Affaire des caricatures de Mahomet de Jyllands-Posten
Type Controverse à propos de la liberté de la presse
Pays Drapeau du Danemark Danemark
Date depuis 2005
Participant(s) Jyllands-Posten

Des caricatures de Mahomet de douze dessinateurs sont parues le dans le quotidien danois Jyllands-Posten, en réponse à Kåre Bluitgen, un écrivain se plaignant que personne n'ose illustrer son livre sur Mahomet depuis l'assassinat de Theo van Gogh aux Pays-Bas le 2 novembre 2004.

Illustrant un article consacré à l'autocensure et à la liberté de la presse, ces dessins sont de facture différente[1]. L'un montre un dessinateur inquiet, cachant le portrait de Mahomet qu'il est en train de tracer. Un autre Mahomet au ciel, accueillant d'un air désolé des musulmans, sans doute auteurs d'attentats-suicides, en leur disant qu'il n'y a malheureusement plus de vierges pour eux[1]. Celui de Kurt Westergaard, montrant Mahomet coiffé d'un turban en forme de bombe[2], avec une mèche allumée, concentre toutes les critiques.

L'un des douze dessinateurs, Lars Refn, déclare rapidement que le journal Jyllands-Posten « voulait dès le départ uniquement provoquer »[1]. Le 14 octobre, deux semaines après la parution, plusieurs milliers de musulmans manifestent à Copenhague[1]. Le lendemain, un homme de 17 ans est interpellé dans la ville où se situe le siège du journal, pour avoir proféré des menaces de mort contre deux dessinateurs[1]. Le premier journal à reprendre les dessins fut le journal égyptien Al Fagr, le 17 octobre 2005.

Quelques jours plus tard, onze ambassadeurs de pays musulmans demandent à être reçus par le Premier ministre danois, qui refuse les demandes. Le 1er décembre, huit des dessinateurs et cinq représentants de la communauté musulmane se rencontrent confidentiellement, dans un bon climat. Mais le lendemain, un groupe extrémiste du Pakistan met à prix la tête des dessinateurs[1]. Entre décembre et début janvier, plusieurs délégations d'imams danois se rendent au Moyen-Orient pour mobiliser les institutions et États musulmans. Ils montrent les douze dessins du Jyllands-Posten, mélangés à d'autres, d'une rare violence, comme l'a révélé le 12 janvier 2006 le journal Ekstra Bladet[1]. C'est après cette tournée que l'affaire prend une ampleur internationale, avec des manifestations dans certains pays, parfois pacifiques parfois violentes.

Fin janvier 2006, plusieurs pays arabes font pression sur le Danemark. Le 1er février, la presse reprend les douze caricatures, en Belgique flamande et en Allemagne. France-Soir les reprend le même jour, mais Libération n'en publie que 4 sur 12, le 3 février. Charlie Hebdo les reprend pour la première fois le 8 février, en y ajoutant des caricatures de Mahomet dessinées par les collaborateurs réguliers du journal. Trois semaines après, le directeur du journal Philippe Val lance le Manifeste des douze avec Caroline Fourest et Bernard-Henri Lévy. En 2010, l'auteur du dessin le plus controversé, Kurt Westergaard, annonce qu'il dément avoir voulu « représenter » Mahomet : « Je n'ai jamais dit qu’il s'agissait de Mahomet […] J'ai voulu montrer qu’il y avait des terroristes qui se servaient de l'islam et du Coran comme d’une façade[3]. »

Historique

Tradition islamique et aniconisme

Mahomet à la Ka'ba. Peinture du Siyar-i Nabi, Istanbul, vers 1595. Comme souvent au XVIe siècle, le visage de Mahomet est recouvert d'un voile.

Dans la Bible, l'épisode du Veau d'or montre un Moïse en colère contre cette représentation du divin. À sa suite, des rois d'Israël comme Ézéchias (VIIIe siècle av. J.-C.) et Josias (VIIe siècle av. J.-C.) font détruire les icônes (images) des synagogues. Certains courants rabbiniques en font autant au fil des siècles. Ils auraient influé sur les débuts de l'islam[réf. nécessaire], et la tradition sunnite rapporte qu'après la conquête de La Mecque, Mahomet aurait fait détruire toutes les images qui se trouvaient dans la Ka'ba à l'exception d'une Vierge à l'Enfant[4].

De là se serait progressivement installée dans l'islam une interdiction de représenter le vivant et tout particulièrement Mahomet par crainte que ces figures ne servent de support à des idolâtres. Le sunnisme interdit en particulier la représentation des « choses et personnes saintes » - on parle d'aniconisme. Cette tradition est rejetée comme non-coranique, ou très amoindrie, par d'autres branches minoritaires de l'islam comme le chiisme iranien, c'est pour cela qu'il serait faux de croire que cet interdit soit la cause principale de la condamnation des caricatures, étant donné que des protestations ont également émané de la part des communautés musulmanes qui ne croient pas qu'il faille respecter l'interdiction, cette condamnation serait plutôt due à l'image véhiculée par les caricatures, qui associent le terrorisme à Mahomet et donc aux débuts de l'islam, renforçant ainsi l'amalgame préexistant et rendant l'islam aux yeux de la communauté internationale mauvais depuis sa source.

