La diaspora palestinienne s'est constituée au cours de la guerre de Palestine en 1948 et de la guerre des Six Jours en 1967. La diaspora prend en compte les Palestiniens domiciliés en dehors de Palestine avec un statut de réfugiés (voir l'article Réfugiés palestiniens), mais également des exilés et Palestiniens citoyens de nationalité autre.
Durant la guerre de Palestine de 1948, environ 750 000 Palestiniens s'enfuirent ou furent expulsés de leur terre. Les circonstances et les causes de cet exode sont sujets à controverses entre historiens et commentateurs du conflit israélo-palestinien. Malgré le vote de la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies réclamant le droit pour ces réfugiés au retour sur leur terre, les protagonistes ne trouvèrent aucun accord et formèrent ce qui devint la diaspora palestinienne.
La guerre de 1948 provoqua un accroissement considérable de la population de Cisjordanie du fait de l'afflux d'un grand nombre de réfugiés[1].
Entre 1952 et 1961, 165 000 personnes quittèrent la Cisjordanie. 120 000 s'installèrent en Transjordanie et un peu plus de 40 000 dans les pays du Golfe. Cette tendance se renversa entre 1961 et 1967; environ 125 000 personnes s'installèrent aux États-Unis ou dans les pays du Golfe avec le Koweït en tête contre 25 000 en Jordanie[2].
En 1959, la Ligue arabe fait passer le décret 1547 interdisant aux Palestiniens de devenir citoyens d’un pays arabe et étant destiné à « éviter la dissolution de leur identité et protéger leur droit à retourner sur leur patrie »[3]. Un décret critiqué notamment par l'UNRWA jugeant que « les États arabes ne souhaitent pas résoudre le problème des réfugiés. Ils désirent le conserver comme une blessure ouverte, un outrage aux Nations Unies et une arme contre Israël. Il leur importe peu de savoir si les réfugiés vivent ou meurent »[4]. La Jordanie reste le seul pays arabe à avoir octroyé la nationalité aux réfugiés palestiniens de 1948[5]. En 1965, la Ligue arabe établit le protocole de Casablanca ratifié par l’Égypte, l’Irak, la Jordanie et la Syrie, visant à améliorer l'accès à l’emploi et la liberté de circulation des réfugiés palestiniens [6]. Néanmoins, le protocole n'est entièrement respecté par aucun des pays signataires[7], les « documents de voyage » délivrés sont rarement acceptés et les enfants de parents palestiniens, sont dépourvus de la nationalité de leur pays natal, en violation de l’article 7 de la Convention sur les droits de l’enfance des Nations Unies.
À la suite de l'armistice de 1949 entre l'Égypte et Israël, l'Égypte occupe la bande de Gaza et refuse l'assistance d'aides internationales de l'ONU, destinées aux réfugiés palestiniens[7]. L'Égypte refusera de même, de permettre à Israël d'annexer la bande de Gaza et d'en accepter ses 230 000 réfugiés ou bien de permettre à Israël d'en accepter 100 000 contre un accord de paix[8].
Après 1948, cette émigration massive a entraîné un développement inégal entre les deux rives du Jourdain. L'accroissement du poids industriel de la rive Est (Transjordanie, la Jordanie actuelle) y entraîna l'implantation de grands établissements industriels et une plus grande productivité. Le gouvernement jordanien a encouragé l'émigration palestinienne pour deux raisons. La première a un but économique, car les sommes rapatriées en Jordanie par les émigrés constituaient une source de revenus importante pour le pays. La seconde a un but politique, car ainsi le gouvernement a réussi à apporter une solution au problème du chômage qui toucha les jeunes Palestiniens[9]. Cette politique a entraîné la fuite des cerveaux palestiniens, a transformé la rive Ouest (la Cisjordanie occupée aujourd'hui) en une nation de petits commerçants et de paysans, et a bloqué le développement économique de la région[9].
À la suite de la guerre de 1967, la Cisjordanie est occupée par Israël qui décide d'annexer la partie arabe de Jérusalem. Cette guerre provoqua un exode massif des habitants de la Cisjordanie vers la rive Est. 254 000 nouveaux réfugiés s'installèrent en Transjordanie, 15 000 furent originaires de la bande de Gaza et 230 000 de Cisjordanie. La population de la Cisjordanie baisse alors de 23 %[10]. Les départs de sont liés aux bombardements aériens et aux combats, les départs suivants sont plutôt liés à la politique d'annexion menée par Israël, ou à cause de la dégradation de leurs conditions de vie[11].
Au cours de la guerre civile Libanaise et de la guerre des camps, plusieurs milliers de Palestiniens sont tués. En 1982, entre 460 et 3 500 palestiniens sont massacrés dans les camps de Sabra et de Chatila, par des phalangistes chrétiens.
En 1970, 3 400 à 20 000 Palestiniens sont tués durant Septembre noir[12],[13]. 20 000 sont expulsés, durant septembre noir.
En 1988, la Jordanie révoque la nationalité de nombreux Palestiniens[13]. À la suite des accords de paix entre Israël et l'Égypte, des centaines d'étudiants palestiniens sont expulsés des universités égyptiennes, dû à un désaccord avec l'OLP[14].
En 1991, plus de 200 000 Palestiniens fuient ou sont expulsés du Koweït[15]. De 1991 à 2012, la population palestinienne du Koweït passe de 400 000 à 80 000 personnes[16].
En 1995, la Libye expulse 30 000 Palestiniens, confisque leurs maisons, et les fait renvoyer de leurs emplois[17]. Le général Khadafi incite les autres pays arabes à faire de même[18]. l'Égypte laisse transiter les réfugiés sur son territoire pour une durée de 48 h, mais ne les acceptent pas[19].
En 1995, une loi interdit aux Palestiniens d'immigrer au Liban [20].
En 2005, après la chute de Saddam Hussein, des Palestiniens d’Irak sont pris en otage et torturés par des groupes armés. Environ 15 000 sont expulsés d’Irak[21]. En 2008, Amnesty International critique le sort « déplorable » des Palestiniens bloqué à la frontière irako-syrienne[22].
En 2007, l'armée libanaise détruit le camp Nahr el Bared et expulse les 31 000 résidents palestiniens. En 2010, le taux de chômage des réfugiés palestiniens s’élevait à plus de 60 %[23] à cause de la surpopulation des camps, dans lesquels ils sont obligés de résider[24].
Durant la guerre de Libye beaucoup de Palestiniens perdent leurs logements[18].
À la suite de la guerre civile syrienne, le royaume hachémite expulse des milliers de réfugiés palestiniens vers des territoires ravagées par la guerre en Syrie. Et bloque en même temps, l'accès à de milliers d'autres[25].
Au cours de la guerre civile syrienne, 3 000 Palestiniens ont été tués[26].
La diaspora s'est répandue surtout dans les pays du Moyen-Orient voisins d'Israël (chiffres indicatifs) :
Ces fortes populations font peser un lourd poids sur la stabilité politique de certains de ces pays (Jordanie, Liban et Syrie notamment).
Vivent en 2004 sur le territoire de l'ancienne Palestine mandataire (Israël + Cisjordanie + bande de Gaza) :
Environ 350 000 Palestiniens sont dispersés entre divers pays du Golfe persique et d'autres pays musulmans (Pakistan, Turquie, Azerbaïdjan).
Le Monde diplomatique propose deux cartes concernant la diaspora palestinienne :