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Marcel Ichac
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 87 ans)
ÉzanvilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Marcel Léon IchacVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Père
Fratrie
Autres informations
Sport
Distinction

Marcel Ichac, né le à Rueil-Malmaison (Seine-et-Oise) et mort le à Ézanville[1] (Val-d'Oise), est un cinéaste, photographe, explorateur et alpiniste français.

« Grand maître du documentaire » selon l'historien Jean Tulard[2], Marcel Ichac est en particulier considéré comme « le plus grand cinéaste spécialiste de films de montagne en France et sans doute dans le monde » de sa génération par Georges Sadoul[3],[4]. D'abord skieur et alpiniste, grand témoin de l'alpinisme français, Marcel Ichac est ensuite devenu, par la diversité des espaces explorés, le cinéaste de l'exploration française des années 1930-1950 (les deux premières expéditions françaises en Himalaya en 1936 et 1950, la plongée sous-marine avec Jacques-Yves Cousteau, le Groenland avec Paul-Émile Victor, les tout premiers documentaires de spéléologie au monde avec notamment Norbert Casteret, etc.).

Marcel Ichac a révolutionné le cinéma documentaire par sa volonté d'insérer le spectateur au sein de l'action avec une obsession de l'authenticité. Ce qui a exigé, au-delà de l'accompagnement du sportif dans son effort, des innovations techniques (l'utilisation généralisée des caméras légères alors que les caméras de l'époque étaient généralement lourdes et fixes), artistiques (la caméra subjective, montée sur des skis, portée à l'épaule, etc., la prise de vue avec le regard de l'alpiniste) et narratives. Marcel Ichac est considéré comme un précurseur du « cinéma vérité » et du docu-fiction (lire plus bas).

Au-delà, Marcel Ichac a joué un rôle pionnier, tant dans le domaine technique (avec notamment la réalisation du premier film français en cinémascope, etc.), des institutions (fondation du Groupe des trente pour défendre le court-métrage), que des hommes (lancement de Jacques Ertaud, Jean-Jacques Languepin, Gérard Oury, Jean-Louis Trintignant, Robert Enrico dans le cinéma). Marcel Ichac a reçu les plus hautes récompenses du cinéma mondial (Oscar à Hollywood, primé au Festival de Cannes et à la Mostra de Venise, sans compter les festivals spécialisés dans le cinéma de montagne et d'exploration).

Une vie consacrée à l'aventure et au cinéma

Fils du journaliste financier Eugène Ichac, Marcel Ichac, étudie aux Arts déco, et commence sa carrière comme illustrateur, publicitaire et journaliste (notamment des reportages, des photos, des photomontages dans le célèbre magazine VU[5], dont le photomontage de la Une Fin d'une civilisation, largement médiatisé[6]). Après avoir joué en 1933 dans un film sur la montagne, il décide de passer de l'autre côté de la caméra. À partir de 1934, il se consacre au cinéma et à la photographie. Son œuvre se déploie dans plusieurs directions :

L'explorateur

Marcel Ichac est le cinéaste quasi officiel des grandes explorations françaises des années 1930 aux années 1950, qu'il a accompagnées à travers le Globe.

Marcel Ichac est le seul alpiniste à faire partie des deux premières expéditions françaises en Himalaya, en 1936 et en 1950.

Karakoram et le glacier du Baltoro, l'autoroute des 8 000 mètres (photo prise en 2005).
L'Annapurna (photo prise en 1982).
Le Groenland.
Exploration sous-marine
Expédition spéléologique.
Arabie saoudite.

L'alpiniste

Les rochers de Fontainebleau.

Passionné de montagne dès le milieu des années 1920, Marcel Ichac va alors faire partie du petit cercle des alpinistes parisiens qui se retrouvent le week-end dans la forêt de Fontainebleau (le Groupe de Bleau) et pendant leurs vacances dans les Alpes. Il réalise de nombreuses courses, quelques premières, et participe à la rédaction des Guides Vallot. Marcel Ichac est donc à la fois un acteur et témoin de moments clés de l'alpinisme français, à qui il consacre de nombreux articles, photos et films :

Les Aiguilles du Diable (France).

