Fernand Maximilien Léon Jacquet | ||
Fernand Jacquet (à gauche) et son mécanicien devant un Farman HF. 20 belge (« la sale gueule »). | ||
Surnom | Banjo | |
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Naissance | Petite-Chapelle |
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Décès | (à 58 ans) Leval-Chaudeville, (Belgique) |
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Origine | Belgique | |
Arme | Infanterie, aviation | |
Grade | Capitaine-commandant | |
Années de service | 1907 – 1921 | |
Commandement | 1re Escadrille de Chasse Groupe de Chasse |
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Conflits | Première Guerre mondiale | |
Faits d'armes | 7 victoires aériennes homologuées 9 victoires probables |
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Fernand Jacquet, né le à Petite-Chapelle et mort le à Leval-Chaudeville, est un as belge de la Première Guerre mondiale avec sept victoires homologuées.
Il est le , le premier pilote belge à remporter un combat aérien et devient le , le tout premier as belge. Il est également en 1917 le premier pilote belge à transporter sur le front le roi Albert, avec lequel il noue des liens d'amitié sincère. Qui plus est, il est le seul Belge à avoir été décoré de la Distinguished Flying Cross britannique lors de la Première Guerre mondiale.
Fernand-Maximilien-Léon Jacquet est né le à Petite-Chapelle (Couvin)[1]. Il est le fils de Maximilien Jaquet, riche agriculteur, et de Julie Perlot[2]. Après ses humanités à l'Athénée Royal de Chimay, il s'engage dans l'armée belge.
Il rejoint l’école royale militaire en et entre en service comme sous-lieutenant le au 4e régiment de ligne à Bruges[1]. D'emblée attiré par l'aviation, il obtient son détachement et entre à l'école de pilotage (à la fois civile et militaire) de Sint Job in het Goor (près de Brasschaat) fin 1912. Il obtient d'abord son brevet de pilote civil, le brevet no 68, le ensuite celui de pilote militaire le de la même année[1]. Nommé lieutenant, il fait partie de la Compagnie des Aviateurs puis rejoint ensuite la 2e escadrille d’observation d'abord basée à Boninne en appui de la place forte de Namur[3],[4],[1]. C'est là qu'il est basé lorsqu'éclate la Première guerre mondiale[1].
Lorsque la Belgique neutre est envahie par l'Allemagne en , Fernand Jacquet effectue des missions de reconnaissance avec un Farman HF.20 (en) depuis l'aérodrome de Belgrade, situé près de Namur[1]. Lorsqu'il n'effectue pas des missions de combats dans un biplace, il sillonne les routes proches du front dans une automobile Opel équipée d'une mitrailleuse Lewis et son mitrailleur, le prince de Chimay, Joseph-Philippe François de Riquet, et attaque les patrouilles de uhlans[1]. Il semble que la présence d'un mitrailleur dans les airs et sur terre soit due à sa myopie.
Dès la fin du mois d'août, la 2e escadrille déménage à Petite-Chapelle et puis en France, sur l'aérodrome de Buc près de Paris[1]. Elle revient ensuite en Belgique, via l'hippodrome d'Ostende, pour rejoindre la citadelle d'Anvers[1]. Fernand Jacquet, depuis Wilrijk, participe à quelques missions de reconnaissance et à la retraite de l'aviation belge vers Saint-Denis (Gand)[5]. Il finit finalement à Ostende le avant de rejoindre début octobre Dunkerque[5]. Fernand Jacquet participe aux premiers tests de bombardement de l'aviation belge et la veille de Noël 1914, il attaque, avec comme observateur Isserentant, un train en gare à Beerst[5].
D'un caractère fonceur, il se portait volontaire pour des missions spéciales[6]. Au début du conflit, alors que les aviateurs ont pour mission de rapporter des photographies et effectuer des missions de reconnaissance sur le front, Jacquet pénètre profondément les lignes ennemies à la recherche de l'affrontement[7].
Au début de l'année 1915, il apprend que la 1re escadrille va être affectée à la chasse[5]. Il demande alors sa mutation et l'obtient[5]. Il rejoint Saint-Idesbald et puis l'aérodrome des Moeres[5]. Lors d'un vol le il croise dix Aviatik et les prend en chasse, mais sans succès. À trois autres occasions, il attaque des Aviatik solitaires[8]. Finalement, le , il engrange la première victoire en combat aérien de son pays[9]. Fernand Jacquet, aux manettes d'un Farman HF.20 armé d'une mitrailleuse, est pris sous le feu d'un Albatros Flugzeugwerke, avion de reconnaissance allemand biplace. C'est son mitrailleur, Henri de Vindenvoghel qui tira les sept coups fatals qui tuent le pilote, condamnant son mitrailleur et mettent feu à l'avion ennemi[10],[7],[5].
