Javier Milei | ||
Javier Milei en 2023. | ||
Fonctions | ||
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Président de la Nation argentine | ||
En fonction depuis le (1 mois et 29 jours) |
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Élection | 19 novembre 2023 | |
Vice-président | Victoria Villarruel | |
Chef de cabinet | Nicolás Posse | |
Gouvernement | Milei | |
Coalition | LLA – PRO | |
Prédécesseur | Alberto Fernández | |
Député de la Nation argentine | ||
– (1 an, 11 mois et 19 jours) |
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Élection | ||
Circonscription | Buenos Aires | |
Successeur | Nicolás Emma | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Javier Gerardo Milei | |
Surnom | El loco El candidato motosierra |
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Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Buenos Aires (Argentine) | |
Nationalité | Argentine | |
Parti politique | PL (depuis 2019) | |
Fratrie | Karina Milei (sœur) | |
Diplômé de | Université de Belgrano | |
Profession | Économiste | |
Religion | Catholicisme | |
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Présidents de la Nation argentine | ||
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Javier Milei, né le à Buenos Aires, est un économiste et homme d'État argentin, président de la Nation argentine depuis le .
Il est classé à l'extrême droite et décrit comme libertarien de droite. Plusieurs de ses positions suscitent la controverse, comme sa totale opposition à l'avortement, son rejet d'une éducation sexuelle dans les écoles, son soutien au libre port d'armes et à la libéralisation des drogues, sa promotion de la théorie du marxisme culturel et son déni du réchauffement climatique.
Dans le domaine économique, Milei se reconnaît comme anarcho-capitaliste et défend un programme inspiré de l'école autrichienne, qui vise à drastiquement diminuer le poids de l'État : il souhaite ainsi supprimer la banque centrale argentine, remplacer le peso argentin par le dollar américain, supprimer les aides sociales, limiter le nombre de ministres aux fonctions régaliennes et diviser par deux les dépenses publiques.
Dirigeant du Parti libertarien (PL) et de la coalition La liberté avance (LLA), il est élu député de la Nation argentine lors des élections législatives de 2021. Arrivé largement en tête des primaires en vue de l'élection présidentielle de 2023, il l'emporte au second tour face au candidat péroniste, Sergio Massa, avec 55,65 % des suffrages exprimés.
Javier Gerardo Milei naît dans le quartier de Palermo, à Buenos Aires, le [1]. Son père, Norberto Horacio Milei, est un homme d'affaires du secteur des transports publics[2] et sa mère, Alicia Luján Lucich, est femme au foyer. Il a une sœur cadette nommée Karina Milei. Milei termine ses études secondaires à l'école privée catholique Cardenal Copello, dans le quartier Villa Devoto. Plus tard, il déménage avec sa famille dans la ville de Sáenz Peña, province de Buenos Aires[3].
Le journaliste Juan Luis González, auteur de sa biographie, écrit qu'il fut maltraité et dénigré par ses parents, « qui lui ont appris à ne pas faire confiance à ceux qui l’entouraient »[4]. Il est un temps en conflit avec ses parents, qu'il ne voit jamais, expliquant qu'ils étaient tous deux morts à ses yeux ; pendant sa campagne présidentielle de 2023, il se réconcilie avec eux[5]. Selon González, ses blessures de l’enfance, notamment le fait d’avoir grandi auprès d’un père violent, expliquent « son instabilité émotionnelle »[4]. Dans sa jeunesse, ses camarades de classe l’appellent « el loco » (« le fou ») en raison de sa coiffure et de son agressivité[6].
Javier Milei suit des études d'économie à l'université de Belgrano, d'où il sort diplômé puis poursuit des études supérieures en économie à l'Université Di Tella[7].
Il a été en couple avec la chanteuse Daniela Mori (es) entre 2018 et 2019[8]. En août 2023, il annonce être en couple avec l'actrice Fátima Flórez[9].
Il est économiste en chef de Máxima AFJP, d'Estudio Broda et de la banque HSBC d'Argentine. Il est membre du groupe de politique économique de la Chambre de commerce internationale et du Forum de Davos[10]. Il est conseiller économique d'Antonio Domingo Bussi lorsque celui-ci, mis en cause pour crimes contre l'humanité commis sous la dictature militaire en Argentine (1976-1983), est élu député en 1999[11].
Il est de confession catholique. Toutefois, il affirme lire quotidiennement la Torah et a visité la tombe de Menachem Mendel Schneerson, un rabbin juif orthodoxe russo-américain. Il a déclaré envisager de se convertir au judaïsme, mais que le Shabbat juif serait difficilement conciliable avec la fonction de président[12],[13]. Sa conversion est annoncée en novembre 2023[14].