Accompagnant au plus près l'alpiniste, Ichac souhaite partager avec le public la motivation et la psychologie de l'alpiniste, la technique et la beauté du geste du grimpeur. Ses principaux films de montagne sont :

Sportif accompli, Marcel Ichac s'est lancé à 70 ans dans la course à pied, courant plusieurs fois le marathon de New York, ceci jusqu’à 80 ans.

La popularisation du ski en France

Les films d'Ichac ont fait découvrir le ski aux Français.

Marcel Ichac va accompagner de ses films, de ses photos, de ses reportages, les tout débuts de la popularisation du ski en France dans les années 1930. Notamment à l'époque du Front populaire, alors que les pouvoirs publics encouragent la découverte du plein air. Aux préoccupations sociales et de santé publique, s'ajoute un enjeu patriotique évident alors que les tensions s'affirment en Europe. Il s'agit d'enlever à l'Autriche et à l'Allemagne le quasi-monopole dont ces pays jouissaient dans le domaine du ski. Les sportifs français, la technique française de ski, les stations de ski françaises effectuent alors de remarquables percées. Marcel Ichac va les faire connaître au grand public. Il attaque directement le cinéma germanique, qui domine le cinéma de montagne, en réalisant le premier grand film français de ski (Poursuites blanches, 1936) destiné à rivaliser avec les productions de Arnold Fanck, Leni Riefenstahl et Luis Trenker[27].

Une compétition de ski en 1948.

L'œuvre de Marcel Ichac forme alors un ensemble cohérent qui contribuera à lancer le ski en France.

Des documentaires techniques

Marcel Ichac réalise dans les années 1940-1950 une série de documentaires techniques. Particulièrement des films sur la technique de l'aluminium réalisés pour Péchiney. C'est dans un de ces films que Jean-Louis Trintignant fit ses premiers pas au cinéma.

Un cinéaste innovant

À partir de 1934, Marcel Ichac a joué un rôle dans l'innovation au cinéma et, ce, dans plusieurs domaines.

Un pionnier de la caméra subjective et du cinéma vérité

Marcel Ichac va révolutionner le film de montagne, notamment en participant à des innovations techniques telles que le principe de la caméra subjective, devenant ainsi un pionnier du cinéma vérité et du docu-fiction.

La méthode Ichac n'aurait pas été possible sans sa décision d'utiliser hors de leur contexte initial des caméras légères initialement prévue pour un usage très spécifique. Dès lors, les innovations techniques peuvent s'enchaîner : « Ichac réformera très tôt toutes les règles académiques de l’art du documentaire. Et pour cause : visionnaire qui s’ignore, il a un à-priori technique, la légèreté. (..) Marcel Ichac va tout bouleverser en ayant, comme il dit, « la seule idée de sa vie » : au marché aux Puces, le jeune homme achète une caméra allemande portable utilisée pour les films ethnographiques. En bandoulière, le boîtier n’est guère plus encombrant qu’un sac à dos. Ichac peut alors s’encorder lui aussi, il peut s’armer d’un piolet, il peut se faire alpiniste et cinéaste en même temps. Le documentaire de montagne est « inventé ». Mais l’ingénieux Ichac n’en est qu’à ses débuts. Ce sont encore les années 1930 lorsqu’il fixe sa caméra – « subjective » comme on la qualifie – sur des skis afin de mieux rendre compte de l’impression de vitesse. »[28].