De nombreuses représentations de Mahomet figurent dans l'art islamique traditionnel[5]. Des miniatures persanes et des tapis représentent Mahomet dans différents épisodes de la mémoire collective[6],[7]. Parfois l'artiste fait un compromis en masquant son visage par un voile. Dans les traditions occidentales, des représentations de Mahomet sous les traits d'un marchand ont été réalisées.

Il existe par ailleurs plusieurs adaptations modernes du Coran en bande dessinée qui ont été publiées sans protestations particulières bien qu'elles ne soient pas diffusées dans certains pays de la péninsule d'Arabie.

Le rapport de l'islam à l'image est donc plus subtil qu'on ne pourrait le croire. Alors qu'il a largement été accepté comme un fait que représenter le prophète de l'islam était interdit aux musulmans, Abdelwahab Meddeb, professeur à Paris-X, soutient au contraire qu'il n'y a pas de tabou particulier sur la représentation de ce dernier, simplement une critique de l'image, pâle et dérisoire représentation de la réalité (l'œuvre de Dieu). « La vie du prophète est intégralement illustrée (…) dans un manuscrit de Hérât du quatorzième siècle ». Il ajoute « Ce n'est que par la force de la coutume que la représentation du prophète est devenue tabou. Mais elle l'a été surtout dans le monde arabe et ne l'a jamais été dans l'espace turc ou en Asie centrale »[8].

Depuis le XIXe siècle, la diffusion des images du vivant s'est généralisée, par la photographie d'abord, puis par la télévision et l'internet, technologies que les musulmans ont adoptées dans tous les domaines de la vie — politique, sciences, éducation, arts — et qui sont devenues indispensables au fonctionnement de sociétés modernes.

Tensions communautaires et xénophobie au Danemark

Les tensions communautaires se sont faites de plus en plus criantes et violentes au Danemark qui a eu du mal à combiner le maintien d'un fort État-providence, des performances économiques moyennes et l'afflux d'immigrés auxquels la société multiculturelle danoise n'a pas demandé de s'intégrer.

Le parti d'extrême droite danois, hostile aux immigrés, est monté en puissance ces dernières années.[Quand ?] Avec 13 % des sièges à l’assemblée, il a poussé au vote d'une série de lois, jugées comme les plus restrictives d’Europe[réf. nécessaire]. Selon Soren Krarup, ténor de ce parti et prêtre à la retraite, « L’islam n’est pas compatible avec les traditions danoises, [les caricatures de Jésus sont] tout à fait tolérées dans cet ensemble de traditions. » Il considère que les musulmans sont venus au Danemark pour « nous conquérir, comme ils l’ont fait ces 1400 dernières années. »

Selon les musulmans danois, la liberté d'expression a été utilisée dans un but politique afin de provoquer des réactions « anti-danoises » et identitaires au sein de cette communauté, faisant le lit de l’extrême droite. De fait, un nombre croissant de jeunes musulmans danois sont séduits par les discours totalitaires du Hizb ut-Tahrir, parti islamique radical visant à mettre en place une « doctrine islamique pure » et illégale dans la plupart des pays à majorité musulmane, mais aussi en Allemagne et en Russie, mais pas au Danemark, malgré une enquête officielle diligentée par les pouvoirs publics danois[9].

Dans l'édition du 4 février du journal français Le Monde[1], il est rappelé le rôle du Jyllands-Posten, ainsi que d'autres journaux danois, dans « le durcissement du climat dans le pays, autour des immigrés musulmans, en adoptant un ton très carré ». Flemming Rose écrit « La société moderne et séculière est rejetée par quelques musulmans. Ils exigent une position particulière quand ils insistent pour une prise de considération spéciale de leur propre sentiment religieux. Ce n'est pas conciliable avec une démocratie séculière et la liberté d'expression où il faut être prêt à se faire mépriser, tourner en dérision, ridiculiser. Ce n'est certainement pas toujours très sympathique et agréable à voir, et cela ne signifie pas que les sentiments religieux doivent être ridiculisés à tout prix, mais ce n'est pas le plus important dans ce contexte ». Tøger Seidenfaden, directeur de la rédaction du quotidien Politiken, analyse ces propos de la sorte « Il y a volonté d'offenser, car c'est dans la logique présente de l'atmosphère politique au Danemark. La recette à succès, en politique et dans les médias, c'est de dire que le plus grand problème au Danemark, c'est l'intégration des minorités, et le plus grand groupe parmi eux est celui d'origine musulmane. »

Le quotidien Le Monde revient sur le contexte xénophobe du Danemark[10]. Il est rappelé le programme politique du Parti du peuple danois, formation d’extrême-droite : « Le Parti du peuple danois n'accepte pas que le Danemark se transforme en une société multiethnique. (…) Le libre accès au Danemark détruit notre État-providence ». Pia Kjaersgaard, président de ce parti, compare les musulmans à une « tumeur cancéreuse ». Bashy Quraishy, président du Réseau européen contre le racisme, déclare « Ce n'est pas un hasard si cette affaire a éclaté au Danemark. Aucun pays de l'UE n'est aussi islamophobe et xénophobe ».

