborations avec des cinéastes souvent prestigieux et confidentiels, elle aura eu les partenaires les plus brillants et les plus diversifiés : Eddie Constantine, Laurent Terzieff chez Garrel, Ugo Tognazzi, Jean-Paul Belmondo chez Malle, Jean-Pierre Léaud, Jean-Pierre Kalfon, Jean-Louis Trintignant, Daniel Duval, Michel Bouquet, Alain Cuny, Michel Duchaussoy, André Dussollier chez Truffaut, Michel Galabru, Francis Blanche, Peter Ustinov, Michel Serrault (La Gueule de l'autre), Miles Davis, Richard Bohringer, Victor Lanoux, Jean Lefebvre et Bernard Ménez, sans oublier Anna Karina, Bulle Ogier, Micheline Presle, Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg… Elle retrouvera cette dernière dans la comédie à succès Prête-moi ta main d'Éric Lartigau en 2006. Deux ans plus tard, elle incarne la mère de Michel Blanc dans Nos 18 ans.
Bernadette Lafont a débuté au théâtre en 1963 mais ce n'est qu'en 1978, en jouant la comtesse Bathory dans « Bathory Erzsebet » de Marie-Françoise Egret, que l'amour des planches la saisit. Elle s'illustre ensuite, entre autres, dans La Tour de la défense de Copi, Désiré de Sacha Guitry mis en scène et interprété par Jean-Claude Brialy avec aussi Marie-José Nat, L'Arlésienne d'Alphonse Daudet aux côtés de Jean Marais, Monsieur Amédée (1999) avec son cher Galabru qu'elle retrouve dans La Femme du boulanger de Marcel Pagnol (où elle interprète la bonne du curé), Un beau salaud avec Bernard Tapie, Les Monologues du vagin d'Eve Ensler, Si c'était à refaire de Laurent Ruquier, L’Amour, la mort, les fringues de Nora et Delia Ephron, mis en scène par Danièle Thompson avec Karin Viard, Géraldine Pailhas et Valérie Bonneton dans la distribution, des lectures de Claude Bourgeyx et Marcel Proust notamment ; sa dernière apparition sur scène s'effectue dans l'opérette Ciboulette où figure Jérôme Deschamps.
De 1990 à 1996, elle préside les Ateliers de création audiovisuelle de Sommières, une petite structure de formation, délocalisée à Saint-André-de-Valborgne la dernière année[18].
En 2005, le festival International du film Entrevues à Belfort lui consacre une rétrospective.
Ses derniers films, Paulette et Attila Marcel, sortis en 2013, reçoivent un très bon accueil du public[10]. Elle déclare à cette époque « vivre depuis plus de trente ans dans le même appartement, dans le Marais, avec son chat », alors que son compagnon, le peintre figuratif Pierre de Chevilly, vit principalement à la campagne[16]; acquéreur de l'ancienne école de garçons de la commune d'Argenton-Château[19] ; sur sa suggestion elle achète, en 2006, une petite maison dans ce lieu calme, sa « thalasso mentale », où elle offre gracieusement son concours de conteuse lors de manifestations culturelles locales en 2011 et 2013. Depuis 2004, elle séjournait ponctuellement à Argenton-les-Vallées, bourgade poitevine, avec son dernier compagnon le peintre Pierre de Chevilly, et depuis 2001 aimait participer bénévolement aux animations locales.
Partie se reposer dans sa maison familiale de Saint-André-de-Valborgne, elle est victime d’un accident vasculaire cérébral le . Au cours de sa convalescence au centre héliomarin du Grau-du-Roi, elle subit un malaise cardiaque le en fin d'après-midi. Transportée par le SAMU au CHU de Nîmes, elle y meurt le [10] à l'âge de 74 ans[20].
Sa mort coïncide avec la tenue du festival de Vebron, dont elle est la marraine depuis ses origines en 1988[21] et qui lui rend hommage.
La cérémonie religieuse des obsèques a eu lieu au temple protestant de Saint-André-de-Valborgne le en présence de 250 personnes. Le réalisateur Jean-Pierre Mocky, qui participait à Nîmes au Festival « Un réalisateur dans la ville », est présent, aux côtés de Lionnel Astier et Marianne Denicourt[22]. Il déplore ensuite l'absence de la profession et du gouvernement[23].
Selon la tradition des cimetières protestants des Cévennes, Bernadette Lafont est inhumée dans le caveau funéraire de la propriété familiale, aux côtés de ses parents et de sa fille Pauline.
En 2013, le cinéaste Gérard Courant lui rend hommage avec un film In Memoriam Bernadette Lafont, dans lequel Alexandra Stewart, Stéphane Audran et Guillaume Gouix lisent des lettres de Bernadette Lafont et des textes de François Truffaut et de Claude Chabrol[24].
Bernadette Lafont a publié plusieurs ouvrages dont :