Ces innovations, banalisées de nos jours, ne vont pas de soi en 1934. Comme l'explique l'écrivain de montagne Pierre Minvielle, « « En ces temps là (dans les années 1930), les opérateurs professionnels se déplaçaient avec de grosses caméras à moteurs électriques. Le poids de la caméra, des batteries, sans compter le pied et les films, empêchaient l’opérateur de circuler. » (expliquait Marcel Ichac). Avec sa caméra portative, Ichac, lui, va pouvoir garder un skieur dans son champ pendant plusieurs secondes ; il pourra aussi se déplacer sur une paroi pour suivre le grimpeur. Il sera au cœur de l’action, à côté du sportif. »[29].

Le matériel léger autorise alors le cinéaste à s'immerger dans l'action pour y immerger à son tour le spectateur. « Marcel Ichac apparaît comme le contemporain de Robert Flaherty et de Joris Ivens. Mais ce qui le différencie de tous les autres, c’est la capacité qu’il a d’aller chercher le témoignage dans les lieux les plus aventureux : sur les glaciers, dans les parois des aiguilles de Chamonix, plus tard dans les vallées du Karakoram et du grand Himalaya ; mais aussi dans l’enceinte interdite de la Ka’ba à La Mecque, au fond des gouffres, au cœur des combats ou dans l’inslandis groenlandais. »[29].

L'objectif final est bien de faire rivaliser la force de la vérité avec le caractère artificiel de la fiction : « Ce sera la revanche du modeste film documentaire de voir certaines de ses images laisser des impressions plus profondes que telle scène dramatique d’un grand film dont l’artificielle beauté se dissipe dès que le retour à la lumière a fait cesser l’enchantement de l’écran. » écrit-il en 1936 (au sujet du film Poursuites Blanches)[30].

Dès lors, la méthode Ichac est lancée. L'historien de montagne Yves Ballu explique : « Marcel Ichac a fait école ; pas simplement parce qu’il a été le premier cinéaste français de montagne, mais surtout parce qu’ayant abordé le cinéma en professionnel, c’est-à-dire avec les exigences d’une véritable écriture cinématographique (scénario, cadrage, mise en scène), il n’a pas renié sa vocation d’alpiniste, laissant à la montagne sa pleine dimension. En particulier, il s’est toujours efforcé de tourner les différentes séquences au lieu et à l’heure où elles étaient supposées avoir lieu. Cette exigence reprise par ses propres collaborateurs (Jacques Ertaud, Jean-Jacques Languepin, René Vernadet, etc.) est devenue un label : celui de l’authenticité »[31].

L'introduction de l'exigence de vérité même au sein de ses rares œuvres de fiction, fera également d'Ichac le pionnier de nouveaux genres cinématographiques :

Autres innovations

Marcel Ichac s'intéresse à tous les aspects du cinéma, comme l'explique le réalisateur Jacques Ertaud : « Il m'a tout appris : la prise de vue, le montage, la prise de son, l'écriture d'un film, le choix des musiques. Il était un véritable artisan, avec un grand A, capable de faire entièrement un film sans l'aide de personne. Ce fut pour moi une merveilleuse école. »[33].

Par conséquent, Marcel Ichac participe à plusieurs innovations du cinéma :

Les récompenses du cinéma mondial

Marcel Ichac reçoit pour son œuvre les plus hautes récompenses mondiales :

Tombe de Marcel Ichac au cimetière de Passy (division 1).

Marcel Ichac est aussi membre du jury du Festival de Cannes pour les courts-métrages en 1951, 1955 et 1966.

Mort

Mort en 1994, il est inhumé dans la 1re division du cimetière de Passy, non loin de Fernandel.