30 septembre 2005 : publication de douze caricatures

Le , l'un des plus importants journaux danois, Politiken, a publié l'article « Dyb angst for kritik af islam » (« Peur profonde de la critique de l'islam »)[11]. Cet article traitait des problèmes rencontrés par l'écrivain Kåre Bluitgen, se plaignant de ce que personne n'osât illustrer son livre sur Mahomet, Koranen og profeten Muhammeds liv (Le Coran et la vie du prophète Mahomet), depuis l'assassinat de Theo van Gogh. Plusieurs illustrateurs ont refusé de collaborer sur ce sujet de peur de représailles. À la suite de cette autocensure, un débat sur la liberté de la presse et en particulier vis-à-vis de l'islam a eu lieu au Danemark.

Dans le contexte de ce débat, le quotidien Jyllands-Posten publie le le Visage de Mahomet, des caricatures du prophète de l'islam. Cette publication est la réponse de douze dessinateurs à Kåre Bluitgen. Le Jyllands-Posten invite quarante artistes à donner la vision qu'ils ont de Mahomet. Douze dessinateurs répondent et leurs dessins sont publiés le 30 septembre. Les dessins illustraient un article consacré à l'autocensure et à la liberté de la presse. Dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant du haut[12] :

En 2007, le magazine américain CounterPunch a attribué à Daniel Pipes une partie de la responsabilité de la commande de ces caricatures par le journal danois[13].

Premières protestations et manipulation d'images

Au début octobre 2005, l'affaire n'a encore qu'une dimension nationale, mais onze ambassadeurs de pays à majorité musulmane demandent un entretien avec le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen, qui refuse de les rencontrer. Ce qui lui sera reproché plus tard par une partie de la presse danoise[14].

Le , plusieurs milliers de musulmans manifestent contre la publication de ces caricatures en estimant ces dessins « provocants et arrogants ».

Dans un premier temps la plupart des journalistes refusent de présenter des excuses, estimant n'avoir fait qu'exercer le droit fondamental à la satire et à la caricature qu'implique la liberté de la presse. Pour le rédacteur en chef Carsten Juste, cette affaire pose notamment la question de savoir en quoi un journal non musulman devrait se conformer aux interdits de cette religion. Cependant, un des douze caricaturistes, Lars Refn, reconnaît une certaine provocation de la communauté musulmane. Son dessin représente un écolier danois s'appelant Mahomet et écrivant en persan sur un tableau : « Les journalistes de Jyllands-Posten sont un tas de provocateurs réactionnaires ». Flemming Rose, le responsable des pages culturelles du quotidien, récuse cette affirmation.

Une organisation nommée « Société islamique du Danemark » avait tenté d'attaquer le journal en justice. Après avoir été déboutée, elle charge l'imam Ahmad Abu Laban d'entreprendre une tournée de sensibilisation dans les capitales arabes, ajoutant trois dessins aux douze publiés dans le Jyllands-Posten[15] :

Ces deux dernières images n'ont jamais été publiées dans la presse danoise, elles proviennent d'un site d'extrême droite chrétien intégriste situé aux États-Unis[18].

En plus de ces trois images sans lien avec le Danemark, le dossier contenait aussi « des faux sur de prétendus mauvais traitements de musulmans au Danemark » et « le mensonge tendancieux que le Jyllands-Posten était un journal dirigé par le gouvernement »[19].

Le porte-parole de l'organisation affirma par la suite avoir utilisé ces images, reçues par courrier électronique d'une source qu'il refusa d'identifier, comme un exemple de l'antipathie de la société danoise envers l'islam[20]. C'est après cette tournée que l'affaire prend une ampleur internationale.

Les rédacteurs en chef des deux journaux, Carsten Juste et Vebjoern Selbekk, reçoivent plusieurs menaces de mort. Carsten Juste est contraint d'embaucher des vigiles pour protéger sa rédaction. Certains des dessinateurs sont mis sous protection policière et, le mardi 31, la rédaction de Jyllands-Poste est victime d'une alerte à la bombe.

Le Jyllands-Posten finit par présenter ses excuses, non pas pour avoir publié les dessins, mais pour avoir « offensé » les musulmans.

Sept associations musulmanes au Danemark ont intenté, en mars 2006, un procès pour injures contre le rédacteur en chef du quotidien. Le jeudi 26 octobre 2006, le juge du tribunal d'Aarhus estime que ces dessins n'étaient pas offensants ou n'avaient pas pour but de l'être à l'égard des musulmans et acquittent les responsables du Jyllands-Posten. Les associations font appel de ce jugement.

