Esch
ruisseau d'Esche, le Grand Fossé
Illustration
Ruisseau d'Esch entre Griscourt et Gézoncourt en hiver. Le ruisseau déploie alors plusieurs bras sinueux.
Caractéristiques
Longueur 46,4 km [1]
Bassin 239 km2 [1]
Bassin collecteur le Rhin
Débit moyen 1,53 m3/s (Blénod-lès-Pont-à-Mousson)
Régime pluvial
Cours
Source à l'est de Jouy-sous-les-Côtes
· Localisation Geville
· Altitude 271 m
· Coordonnées 48° 46′ 36″ N, 5° 42′ 36″ E
Confluence la Moselle
· Localisation Pont-à-Mousson
· Altitude 181 m
· Coordonnées 48° 53′ 39″ N, 6° 03′ 38″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Rehanne
Pays traversés Drapeau de la France France
Départements Meuse, Meurthe-et-Moselle
Régions traversées Grand Est
Principales localités Pont-à-Mousson

Sources : SANDRE, Géoportail, Banque Hydro

L'Esch est une rivière française du Grand Est qui coule dans les départements de la Meuse et de Meurthe-et-Moselle. C'est un affluent de la Moselle en rive gauche.

Géographie

Le ruisseau d'Esch sur une carte du XVIIIe siècle[2]

De 46,4 km de longueur[1], l'Esch est une rivière de Woëvre. Elle naît dans une région d'étangs au pied des côtes de Meuse, au sein du parc naturel régional de Lorraine. Elle possède deux sources, l'une à Jouy-sous-les-Côtes, l'autre sur le site de l'abbaye de Rangéval, sur le territoire de Corniéville, deux communes du département de la Meuse ayant fusionné en 2002 avec Gironville-sous-les-Côtes sous le nom de Geville. Elle entre tout de suite après dans le département de Meurthe-et-Moselle et traverse une région d'étangs au sein de la forêt de la Reine, la première source passant par l'étang de Gérard Sas (anciennement Girasa), la seconde par l'Etang Neuf, l'étang de la Grande Brunessaux et l'étang de la Mosée. Sa dénomination se rencontre ordinairement à partir de l'étang de la Mosée. Elle se dirige d'emblée vers le nord-est, direction qu'elle maintient globalement jusqu'à son confluent avec la Moselle. Elle se divise en deux bras sur le territoire de Jezainville, au niveau de « la Papeterie », reprend un cours unique à Blénod-lès-Pont-à-Mousson, puis traverse le site des fonderies PAM-Saint Gobain. Elle rejoint finalement la Moselle au niveau de la limite des territoires de Blénod-lès-Pont-à-Mousson et de Pont-à-Mousson, formant, avec l'ancien canal, l'île d'Esch.

Hydronymie

La rivière a pris plusieurs dénominations au cours du temps. La plus singulière est celle de rivière de Rudesse[3], mais il semble que ce soit au XVIIIe siècle un nom du langage commun.

La première mention[4] apparaît en, 932, dans une charte de l'abbaye de Bouxières sous l'intitulé Fluviolus Escio. Puis le cartulaire de Rangéval mentionne l'Esch en 1152 : Rivulus qui decurrit de fontibus Joey et vulgo vocatur Eyx (ruisseau prenant sa source à Jouy, dont le nom vulgaire est Eyx). On trouve dans ce même cartulaire, en date de 1266, lou rui et lou ru d'Eis. Les mentions ultérieures dans les actes font état des noms d'Ache, Aix, Asche, Esse[5] ou encore Eche[6]. Cette dénomination de ruisseau d'Ache ou Esse est concurrente dans les ouvrages spécialisés du XIXe siècle[7] ; elle est encore commune dans les premières décennies du XXe siècle, comme on peut le voir sur les cartes postales de l'époque, voisinant aussi Eische et Esche avant de se stabiliser sur l'orthographe Esch (voir cartes postales anciennes ci-dessous).