Fernand Jacquet suit avec deux victoires non homologuées, le 20 juin, un avion rendu incontrôlable et le 28 juillet 1915 quand il força un avion ennemi à atterrir[8].
Le , le mitrailleur de Jacquet est le lieutenant Robin. Le duo affronte des hydravions allemands en matinée et en soirée. Lors du combat du soir, ils engagent la moitié d'une formation de dix avions ennemis et il s'assure ainsi de sa seconde victoire homologuée par la destruction de l'un d'entre eux[11]. Il s'ensuit une série de victoires probables les 26, 27 mai et 22 juin[9]. Le 23 juin, à bord d'un Farman F.40 orné d'une tête de mort peinte sur le nez, il détruit un Fokker. Le mois suivant, les 2 Belges demandent l'homologation de 2 victoires, le largage de fléchettes sur un ballon d'observation allemand et le bombardement d'une position allemande à Gistel. Elles seront refusées. L’après-midi et le soir du 30 juillet, Jacquet et Robin affrontèrent une série d'avions allemands et furent crédités d'une victoire grâce à la destruction d'un LVG. Leur victime probable fut le sous-lieutenant Franz Walz (en), qui ce jour-là fut abattu et blessé gravement[11].
Jacquet et Robin ressortirent indemnes d'un bombardement de l'artillerie antiaérienne allemande le 8 septembre mais leur avion fut détruit. Ils volaient probablement sur un Farman modifié[12].
En , Fernand Jacquet est nommé commandant de son escadrille, la 1re Escadrille de Chasse[12].
Il occupe le terrain des Moëres mais le GC 12 a réparti ses escadrilles sur deux terrains assez proches : le premier se trouve à Saint-Pol-sur-Mer près de Dunkerque dans un bassin maritime asséché, l'autre est plus à l'intérieur des terres, près du village de Bergues. Les escadrilles françaises, belges et britanniques se retrouvent ainsi proches les unes des autres. Il n'y a pas plus de dix minutes de vol entre les plus éloignées et moins de cinq entre les Moëres et l'escadrille anglaise la plus proche. Cela favorise évidemment les contacts. On se rend des visites de courtoises à la moindre occasion. On prend le thé chez les Britanniques, l'apéro chez les Français, et les deux chez les Belges.
Le , Jacquet devient finalement un as, Robin et lui abattent un Rumpler à une altitude de 12 500 pieds[13],[9].
Le , il a l'honneur d'emmener le roi Albert, dont c'est le baptême de l'air, faire une reconnaissance au-dessus de la ligne de front[14]. Ils sont escortés par cinq Nieuport[15]. À la même période lorsque sous l'impulsion du roi Albert est créé le Groupe de Chasse regroupant trois escadrilles (et donc le premier « Wing » de chasseurs), le roi insiste pour que Jacquet en prenne le commandement[13],[16].
Jacquet tenta de faire l'acquisition de Bristol F.2 Fighter pour remplacer ses vieux Farman. Il reçut des SPAD S.XI et des Sopwith 1A2 à la place. Pendant ce temps, le lieutenant Robin entame sa formation de pilote. Jacquet fut promu au grade de Capitaine-Commandant en décembre[13]. Le 7 avril, au centre d'Houtem, Jacquet reçoit la visite du roi Albert I.
Le 9 septembre, Guynemer vient se poser aux Moëres à la suite d'un problème mécanique. Reçu par Jacquet qui veut le faire patienter au bar de l'escadrille, mais celui-ci refuse pour assister à la réparation de son moteur déficient. Verbessem, pilote de chasse, réalise une des dernières photos de l'As français. Il repart vers 16 heures après avoir remercié Jacquet et les mécaniciens. Les Belges ne reverront plus Guynemer qui meurt le 11 du même mois.
Fin septembre, Jacquet reçoit la visite conjointe du roi d'Italie et du roi Albert I. Le roi Victor-Emmanuel III s'entretint à cette occasion longuement avec l'adjudant André De Meulemeester (surnommé le chasseur-né) et Jacquet en présence du roi Albert.