Réactions

Dans les pays à majorité musulmane

Réactions officielles

Boycotts

Le , le chef spirituel des Frères musulmans, Mohammad Mehdi Akef, appelle les musulmans du monde « à boycotter les produits du Danemark et de la Norvège, et à prendre des mesures fermes » à l'égard de ces deux pays. Le Hamas, qui vient de remporter les élections législatives en Palestine, invite les pays à majorité musulmane à prendre « des mesures dissuasives contre le comportement danois stupide » dans un communiqué qui précise « Nous exhortons les nations musulmanes à boycotter tous les produits danois parce que le peuple danois a soutenu le racisme haineux sous prétexte de liberté d'expression ».

La population saoudienne entame alors un boycott des produits danois, en signe de protestation contre ces dessins et, dans la région du Golfe, plusieurs supermarchés ont retiré les produits alimentaires danois des étals à la suite de plaintes de clients.

La Fédération des industries danoises précise que les entreprises danoises menacées par ce boycott sont le groupe laitier Arla Foods, pharmaceutique Novo Nordisk, le fabricant de pompes Grundfos et les jouets Lego.

Le plus touché reste Arla Foods qui indique que ses ventes dans la région étaient presque tombées à zéro[23]. 95 % de ses distributeurs locaux ont retiré les produits d'Arla de leurs rayons. Le groupe indique par ailleurs que deux de ses employés locaux en Arabie saoudite avaient été frappés par des clients en colère. Peder Tuborgh, le PDG du groupe, demande l'intervention du gouvernement danois pour tenter de calmer la situation dans le monde musulman et d'enrayer la chute des ventes[26]. L'entreprise a finalement publié un communiqué[27] dans la presse arabe et auprès de la chaîne de télévision panarabique Al Jazeera condamnant la publication des caricatures, provocant alors une contestation de la part des autorités et des consommateurs danois.

Menaces de mort

Les responsables de Magazinet et de Jyllands-Posten et les caricaturistes reçoivent des menaces de mort à la suite de la publication des dessins. Jyllands-Posten doit évacuer son siège d'Aarhus (centre du pays) et sa rédaction de Copenhague, en raison d'une alerte à la bombe[28]. De son côté, la Croix-Rouge danoise a annoncé l'évacuation de deux de ses employés de Gaza et d'un du Yémen. Les hommes masqués, disant appartenir au parti Fatah du leader palestinien Mahmoud Abbas, ont affirmé qu'ils interdiraient aux ressortissants danois et norvégiens de se rendre dans la bande de Gaza[29].

Le ministère norvégien des Affaires étrangères déclare qu'il y avait à Gaza deux travailleurs humanitaires norvégiens qui ont tous deux prévu de partir ce lundi. « Nous avons conseillé aux Norvégiens de ne pas se rendre dans la bande de Gaza », a déclaré une porte-parole[30].

Yaqoob Qureshi, un ministre musulman de l'État indien de Uttar Pradesh a offert une récompense de 6 millions de livres sterling à qui tuerait un des caricaturistes et un imam pakistanais a, lui, offert 1 million de dollars US[31].

Le , le Libyen Mohammed Hassan, appelé Cheikh al-Libi, membre d'Al-Qaeda, exhorte les musulmans à frapper la France, le Danemark et la Norvège, pour la publication des caricatures de Mahomet[32]. Il annonce dans un enregistrement vidéo : « O musulmans, vengez votre Prophète (…). Nous voulons vivement que le petit État du Danemark, la Norvège et la France, l'ennemie du voile, de la pudeur et qui a nui à Dieu et à son Prophète, soient durement frappés et détruits ».

Le , la police danoise déjoue une tentative d'attentat contre Kurt Westergaard dans lequel sont impliqués deux ressortissants tunisiens[33],[34],[35].

Dans un message daté du , Oussama ben Laden menace l'Union Européenne de châtiments, mentionnant la publication des caricatures qu'il assimile à une preuve supplémentaire de la croisade contre l'islam menée par l'occident avec la complicité du pape Benoît XVI[36]. Le 2 juin 2008, un attentat contre l'ambassade du Danemark à Islamabad (Pakistan) fait 6 morts. Un communiqué attribué à Al-Qaïda, revendique cette action comme une mesure de représailles consécutive à la publication des caricatures[37].

Depuis ces deux messages ci-dessus, cette menace de mort est attribuée, selon une interprétation islamique, à Oussama Ben Laden : « Si votre liberté d'expression n'a pas de limite, vous allez devoir accepter notre liberté d'action »[réf. nécessaire].

Orchestration des troubles et des violences

Ces fausses caricatures, diverses fausses informations (par exemple que Jyllands Posten serait une émanation du gouvernement danois), et la soudaine mobilisation, plus de trois mois après la première publication des caricatures, ont fait naître le soupçon d'une manipulation politique. Antoine Sfeir lors d'une intervention dans Arte-info le 31 janvier 2006, parle d'une récupération ayant pour objectif de détourner l'attention médiatique des autres problèmes d'actualité touchant le Proche-Orient. On peut par exemple penser au nucléaire iranien ou aux dernières élections palestiniennes. Rappelons aussi que les caricatures ont été publiées à deux reprises, à trois mois d'intervalle, d'abord au Danemark, puis en Norvège.

