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Cimarrón
Nègres marrons surpris par des chiens (1893) aussi connu comme Esclaves repris par les chiens, œuvre de Louis Samain[1], Bruxelles.
Sculpture de Nèg Mawon, symbole de l'esclave libéré, au cœur de Port-au-Prince (Haïti).

Le marronnage est, à l'époque coloniale, la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes. Le fugitif lui-même était appelé marron ou nègre marron, negmarron, voire cimarron (d'après cimarrón, le terme espagnol d'origine).

Étymologie

Article détaillé : Marronnage (animaux).

Le terme de « marron » vient de l’espagnol cimarrón, « vivant sur les cimes » (de cima, « cime »), qui apparaît dès la conquête d’Hispaniola. C’est un mot emprunté aux Arawaks et qui désigne des animaux qui, de domestiques, retournent à l'état sauvage[réf. nécessaire]. À partir de 1540, ce terme désigne les esclaves fugitifs et finira par désigner plus globalement celui qui retourne vers l’état de nature.

On continue d'utiliser par ailleurs le terme marronnage (ou féralisation) pour qualifier le retour, partiel ou total, d'animaux domestiques à l'état sauvage après avoir été abandonnés ou s'être échappés. On parle d'un animal marron ou féral (venant lui-même du castillan fera : « bête sauvage »).

Lieux de fuite

Une esclave fugitive et son enfant.

Les marrons se réfugiaient généralement dans des lieux inaccessibles. À La Réunion, par exemple, ils fuyaient notamment dans les Hauts de l'île, dont ils furent les premiers habitants[2]. À Maurice, ils se cachaient dans une montagne du sud-ouest de l'île, le Morne Brabant.

Les anciens esclaves marrons qui se sont réfugiés loin dans les forêts (et montagnes) ont su sauvegarder et transmettre leurs modes de vie africains et même partiellement leurs langues d'origine[réf. souhaitée].

Communautés d'origine marron

Article détaillé : Quilombo (esclavage).

Parfois, ils parvenaient à se regrouper en de véritables communautés clandestines organisées, comme les sociétés fondées par les Alukus et les Djukas au Suriname. Au Brésil, ces communautés étaient appelées mocambo, ou quilombo pour les plus importantes, et en Amérique hispanophone, palenque.

Certaines d'entre elles ont été très importantes par leur population et/ou leur durée, au point qu'on parle parfois de républiques d'esclaves marrons, comme pour le quilombo de Palmares (quilombo) au Brésil, ou de royaumes, comme celui du « roi » Cimendef à La Réunion ; de nombreux sites naturels des trois cirques de l'île portent d'ailleurs toujours le nom de marrons. Ainsi, Anchaing a laissé son nom à un sommet de Salazie.

Les communautés qui ont perduré se trouvent :

Elles habitent souvent sur les bords des fleuves qui constituent les seules voies de circulation en forêt profonde.

Au Brésil, la constitution garantit les droits des Communidades remanescente de quilombo, et plus de 2 000 de ces Communautés quilombolas ont aujourd'hui un statut officiel[3].

En Jamaïque

Article détaillé : Nègres marrons de Jamaïque.
Leonard Parkinson, chef marron jamaïcain.

Les premiers marrons de Jamaïque sont les indiens Taïnos, rescapés du génocide pratiqué par les conquistadores espagnols lorsqu'ils s'emparent de l'île en 1494. Des 60 000 Taïnos qui y vivent à l'époque, il ne reste plus cinquante ans plus tard que quelques centaines d'individus[4]. Une partie des Taïnos survivants s'enfuit et se cache dans les montagnes.

En Jamaïque, en 1738, les marrons tiennent tête à des troupes britanniques. Nanny est une des personnalités d'envergure de la résistance jamaïcaine. Ils obtiennent un territoire encore aujourd'hui indépendant en contrepartie de leur collaboration avec le gouvernement. Certains vieillards descendant des Nègres marrons (Neg' marrons) parlent encore d'anciens dialectes africains tel le coromanti. Les marrons de Moore Town ont aussi conservé d'autres traditions comme la cérémonie du Kromanti Play et la médecine traditionnelle d'origine africaine. La symbolique des Neg' marrons est très présente dans le reggae car elle véhicule, elle aussi, une image de rébellion.