Un savant linguiste[8] du XIXe siècle nous permet de saisir l'étymologie de ce nom. Un des noms qui désignent l'eau en sanscrit est AP. Il signifie humide, succulent, ou aimant l'humidité. Dans la première acception il a servi à dénommer la poire ; dans la seconde, l'ache, plante se développant dans les lieux humides. Le dérivé latin de AP est AQU-A, ayant donné en particulier le mot aquatique. Le pluriel AQU-AE a servi à dénommer un grand nombre de villes possédant des eaux thermales ; il a fait AIX en français : AIX en Savoie, AIX en Provence, AiX-la-Chapelle, etc. AQU-A a fait encore en vieux français, E-E, d'où EV-E, par l'insertion d'un v euphonique entre les deux e ; de là EV-IER. La dernière forme, celle qui a prévalu sur toutes les autres est, en vieux français, AU, EAUE : EAU. Le « e » initial n'a été ajouté que pour distinguer ce mot de la contraction « au » pour « à le ». L'e final de la seconde forme, toujours en vieux français, devrait être rétabli, nous dit le vénérable linguiste ; il marque le genre du mot ; il est étymologiquement indispensable.

On trouve d'autres rivières portant l'un des noms du ruisseau : l'Ache. Un auteur décrivant les Alpes allemandes[9] en donne d'autres exemples : La terminaison ach, fréquente pour les noms de rivières, doit venir du latin aqua, eau. Plusieurs torrents portent le nom d'Ache ou Achen, synonyme de Bach, et on les distingue par le nom de la vallée qu'ils arrosent. La ville d'Aix-la-Chapelle s'appelle Aachen.

Si l'on prend en compte ces références et les dénominations d'Ache et de ruisseau d'Aix, l'Esch est tout simplement « l'eau qui arrose la vallée ».

Cependant une autre étymologie peut être recherchée dans le mot latin ESCA, signifiant aliment, nourriture. On trouve dans les premiers grands dictionnaires au XVIIIe siècle le mot Esche[10], dont on dit que les pêcheurs autour de Paris s'en servent pour signifier amorce. Par ailleurs, le mot Achée[11] est donné, comme celui de Laiche, à certains vers qui servent à nourrir les oiseaux ou pour amorcer les hameçons des pêcheurs. Ces définitions sont jointes en une seule au début du XXe siècle par le dictionnaire Larousse[12] sous l'article Aiche, èche, esche, indiquant que le terme le plus approprié est achée.

Voila donc une deuxième signification : l'Esch serait peut-être depuis longtemps un ruisseau où l'on pêche à l'amorce. En même temps, on peut facilement envisager que la consonance des deux mots a pu faciliter le passage de l'un à l'autre, empêchant de retrouver le sens exact. Cependant on reste dans tous les cas au plus près du milieu aquatique.

Communes traversées

L'Esch traverse ou longe, d'amont en aval, les territoires des communes suivantes ; dans certains cas, le ruisseau matérialise uniquement la délimitation des bans communaux sur une petite distance :

Affluents

Ruisseau de Grenay. Vallée de l'Ache.

Les affluents de l'Esch, d'amont en aval :

Histoire économique

Le flottage

Le flottage est utilisé pour le transport du bois.

Au début du XVIIIe siècle, le ruisseau est rendu flottable en aval du pont de Manonville après que le duc de Lorraine ait imposé aux riverains son curage à la suite des dégâts causés dans la forêt de la Reine par les fortes gelées de l'hiver de 1709[13]. À partir de 1714, un traité est passé avec Guillaume Moluaut, par ailleurs entrepreneur, architecte et maître d'œuvre de la reconstruction de l'abbaye de Rangéval, pour rendre le ruisseau flottable sur la partie amont à Manonville. La contrepartie est un droit d'exploitation des bois. D'autres concessionnaires lui succèdent.

Au début du XIXe siècle, l'Esse (Esch) est flottable depuis l'étang de la Mosey (Mosée) jusqu'à son embouchure[7], sur une longueur de 36 kilomètres, mais le volume de bois flotté a diminué (5000 stères par an). Le bois de chauffage est destiné à la ville de Metz. Il provient de la forêt de la Reine, de Minorville, Martincourt, Gézoncourt et Griscourt. La difficulté du flottage provient d'une largeur insuffisante du pertuis des moulins.