Le 9 février 2006, Olivier Roy, spécialiste de l'islam contemporain, déclare que les violentes manifestations sont une manipulation des pays musulmans pour se venger des pays européens[38].

Le Parlement européen adopte une résolution commune le 16 février 2006 dans laquelle « Il déplore que certains gouvernements n'aient pu empêcher les violences et que d'autres aient toléré des attaques violentes » et dit que « Les députés regrettent fortement qu'il semble y avoir des groupes extrémistes organisés, à la fois en Europe et dans le monde musulman, qui trouvent un intérêt à exacerber les tensions actuelles et utilisent les caricatures comme prétexte à l'incitation à la violence et à la discrimination ». Une partie de protestations et des troubles violents « auraient été orchestrés » »[39]

L'European Strategic Intelligence& Security Center est plus précis sur son site web : il accuse les frères musulmans (mouvement fondé par Hassan el Banna et dont se réclament tous les intégristes) d'être à l'origine, par la mobilisation de ses réseaux partout dans le monde, des disproportions qu'a pris cette affaire. L'objectif des frères musulmans s'inscrirait, selon l'accusation de l'ESISC, dans une stratégie de l'organisation visant à « faire progresser le dossier de la loi contre le blasphème » (légalisé en France par la Révolution française en 1792), et « à radicaliser davantage encore les secteurs “sensibles” de l’immigration, en particulier la jeunesse et les étudiants (…) afin de faire de l'entrisme et du noyautage (…) dans les organisations musulmanes traditionnelles »[40].

Il revient le 14 février en détail dans un document de 14 pages sur cette « manipulation à l'échelle mondiale »[41] des frères musulmans qui ont réussi à faire oublier que parmi les 1,3 milliard de musulmans, quelques milliers tout au plus ont participé à ces manifestations. Ses accusations se basent sur

« En janvier, lors du Hadj, le pèlerinage à la Mecque, des prédicateurs proches des « Frères » ont chauffé les foules de fidèles. Puis, profitant de son importante surface médiatique dans le monde arabo-musulman, (il est, entre autres, l’invité permanent de l’émission Ash-Sharî`ah Wal-Hayâh - La Législation islamique et la Vie - sur la chaîne panarabe Al-Jazirah), Chaikh Al-Qaradawi a lancé une fatwa demandant de faire du 3 février une « Journée de colère » »

« Si l’on pointe du doigt la confrérie des Frères musulmans, c’est que, partout, ils semblent être à l’origine du phénomène de contestation violente. En France, au sein du Conseil supérieur du culte musulman, la différence d’attitude entre Dalil Boubakeur et le représentant de l’Union des Organisations islamiques de France, réputée « proche » des Frères musulmans et appliquant avec zèle la pensée politique de cheikh Al-Qaradawi est symptomatique. Au Liban, l’embarras des religieux, Mufti de la République en tête, est perceptible. Leur intervention personnelle et directe face aux émeutiers menés par des Frères est révélatrice de l’identité des instigateurs réels de la violence »

« En les laissant incendier la représentation danoise, les autorités syriennes adressent un double message. À leurs islamistes elles indiquent qu’ils peuvent se défouler sur le Danemark si le cœur leur en dit, tant qu’ils ne contestent pas le régime. Aux Occidentaux, elles indiquent les dangers qu’ils courent s’ils continuent à vouloir affaiblir le régime. L’influence syrienne qui reste forte au Liban à travers les services spéciaux de Damas demeurés sur place, permet d’y jouer le même jeu. En Palestine, le Hamas y trouve un bon prétexte de renvoyer la balle dans le camp des Européens qui le battent froid. »

Réactions en Occident

Réaction des groupes industriels

Premières réactions officielles des gouvernements occidentaux

Les principales prises de position furent prises entre les 2 et 4 février :

Soutiens apportés à la publication des caricatures

En France

L'ancien grand mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, s'est déclaré opposé « à toute action en justice ou manifestation » contre la publication des caricatures. Selon lui « la liberté d'expression est sacrée »[47]. Lors d'une émission sur La Chaîne parlementaire, la chaîne de l'Assemblée nationale, le 12 février 2006, il a condamné la démarche du président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, Mouloud Aounit, et il a déclaré face à celui-ci qu'il était essentiel de défendre la liberté d'expression : « je trouve inadmissible de rester l'otage d'une horde de fanatiques qui, au lieu de répondre par le dialogue, répondent par la violence », a-t-il affirmé, expliquant que « c'est grâce à la liberté d'expression que l'islam se défend, que moi-même je peux à tout moment et quand je veux exposer mon message ».

Le Manifeste des libertés, une association laïque regroupant des personnes « de culture musulmane » a pris position en faveur de la liberté d'expression, par la voix de son porte-parole Tewfik Allal. Sa déclaration a été publiée dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo. Cela a valu à Brigitte et Tewfik Allal un article élogieux dans Le Monde[48].

