Les Tuniques bleues | |
Série | |
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Représentation des Tuniques bleues, à la station Janson du métro léger de Charleroi (Belgique). | |
Scénario | Cauvin Béka Kris |
Dessin | Salvérius Lambil Munuera |
Genre(s) | belge Humour |
Personnages principaux | Sergent Chesterfield Caporal Blutch |
Lieu de l’action | États-Unis |
Époque de l’action | Guerre de Sécession |
Pays | Belgique |
Langue originale | Français |
Éditeur | Dupuis |
Première publication | 1968 |
Nombre d’albums | 67 (série en cours) |
Prépublication | Spirou |
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Les Tuniques bleues sont une série de bande dessinée humoristique belge racontant les aventures du sergent Chesterfield et du caporal Blutch, militaires dans l'armée de l'Union (du Nord) opposée à l'armée de confédérés (du Sud), à l'époque de la guerre de Sécession. Au-delà du comique des situations et des personnages, cette série relate les horreurs de la guerre.
"Tuniques bleues" est le nom donné par les Amérindiens aux troupes de cavalerie chargées notamment de la protection des colons durant la conquête de l'Ouest et les guerres indiennes dans l'Ouest américain.
Créée en 1968 dans Spirou par le dessinateur Louis Salvérius et le scénariste Raoul Cauvin sous la forme d'histoires courtes, cette série passe rapidement au format d'histoires en 44 pages. Après la mort de Salvérius en 1972, le dessin est repris par Lambil. La série compte 66 albums publiés[1].
En , Raoul Cauvin annonce arrêter l'écriture des scénarios de la série[2]. En , les Éditions Dupuis annoncent de nouveaux auteurs pour la série, avec Béka et Munuera[3]. En 2021, le scénariste Kris est annoncé pour reprendre la série[4].
Le titre de la série fait référence à la blue coat, veste bleu sombre adoptée par l'armée américaine dès la guerre d'indépendance, pour la distinguer des redcoats britanniques. Le règlement militaire de 1821 en fait la couleur nationale. Le pantalon blanc à l'européenne sera troqué en 1833 pour la tenue bleu clair avec une bande de couleur pour les officiers et sous-officiers. La tenue est portée pendant quarante ans et marque profondément l'imaginaire américain dans le mythe de la Frontière et la pacification des Grandes Plaines. Le premier régiment de dragons (cavalerie régulière) est créé en 1833[5].
Ce n'est qu'après 1870 que le bleu sera remplacé progressivement par le gris, le beige, le kaki et enfin le vert olive.
Dans les divers albums de la série, les héros emploient des armes contemporaines en usage dans les forces de l'Union[6] :
Dessinée par Louis Salvérius et scénarisée par Raoul Cauvin, la série a été publiée à partir du dans Le Journal de Spirou. Elle est ensuite parue en albums aux éditions Dupuis à partir de 1972 et compte en 2019 soixante-trois épisodes.
À l'origine, il s'agissait d'une série uniquement comique dont Salvérius dessinait les personnages de façon ramassée et avec de gros nez. Toutefois, dès le second album qui se déroule pendant la guerre de Sécession, il adopte un style plus réaliste, manière selon lui de ne pas prendre à la légère cet épisode tragique de l'histoire. À la mort de Salvérius en 1972, en plein milieu de l'épisode Les hors-la-loi (rebaptisé Outlaw pour la sortie en album), la série est reprise par Willy Lambil qui accentue encore plus l'aspect « semi-réaliste » du dessin. Cette bande dessinée est donc aujourd'hui le résultat d'un étrange mélange : si les deux personnages principaux ont conservé leur gros nez des origines, les autres personnages ainsi que les décors sont dessinés de manière réaliste avec des proportions respectées et des hachures pour souligner les volumes. Toutefois, les planches restent coloriées en aplats de couleur dans la tradition stylistique des séries humoristiques de la bande dessinée franco-belge.
Ce mélange très particulier se révèle d'autant plus réussi qu'il est au service d'un message pacifiste et antimilitariste dont la détermination et la violence de la condamnation ne sont que mieux mises en valeur par l'aspect humoristique des personnages ; selon Henri Filippini, la saga est « un cri contre la bêtise humaine »[7]. Entre le sergent Chesterfield, le grand simplet en quête de gloire, et le caporal Blutch, le petit rusé antimilitariste, se nouent des rapports d'amitié et d'antagonisme qui véhiculent sur le mode comique, un message dénonçant l'illusion de l'héroïsme et la cruauté de la guerre. Créée à la fin des années 1960, cette série connaît une longévité étonnante. Elle est « parmi les séries les plus populaires de la BD franco-belge[8] ». En 2015, les ventes d'albums pour la série totalisaient 21,5 millions d'exemplaires et « cette série compte parmi les 20 plus gros tirages de la bande dessinée francophone[9] ». Patrick Gaumer y voit « un western antimilitariste » qui s'est imposé « comme l'une des séries les plus réussies du genre[10] ».
Une vision purement amérindienne présenterait certainement une dissonance avec le ton « antimilitariste » et « pacifiste » de cette série, étant entendu que les premières victimes des Tuniques bleues ont été les Amérindiens, massacrés par la Cavalerie américaine, et cela bien loin des tourments « antimilitaristes » et « pacifistes » des héros américains de la série.
