Iram cité des piliers (arabe : إرَم ذات العماد, Iram ḏāt al-ʿimād), également appelée Irem, Ubar, Wabar ou la Cité des mille piliers, est une cité perdue qui serait située dans la Péninsule arabe.
Iram est mentionnée dans la sourate 89 du Coran (al-Fajr), à côté d'autres puissances ayant subi les foudres de Dieu[1]. Il s'est développé autour de cette référence toute une littérature en faisant une ville bâti par le roi Cheddad (en) de la tribu de ʿĀd, descendants de Noé[2].
Les légendes reprennent le thème du châtiment des ʿĀd n'écoutant pas les avertissements du prophète Houd[3]. Elles en font une ville riche et décadente détruite par un vent mugissant et furieux[4], châtiment d'Allah.
Elle fut parfois identifiée à Damas[2], à Alexandrie[5], considérée comme invisible[2] ou qu'elle ait été déplacée de la Syrie au Yemen et au Hijaz[5]. Parmi les commentateurs, certains se refusèrent à développer les aspects légendaires[2]. C'est notamment le cas de Ibn Khaldoun, savant du 14e siècle, qui considère ces récits comme des fables et met même en question le fait que « Iram » ait désigné une ville[6] : comme dans la traduction de Jacques Berque[7] suivant Tabarî, le passage pourrait être lu « Iram au ferme poteau », Iram désignant alors une tribu réputée pour ses poteaux de tente.
Lors de son séjour dans l'Alhambra (Espagne), l'écrivain américain Washington Irving recueillit des contes qu'il publia dans son Les Contes de l'Alhambra (en) (1832). Celui intitulé La légende de l'astrologue arabe, évoque le jardin "d'Iran" (d'Iram), mentionné dans al-Fajr et par des pèlerins qui se sont rendus à La Mecque. Le site est qualifié de prodige de l'Arabie Heureuse (région correspondant à l'actuel Yémen), situé dans le désert d'Aden. Un vieux derviche habitant le coin, instruit des secrets du pays, explique que le jardin apparaît parfois au voyageur égaré, pour disparaître aussitôt. Autrefois, quand le pays était habité par les Addites, le roi Sheddad, fils d'Add, fonda là une magnifique cité. Une fois achevée, sa magnificence lui troubla la raison. Il décida d'y construire un palais avec des jardins qui rivaliseraient avec tout ce que le Coran dit du paradis céleste. Cependant, la malédiction d'Allah le punit de ses présomptions. Lui et ses sujets furent décimés. Sa cité fut placée sous un charme perpétuel par des génies, qui la dissimulent depuis à la vue de l'homme, excepté par intervalles, afin de perpétuer le souvenir du péché du roi. Un astrologue, possédant un livre de magie du roi Salomon et ayant percé les secrets de la cité, fit construire une cité similaire cachée au reste du monde, cachée sous une colline. Au fil des siècles, l'Alhambra fut construit par-dessus et la Porte de la Justice, enchantée, protège l'accès à cette cité.
La légende de la cité d'Iram parvint aussi à la civilisation européenne avec la traduction des Contes des Mille et une nuits. Dans la version de Richard Francis Burton publiée en 1885, elle figure dans le conte The city of many columned Iram and Abdullah son of Abi Kilabah[8].
Elle sera surnommée l’Atlantis des sables selon l’expression de T. E. Lawrence.
Des tablettes des archives d’Ebla mentionnent explicitement le nom d’Iram. En 1984, l'étude de photos du golfe Persique prises depuis la navette spatiale Columbia permet d'identifier les vestiges de plusieurs villes détruites tout le long de la route de l'encens. L’une d’entre elles, située à l’extrémité orientale d’Oman dans la province de Dhofar, nommée Ubar, est généralement identifiée comme étant Iram. Au début des années 1990, l'explorateur britannique Ranulph Fiennes fouille les ruines d'un fort datant du XVIe siècle et découvre, sous le fort, un point d’eau constitué d’une vaste caverne. Cette caverne se serait effondrée entre 350 av. J.-C. et 300 av. J.-C., bloquant ainsi l’accès à la source.[réf. nécessaire]
En 1992, l'archéologue amateur, Nicholas Clapp (en) émet l'hypothèse que la destruction de la cité aurait été provoquée par les puisages répétés pratiqués dans la nappe d’eau souterraine qui auraient entraîné l’effondrement de la cavité calcaire et consécutivement celle de la forteresse. La cité aurait été enfouie pour moitié dans une gigantesque doline puis abandonnée par ses habitants.[réf. nécessaire]
Il est vraisemblable qu'Ubar n’était pas le nom de la cité, mais celui de la région. Au IIe siècle, Ptolémée dresse une carte sur laquelle il nomme la zone Iobaritae (Ubarite en français). Par la suite, la légende se concentrera sur la ville et utilisera le nom de la région pour la désigner.