L'œuvre de Marcel Ichac

Les films de Marcel Ichac

En tant que réalisateur :

En tant que producteur :

En tant que conseiller technique ou assistant :

En tant qu'acteur :

Livres écrits par Marcel Ichac

Articles écrits par Marcel Ichac

De nombreux articles dont :

Références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Jean Tulard, Dictionnaire du Cinéma, 1992
  3. Georges Sadoul, Dictionnaire des cinéastes, Microcosme, Le Seuil, 1965, mis à jour en 1977, p. 116
  4. Georges Sadoul, Histoire du cinéma, page à retrouver[réf. incomplète]
  5. Cité notamment par Ulrich Hägele, Instrument der politischen Satire: Die Fotomontage in Frankreich 1930 bis 1940 p. 7-16, Monat der Fotografie 2004, Gropius-Bau Berlin, 15 novembre 2004 [1]
  6. Exposition VU à la Maison européenne de la photographie à Paris en 2007 [2] et [3], Une du Figaro début 2007, etc.
  7. Lire à ce sujet Collectif (Jean Escarra, Henri de Ségogne, Louis Neltner, Jean Charignon), Karakoram, expédition française à l'Himalaya, Flammarion, 1938 et réédité 1951.
  8. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 16-20.
  9. Maurice Herzog, Annapurna, premier 8000 et autres
  10. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 24-27
  11. Écouter France culture : [4]
  12. Une étude critique sur la place de l'Annapurna dans lé mémoire française [5]
  13. Annales du GHM en 2000, dossier sur l'expédition de l'Annapurna [6]
  14. Sur cette expédition, lire notamment Michel Bouché, Groenland, Station Centrale, Grasset, 1952 et autres
  15. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 24
  16. Lire notamment Une histoire de la plongée, revue Subaqua hors-série no 4, page 856, introduction à la Filmographie [7]
  17. Jacques-Yves Cousteau et Frédéric Dumas, Le Monde du silence, 1953, édition ??
  18. Sur cette expédition, lire aussi Philippe Diolé et Jacques-Yves Cousteau, Trois aventures de La Calypso, Flammarion, 1973
  19. Jacques Chabert, Histoire du Spéléo-club de Paris, in Grottes&Gouffres, no 140, juin 1996 et sur [8] et Philippe Morverand, Le Spéléo-club de Paris aura 60 ans... in Grottes&Gouffres no 136, juin 1995
  20. Jacques Chabert, Le spéléo-club de Paris, 60 ans au service de la spéléologie in Grottes&Gouffres, no 140, juin 1996 passage sur "Les images souterraines" et sur [9]
  21. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 22-23
  22. Lire notamment Pierre Leprohon
  23. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 21-22
  24. Quand brillent les Étoiles de Midi. Le livre est en grande partie consacré au tournage du film
  25. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 23
  26. Archivio Nazionale Cinematografico della Resistenza [10]
  27. Quand brillent les Étoiles de Midi, p. 12-15 sur ses premiers films de ski
  28. Frédéric Potet, Marcel Ichac, Le cinéaste-alpiniste, in La Croix, 13 avril 1994
  29. a et b Pierre Minvielle (écrivain de montagne), Marcel Ichac, Le Maître incontesté du cinéma de montagne in La Montagne et Alpinisme, 3-1994, p. 12-14
  30. Citation reprise notamment dans Le Monde, 12 avril 1994 et probablement dans le livre Quand brillent les étoiles de midi
  31. Yves Ballu (historien de la montagne), Hommage à Marcel Ichac, in ? vers 1986
  32. Marc Fenoli, Marcel Ichac, Histoire d’un pionnier in Montagne magazine no 170, mai 1994
  33. a et b Jacques Ertaud, Adieu Matha in Montagne Magazine, no 171, juin ? 1994
  34. Jean-Jacques Meusy (CNRS), Le Scope fait son cinéma, in La Recherche no 359, [11]
  35. Fiche de Maurice Jarre de la BiFi [12]
  36. Interview de Robert Enrico par Stéphane Lerouge, sur le site [13]
  37. Fiche de Gérard Oury à l'Académie des Beaux-Arts [14] et son autobiographie, Mémoires d'éléphant (1988)
  38. Voire par exemple sa biographie sur Prisma.de [15]
  39. https://www.centrepompidou.fr/en/program/calendar/event/cd89jz

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Articles en lien externe

Technique de tournage de Marcel Ichac
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Critiques de films et livres
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