Jupe
Une femme avec une jupe rouge.
Caractéristiques
Type
Matière
laine
coton
autre…
The Evoltion of the skirt, Harry Julius, 1916.

La jupe (de l'arabe joubba pour long vêtement de laine) est un vêtement fixé au niveau des hanches ou de la taille pour couvrir tout ou une partie du bas du corps sans division pour chaque jambe et sans qu'en principe les bords inférieurs soient refermés.

Selon les cultures, la jupe est portée préférentiellement par les hommes (kilt, sarong etc.) ou par les femmes (sari, etc).

Depuis 1672, le terme désigne en Europe un vêtement presque exclusivement féminin.

Histoire

En Occident

Dans l'Antiquité, les Romains et les Grecs portaient des habits semblables à des jupes, tels la tunique et la toge pour les hommes[1], ou le péplos et le chiton pour les femmes[2].

Au contact des peuples germaniques et celtes qui avaient adopté ce type de vêtement, le pantalon commença à se populariser chez les soldats romains, puis dans le reste de la population masculine vers le IIIe siècle. Le pantalon resta néanmoins longtemps considéré comme un vêtement « barbare », comme en témoignent les décrets impériaux de 397 et 399 qui en interdisaient le port dans Rome[3],[4].

La tunique continua à être portée au cours du Haut Moyen Âge. L'habit religieux, quant à lui, évolua peu pendant cette période et les suivantes, et le clergé continua à porter des robes.

Vers l'an mil, à la fin du Haut Moyen Âge, les nobles abandonnèrent la tunique courte pour des vêtements plus longs. Les vêtements masculins et féminins étaient alors très similaires entre eux. Néanmoins, contrairement aux hommes, les jupes des femmes n'étaient pas censées découvrir les pieds de celles-ci. En témoigne la réaction du majordome de la reine Jeanne de Navarre à la fin du XIIIe siècle, à qui l'on présentait une paire de bas de soie en guise de cadeau de mariage pour celle-ci : il jeta les bas à terre et s'écria : « Ignorez-vous donc que les Reines d’Espagne n’ont point de jambes[5] ? ».

Vers le XIVe siècle, la tunique pour homme commença à nouveau à se raccourcir, tandis que les femmes conservaient de longues robes.

À partir du XVIe siècle, les tuniques courtes et les collants des hommes se muèrent progressivement en culottes, hauts-de-chausse et pantalons, définissant par opposition la jupe comme un vêtement typiquement féminin.

Au cours du XIXe siècle, la coupe des vêtements féminins se modifia plus rapidement qu'aux siècles passés. La jupe, au départ assez étroite, prit de l'ampleur et atteignit une taille spectaculaire dans les années 1860 avec la jupe à crinoline.

La longueur des jupes est un sujet régulier de discussion et de polémique pendant le XXe siècle[6]. Cette longueur se raccourcit à la veille de la Première Guerre mondiale, durant laquelle l’habillement des femmes évolue dans un sens pratique[6]. La jupe remonte jusqu’aux genoux pendant les Années folles, symbole d'émancipation des garçonnes[6]. Puis à l'approche des années 1930, les couturiers choisissent de rallonger à nouveau les jupes[6]. The New York Times rapporte des remarques de femmes considérant ce « retour en arrière » comme « une tentative insidieuse de les ramener à l’état d’esclaves  », les jupes courtes étant perçues comme le symbole d’une émancipation[6]. La minijupe est le vêtement le plus emblématique des évolutions des mœurs des années 1960, bien qu'elle participe au renforcement d'autres exigences sur le corps des femmes telles que la minceur. Puis les longueurs de jupe continuent à varier les décennies suivantes, de la minijupe à la jupe midi, ou à la jupe crayon, fendue ou non[6].

Le XXe siècle a été aussi le témoin d'un recul de la jupe par rapport au pantalon, désormais porté quotidiennement par les femmes, et aussi par le clergé catholique, le pape Jean XXIII ayant supprimé en 1962 l'obligation du port de la soutane[7].