Passionné d'occultisme, il a sollicité les services d’un « vétérinaire médium » afin de communiquer avec son chien préféré de race mastiff, Conan, mort en 2017[15]. Il assure également avoir communiqué avec Dieu au cours de ces séances, lequel lui aurait demandé de devenir président[15]. Il ne reçoit personne chez lui faute de place, et les voisins se sont plaints de l’odeur émanant du logement[15].
Milei a été surnommé el Peluca (« La perruque ») en raison de sa coiffure excentrique[16]. Il a répété à plusieurs reprises qu'il ne se peignait pas les cheveux et, pour cette raison, sa coiffure a fait l'objet d'une attention particulière dans la presse[17].
Milei est un adepte du cosplay (costume play, ou costumade), une activité de loisir consistant à se costumer en personnage de fiction. Son alter ego est le super-héros « Général AnCap », nom qui est un acronyme de l'anarcho-capitalisme[18].
Javier Milei connait une forte médiatisation en Argentine surtout à partir de 2014, étant fréquemment invité dans des émissions de télévision et de radio pour livrer ses analyses économiques sous le prisme de l'école autrichienne, qui rejette l'intervention de l'État. En 2019, le magazine Noticias le classe parmi les personnes les plus influentes du pays[19].
Il se distingue par sa façon souvent agressive de débattre et son usage récurrent de mots grossiers, conduisant à plusieurs polémiques. Le 25 août 2021, il insulte le chef du gouvernement de la ville de Buenos Aires, le libéral Horacio Rodríguez Larreta, le traitant de « putain de gauchiste », de « merde chauve » et affirmant qu'il pourrait l'« écraser »[20]. Il se justifie en déclarant qu'Horacio Rodríguez Larreta utilise « des fonds publics pour persécuter les opposants »[21].
En 2022, Javier Milei a surpris en célébrant à plusieurs reprises le gangster américain Al Capone, qu'il qualifie de « héros » et de « bienfaiteur social »[22].
Javier Milei s'engage en politique en 2020, dans le contexte de pandémie de Covid-19.
Le 25 mai 2020, au lendemain de l'annonce de la prolongation d'un confinement jusqu'au 6 juin, il appelle à manifester. Près de deux cents personnes se réunissent alors devant le palais présidentiel à Buenos Aires, lors d'une manifestation considérée comme l'acte de naissance de la « nouvelle droite argentine ». Cette mobilisation s'amplifie par la suite[23].
Javier Milei dirige le Parti libertarien (Partido Libertario, PL), lancé en 2018 et auquel il adhère en 2019, ainsi que la coalition La liberté avance (La libertad avanza, LLA), fondée en 2021 et dont fait partie le PL[24].
Il crée la surprise lors des élections primaires de septembre 2021, prenant la troisième place dans la province de Buenos Aires avec 13,7 % des voix. Faisant campagne sous le slogan « Je ne suis pas venu ici pour guider des agneaux mais pour réveiller les lions ! », il dénonce la « caste politique » constituée selon lui de « politiques inutiles, parasites, qui n’ont jamais travaillé »[25]. Son discours séduit à la fois auprès de l’électorat radical de la droite, des classes populaires épuisées par la crise économique qui voient en lui une alternative aux partis traditionnels, et des jeunes « frustrés par la gestion de la pandémie et ses restrictions », avec un confinement de six mois dans Buenos Aires et sa région en 2020[25].
Devenu député en décembre 2021, Javier Milei met en jeu son salaire (350 000 pesos, soit 2 900 euros) chaque mois lors d'une tombola géante, à laquelle participent plus d'un million d'Argentins. Le résultat est dévoilé en direct par de nombreuses chaînes de télévision du pays[26],[27]. Ses détracteurs pointent sa faible activité au Parlement[28].
Candidat à l’élection présidentielle de 2023, Javier Milei présente un « plan tronçonneuse » visant à massivement diminuer les dépenses publiques : son projet comprend la suppression de plusieurs ministères (Éducation, Santé, Travaux publics et Développement social, Femmes), la libéralisation du port d'armes pour les civils et du commerce d'organes[29],[30]. Sa colistière Victoria Villarruel, candidate à la vice-présidence, est négationniste des crimes de la dictature[31]. C'est sa sœur Karina Milei, de deux ans sa cadette, qui contrôle l'ensemble de sa campagne, de l’organisation des meetings jusqu’à la composition de l’entourage[32].
