En pays de Sault, la grotte est située dans la commune de Belvis (Aude), à environ 500 m à l'est du village, à 960 m d'altitude. Située sur le flanc nord de la plaine du ruisseau des Taillades, elle surplombe la plaine d'Espezel en face du pic de l'Ourtiset[2],[3].
Sa géologie la rattache aux faciès calcaires et marneux du Crétacé inférieur nord-pyrénéen, ce qui est le cas pour la majeure partie du pays de Sault sauf pour la partie sud de ce dernier qui dépend de la zone pyrénéenne axiale[4].
Le mot cauna apparaît dans les actes écrits en 1213. C'est le vocable occitan le plus classique pour désigner une grotte. Il désigne aussi bien les grottes non fortifiées que les grottes fortifiées[5].
Elle surplombe un talus abrupt. Son entrée, tournée vers le sud[6], s'ouvre sur une grande salle qui se termine par un petit boyau court[7]. Le site archéologique se trouve entre l'avant-porche et la salle, sur une surface d'environ 65 m2 protégée aux deux-tiers par une haute voûte. Le tout bénéficie d'une bonne luminosité[6].
couches 7 à 10 : Châtelperronien[8] (34000 à 36000 AP)[9]
couche 7 : poche de cryoturbation (?), avec des cailloux anguleux et des fragments de plancher stalagmitique liés par une argile jaune-gris. Industrie lithique très pauvre, indéterminée ; et restes de faune[7]. Cet horizon a livré les plus anciennes traces de séjour humain[10].
couche 8 : poche de cryoturbation (?), avec des cailloux souvent dressés verticalement, liés par une argile sableuse jaune[7]
couche 9 : poche de cryoturbation (?) argilo-sableuse jaune-gris, avec des cailloux et des blocs. Vestiges de faune[7]
Une côte gravée d'une figure d'oiseau a été mise au jour par Jean-Pierre Clément en juillet 1969 (deux mois avant le début de la campagne de fouilles de D. Sacchi), provenant de l'horizon constitué des couches C1 à C4 (Magdalénien)[11]. L'oiseau est une sorte de grand échassier dont la tête est pourvue d'un grand œil, d'une sorte de crête ou d'aigrette et d'un bec long, droit et pointu. Le cou est très long et sinueux. Le corps, disproportionné, est marqué 14 stries curvilignes qui pourraient indiquent peut-être le plumage. Les pattes sont très écartées ; celle de gauche est repliée vers l'arrière, avec une représentation sommaire du pied. L'arrière-train est terminé par une longue queue en panache ressemblant à celle d'un renard, et s'appuie sur ce qui semble curieusement être troisième patte placée en béquille, supportant le corps en déséquilibre[7].
Le tout donne une impression de course[7].
L'art quaternaire n'a livré que très peu de figurations d'oiseaux, et particulièrement d'échassiers. Cette pièce de la Caune est une rareté, et est de plus une figuration des plus curieuse[12]. Elle a été remise au dépôt de fouilles de Carcassonne[11].
En sus de la côte gravée d'une figure d'oiseau, l'horizon des couches C1 à C4 a également livré des têtes de harpons à barbelures bilatérales typiques du Magdalénien VI (Magdalénien final)[11].
La couche 7 a livré une soixantaine de pièces lithiques de type moustérien et quelques ossements d'animaux fragmentés, dont un échantillon a été daté à 35 424 ans ± 1 140 AP, par la méthode 14CSMA[13].
↑[Guillot 2010] Florence Guillot, « Des hommes et des grottes, réflexions et questionnements pour une histoire médiévale du troglodytisme en France », Spelunca Mémoire, vol. 34, no 34, , p. 135-148 (lire en ligne [sur hal.archives-ouvertes.fr], consulté le ).
[Fontana 1999] « La faune de l’horizon châtelperronien de Belvis (Aude, France) », Bulletin Préhistorique du Sud-Ouest, vol. 6, no 2, , p. 133-139 (lire en ligne [PDF] sur hal.archives-ouvertes.fr, consulté le ).
[Maroto, Ortega & Sacchi] Julia Maroto, David Ortega et Dominique Sacchi, « Le Moustérien tardif des Pyrénées méditerranéennes », Varia, nos 10-11, , p. 39-52 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).
[Sacchi 1986] Dominique Sacchi, Le Paléolithique supérieur du Languedoc occidental et du Roussillon, éd. du CNRS, , 286 p. (présentation en ligne).
[Sacchi 1972-1973] Dominique Sacchi, « Une curieuse gravure d'oiseau dans le gisement magdalénien de Belvis (Aude) », Zephirus, no XXIII-XXIV, 1972-1973, p. 189-194 (lire en ligne [PDF] sur revistatesi.usal.es, consulté le ). Plan de la salle d'entrée p. 190.
[Torre, Sacchi et al. 2020] M. Sánchez De La Torre, Dominique Sacchiet al., « Tracing Palaeolithic human routes through the geochemical characterisation of chert tools from Caune de Belvis (Aude, France) », Archaeological and Anthropological Sciences, no 12, .