La jupe comme « corset invisible »

Comme la robe, les formes de la jupe viseront surtout à entraver les mouvements des femmes[réf. nécessaire], avant d'être simplifiées au début du XXe siècle avec la popularisation du tailleur[8]. Selon Pierre Bourdieu, la jupe est un « pense-bête » qui rappelle aux femmes les exigences sociales de leur féminité, un « corset invisible » qui les oblige à marcher et à se tenir d'une certaine façon[9]. Il la compare à la soutane qui rappelle au prêtre de manière permanente son statut de prêtre en l'empêchant par exemple de courir[9]. En outre le fait que, selon la manière dont elle se tient, une jupe risque de laisser voir plus que ce que la femme désire montrer, rend la jupe « difficile à porter » et cette difficulté est selon Bourdieu la marque de « la contradiction de l'attente sociale envers les femmes » qui leur demande à la fois d'être en position de séduction et dans la discrétion, « visibles et invisibles[9]. »

Types de jupes

Aujourd'hui, dans la culture occidentale

Il existe de nombreux types et variantes de jupes, telles :

Les jupes en cuir sont généralement considérées comme sexy par les personnes attirées par le fétichisme du cuir.[réf. souhaitée]

Il y a aussi la jupe entravée avec volant asymétrique

Autres types

Jupes pour hommes en Occident

Article détaillé : jupe masculine.
Homme et femme en kilt.

La jupe a toujours été portée par les hommes[14] (pagne égyptien, tunique romaine, etc.). Elle est portée de nos jours dans les pays comme l'Indonésie (sarong) et l'Écosse (kilt) mais a disparu dans de nombreux pays.

La jupe revient progressivement dans la garde-robe masculine, apparaissant dans les collections hommes de couturiers et grands couturiers (Jean Paul Gaultier, Vivienne Westwood, agnès b., Marc Jacobs qui en porte régulièrement lors de ses apparitions publiques, Anderslandinger, Amok, Midasclothing, etc.), voire le cas de danseurs en jupe dans les chorégraphies de Kamel Ouali, Florian Dubos du groupe Kyo en longue jupe noire, David Beckham en sarong, etc.

Comme pour le port du pantalon par les femmes il y a quelques dizaines d'années[15], le port de la jupe par les hommes est aujourd'hui encore source de préjugés (homosexualité, travestisme).[réf. nécessaire]

Après New York, Londres et Madrid qui ont eu leur exposition sur la jupe masculine, c'est au tour d'Ambazac dans la région du Limousin où a lieu en la première exposition bénévole en France sur le sujet[16].

Voir aussi

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Bibliographie

Vidéographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Roman clothing
  2. Roman clothing: Women
  3. Roman military clothing (3): AD 400-640, Raffaele D'Amato, Graham Sumner, p.18
  4. The Theodosian Code, C. Pharr, p. 415
  5. Revue Bleue, politique et littéraire (1863)
  6. a b c d e et f Diane Lisarelli, « La jupe, toujours une longueur d’avance », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. Comment vivent les prêtres : vêtement, logement, traitement, retraite (Cybercuré)
  8. a et b M.N. Boutin-Arnaud et S. Tasmadjian, Le vêtement, Éditions Nathan, 1997.
  9. a b et c Pierre Bourdieu, « Le Corset invisible : entretien avec Catherine Portevin », Télérama, no 2534,‎ repris sur le site homme-moderne.org.
  10. Richard Zingoula, Sape et appropriation technologique, Editions Publibook, , 236 p. (ISBN 978-2-342-03637-4, lire en ligne)
  11. a b c et d Sophie Lemahieu (dir.) et Hannah Morelle, Mode et sport : d'un podium à l'autre, Les Arts décoratifs, , 219 p. (ISBN 9782383140177), « La jupe-culotte : bicyclette et émancipation féminine », p. 105
  12. Vicky Chanine, « Comprendre le cours de la hype », Le Point, no 2632,‎ , p. 79 (ISSN 0242-6005)
  13. « La jupe plissée », M, le magazine du Monde, semaine du 28 septembre 2013, page 126.
  14. « L'histoire du port de la jupe par les hommes ».
  15. « Article : L'histoire résumée du port du pantalon par les femmes »
  16. « Exposition « Mâles en jupe, bien en Limousin » (francophone et anglophone) »