Paul Colin
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Paul Hubert ColinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Maîtres
Élève
Alain Carrier, Henry Joubioux, Jean Garçon
Personnes liées
Mouvements
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 2687, 1 pièce, date inconnue)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Paul Hubert Colin, né le rue Jeanne-d'Arc à Nancy et mort le à Nogent-sur-Marne, est un artiste peintre, dessinateur, costumier, scénographe et l'un des plus novateurs et influents affichiste lithographe français de la première partie du XXe siècle.

Biographie

Josephine Baker par Waléry, Paris (1927).

L'enfance et l'adolescence de Paul Colin baignent dans « l'effervescence créatrice qui anime alors sa ville natale, Nancy, l'un des centres de l'Art nouveau »[2]. Apprenti dans une imprimerie en 1907, élève en 1910 d'Eugène Vallin et de Victor Prouvé à l'École des beaux-arts de Nancy, il s'affirmera après la Première Guerre mondiale — où il est blessé à la bataille de Verdun en 1916 — comme le chef de l'école moderne de l'affiche lithographiée, ou passant par de nouvelles techniques de reproduction faisant appel à l'héliogravure et la sérigraphie. Il sera l'auteur de plus de 1 400 affiches et, selon Gérald Schurr[3], de plus de 700 décors de théâtre et de costumes.

Il semble que ce soit par hasard que Paul Colin, plusieurs années après la Première Guerre mondiale, retrouve à Paris, où il s'est installé après à la suite de sa démobilisation et où il est encore un peintre provincial inconnu donnant des dessins à plusieurs revues comme Fantasio[2], son ancien camarade de front André Daven devenu directeur adjoint du Théâtre des Champs-Élysées et qui l'en nomme affichiste et décorateur[4]. Le théâtre accueille alors les Ballets suédois de Rolf de Maré, amenant Paul Colin en 1925 à créer l'affiche du film Le voyage imaginaire de René Clair dont Jean Börlin, danseur-étoile du groupe, est la vedette.

13, rue Jacques-Bingen, Paris

Paul Colin est cependant révélé en cette même année 1925 par son affiche pour la Revue nègre pour laquelle, avant de livrer la version finale, il suit longuement les répétitions de la troupe venue de Broadway, constituée de quinze musiciens dont Sidney Bechet et de treize danseurs dont une jeune fille d'à peine 18 ans, Joséphine Baker, qui remplace la vedette new-yorkaise ayant refusé de faire le voyage[4]. L'affiche de Paul Colin contribue à lancer la carrière de Joséphine Baker — après leur liaison amoureuse ils demeureront amis[5] — en même temps que la sienne : « elle attire immanquablement l'œil du public qui aspire à se perdre dans ce ballet de survivants fougueux et érotiques, relève Chantal Humbert. Dans une géométrisation marquée par l'influence africaine, Paul Colin met en scène avec brio le long corps de Joséphine Baker et le place en sandwich entre deux têtes de musiciens nègres »[6]. Devenu l'affichiste à la mode, Paul Colin va travailler pendant près de quarante ans pour les arts de la scène et le monde du spectacle, « pensant l'affiche en composition fermée rythmée par un système géométrique simple qui accroche facilement l'œil »[6]. C'est également pendant quarante années de son existence, rappelle Jacques Couelle, que l'École Paul Colin, qu'il fonde en 1926 au 13, rue Montchanin (aujourd'hui rue Jacques-Bingen) dans le 17e arrondissement de Paris, attirera « près de quatre mille élèves venus de plus de vingt pays différents, tous séduits, fervents ou respectueux de leur maître. Succès d'académisme sans précédent »[7].

Son style, au début très marqué à la fois par l'Art déco et la Nouvelle Objectivité, devient rapidement très personnel et difficile à faire entrer dans une simple catégorie : l'efficacité dans le dépouillement (« l'affiche doit être un télégramme adressé à l'esprit » résume-t-il lui-même[8]), la justesse synthétique de ses portraits, la force d'évocation de ses affiches pour les grandes causes en font un maître de la communication visuelle dont l'œuvre reste aujourd'hui exemplaire et très actuelle.

