Les bidonvilles en France ont été progressivement supprimés dans la deuxième moitié des années 1970, puis ont fait leur réapparition dans les années 1990. Aujourd'hui[Quand ?] on compte environ 500 bidonvilles en France métropolitaine[réf. nécessaire].
Ces zones d’habitation précaires et insalubres installées à la périphérie des grandes villes prennent le nom de bidonville, originellement appliqué aux faubourgs d'Alger dans les années 30[1].
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, les destructions de la guerre à Lille amènent des habitants à construire des abris de fortune sur la zone des Dondaines, située entre la gare de Lille-Flandres et le quartier de Fives, et déclarée inconstructible au milieu du XIXe siècle parce que relevant du glacis défensif qui protège les fortifications de la ville. Entre les deux guerres mondiales, elle accueille des ouvriers pauvres, des chômeurs et des nomades[2][source insuffisante].
Après la Seconde Guerre mondiale, du fait de la destruction de certaines cités, du niveau de pauvreté, de l'exode rural et de la venue de main-d'œuvre étrangère, se pose un problème crucial de logement pour les sans-abris et les immigrés. Au milieu des années 1960, les pouvoirs publics estiment à environ 100 000 la population habitant dans des bidonvilles[3]. En 1964, 43 % des Algériens de France vivent dans des bidonvilles; celui de Nanterre, l’un des 89 de la région parisienne, abrite 14 000 personnes[4].
Les bidonvilles de Nanterre (celui de La Folie était situé à l'emplacement actuel de la préfecture des Hauts-de-Seine), de Noisy-le-Grand et de Massy furent les plus notoires en périphérie de Paris. Il fallut attendre presque le milieu des années 1970 pour que la politique de résorption des bidonvilles impulsée d'abord par la SONACOTRAL (Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens), créée en 1956, puis avec la loi Debré de décembre 1964 et enfin, à partir de 1969, par le premier ministre Jacques Chaban-Delmas, porte totalement ses fruits et que ces bidonvilles disparaissent avec le relogement des familles qui y vivaient. L'abbé Pierre sera l'un de ceux qui porteront assistance aux habitants des bidonvilles, surtout pendant l'hiver 1954, qui fut particulièrement froid. Avec l'argent rassemblé à la suite de son appel à la radio, il fera construire des cités d'urgence (dont celle de Noisy-le-Grand qui ressemble à un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner, dans lequel les bâtiments sont en forme de demi bidon métallique[5][source insuffisante]). Ces cités appelées à être provisoires se transformèrent progressivement, dans le meilleur des cas, en cités HLM.
Dans les années 1960, de nombreux immigrés portugais constituèrent le bidonville de Champigny-sur-Marne, qui compta jusqu’à 15 000 habitants[6]. La médiatisation fait connaître les conditions de vie déplorables des habitants des bidonvilles. On estime qu'environ 10 % des immigrés et surtout un clandestin sur deux y résident, soit 45 000 personnes en France. En 1964, une première loi prévoit la résorption des bidonvilles. Mais, il faut attendre la loi Vivien, en juillet 1970, adoptée dans un contexte de vive émotion suscitée par la mort de cinq Africains par asphyxie dans un bidonville d’Aubervilliers, en région parisienne[7].
Les bidonvilles sont éradiqués en 1975-1976 (les derniers bidonvilles sont à Nice ou à Champigny, dans le Val-de-Marne[8]).
À Nice, au début des années 1970, le bidonville de la Digue-des-Français, installé sur la rive gauche du Var à l'écart de la RN 202, constitue, avec près de 2 000 habitants, l'un des derniers espaces de ce type dans une grande ville française. Pourtant, les incidents sont nombreux. Ainsi, le 1er juillet 1974, un incendie ravage 250 baraques et prive de logement 400 personnes, sans toutefois provoquer de victimes. L'association de soutien aux travailleurs immigrés dans les Alpes-Maritimes (ASTIAM), formée par des membres du PSU et des chrétiens de gauche, alerte l'opinion publique et aide les habitants des bidonvilles à se reloger. Ces zones, "véritable État dans l'État" où l'on "vit avec ses propres lois et ses propres règles" selon la presse locale, suscitent méfiance et rejet. Lorsque la Société Nationale de Construction de Logement pour Travailleurs (SONACOTRA) entreprend, en 1974, une première opération de relogement, les protestations sont nombreuses autour du foyer-hôtel devant accueillir les travailleurs immigrés dans le quartier de Riquier de Nice[7].
En 1976, la construction de l'autoroute de contournement de Nice conduit à une opération de plus grande ampleur devant aboutir à la démolition du bidonville. La marginalité géographique demeure toutefois puisque c'est à proximité que les immigrés sont relogés dans une "cité modulaire" de 1 000 lits étendue sur 5,5 hectares. Les conditions de cette opération ne sont pas sans poser de problème. En effet, le bidonville, en dépit des conditions d'hygiène inacceptables, était un lieu de sociabilité et de solidarité fondé sur les structures sociales villageoises du pays d'origine. On craint un nouveau déchirement après celui déjà douloureux à l'origine du parcours migratoire[7].
Depuis le début des années 90, en France, des bidonvilles se sont reconstitués, généralement cachés à la vue, le long de voies de communication ou dans des friches industrielles. Actuellement, près de 17.000 personnes habiteraient en bidonville en métropole. La politique du gouvernement consiste en une destruction systématique sans relogements pérennes, faute de solutions les bidonvilles se reconstituent[9][source insuffisante].
La politique publique d'évacuation forcée des bidonvilles se poursuit, en dépit de la circulaire de janvier 2018 qui invite les préfets à organiser un processus de collaboration avec les collectivités locales pour une résorption des bidonvilles[27],[28].
En 2022, 25 000 personnes vivent dans des lieux de vie informels en métropole. La délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) évalue à un peu moins de 12 000 ressortissants européens – essentiellement de Roumanie et de Bulgarie – vivant dans ces lieux de vie informels[29]
Nombre de ces bidonvilles sont habités par des Roms, au sens général du terme, dont beaucoup proviennent d'Europe de l'Est, où ils sont victimes de discrimination économique, sociale et ethnique.[réf. nécessaire]
Le recensement des bidonvilles est assuré régulièrement par le pôle « résorption des bidonvilles » de la Dihal[30].
Chaque année, de nombreux bidonvilles sont détruits, sans l'accord des habitants, ce qu'on appelle une évacuation forcée[31]. Ces pratiques ont fait l'objet de rapports critiques de plusieurs institutions des droits de l'homme (ONU, Conseil de l'Europe, etc.)[32].