Les ondes Martenot sont un instrument de musique électronique, inventé par Maurice Martenot et présenté au public en 1928. Un joueur d'ondes Martenot est appelé un ondiste.
Avec le thérémine mis au point en Russie en 1919[1], les ondes Martenot constituent l'un des plus anciens instruments de musique électronique conçus à partir de 1918[2]. Suivant le spécialiste Michel Risse, de l'Université Pierre-et-Marie-Curie, c'est par le truchement de la télégraphie sans fil (TSF) que le caporal Martenot, radiotélégraphiste durant la Première Guerre mondiale, découvrit le potentiel musical des ondes[3]. Maurice Martenot dépose le brevet de son invention en 1922[4] et présente ses « ondes musicales » au public le à l'Opéra de Paris[5] avec l'Orchestre Pasdeloup[6] en exécutant le Poème symphonique pour solo d'ondes musicales et orchestre que le compositeur franco-grec Dimitrios Levidis avait spécialement écrit pour lui en 1926[7]. Le succès fut immédiat[8].
Des compositeurs comme Charles Koechlin[9], Arthur Honegger, Darius Milhaud, André Jolivet et Olivier Messiaen[2] écrivent immédiatement des morceaux pour les ondes Martenot, symbole d'inouï et de modernité, que son inventeur ne cesse d'améliorer jusqu'en 1975, année de la création du septième et dernier modèle de concert. On peut citer par exemple l'œuvre de Messiaen intitulée Fête des belles eaux, pour six Ondes Martenot, qui fut créée pour l'Exposition universelle de 1937 et imite le mouvement des fontaines. Le répertoire compte plus de 1 500 œuvres. L'instrument est aussi employé dans les musiques populaires, dans les années 1950 et 1960 ; on peut l'entendre par exemple chez des chanteuses telles qu'Édith Piaf ou Catherine Sauvage, et plus significativement chez des chanteurs tels que Léo Ferré ou Jacques Brel.
Sa production est stoppée en 1988. À la suite de diverses tentatives infructueuses de la part de fabricants japonais ou américains, on assiste à la fin des années 1990 à l'éclosion d'une nouvelle facture de l'instrument ayant pour nom ondéa. L'ondéa doit beaucoup à Jeanne Loriod par ses conseils éclairés et à Claude-Samuel Lévine qui a, par ailleurs, mis au point son système de diffuseurs virtuels, s'approchant des sonorités des diffuseurs des ondes Martenot d'origine (résonance, métallique et palme)[10],[11]. Cela a permis une renaissance de l'instrument, utilisé désormais sur scène et en tournée par différents ondistes depuis 2004, notamment des artistes populaires anglo-américains tels que Joe Jackson, Gorillaz ou Jonny Greenwood. L'ondéa était aussi utilisé par le musicien français Yann Tiersen (pendant dix ans avec Christine Ott). Plusieurs conservatoires français (Strasbourg, Cergy, Boulogne, Évry, Saint-Étienne) se sont équipés de cet instrument.
Depuis 2006, le luthier électronique Jean-Loup Dierstein a assuré la restauration d'ondes Martenot au sein du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Sa connaissance poussée de l'instrument l'a conduit à créer sa propre version des ondes Martenot. Le premier modèle des ondes musicales by Dierstein est sorti en 2011. C'est à ce jour la réplique la plus fidèle qui soit de l'instrument original, auquel toutefois elle apporte son lot d'innovations, comme l'ajout d'un mécanisme de réverbération numérique simulant l'effet produit par le haut-parleur D2. Les ondes Dierstein sont utilisées par de nombreux ondistes comme Christine Ott, Thomas Bloch, Jonny Greenwood[12] ou Takashi Harada. En 2020, Christine Ott publie un album intitulé Chimères (pour Ondes Martenot), entièrement composé à partir de ses ondes Dierstein[13],[14],[15].
Cet instrument monodique à oscillateur électronique se caractérise par ses sonorités particulières, dont la plus connue, proche de la sinusoïde, évoque des voix « venues d'ailleurs », assez proche de la scie musicale, mais présente bien d'autres possibilités, particulièrement au niveau de l'expression. Il comporte :