En Guyane et au Suriname

Rituel à base de rhum pour les esprits protecteurs du village marron de (en)Santigron au Suriname (le long de la rivière Saramacca, non loin de Paramaribo), où vivent des descendants d'esclaves en fuite du XVIIIe siècle. Contrairement au Brésil ou à la Jamaïque, quelque 20 000 Marrons vivent encore dans la forêt tropicale du Suriname, ayant conservé une culture afro-américaine des plus originales et traditionnelles, mélange d'animisme, mystique africaine voire coutumes juives.

Les Bushinengués sont estimés à plus de 70 000 en Guyane et à près de 120 000 au Suriname (où ils sont appelés Bosneger). Ils ne reconnaissent généralement pas la frontière entre le Suriname et la France.

Ils sont les descendants d'esclaves africains révoltés ou enfuis des plantations avant l'abolition de l'esclavage, ou d'esclaves libérés.

Leurs ancêtres ont été capturés, puis vendus le long des côtes africaines aux négriers puis déportés aux Amériques pour servir de main-d'œuvre, essentiellement dans les plantations de canne à sucre (industrie sucrière) et de café. D'abord réfugiés en forêt profonde pour éviter d'être repris, ils se sont ensuite installés sur les rives des grands fleuves, surtout sur le Maroni.

Les Bushinengués sont constitués de six groupes ethniques : les Alukus (ou Bonis), les Saramaca, les Paramacas, les Djukas, les Kwintis et les Matawais.

Culture

Art de la tribu marron Aucaner (musée Nieuw Amsterdam)

La culture marron fait encore vivre une partie des traditions des ancêtres africains : vocabulaire, peintures, danses, musiques, vie communautaire bien qu'ayant évolué différemment.

Couleurs vives et formes géométriques symboliques et/ou décoratives caractérisent l'art noir-marron appelé art Tembé. On les trouve sur les portes, les pirogues, les sièges sculptés, les fresques et certains objets vendus aux touristes (sculptures, sièges pliants… présentant des formes originales qui diffèrent des sculptures africaines traditionnelles).

L'accès à l'école reste parfois difficile, mais est mieux réalisé que pour les populations amérindiennes de la forêt. Il modifie la perception et les comportements des jeunes, comme le football, la télévision, la voiture, le téléphone portable, le quad qui deviennent objets d'intérêt, éloignant les enfants de la culture de leurs parents.

Chasse et sanctions

Gravure de William Blake représentant un esclave suspendu par un crochet de boucher, extrait d'un ouvrage de John Gabriel Stedman racontant une expédition de 5 ans (1772 à 1777) au Guyana contre les esclaves noirs révoltés du Suriname, cruellement châtiés[5]. De telles gravures, en informant le public européen des traitements infligés aux révoltés, ont renforcé les courants abolitionnistes.
Article détaillé : Chasseur d'esclaves.

Le développement du marronnage a rapidement amené les maîtres à engager des chasseurs d'esclaves.

Aux Antilles, ceux qui étaient rattrapés étaient châtiés par mutilation : leur tendon d'Achille était sectionné afin qu'ils ne puissent plus courir.

À La Réunion, ils étaient parfois tués lors de la chasse. Le chasseur ramenait alors au maître une oreille et une main du fugitif en guise de preuve de la réussite de sa chasse, le corps entier ne pouvant être transporté par un homme seul le long de sentiers escarpés. Ces prises étaient parfois exhibées à l'entrée des plantations pour dissuader d'éventuels nouveaux fugitifs.

Selon un épisode célèbre de l'histoire de l'île Maurice, un important groupe d'esclaves n'hésita pas à se précipiter dans le vide du haut d'un rocher élevé (le Morne Brabant dans le sud de l'île) lorsqu'ils se retrouvèrent acculés au bord d'une falaise par des hommes qu'ils prenaient pour des chasseurs. Ils n'étaient en fait que des messagers chargés de leur annoncer l'abolition de l'esclavage[6],[7].