À la surprise générale, Javier Milei arrive largement en tête des primaires de l'élection présidentielle, le 13 août 2023, avec 29,86 % des voix[33]. Après ce scrutin, ses déclarations virulentes à l'encontre du peso argentin et ses appels à ne pas épargner ou faire de placements en monnaie nationale provoquent la chute du peso[34].
Le 22 octobre 2023, il arrive en ballottage défavorable avec 29,99 % des voix au premier tour du scrutin présidentiel, face au centriste Sergio Massa, soutenu par la coalition péroniste (36,78 %). Il s'allie alors avec la droite traditionnelle en vue du second tour, alors qu'il avait jusqu'alors fondé sa campagne sur le rejet de la « caste » politique. Cette alliance est vécue comme une trahison par une partie de sa coalition et onze députés annoncent dans la foulée quitter La liberté avance[35],[36].
Alors que les sondages annonçaient un duel serré, Javier Milei l'emporte finalement avec 55,65 % des voix exprimées, le 19 novembre. Sergio Massa reconnaît sa défaite et félicite son adversaire[37].
Le , Javier Milei se rend au Congrès de la Nation argentine afin d'y être investi président de la Nation pour un mandat de quatre ans[38]. Accompagné de la nouvelle vice-présidente, Victoria Villarruel, et du président de la Chambre des députés, Martín Menem, il y reçoit, des mains du président sortant, le péroniste Alberto Fernández, un sceptre et l'écharpe présidentiels.
Après avoir prêté serment, il prononce un discours, non pas dans l'enceinte du Congrès comme ses prédécesseurs, mais dans les marches de celui-ci devant des citoyens venus assister à l'investiture. Son discours fait état de la piètre situation économique du pays, qu'il promet de traiter avec des « mesures chocs »[39], et de son intention de réduire de quelque 20 milliards de dollars les dépenses publiques[40].
Il se rend ensuite à la Casa Rosada, où il prononce un discours sur l'un des balcons et reçoit tous les dirigeants et représentants étrangers. Sont présents le roi d'Espagne, Felipe VI, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, entre autres[40]. Parmi les pays voisins de l'Argentine, les présidents Gabriel Boric du Chili, Santiago Peña du Paraguay[41] et Luis Lacalle Pou de l'Uruguay y assistent[42],[43], contrairement à ceux de la Bolivie et du Brésil, qui préfèrent y expédier leur ministre des Affaires étrangères[44],[45]. Durant sa campagne électorale, Milei avait par ailleurs tenu des propos durs à l'endroit du président Lula da Silva[46],[47] et de tout courant s'apparentant au socialisme qu'il qualifiait de « communiste »[48].
Tout de suite après son investiture, le gouvernement Milei annonce la dévaluation du peso de 50 % passant de 400 pesos pour 1 dollar à 800 pesos pour 1 dollar. Cette dévaluation s'opère dans un contexte d'une très forte inflation, ainsi que d'un cours du peso sur le marché noir qui peut atteindre parfois les 1 000 pesos pour 1 dollar[49]. En parallèle, le gouvernement annonce un arrêt des dépenses de travaux sur les infrastructures et une baisse des subventions sur l'énergie et le transport[50].
Peu de temps après, le gouvernement annonce adopter par décret une série massive de dérégulations, avec près de 300 mesures concernées[51]. Puis fin , il annonce une nouvelle série de réformes comprenant 664 articles[52]. Le DNU (Décret de Nécessité et d'Urgence) comprend, entre autres, la dérégulation du marché immobilier, en particulier la fin de l'encadrement des loyers. Un mois après sa promulgation, le nombre de logements disponibles double à Buenos Aires et les prix chutent de 20 %[53].
Après avoir affirmé que l'Argentine, sous sa présidence, ne commercerait jamais avec des « communistes tels la Chine, le Brésil et la Russie »[54], Milei tente, trois jours après son entrée en fonction, de maintenir une entente économique de l'ordre de cinq milliards de dollars, conclue entre le gouvernement précédent et le gouvernement chinois[55].
Javier Milei se réclame de l'anarcho-capitalisme[56],[57], du libéralisme libertaire[58] et du minarchisme[59]. Il milite pour la suppression de la banque centrale, l'adoption du dollar américain comme monnaie nationale, l'abrogation des mesures de contrôle des capitaux, la suppression des aides sociales, la fin de l'éducation gratuite, et propose de réduire de moitié les dépenses publiques argentines, de 29 à 15 % du PIB[60],[61]. Il conteste l'existence du changement climatique, qui ne serait qu'une « invention socialiste »[25],[62].