Histoire de mémoires, « association d'études et de promotion de l'immigration maghrébine en France », a lancé une pétition mondiale intitulée « Appel des musulmans, agnostiques et athées de culture musulmane et de ceux qui les soutiennent pour la liberté de la presse »[49]. « Ailleurs ou ici, mais ensemble », une association laïque présidée par Samia Labidi et qui regroupe non-croyants et musulmans réformateurs, soutient cette initiative[50].

En Grande-Bretagne

La militante laïque anglo-iranienne Maryam Namazie a lancé une pétition internationale de soutien à la liberté d'expression. Sur son blog[51], elle a publié les caricatures. Responsable des relations internationales du Parti communiste-ouvrier d'Iran, Maryam Namazie est assez connue en Angleterre où elle reçut en 2005 le prix annuel de la Société laïque nationale (National Secular Society)[52]. À la suite de l'affaire des caricatures, elle a signé un manifeste international, aux côtés notamment de Salman Rushdie et Taslima Nasreen, contre l'islamisme.

Plusieurs organisations liées à l'extrême-gauche moyen-orientale ont également organisé une manifestation en défense de la liberté d'expression à Londres le 11 février 2006[53]. Dès le 1er novembre 2005, Houzan Mahmoud, représentante en Europe de l'Organisation pour la liberté des femmes en Irak s'était exprimée sur la publication des caricatures au Danemark[54].

Aux Pays-Bas

Ayaan Hirsi Ali, député néerlandaise connue pour son combat pour les droits des femmes et contre l'excision, a apporté un soutien total aux journaux ayant relayé les caricatures du Jyllands-Posten, en déclarant que ceci constituait « leur devoir en tant que journalistes ». Elle regrette que son propre Premier ministre n'ait pas le courage d'Anders Fogh Rasmussen - qui a refusé de recevoir les plaintes d'une dizaine d'ambassadeurs de « régimes tyranniques ». Dans ce même discours prononcé le 9 février à quelques centaines de mètres de l'ex-Mur de Berlin, elle a défendu le « droit de blesser dans les limites de la loi », et donnant l'exemple a critiqué sévèrement une partie de l'enseignement religieux et social de Mahomet (voir l'article Ayaan Hirsi Ali et son discours[55]).

Réactions de la presse internationale et des médias

De nombreux journaux européens publient, soit en une, soit dans leurs pages intérieures les dessins incriminés au nom de la liberté de la presse[56]. D'autres s'abstiennent « pour ne pas jeter d'huile sur le feu ».

Allemagne
Belgique
Croatie

Le 6 février 2006, le journal Nacional a publié les douze caricatures de Mahomet avec six d'entre elles en page de une[60].

Cette publication a notamment eu pour réaction des manifestations à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine où des musulmans bosniaques ont brulé le drapeau croate[61].

Danemark

Tous les quotidiens danois ont commenté l'affaire et un consensus s'est rapidement dégagé pour estimer que, même si la liberté de la presse et la liberté d'expression accordaient probablement au Jyllands-Posten le droit de publier de tels dessins, rien ne l'y obligeait. Et qu'il s'agissait avant tout d'un coup d'éclat publicitaire maladroit visant à faire parler du quotidien - ce qui a incontestablement réussi.

« Le quotidien Politiken estime « absurde » que le Premier ministre ne veuille pas exprimer son désaccord avec un journal – ce qu'il a pourtant déjà fait par le passé. « Le Jyllands-Posten n'a pas souvent été la cible de ses critiques », précise tout de même Politiken, qui ne laisse pas passer l'occasion de sous-entendre les liens étroits (bien qu'informels) existant entre le Jyllands-Posten et le Parti libéral[14]. »

Lors d'une interview à la Radio-télévision belge de la Communauté française, le mardi 7 février 2006, le correspondant à Paris du Politiken a déclaré se sentir pris en otage par la provocation du Jyllands-Posten.

France
Italie

Deux journaux publient les caricatures : La Stampa et Il Corriere della Sera. Le , La Stampa publie les caricatures. L'éditorialiste musulman Magdi Allam de Il Corriere della Sera écrit : « Qu'attend l'Occident pour intervenir ? Adoptera-t-il la politique de l'autruche jusqu'à ce qu'un autre Theo van Gogh soit assassiné, à Copenhague ou à Oslo ? » Le 18 février 2006, le ministre italien des Réformes des institutions et Dévolution Roberto Calderoli est contraint à la démission par Silvio Berlusconi. Il avait montré un T-Shirt exhibant les caricatures de Mahomet au journal de 20 heures de la RAI le jeudi 16 février. Des manifestations ont eu lieu en Libye à Benghazi pour protester contre les dessins danois. Elles ont dégénéré et la répression policière a fait onze morts. L'ambassade d'Italie a été incendiée, de même que la voiture de l'ambassadeur.

Royaume-Uni

La presse du Royaume-Uni prend la décision volontaire et unanime de ne pas publier les caricatures afin de ne pas attiser un climat de défiance envers les différentes communautés du Royaume, cela, en dépit de la crise qui agite l'Europe. Même les tabloïds anglais, souvent assez prompts à se railler de la classe politique, préfèrent jouer l'apaisement en couvrant discrètement l'affaire sans vouloir y jouer un rôle actif. Les journaux justifient leur position sur une nécessité de réconcilier le pays avec les musulmans modérés, à la suite des attentats du 7 juillet 2005 à Londres d'une part, et en raison d'autre part du fait que la majorité musulmane anglaise est originaire d'Inde.

