Une montre est une revue, un recensement de la noblesse au Moyen Âge. Une réformation est un contrôle de l'état de « noble » et des privilèges liés à cet état.
Les montres rassemblent les nobles, rassemblés par paroisse et en armes. Le but principal est de contrôler l'état de l'équipement militaire des nobles d'une province, en fonction de critères qui dépendent du rang et de la fortune de chaque noble. Des exemptions sont possibles, mais les nobles défaillants s'exposent à des sanctions[1].
Jean II souhaite « encadrer au service de l'État l'immense fourmillement des hommes de guerre soldés ». Le pays abonde en gens de guerre mais pas forcément bien équipés ni disciplinés. Ils peuvent fuir le champ de bataille ou se transformer en pillards pendant les périodes de trêve. D'autre part, les impôts étant difficiles à faire rentrer, il convient d'éviter les gaspillages. Il est courant que des hommes se présentent dans plusieurs compagnies en se prêtant mutuellement leurs équipements pour recevoir plusieurs soldes.
Le , une nouvelle ordonnance augmente les soldes contre l'institution de revues (la montre) contrôlant les troupes. Chaque combattant doit faire partie d’une compagnie sous l’ordre d’un capitaine, les chevaux sont marqués pour éviter que les mêmes montures puisse être montrées dans deux unités différentes. Les soldes sont donc versées à vue à l'issue de la montre ce qui permet de solder une seule fois les combattants et seulement s’ils sont correctement équipés.
Cette ordonnance crée une véritable armée royale en lieu et place des troupes seigneuriales, peu disciplinées. Les barons, vassaux et arrière-vassaux sont logés à la même enseigne et intégrés dans des compagnies. Les capitaines de ces unités sont responsables de la tenue et de la disponibilité de leur troupe, et doivent rendre des comptes au connétable et aux maréchaux.
Lors de la fameuse montre de Blois du , c'est Bertrand du Guesclin qui passe en revue la montre de son fidèle compagnon Guillaume Boitel et le récompense largement pour sa contribution aux victoires sur les Anglais.
En Bretagne
Une ordonnance de 1450 de Pierre II de Bretagne explique l'équipement requis à fournir dans cette province les décennies suivantes[2].
Les réformations sont des contrôles permettant de vérifier qui est bien « noble ». Pour échapper à certains impôts, tels les fouages (impôt sur les feux roturiers), les nobles doivent prouver leur noblesse, comme lors de la Réformation des fouages en Bretagne en 1426. Ces documents sont conservés aux archives départementales de Loire-Atlantique et ont été en partie publiés[3],[4],[5],[6],[7].