Un projet de canal

Au début du XVIIIe siècle, les questions du désenclavement des provinces et d'une plus grande facilité des transports conduit à de nombreuses études de projets de canaux. En Lorraine, le duc Léopold souhaite participer à l'aboutissement, pour ce qui concerne la partie située sur ses états, d'un projet de « canal des deux mers » reliant la Belgique et la Mer du Nord à la Méditerranée par la Meuse, la Saône puis le Rhône. Alors que l'ingénieur Bavilliers présente au duc un projet de jonction de la Meuse à la Saône par le cours du Vair[14], Guillaume Moluaut travaille en avril et en mai 1720 à une étude de canal de liaison entre la Moselle et la Meuse, empruntant le cours de l'Esch[13],[15]. Aucun de ces projets n'aboutira.

L'énergie hydraulique

Le ruisseau d'Esch a produit pendant plusieurs siècles l'énergie permettant de mouvoir les mécanismes de moulins ou d'industries.

D'amont en aval, il s'agit des établissements suivants :

Hydrologie

À Jézainville

Station hydraulique du pont des patureaux à Jezainville, en hiver.

L'Esch est une rivière assez irrégulière, à l'instar de ses voisines de la région de la Woëvre. Son débit a été observé durant une période de 40 ans (1969-2008), à Jezainville, localité du département de Meurthe-et-Moselle située peu avant son confluent avec la Moselle [19]. La surface ainsi étudiée est de 231 km2, soit 96 % de la totalité du bassin versant de la rivière.

Le module de la rivière à Jezainville est de 1,47 m3/s.

L'Esch présente des fluctuations saisonnières de débit fort marquées, comme très souvent sur le plateau lorrain. Les hautes eaux se situent en hiver et se caractérisent par des débits mensuels moyens allant de 2,70 à 3,51 m3/s, de janvier à mars inclus (avec un maximum assez net en février). À partir du mois d'avril, le débit baisse progressivement jusqu'aux basses eaux d'été-automne observées de juillet à la mi-octobre, entraînant une baisse du débit mensuel moyen jusqu'à 0,277 m3 aux mois d'août et de septembre (277 litres). Mais ces moyennes mensuelles ne sont que des moyennes et cachent des fluctuations bien plus prononcées sur de courtes périodes ou selon les années.

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Jezainville - données calculées sur 40 ans
(données calculées sur 40 ans)

Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusque 0,035 m3/s (trente cinq litres), en cas de période quinquennale sèche, ce qui est assez sévère, le cours d'eau étant alors réduit à un petit minimum. Mais ce fait est fréquent parmi les rivières de la région.

Les crues peuvent être assez importantes, compte tenu de la taille du bassin versant. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 16 et 24 m3/s. Le QIX 10 est de 29 m3/s, le QIX 20 de 34 m3, tandis que le QIX 50 se monte à pas moins de 41 m3/s.

Le débit instantané maximal enregistré à Jezainville a été de 37,3 m3/s le 26 mai 1983, tandis que la valeur journalière maximale était de 34,6 m3/s le même jour. En comparant la première de ces valeurs à l'échelle des QIX de la rivière, il apparaît que cette crue était intermédiaire entre les niveaux de crue vicennal et cinquantennal, et donc destinée à se répéter tous les 40 ans en moyenne.

L'Esch est une rivière peu abondante dans le cadre lorrain. La lame d'eau écoulée dans son bassin versant est de 200 millimètres annuellement, ce qui est nettement inférieur à la moyenne d'ensemble de la France (320 millimètres), et aussi à la moyenne du bassin de la Moselle (445 millimètres à Hauconcourt, en aval de Metz[20]). Le débit spécifique (ou Qsp) atteint 6,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.

Au confluent avec la Moselle

Au confluent de l'Esch avec la Moselle, le module de la rivière vaut 1,53 m3/s pour un bassin versant de 239,3 km2[21].

Qualité de l'eau - Pêche

En 2006, l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse attribuait à l'eau de l'Esch, analysée au niveau de Jezainville, la qualité de « bonne » (catégorie 1B), et ce, en amélioration par rapport à l'année précédente où l'eau n'avait mérité que la qualité de « passable » (catégorie 2)[22]. À noter que le taux de saturation en oxygène atteignait le chiffre de 76 % en 2006, correspondant à 6,3 milligrammes par litre, et que la teneur en ion ammonium ou NH4+ se situait au bon niveau de 0,15 mg/litre, chiffre cependant moins bon que l'année précédente où cet indicateur avait mérité la mention « très bon ».

