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Jean-Hubert Martin, né le Strasbourg (France), est un historien de l’art, conservateur, directeur d’institution et commissaire d’exposition français. Au travers de son parcours professionnel, il a œuvré à l’élargissement du regard posé sur l’art contemporain et à l’instauration d’un dialogue entre les cultures[1].
àFils de Paul Martin, conservateur du musée historique de Strasbourg (Bas-Rhin), et de Paulette Rieffel, Jean-Hubert Martin étudie au lycée Fustel de Coulanges dans cette même ville avant de faire une licence ès lettres en histoire de l’art, à La Sorbonne à Paris. Il obtient son diplôme en 1968 avant de devenir conservateur des musées nationaux en 1969[2].
Après un rapide passage au musée du Louvre en 1969, il commence sa carrière[2] à Paris au Musée National d’Art Moderne alors situé au Palais de Tokyo et dirigé par Jean Leymarie. Il y organise des expositions de Man Ray, Alberto Burri et Richard Lindner[2]. Il est commissaire de l’exposition de Francis Picabia, qui montre pour la première fois l’ensemble de l’œuvre[3], y compris la période figurative, au Grand Palais en 1976. C’est en tant que responsable des collections contemporaines qu’il participe à la création du Centre Pompidou[4] alors sous la direction de Pontus Hulten. Dans ce nouveau cadre, il organise les expositions de Kazimir Malevitch, de Jean Le Gac et de Pierre Molinier ainsi que Paris-Berlin[5] et « Filliou et Pfeufer : La Fondation PoïPoï présente un hommage aux Dogons et aux Rimbauds » en 1978, Paris-Moscou en 1979[5] et Man Ray en 1982[6].
Cette même année, il est le commissaire de la participation française à la Biennale de Sydney et devient directeur de la Kunsthalle de Berne[2], qu’avait dirigée Harald Szeemann 20 ans auparavant. Il débute ainsi un parcours de direction d’institutions européennes : après la Kunsthalle (1982-1985), il est directeur du musée national d'art moderne à Paris (1987-1990)[7], directeur artistique du château d’Oiron (1991-1994)[2],[8],[9], directeur du Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie à Paris (1994-1999)[2],[8], puis directeur général du Museum Kunstpalast à Düsseldorf (1999-2006, le musée ayant ouvert en 2001)[2],[8] et directeur artistique du PAC, Padiglione d’Arte Contemporanea[10], à Milan[2],[8].
Au fil de ces expériences, il initie des expositions importantes qui interrogent durablement la pensée et la pratique muséologique, notamment « À Pierre et Marie », exposition participative en 1982/84[11], « Magiciens de la terre » en 1989[8], qui a suscité certaines accusations "d'ethnocentrisme"[12], « Art et publicité » en 1990[13], « Altäre (Autels) » en 2002[14], « Africa Remix » en 2004, « Une image peut en cacher une autre » en 2009[15].
Il développe ces pratiques au cours de biennales comme « Universalis » à Sao Paolo en 1996 ou « Partages d’exotisme » à Lyon en 2000[2],[16].
Il est nommé en 2006 Chargé de mission à la direction des Musées de France du Ministère de la Culture et de la Communication, poste qu’il occupera jusqu’en 2010[2].
Il poursuit depuis le développement de sa pensée au travers de son activité de commissaire de grandes expositions : « Dali » au Centre Georges Pompidou à Paris en 2012[17], « Théâtre du monde » au Museum of Old and New Art à Hobart en Tasmanie et à la Maison Rouge, fondation Antoine de Galbert à Paris en 2013[18] et « Le Maroc contemporain », à l’Institut du Monde Arabe à Paris en 2014[19].
Il a également dirigé le réseau FRAME (French Regional & American Museum Exchange) en France en 2008 et 2009.
Il est président du comité de sélection du prix SAM pour l’art contemporain depuis 2010[20], président du comité d’orientation du Palais de Tokyo depuis 2011[21] et président du conseil artistique, scientifique et culturel de la Cité de la céramique à Sèvres depuis 2015[22].
Né au cœur de l’Europe, et ayant grandi dans un environnement biculturel, il accompagne l’européanisation de l’art, puis sa réelle internationalisation[23],[24], en ayant à cœur d’exposer des artistes du monde entier et de faire voyager les expositions[25],[1],[26].
Prenant acte de la reconnaissance de la valeur culturelle des peuples sans écriture par Claude Levi-Strauss, il cherche à développer de nouvelles pistes de réflexion au-delà d’une pensée strictement occidentale. Il initie une pratique de l’exposition qui n’est plus dans le classement ou la catégorisation mais dans les correspondances visuelles, ouvrant de nouvelles perspectives pour les institutions et les artistes eux-mêmes.
En 1989, l’exposition « Magiciens de la terre » se pense comme la première grande exposition véritablement internationale. Elle met pour la première fois sur un pied d’égalité les créations occidentales et les créations originaires du Tiers Monde[27],[28],[29].
Dans la filiation du mouvement Dada, « Magiciens de la terre » permet la confrontation de célébrités et d’inconnus. Jean-Hubert Martin décèle dans Dada les prémices de ce qui a été ensuite appelé « la postmodernité » et les fondements d’une extension du domaine de l’art.
Ses recherches le poussent par ailleurs, notamment dans le cadre du château d’Oiron, à réactiver la pratique du « cabinet de curiosité »[30],[31] dans lequel le plaisir esthétique se mêle à parts égales à l’intérêt scientifique.
Jean-Hubert Martin participe activement à la découverte des avant-gardes russes en Europe, au travers notamment d’expositions et de publications de l’œuvre d’Ilya et d’Emilia Kabakov[32].
Il a également accompagné de nombreux artistes des avant-gardes françaises, e.g. Christian Boltanski, Daniel Buren, Bertrand Lavier, Annette Messager ou Sarkis.
Un article paru dans le journal suisse Le Temps fait état d'une polémique liée au défraiement jugé "faramineux" de 100 000 francs suisses perçu par l'intéressé pour l'organisation de l'exposition Pas besoin d'un dessin, au musée d'art et d'histoire de Genève (MAH). Cet article vient confirmer une information révélée peu auparavant par La Tribune de Genève, affirmant qu' "Avec Jean-Hubert Martin, on lève un autre lièvre [...]. L’historien de l’art français sera payé 100’000 euros pour son commissariat. Après un bref coup de sonde, la somme est qualifiée par des spécialistes du milieu muséal de «faramineuse et probablement jamais atteinte en Suisse"[33]. L'article en question pointe les méthodes du directeur du MAH, mandataire de Jean-Hubert Martin, dénoncées dans un rapport citoyen déposé auprès de la Cour des comptes : " Soigneusement documenté, il pointe les dépenses dispendieuses du directeur du MAH, des manquements divers, les libertés qu’il prend avec les procédures en vigueur à Genève concernant la mise en concurrence des partenaires avant l’attribution d’un mandat ". La Cour des comptes a demandé au MAH « de renforcer son système de contrôle interne financier en instaurant un contrôle et un visa de l’administratrice pour l’intégralité des bons de commande établis sur demande du directeur à partir de 10’000 francs, ainsi que sur les contrats de prestations avant signature ».
Par ailleurs, l'article paru dans Le Temps relève le fait que depuis trente ans Jean-Hubert Martin « conçoit ses expositions comme des manifestes contre l’histoire de l’art conventionnelle, son primat de la chronologie et ses taxinomies »[12].