Marrons notoires par pays

Brésil

Guadeloupe

Vestiges en pierre d'anciennes cases d'esclaves fugitifs (Nèg marrons), au lieu-dit Desbordes, Guadeloupe.

Guyane

Sculpture Bann marronér, réalisée en bronze par Nathalie Maillot et Nelson Boyer. Cette œuvre située dans l'ancienne habitation Desbassayns, à La Réunion, rend hommage au esclaves marrons. En effet, les hauteurs de l’île sont connues pour être les terres de marronnage.

Île de la Réunion

Jamaïque

Île Maurice

Saint-Domingue

Panama

Bibliographie

Histoire du marronnage

On trouve aujourd'hui ce livre publié aux éditions Orphie. Extrait :

« Mon premier geste d'homme libre fut d'attacher mon amulette autour du cou: le sang de mon père mêlé à la terre de Bourbon. J'avais pris soin d'astiquer le cauri et, à mes yeux, il brillait comme un diamant. Je me prosternai et jurai tout haut que jamais plus ce symbole ne serait caché, dussé-je en mourir. J'avais marché toute la nuit depuis que j'avais quitté l'habitation des hauts de Saint-Paul. La terre était douce à mes pieds, et si la forêt était dense, elle se laissait facilement pénétrer. Le chant de Saphime me guidait avec précision. Il suffisait de lever les yeux et de les ouvrir en grand pour retrouver les indices de mon itinéraire, de son itinéraire. »

Le marronnage dans la littérature

Documentaire

Terre Marronne réalisé en 2015 par Lauren Ransan est le premier et seul documentaire qui aborde le marronnage sur l'Île de la Réunion sous un angle scientifique[18].

Notes et références

  1. La sculpture évoque un épisode du roman La Case de l'oncle Tom écrit en 1851 par Harriet Beecher Stowe.
  2. « Mar[r]on[n]ages – Refuser l’esclavage à l’île Bourbon au XVIIIe siècle » (consulté le )
  3. (pt) « Comunidades quilombolas », sur cpisp.org.br (consulté le ).
  4. Jérémie Kroubo Dagnini, Les Origines du reggae : retour au source, L'Harmattan, , p. 17.
  5. (Titre original de la gravure : A Negro Hung Alive by the Ribs to a Gallows), gravure probablement extraite de Five Years' Expedition against the Revolted Negroes of Surinam in Guiana on the Wild Coast of South America; from the Year 1772 to 1777 (2 vols)
  6. (en) Jean-François, Emmanuel Bruno,, Poétiques de la violence et récits francophones contemporains, Leiden/Boston, Brill / Rodopi, , 300 p. (ISBN 978-90-04-33678-0 et 90-04-33678-8, OCLC 959922830, lire en ligne), p. 191
  7. Noël d'Unienville, L'Île Maurice et sa civilisation, G. Durassié, (OCLC 8140493, lire en ligne), p. 327
  8. (pt) Minnie Santos, « Conheça Aqualtune avó de Zumbi dos Palmares », sur CEERT, (consulté le ).
  9. Le Marronnage en Guadeloupe
  10. La dimension politique du marronnage en Guadeloupe : l'exemple du camp des Kellers, site la1ere.francetvinfo.fr
  11. Révoltes armées d'esclaves en Guyane
  12. a b et c « Expo marronnage », sur ctguyane.fr.
  13. a et b Publié par le Blog Manioc, « Le marronnage en Guyane » (consulté le )
  14. a b c d e et f « 5 Rois marrons qui ont fait trembler les esclavagistes de la Réunion », sur LOA (consulté le )
  15. [1]
  16. « L’écriture du marronnage dans l’oeuvre d’Edouard Glissant », sur marronnages.com (consulté le ).
  17. https://www.erudit.org/fr/revues/ela/2014-n38-ela01707/1028699ar.pdf
  18. « Archéologie | culture.fr », sur archeologie.culture.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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