Du point de vue piscicole, l'Esch est classée cours d'eau de première catégorie (rivière à truites) sur toute la longueur de son parcours.

La Fédération de Meurthe-et-Moselle pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, association reconnue d'utilité publique, est chargée, sous la tutelle du Préfet, de mettre en œuvre une politique de gestion et de prévention des milieux aquatiques. Elle a mené en 2008-2009 une étude sur le peuplement de la rivière et la caractérisation du milieu, suivant les différents tronçons homogènes du bassin versant. La finalité est de mettre en œuvre un plan de requalification et de gestion de la rivière et d'atteindre les objectifs de qualité fixés. Une attention particulière est portée au ruisseau de l'Heymonrupt. La fédération a pour objectif de rendre cet affluent fonctionnel pour la réalisation du cycle biologique de la truite fario, et de « disposer » ainsi d’un ruisseau pépinière. L’Heymonrupt est fermé à la pêche par arrêté préfectoral[23].

Patrimoine - Curiosités - Tourisme

Le village de Rogéville, comme presque l'ensemble du bassin de l'Esch, fait partie du parc naturel régional de Lorraine
Église Saint-Laurent à Pont-à-Mousson

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

Références
  1. a b et c Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau d'Esche (A71-0200) » (consulté le )
  2. Civitas Leucorum sive Pagus Tullensis, aujourd'hui le diocèse de Toul, pour servir à l'histoire de ce diocèse. Par Guillaume de l'Isle. À Amsterdam, chez J. Covens et C. Mortier. 1742
  3. Communes de la Meurthe, journal historique des villes, bourgs, villages ... 1853 - Henri Lepage
  4. Dictionnaire Topographique du Département de la Meurthe, rédigé sous les auspices de la Société d'Archéologie de Lorraine par M. Henri Lepage - 1862 - Article Ache page 1
  5. Les marches de l'Ardenne et des Woëpvres, seconde partie. Marches barro-woëpvriennes. Nancy, imprimerie de veuve Raybois et comp. - Jean François Louis Jeantin
  6. Les Communes de la Meurthe : Journal historique des villes, bourgs, villages, hameaux et censes de ce département, Volume 1. Henri Lepage. Nancy, chez A. Lepage, éditeur. 1856.
  7. a et b Dictionnaire hydrographique de la France. Antoine Louis Théodore Ravinet. Bachelier. Paris. 1824. Article Esse p. 164
  8. La langue française dans ses rapports avec le sanscrit et avec les autres langues indoeuropéennes – Louis Delattres – 1853
  9. Bibliothèque universelle et revue suisse - Ch. SCHAUB - 1861
  10. Dictionnaire universel français et latin, dit Dictionnaire de Trévoux - 1721
  11. Supplément au Dictionnaire de Trévoux - 1752
  12. Larousse universel en deux volumes - 1922
  13. a et b Congrès Archéologique de France. 149e Session de 1991. Les Trois Évêchés et l'ancien Duché de Bar. Société Française d'Archéologie. Musée des monuments français. Paris. 1995. Article relatif à l'abbaye de Rangéval. Annexe p. 110
  14. Annales de la Société d'émulation du département des Vosges. Tome XIII, Premier cahier. Société d'émulation du département des Vosges. Epinal, Veuve Gley. Paris, Auguste Goin. 1868 p. 348
  15. Le département de la Meurthe, statistique historique et administrative. Deuxième partie. Henri Lepage. Nancy. 1845. Article Ache p.7
  16. Dictionnaire historique des ordonnances et des tribunaux de la Lorraine et du Barrois. Pierre-Dominique-Guillaume de Rogéville. 2 vol. in-4. t. II, p. 563. Veuve Leclerc et Nicolas Gervois. Nancy. 1777.
  17. Histoire de Lorraine. p. 291. Gabriel-Léopold-Charles-Amé Bexon (Abbé). Valade, 1777.
  18. Histoire du livre en France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789. Edmond Werdet. Paris. 1862.
  19. Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Esch à Jézainville (A7122010) » (consulté le )
  20. Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - La Moselle à Hauconcourt (A7930610) » (consulté le )
  21. Débits caractéristiques de la Moselle aval [PDF]
  22. Agence de l'Eau Rhin-Meuse - Système d'Information sur l'Eau : Qualité des cours d'eau
  23. Fédération de la pêche de Meurthe et Moselle