Il porte un regard révisionniste sur les crimes de la dictature militaire en Argentine (1976-1983) affirmant que le nombre de 30 000 morts ou disparus retenu par les organisations des droits humains (en) est exagéré[28] et conteste l'existence d'un « terrorisme d’État » pendant la dictature. Des militaires condamnés, comme Jorge Eduardo Acosta et Mario Sandoval, lui ont ainsi exprimé leur soutien lors de la présidentielle de 2023[63].
Il s'inspire de Jair Bolsonaro et de Donald Trump et affiche sa proximité avec le parti politique espagnol d'extrême droite Vox[64],[65],[66]. Si l'ancien président américain défendait une politique protectionniste à rebours du programme de Javier Milei, tous deux s'inscrivent cependant dans une forme de populisme de droite[67],[66].
Milei est anti-péroniste[68]. Il critique sévèrement les politiques appliquées par les présidents radicaux et péronistes dans le passé tels que Hipólito Yrigoyen, Raúl Alfonsín, Juan Domingo Perón, Cristina Fernández de Kirchner, Mauricio Macri et Alberto Fernández[69],[70],[71], tandis qu'il loue Carlos Menem, président de l'Argentine de 1989 à 1999 et qu'il considère comme le « meilleur président de l'histoire », et son ministre de l'Économie Domingo Cavallo[72],[73].
La majorité des médias aussi bien argentins qu'internationaux le décrivent comme d'extrême droite[74], d'autres médias nationaux argentins et des consultants politiques de ce pays le décrivent comme un « libertarien de droite »[75],[76],[77]. Certaines de ses prises de position soulèvent toutefois la critique des milieux libéraux[78].
Javier Milei dit qu'il s'oppose au « mariage en tant qu'institution ». Il a déclaré qu'il n'avait aucun problème avec le mariage homosexuel et considère que l'homosexualité est « le choix de chacun »[79]. Concernant les droits des transgenres, Milei soutient la liberté d'identité de genre mais s'oppose au financement public des soins de transition. Il est pour l'interdiction totale de l'avortement[80],[81],[82], la libéralisation du port d’armes, la légalisation des drogues[83], la libéralisation de la vente d'organes, le port d'armes libre, le droit au suicide, et n’exclut pas la possibilité qu'un jour la société puisse autoriser la commercialisation des enfants et privatiser les rues[84]. Il revendique le droit de polluer si cela permet de créer de la richesse : « une entreprise peut polluer une rivière autant qu'elle le souhaite [...] la valeur de l'eau est égale à zéro »[85]. Il est favorable à une immigration « sans limites »[86].
Il estime que les inégalités sociales sont naturelles et que le gouvernement ne doit pas chercher à les diminuer, ajoutant que la justice sociale est un « concept aberrant » et un « vol »[87]. Il valorise l'entrepreneuriat et la réussite individuelle[67].
En politique étrangère, il a déclaré vouloir s'aligner sur les États-Unis et Israël s'il était élu président[87]. Il a exprimé son intention de déplacer l'ambassade d'Argentine en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, une décision que n’ont pris que quatre pays jusqu’à présent, dont les États-Unis[88],[89], et il a annoncé qu'il ferait d'Israël sa première destination en tant que président[90]. Au début de l'invasion russe de l'Ukraine début 2022, Milei est entré au Congrès national argentin avec un drapeau ukrainien afin d'affirmer sa position face au conflit[91]. Il dénonce en 2023 l'adhésion de l'Argentine aux BRICS[87].
Par rapport aux îles Malouines, sa position est la même que tous les présidents argentins depuis la fin de la guerre des Malouines, soit que la souveraineté du Royaume-Uni sur les îles est illégitime et que la restitution de celles-ci à l'Argentine est non-négociable. Il déplore toutefois la guerre qui a eu lieu en 1982 et propose une restitution pacifique des îles sur le modèle de la rétrocession de Hong Kong à la Chine en respectant les habitants qui y vivent[92].
Il considère les socialistes comme des « ordures » et des « excréments humains »[93]. Il qualifie régulièrement le pape François de « fils de pute » et de « connard », affirmant qu'il « prêche le communisme dans le monde entier »[6]. En réponse, le 6 septembre 2023, des dizaines de prêtres ont organisé dans un bidonville de Buenos Aires une messe de soutien au pape[94].