Date | |
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Lieu | « chêne de Mi-Voie », entre Ploërmel et Josselin |
Issue | Victoire du parti de Blois |
Bretagne blésiste | Royaume d'Angleterre Bretagne monfortiste |
Jean IV de Beaumanoir | Robert Bemborough † |
32 chevaliers ou écuyers | 32 chevaliers ou écuyers |
6 morts | 9 morts |
Batailles
Coordonnées | 47° 56′ 15″ nord, 2° 29′ 13″ ouest | |
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Le combat des Trente[1],[2] est un épisode marginal de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365) qui se déroule en mars 1351 sur le territoire de l'actuelle commune de Guillac (Morbihan), située entre Josselin et Ploërmel.
À la suite d'un défi lancé par Jean IV de Beaumanoir[2], un combat est organisé entre trente partisans de Charles de Blois et trente partisans de Jean de Montfort[1]. Les partisans de Charles de Blois l'emportent, mais cela n'a pas de conséquences majeures pour la suite de la guerre.
En 1351, durant la guerre de Succession de Bretagne, la ville de Josselin est aux mains de Jean de Beaumanoir, partisan de Charles de Blois alors que Ploërmel est tenu par l’Anglais Robert Bemborough (ou Brandebourch d'après Froissart), partisan de la maison de Montfort. Les Blésistes font le siège de Ploermel.
Un jour que Beaumanoir se rend chez Bemborough pour négocier, il voit des paysans bretons maltraités par des soldats anglais. Il s'en plaint à son adversaire.
La dispute qui s’ensuit amène les deux hommes à déterminer les modalités d’un duel destiné à régler l’attribution du territoire[pas clair]. Jean de Beaumanoir lance un défi à Robert Bemborough en lui proposant un tournoi à l'instar des chevaliers de la Table ronde. Celui-ci accepte et propose trente combattants dans chaque camp.
Il y a litige entre le [3] et le [1],[2].
Le lieu choisi, la lande de Mi-Voie, est à égale distance de Josselin et Ploërmel[4], près d'un arbre appelé « chêne de Mi-Voie ».
Au jour dit, les combattants assistent à la messe en l'église Notre-Dame du Roncier de Josselin, puis arrivent à cheval au lieu choisi, mais entrent à pied avec leurs armes dans le champ clos. Ils ne doivent pas en sortir sous peine de déshonneur.
Les trente et un Bretons de Jean IV de Beaumanoir s’immortalisent en luttant contre les trente et un hommes commandés par Bemborough. Dans ce camp figure le célèbre aventurier Croquart, dont Philippe VI de Valois aurait bien aimé s’attacher les services. Aux côtés de Robert Knolles, on remarque aussi le neveu de Thomas Dagworth, vainqueur de Charles de Blois à la bataille de La Roche-Derrien.
Le combat commence dans une mêlée confuse. Les Blésistes perdent d'abord plusieurs hommes ; un repos est autorisé, pendant lequel les combattants se désaltèrent avec du vin d'Anjou ! Dès la reprise du combat, Bemborough est transpercé par la lance d'Alain de Keranrais. Croquart, un mercenaire allemand, le remplace à la tête des Monfortistes.
Bemborough et huit de ses hommes sont tués, ainsi que six hommes de Beaumanoir (sans compter ceux qui décèderont de leurs blessures)[5]. D’après la légende, ce dernier, épuisé par la chaleur, le combat et le jeûne, aurait réclamé à boire, ce à quoi son compagnon Geoffroy du Boüays lui aurait répondu « Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera »[6]. Cette parole devint la devise de la famille de Beaumanoir. Guillaume de Montauban parvint à réaliser une trouée : les Blésistes massacrent alors les Monfortistes qui sortiront du combat «déconfités». Les Anglo-Bretons survivants se rendent car il aurait été déloyal de priver les vainqueurs du bénéfice des rançons[5] : dans la guerre féodale on ne cherche pas à tuer sur le champ de bataille mais à rentabiliser sa campagne en capturant de riches prisonniers[7]. Selon les chroniqueurs, on compte de 10 à 17 morts du côté monfortiste et entre 4 et 8 côté blésiste[8]
Croquart est déclaré meilleur combattant pour les Anglo-Bretons, Alain de Tinténiac étant considéré comme le meilleur parmi les hommes de Beaumanoir[9].
L’issue du combat ne règle rien : les Blésistes font en vain le siège de Ploërmel jusqu'au printemps 1352.
Lors de la bataille de Mauron qui a lieu peu après (les Blésistes y sont battus), sept des Bretons qui ont participé au combat des Trente sont présents ; Beaumanoir et Simon Richard mourront des années plus tard[10].
La guerre de Succession s'achève en 1365 par la victoire du camp des Montfort, alors représenté par le fils de Jean de Montfort, le duc Jean IV.
Jacques Villaret a décrit dans un livre publié en 1770 le Combat des Trente et fourni la liste des participants[11].
On ne peut en aucun cas présenter ce combat comme une confrontation anglo-bretonne sans risquer de travestir la vérité historique. Il s’agit d’un épisode de la Guerre de Succession de Bretagne où l’un des belligérants était neveu du roi de France, et l’autre était soutenu par l’Angleterre.
Pour l'historien Jean-Jacques Monnier, auteur de Histoire de Bretagne pour tous, « ce combat n'a pas réellement eu d'impact historique. Ce sont des chevaliers pro-Français qui se sont battus contre des chevaliers pro-Anglais sans aucune conséquence. C'était plutôt un tournoi. Ce combat avait été largement oublié jusqu'à ce qu'on le ressorte vers 1880 sous la IIIe République car on recherchait des commémorations à faire. Ce symbole qui était très ancien faisait l'unanimité à droite comme à gauche dans cette période où l'on avait soif de revanche. Il fallait mobiliser le patriotisme ! »[21].
Ce monument sous forme d'obélisque, la Colonne des Trente, fut érigé au lieu-dit « La Pyramide » dans la commune de Guillac, pour saluer la mémoire des chevaliers qui se sont battus. Sa première pierre fut posée le et il fut inauguré le [23]. Mais on n'y trouve que les noms des combattants « blésistes » ; ceux du camp « montfortiste » sont ignorés[24].
Ce monument est un obélisque haut de 15 mètres, large à sa base de 1,60 mètre et d'un mètre à son sommet. Formé de 30 blocs de granite ayant chacune 60 centimètres d'épaisseur, il occupe le centre d'une étoile plantée de pins et de cyprès. Le monument porte l'inscription suivante sur sa face orientale : « Sous le règne de Louis XVIII, roi de France et de Navarre, le Conseil général du département du Morbihan a élevé ce monument à la gloire de XXX Bretons »[22].