Seul un journal estudiantin de Cardiff, Gair rhydd publie une caricature le 3 février, mais les 8000 publications sont déchirées après quelques heures.

Autres pays d'Europe
Hors d'Europe

Réprobation envers les journaux ayant diffusé les caricatures

Vendredi 3 février 2006, Jacques Chirac, président français, Bill Clinton, ancien président des États-Unis et Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU ont déclaré que les journaux ayant contribué à diffuser les caricatures avaient fait un usage abusif de la liberté de parole et ont fait appel à plus de « responsabilité et de respect envers les sentiments religieux »[77]. Le ministre des affaires étrangères britannique, Jack Straw a qualifié d'« indélicate » et de « manque de respect » les caricatures danoises[78].

À l'instar du journal jordanien Al-Ghad, certains représentants musulmans tels le recteur de la mosquée de Genève[79] ou de simples musulmans de France[80] ou du Moyen-Orient[81] ont parlé d'abus de liberté de la presse. L'usage de ces caricatures accuse les Européens de faire preuve de « deux poids - deux mesures » en étant plus sensibles aux actes antisémites ou racistes qu'envers le blasphème (envers l'islam), ressenti comme une insulte aux musulmans.

Le MRAP, qui au nom de la lutte contre l'islamophobie[82], a par le passé entamé des procédures (rarement gagnantes[réf. nécessaire]) pour « provocation et incitation à la haine raciale » contre des personnes publiques et privées n'ayant souvent commis que de simples blasphèmes[83] a qualifié ces caricatures « d'islamophobie rampante » et estime qu'elles font exception et ne méritent pas la liberté d'expression[84]. Son président Mouloud Aounit a depuis clarifié son positionnement :

« Ce ne sont pas les douze caricatures de Mahomet qui sont dénoncées par le MRAP mais une seule (celle où il porte une bombe sur la tête), ce qui prouve bien que ni le blasphème ni l'irrespect envers l'islam ne concernent le Mouvement parce que n'étant pas de sa compétence en tant que mouvement laïc. Nous réaffirmons que toutes les religions peuvent être critiquées[85]. »

Sensibles aux appels à la responsabilité lancés par plusieurs responsables politiques, le député UMP du Gard Jean-Marc Roubaud dépose le 28 février 2006 une proposition de loi visant à interdire les propos et les actes injurieux contre toutes les religions[86]. Les passages en gras ci-dessous correspondent à la proposition de loi.

« Article 29 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse

CHAPITRE IV : DES CRIMES ET DÉLITS COMMIS PAR LA VOIE DE LA PRESSE OU PAR TOUT AUTRE MOYEN DE PUBLICATION.

Toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe ou par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, même si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommés, mais dont l'identification est rendue possible par les termes des discours, cris, menaces, écrits ou imprimés, dessins, placards ou affiches incriminés.

Tout discours, cri, menace, écrit, imprimé, dessin ou affiche outrageant, portant atteinte volontairement aux fondements des religions, est une injure.

Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait est une injure . »

L’injure dont il est question dans la proposition de loi, serait une extension d'un délit prévu par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Elle ferait partie des restrictions à la liberté d'expression et permettrait la saisie des écrits concernés, parfois même avant leur mise en distribution.

Procès de Charlie Hebdo dans l’affaire des caricatures de Mahomet

L'Union des organisations islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris engagent une procédure pénale contre Charlie Hebdo pour « injure publique à l'égard d'un groupe de personnes à raison de leur religion ». Bien que plusieurs journaux français aient publié les caricatures (L'Express, France-Soir), seul Charlie Hebdo fait l'objet d'une procédure judiciaire. Le MRAP annonce au contraire uniquement des poursuites judiciaires contre France Soir « pour provocation à la haine et non contre Charlie Hebdo au motif que cet hebdomadaire inscrit son identité dans une tradition satirique connue de longue date »[87]. Denis Jeambar, directeur de L'Express, rappelle à cette occasion le bras de fer engagé avec l'actionnaire du journal Serge Dassault qui a tenté, en vain, de le faire renoncer à la publication des caricatures dans l'hebdomadaire[88].

