Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Activités | |
Représenté par | |
Lieux de travail | |
Distinction |
Arnold-Bode-Preis (d) () |
Site web |
Maurizio Cattelan est un artiste italien né à Padoue le [1]. Il vit et travaille à New York.
Ses œuvres connaissent le succès à la fin des années 2000 sur le marché de l'art contemporain[2] et chez les collectionneurs[3].
Formé de façon indépendante, il commence sa carrière à la fin des années 1980. Ses œuvres, qui prennent forme à partir d'objets et de personnes du monde réel, sont le résultat d'une opération irrévérencieuse contre l'art et les institutions[4].
Le musée Guggenheim de New York a présenté en une rétrospective de son œuvre sur vingt-et-une années, intitulée « Maurizio Cattelan: All »[5]. En juin 2010, il lance le magazine Toilet paper avec le photographe Pierpaolo Ferrari[6].
Cattelan ouvre sa propre galerie new-yorkaise, la Wrong Gallery, espace où rien ne se vend et qui demeure fermée de façon permanente.
Cattelan crée des œuvres qui font toujours scandale et donnent lieu à toutes sortes d'interprétations, jusqu'à mettre en cause la religion et le sacré, comme La Nona Ora, sculpture qui représente une effigie, en cire et grandeur nature, du défunt pape Jean-Paul II terrassé par une météorite. L'artiste n'apprécia d'ailleurs pas la revente de La Nona Ora par son collectionneur ; pour illustrer son mécontentement, il scotcha son galeriste (Massimo De Carlo) au mur afin qu'il se vende lui-même.
En 1994, il persuade le galeriste Emmanuel Perrotin de passer un mois déguisé en lapin rose en forme de pénis appelé Errotin le Vrai Lapin. À une autre occasion, il fait pédaler sur place les gardiens du musée où on lui demande d'exposer. Sa sculpture Him (Adolf Hitler agenouillé et suppliant), réalisée en 2001, connut un énorme succès. Elle a été vendue aux enchères chez Christie's à New York le pour 15 037 403 dollars[7].
Il entretient une allure de « ragazzo[8] » italien[réf. nécessaire]. Des médias rapportent qu'il est désigné comme « le Buster Keaton de l'art contemporain[9] » ou comme « l'idiot du village » de l'art contemporain[10] ». Le caractère provocateur de ses expositions est généralement évoqué[11],[12],[13].
Fin 2019, deux de ses œuvres sont particulièrement couverts par des médias grands publics généralistes (dans le sens où ils ne sont pas spécialisés dans les informations autour de l'art contemporain), allant jusqu'à passer dans des journaux télévisés de grande audience comme le 19/20 de France 3[21] ou le Journal de 20H de France 2[22].
La première est America, des toilettes en or massif de 18 carats[23], estimés à plus de 1 million d'euros[21],[24]. Ces toilettes sont fonctionnels et normalement reliés à la plomberie du bâtiment où ils sont exposés, et peuvent être utilisés par les visiteurs[21],[23],[24]. America est présentée comme une satire des excès de richesses aux États-Unis[23], et « de l'art du 1 % (comprenant les personnes les plus riches de la planète) pour les 99 autres pour cent »[24].
L’œuvre connaît une première médiatisation en 2019, lorsque l'administration Trump demande au Musée Solomon R. Guggenheim de New York de prêter le Paysage enneigé de Vincent van Gogh en , afin de l'exposer à la Maison-Blanche, ce que le musée refuse en proposant de prêter America à la place[23].
Cependant, l’œuvre devient vraiment médiatisée le , après qu'elle a été volée la nuit précédente alors qu'elle se trouvait au Palais de Blenheim au Royaume-Uni, où avait lieu une exposition consacrée à Maurizio Cattelan[24]. Les voleurs auraient utilisés deux véhicules, se seraient introduits dans le palais durant la nuit, et auraient quitté les lieux vers 4h50[24]. America étant reliée à la plomberie lorsqu'elle a été volée, le cambriolage a provoqué une inondation dans le palais[24]. Un homme a été placé en garde à vue[24], mais l’œuvre n'a pas été retrouvée, ce qui suscite l'inquiétude de la police britannique, car si entière America vaut un peu plus de 1 million d'euros, fondu son or en vaut environ 3 millions[21].
Comedian est une banane fraîche scotchée à un mur avec du gros scotch argenté. Cattelan la présente comme une interrogation sur la notion d'art, qui se trouve selon lui plus dans l'idée que dans l’œuvre d'art elle-même[25]. Il estime se placer dans la continuité de la célèbre Fontaine de Marcel Duchamp, et dans la continuité de sa propre carrière après Perfect Day, un homme qu'il avait scotché à un mur en 1999, et America[25]. Selon le critique d'art Fabrice Bousteau, c'est également une critique des prix sur le marché de l'art qui peuvent être jugés comme obscènes[25]. Comedian existe en trois exemplaires[26].
Deux exemplaires sont vendus le à la foire Art Basel à Miami pour 120 000 €, tandis que le troisième exemplaire reste en vente pour 150 000 € à lui seul[26]. Les exemplaires vendus sont fournis avec un certificat d'authenticité, et un protocole est prévu pour remplacer la banane par une autre une fois qu'elle est pourrie[26].
Quelques heures après la vente, l'artiste américain d'origine géorgienne David Datuna mange l'un des exemplaires, lors d'une performance appelée Hungry Artist ("Artiste ayant faim" ou "Artiste affamé"), et diffuse la vidéo sur son compte Instagram[27], pour dénoncer le prix de vente de certaines œuvres alors que 95% des artistes dans le monde sont pauvres selon lui[22]. Il précise dans la description de sa vidéo qu'il aime le travail de Maurizio Cattelan, et qu'il a trouvé la banane délicieuse[27]. Si la performance est bien accueillie par les visiteurs qui y ont assisté, Datuna est expulsé de la foire juste après[27]. Cependant, selon Cattelan et Lucien Terras, le directeur des relations entre Art Basel et les musées, le préjudice n'est que relatif, car l’œuvre résiderait plus dans l'idée que dans l'objet lui-même[25],[27], et parce qu'un protocole de remplacement de la banane est prévu[26]. Bousteau, qui interprète Comedian comme une critique des prix du marché de l'art, va jusqu'à faire une parallèle entre la performance de Datuna qui prolongerait le message de Cattelan, et l'acte de Pierre Pinoncelli qui avait uriné sur la Fontaine de Duchamp pour prolonger l'idée de l’œuvre et se la réapproprier en 1993[25].