Dans une interview[11], Cauvin dit se documenter auprès de diverses sources (presse, radio, télévision, Internet) ; pour des informations pointues, il s'adresse à la Confederate Historical Association of Belgium (Association historique confédérée de Belgique). Les lecteurs lui suggèrent parfois des idées intéressantes. Lambil, quant à lui, cite The Commanders of The Civil War, de l'historien William C. Davis, les recueils de photographies de Francis Trevelyan Miller (en) et le livre de Laurence Harlé La Cavalerie Américaine. Le dessinateur reconnaît certaines approximations : Blutch et Chesterfield vêtus en fantassins, les photographies sur papier (les surfaces sensibles souples ne sont inventées qu'en 1884), le barbelé (brevet déposé aux États-Unis en 1874) et la dynamite (brevet déposé en 1867).
La collection Les tuniques bleues présentent, qui réunit par thème les albums déjà parus, « met en valeur le travail de recherche des auteurs (croquis, documents historiques…) et permet d’enrichir la lecture des albums présentés en mettant en perspective leur contenu[9] ». Dix tomes, parus ou prévus, développent les thèmes suivants : les grandes batailles, les chevaux, les personnages réels (en deux volumes), les Indiens, la photographie, les enfants dans l'armée, la guerre navale, les femmes dans l'armée, et les voyages.
Les Tuniques bleues étant le nom donné par les Amérindiens aux troupes de cavalerie qui maintenaient l'ordre dans l'Ouest américain, les aventures des héros commencent d'abord dans l'Ouest, puis continuent dans l'Est et la guerre de Sécession, avec quelques retours sur le terrain de leurs premières armes. D'après Gaumer, les deux protagonistes sont entourés de « quelques personnages secondaires des plus réussis[10] ».
D'abord affectés à Fort Bow (Un chariot dans l'Ouest, no 1), Blutch et Chesterfield sont rapidement transférés au 22e de cavalerie du capitaine Stark (Du Nord au Sud, no 2), alors que commence la guerre de Sécession. Ils servent également dans l'artillerie, dans l'infanterie, comme aérostiers (Les Cavaliers du ciel, no 8), dans la marine, sur le cuirassé USS Monitor et l'USS Kearsarge (respectivement dans Les Bleus de la marine, no 7, et dans Duel dans la Manche, no 37). D'ailleurs, nombre d'albums représentent des faits historiques en prenant le point de vue de nos héros pour les rapporter, notamment la bataille de Bull Run (Bull Run no 27), la traque de William Quantrill (Quantrill no 36), ou les batailles de Grant (Qui veut la peau du général ?, no 42, et suivants).
Mais leur principale affectation reste le 22e de cavalerie. Ils en sont généralement avec Stark les seuls survivants, Blutch devant fréquemment sa vie à l'intelligence de sa monture Arabesque. Ils en sont aussi les principaux recruteurs (Les Bleus tournent cosaques, no 12, Les Cinq Salopards, no 21, Drummer boy, no 31, Émeutes à New York, no 45). Ils se chargent aussi de la remonte (Bronco Benny, no 16, Des Bleus et des bosses, no 25).
Lorsqu'ils ne sont pas pourchassés comme hors-la-loi (Outlaw, no 4, Les Bleus en cavale, no 41), ils passent leurs permissions à Fort Bow. Paradoxalement, il leur arrive également de poursuivre des déserteurs, sans grand succès, dans Les Déserteurs, no 5, ou La Traque, no 50.
Ils ont beaucoup voyagé : au Mexique (El Padre, no 17), au Canada (L'Or du Québec, no 26), aux Pays-Bas (Duel dans la Manche, no 37).
Ils ont participé à faire connaître la guerre en travaillant avec des photographes (Des Bleus en noir et blanc, no 11, Puppet Blues, no 39), à conserver le moral des troupes par le théâtre (Les Bleus de la balle, no 28), le cirque, sous le nom de Tim et Tom les frères siamois (Les Bleus en cavale, no 41).
On les trouve mêlés à des affaires d'espionnage (Les Bleus dans la gadoue, no 13, Le David, no 19, La Rose de Bantry, no 30, Les Hommes de paille, no 40, L'Oreille de Lincoln, no 44), ou d'infiltration derrière les lignes ennemies (Et pour quinze cents dollars en plus, no 3, Rumberley, no 15, Black Face, no 20).
Nombres d'albums mettent en valeur des faits historiques de la guerre civile américaine, d'autres aventures ont pour cadre un lieu ou une bataille anonyme. Certains récits relatent une rencontre avec une tribu amérindienne sans qu'il y ait de rapports avec la guerre de Sécession. On constate cependant que la chronologie des albums ne suit pas celle de la guerre, mais plusieurs albums sont en flashback, retraçant le passé de nos deux protagonistes, éventuellement raconté par l'un d'eux (par exemple Bull Run) ou par un autre personnage (Vertes Années).
De à , le musée du Cheval de Chantilly expose 25 dessins originaux de l'album L'Étrange Soldat Franklin. En effet, « cette série militaire au temps de la guerre de Sécession fait la part belle aux représentations du cheval[13] ».
Les Tuniques Bleues ont fait l'objet d'une adaptation en jeu vidéo, en 1989 par Infogrames (appelé North and South). En , le jeu a été ré-adapté par Anuman Interactive en un jeu multijoueurs disponible sur différentes consoles[14]. Sortie en novembre 2020 de la réédition du jeu Nord vs Sud, sur Nintendo Switch, PS4, Xbox One, PC, Mac[15].