Première instance

Cette affaire est examinée par le tribunal correctionnel de Paris les 7 et 8 février 2007 ; la défense de Charlie Hebdo était assurée par Mes Richard Malka et Georges Kiejman, tandis que les plaignants étaient représentés par Mes Christophe Bigot et Francis Szpiner. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidence de la République, apporte son soutien à Charlie Hebdo dans un fax, envoyé à la dernière minute et lu à l'audience, déclarant préférer[89] « l'excès de caricature à l'absence de caricature ». François Bayrou et François Hollande viennent témoigner en faveur de l'hebdomadaire, de même plusieurs hommes de foi (Mohamed Sifaoui, Soheib Bencheikh) le soutiennent fermement[90]. Le tribunal a prononcé la relaxe de Philippe Val le 22 mars 2007[91],[92],[93] et jugé que l'hebdomadaire avait le droit de publier ces dessins. Les attendus du jugement font valoir « qu'en France, société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions », que le dessin représentant Mahomet coiffé d'une bombe « est inclus dans un numéro spécial dont la couverture éditorialise l'ensemble du contenu (…), il ne peut qu'être regardé comme participant à la réflexion dans le cadre d'un débat d'idées sur les dérives de certains tenants d'un islam intégriste ayant donné lieu à des débordements violents ». « Attendu que le genre littéraire de la caricature, bien que délibérément provocant, participe à ce titre à la liberté d'expression et de communication des pensées et des opinions (…) ; attendu qu'ainsi, en dépit du caractère choquant, voire blessant, de cette caricature pour la sensibilité des musulmans, le contexte et les circonstances de sa publication dans le journal “Charlie Hebdo”, apparaissent exclusifs de toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans ; que les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont donc pas été dépassées (…) », ce dessin ne constitue pas une injure justifiant, dans une société démocratique, une limitation de cette liberté[94],[95].

Appel

Deux particuliers et trois organisations ont fait appel. Parmi elles, la Ligue islamique mondiale a vu sa constitution de partie civile déclarée irrecevable tout comme les autres à l'exception de l'Union des organisations islamiques de France[96].

En appel, le 12 mars 2008[97], le journal et Philippe Val ont été relaxés[98]. Le tribunal a considéré que les deux premières caricatures[99] ne s'en prennent pas à l'islam mais au fondamentalisme islamiste.

La Cour d'appel a estimé dans sa décision que Charlie Hebdo, en publiant ces dessins, « souligne, avec son esprit satirique bien connu mais de manière argumentée, le danger des fanatismes religieux et de l'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques ». Elle conclut que les caricatures litigieuses « ont, par leur publication, participé au débat d'intérêt général sur la liberté d'expression »[100].

Film

Un film documentaire sur l'affaire de Charlie Hebdo est sorti au cinéma en France le  : C'est dur d'être aimé par des cons, réalisé par Daniel Leconte.

Postérité

Meurtre d'Andrea Santoro

Article détaillé : Meurtre d'Andrea Santoro.
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Conséquences sociologiques

Enquêtant sur les motivations du vote pour le Front national, la chercheuse Nonna Mayer indique : « Longtemps, on n'a relevé aucun lien entre la force des préjugés et l'intégration à l'univers du catholicisme français. L'affaire des caricatures de Mahomet, en 2005, marque un tournant. À partir de cette date, le fait d'être catholique et pratiquant fait monter les scores sur les échelles d'ethnocentrisme et d'aversion à l'islam. Tout se passe comme si la plus grande visibilité des religions minoritaires, et en particulier de l'islam, dans l'espace public, les débats autour du voile, puis de la burqa, les velléités d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, la progression internationale d'un fondamentalisme musulman, provoquaient un réveil identitaire et une crispation ethnocentriste chez les catholiques français »[101].

Fusillade au siège de Charlie Hebdo

Article détaillé : Attentat contre Charlie Hebdo.
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Références

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  82. Terme qui a fait l'objet récemment d'une vive polémique. Lire à ce propos les argumentaires contradictoires d'Alain Gresh : À propos de l’islamophobie, et pour plus de détails l'article islamophobie.
  83. Son président déclarant à l'occasion de l'affaire Chagnon sur France 3 : « Si la liberté d’expression est un bien fondamental faisant partie des droits de l’homme, la justice doit en revanche condamner sévèrement la « liberté de blasphème » qui ouvre le champ au racisme » Voir l'article de l'Union des familles laïques critiquant cette déclaration
  84. « Informer : oui, provoquer à la haine raciste : non ! », communiqué du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples du 1er février 2006).
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  88. Pascale Robert-Diard, Didier Rioux, Le Monde. Les grands procès, 1944-2010, Les Arènes, , p. 480
  89. « Je tiens à apporter clairement mon soutien à votre journal , qui exprime une vieille tradition française , celle de la satire (...) Je puis tout à fait comprendre que certains des dessins incriminés aient pu heurter les convictions religieuses de nos concitoyens musulmans (...), pour autant, je préfère l’excès de caricatures à l’absence de caricature »
  90. Jean-Michel Renault, Censure et caricatures. Les images interdites et de combat de l'histoire de la presse en France et dans le monde, Pat à Pan, , p. 57
  91. TGI Paris, 17e ch. corr., 22 mars 2007, Juris-Data no 2007-327959
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  98. /www.maitre-eolas.fr.
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  100. Arrêt du 12 mars 2008. Cour d'Appel, 11e chambre, section A
  101. Nonna Mayer, « Le plafond de verre électoral entamé, mais pas brisé », dans Sylvain Crépon, Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Les Faux-semblants du Front national, Presses de Sciences Po, , p. 316-317

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes