Les apôtres Pierre et Jean imposant les mains (Actes 8:17)

L’imposition des mains est l'« action de poser, d'étendre les mains sur quelqu'un ou sur quelque chose pour le bénir, le guérir, lui conférer un pouvoir[1] ». C'est notamment un geste rituel accompli par une personne posant pour quelques instants ses deux mains sur la tête d’une autre. De grande ancienneté, le geste acquit une symbolique religieuse importante dans la tradition judéo-chrétienne. Dans le christianisme, ce symbole est présent lors de bénédiction, d’ordination ou de prière pour la guérison.

Anthropologie religieuse

En anthropologie religieuse la parole de l’homme, et ses mains, sont les moyens les plus expressifs et les plus habituellement utilisés comme langage symbolique [2]. Ainsi en est-il également dans la tradition judéo-chrétienne.

Dans la Bible

Bible hébraïque

L’imposition des mains est un geste fréquemment mentionné dans l’Ancien Testament. Le sens symbolique qui y est attaché peut représenter [3] :

Évangiles

Dans le Nouveau Testament, l’imposition des mains est fréquente notamment avec Jésus pour [4]:

Épîtres et Actes des apôtres

Dans les débuts de l’Église chrétienne, l’imposition des mains est également présente pour [4]:

Usage dans le judaïsme

La semikha, en hébreu : סמיכה לרבנות « imposition [des mains] pour [conférer] l'autorité rabbinique », est le processus de transmission d'autorité au sein des enfants d'Israël, désignant un individu comme rabbin. La cérémonie, réalisée à l'origine par imposition des mains, a disparu aux alentours du IVe siècle ou, selon certains, du XIe siècle de l'ère commune. La semikhout (hébreu : סמיכות) consistant en la remise d'un « diplôme rabbinique » par une institution ou une haute école rabbinique, est apparue dans les derniers siècles. Visant à émuler l'ordination des prêtres, elle n'est pas uniformément appliquée. Parallèlement, plusieurs tentatives, relativement marginales au sein du monde juif, ont été menées pour ressusciter la semikha au cours des siècles.

Usage dans le christianisme

Catholicisme

Imposition des mains durant une ordination sacerdotale catholique, en Allemagne.

Le geste de l’imposition des mains est très présent dans la vie sacramentelle et liturgique de l’Église catholique [5]. Aussi, il accompagne de nombreuses bénédictions et fait partie du rituel du baptême comme communication de l’Esprit-Saint. Au moment de l’absolution, dans le sacrement de pénitence et de réconciliation, le prêtre étend les deux mains, ou une seule, vers le fidèle qui vient de confesser ses péchés : il manifeste ainsi son pouvoir de délier et de réconcilier. Dans la célébration du sacrement des malades, l’imposition des mains en silence précède immédiatement les onctions (Mt 8,3-15 ; Mc 5,23.16,18). Lors de la consécration du saint chrême à la messe chrismale, les prêtres présents se joignent à l’évêque pour étendre la main droite vers le chrême, à la fin de la prière consécratoire. Durant l’épiclèse, lors de la célébration eucharistique le célébrant étend les mains au-dessus du pain et du vin.

L’imposition des mains est particulièrement importante lors de l’ordination à l'un des ordres majeurs de l’Église : le diaconat, la prêtrise ou l’épiscopat. Il est même considéré comme la partie essentielle du rituel d’ordination à strictement parler.

Protestantisme

Ordination des Anciens dans une église d’Écosse, 1891

Dans le protestantisme, l’imposition des mains a lieu pour l’ordination pastorale. En paroisse a lieu lors d'un culte pour l'installation du nouveau pasteur, le renouvellement du conseil presbytéral ou des diacres[3]. C'est le même geste que pour le baptême ou pour la bénédiction qui conclut le culte, les mains levées. Un cercle composé de laïcs et de pasteurs entoure la ou les personnes accueillie, et est prononcée une parole de bénédiction.

Christianisme évangélique

Imposition des mains pour la guérison dans l’église Living Streams International, à Accra, au Ghana, 2018

Dans les Églises baptistes, elle a lieu après le baptême du croyant[6]. C’est un des deux points qui ont été ajoutés dans la Confession baptiste de Philadelphie en 1742[7],[8]. Dans les Églises pentecôtistes, ce geste a lieu lors des prières de guérison par la foi[9].

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « imposition » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. J Gordon Melton, The Encyclopedia of Religious Phenomena, Visible Ink Press, USA, 2007, p. 199-200
  3. a et b Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, USA, Baker Academic, , p. 677-678.
  4. a et b (en) George Thomas Kurian et James D. Smith III, The Encyclopedia of Christian Literature, vol. 2, USA, Scarecrow Press, , p. 125.
  5. William J. Collinge, Historical Dictionary of Catholicism, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 287
  6. John H. Y. Briggs, A Dictionary of European Baptist Life and Thought, Wipf and Stock Publishers, USA, 2009, p. 296
  7. William H. Brackney, Historical Dictionary of the Baptists, Scarecrow Press, USA, 2009, p.525-526
  8. Bill J. Leonard, Baptists in America, Columbia University Press, USA, 2005, p. 76
  9. Christopher A. Stephenson, Types of Pentecostal Theology: Method, System, Spirit, OUP USA, USA, 2012, p. 64