Jacquet remporte une victoire probable le , rendant incontrôlable l'avion de son adversaire, une action qui aurait été homologuée dans la Royal Air Force. Le , il remporte sa sixième victoire officielle et la septième le [16]. Fernand Jacquet termine la guerre avec 7 victoires homologuées et 9 probables. Il reçut également maintes décorations belges et étrangères.
Peu intéressé par l'aviation en temps de paix, Fernand Jacquet quitte l'armée belge en 1920[16]. Avec un son fidèle équipier Robin, il ouvre une école de pilotage à Gosselies, près de Charleroi, sous l'égide de la SEGA, à la fondation de laquelle il est également associé dès l'origine[13],[17]. Il forme alors de nombreux pilotes militaires[17].
Après l'obtention d'un important contrat de l'armée belge donnant lieu pour la première fois à des compensations économiques, Fairey (Hayes, UK) crée sur le même l'aérodrome de Gosselies sa filiale belge Société des Avions Fairey le 27 août 1931; Fernand Jacquet en le directeur commercial.
Lorsque les Allemands envahissent la Belgique pour la seconde fois en 1940, Jacquet devient un membre actif de la Résistance jusqu'à son arrestation et son emprisonnement dans le fort de Huy en 1942[17]. Il y restera jusqu'à la fin de la guerre[9],[13].
Fernand Jacquet meurt à Leval-Chaudeville le à l'âge de 58 ans[a],[9],[13],[17].
Les victoires sont classées par ordre chronologique, les victoires homologuées sont numérotées, les victoires non homologuées sont annotées « NH »[6],[10].
No. | Date | Appareil | Adversaire | Issue | Lieu | Notes |
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1 | 17 avril 1915 | Farman | Aviatik avion de reconnaissance | Détruit; brulé | Beerst, Belgique | Première victoire aérienne de l'histoire de l'aviation belge |
NH | 20 juin 1915 | Farman | Avion ennemi | avion rendu incontrôlable | ||
NH | 26 juillet 1915 à 18 h 20 | Farman | avion de reconnaissance Aviatik | Forcé à l'atterrissage | Westende, Belgique | |
2 | 20 mai 1916 à 20 h 30 | Farman | hydravion | Détruit | Nieuport, Belgique | |
NH | 26 mai 1916 à 18 h 20 | Farman | avion de reconnaissance Aviatik | avion rendu incontrôlable | Thourout, Belgique | |
NH | 27 mai 1916 à 19 h 25 | Farman | avion de reconnaissance Aviatik | Forcé à l'atterrissage | Koekelare, Belgique | |
NH | 22 juin 1916 à 8 h 30 | Farman | avion de reconnaissance LVG | Détruit | Staden, Belgique | |
3 | 23 juin 1916 à 8 h 00 | Farman | Fokker | Détruit | Koekelare | |
NH | 30 juin 1916 à 19 h 00 | Farman | avion de reconnaissance Aviatik | Forcé à l'atterrissage | Handzame, Belgique | |
NH | 8 juillet 1916 à 6 h 50 | Farman | avion de reconnaissance LVG | Détruit | Middelkerke, Belgique | |
NH | 30 juillet 1916 à 12 h 00 | Farman | avion de reconnaissance LVG | Détruit | Forêt d'Houthulst | |
4 | 30 juillet 1916 à 16 h 30 | Farman | avion de reconnaissance LVG | Détruit | Houthulst, Belgique | |
5 | Sopwith 1 1/2 Strutter | avion de reconnaissance Rumpler | Détruit | Lombardsijde, Belgique | Jacquet devient le premier as belge | |
NH | 5 juin 1918 à 6 h 42 | SPAD S.XI | avion de chasse Fokker Triplane | avion rendu incontrôlable | Houthulst | |
6 | 4 octobre 1918 à 8 h 00 | SPAD S.XI | avion de reconnaissance Rumpler | Forcé à l'atterrissage | Gits | |
7 | 6 novembre 1918 à 9 h 00 | SPAD S.XI | Biplace | Forcé à l'atterrissage | Gand, Belgique |
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Principaux as de la Première Guerre mondiale |
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Victoire aérienne | Normes des victoires aériennes durant la Première Guerre mondiale | ||||||||||||||||||||||||||
Empires centraux |
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Pays de l'Entente |
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Le nombre entre parenthèses après chaque pilote correspond à son nombre de victoires aériennes homologuées. |