Son album Le Tumulte noir (1927), magnifiant lui aussi Joséphine Baker (« Sous ses yeux, pour la première fois, je me sentais belle » écrit-elle[9], ajoutant dans la préface de l'album : « il fait de plus en plus noir à Paris. Bientôt il fera si noir qu'il faudra d'abord une allumette pour y voir clair, puis une autre pour savoir si la première est bien allumée ou non. » et les musiciens de jazz de la Revue nègre, constitue sans doute un chef-d'œuvre[10], « sa création la plus libre, la plus inspirée et débridée, vibrante de couleur et de mouvement »[11] : « si elle n'échappe pas aux stéréotypes d'une époque, estime Valérie Marin La Meslée, cette traversée au bout de la nuit noire bruit d'une folle énergie, en captant jusqu'aux rythmes du jazz qui embrasent les silhouettes croquées sur scène et dans le public »[9].

Il est en 1929, en même temps que membre de la nouvelle Union des artistes modernes, le fondateur et directeur d'une école de dessin, l'école "Paul Colin", sur le boulevard Malesherbes à Paris[12]. Il y forme des élèves de toutes les nationalités, par exemple l'allemande Ruth Bess devenue une artiste reconnue et plus particulièrement le célèbre affichiste Bernard Villemot[13]. En 1931, il dessine un portrait de Suzy Solidor à la demande de Jean Mermoz, alors amant de celle-ci[14]. En 1932, il effectue un voyage en Russie.

Paul Colin prend position dans la Guerre d'Espagne en faveur du camp républicain, ainsi que l'énonce son affiche de 1939 Paris ne doit pas être le Madrid de demain, assiégé par la Reichswehr de Hitler - Liberté commerciale pour l'Espagne républicaine dont la silhouette, dramatiquement cubiste et revêtue d'un champ de ruines, est annonciatrice de ses affiches de 1945-1946[15],[16]. L'affiche signée de Paul Colin Silence, l'ennemi… guette vos confidences[17] qu'édite en février 1940 le gouvernement français de la Troisième République restitue l'inquiétude ambiante, dans une époque où règne un climat d'espionnite, quant au danger mythique de la « cinquième colonne » selon lequel des Français pro-hitlériens ou des allemands réfugiés en France travailleraient dans l'ombre à la défaite[18]. Si, après l'armistice de juin 1940, l'artiste crée plusieurs affiches à thèmes humanitaires[19], il se refuse à travailler tant pour l'occupant allemand que pour l'État français et revient ainsi à la peinture de chevalet en brossant des Bouquets de fleurs.

La reprise de son travail d'affichiste est marquée par la Marianne aux stigmates, allégorie de la République en vêtements de ruines et bonnet phrygien, portant aux mains les stigmates de la crucifixion, souffrante mais debout, le regard tourné vers les libérateurs. Peinte dans les seules trois couleurs nationales le , date à laquelle Paris n'est pas encore libérée, Marianne aux stigmates est destinée à être reproduite en grande quantité afin d'être affichée sur les murs des villes de France[20]. L'affiche Hommage aux libérateurs de Paris est créée par Paul Colin pour une soirée organisée à l'initiative du journal Libération le au palais de Chaillot[21]. Avec l'affiche Varsovie accuse en 1946, l'artiste saura de même « exporimer le pathétique du sujet avec un dépouillement extrême »[22]. Le premier numéro de l'hebdomadaire résistant Action après la Libération reprend une de ses affiches qui avait été interdite.

Paul Colin a également été un important collectionneur des arts premiers d'Afrique noire et d'Océanie[23] ainsi que de minéraux et de coquillages exotiques[24].

Au soir de sa vie, Paul Colin modèle des sculptures polychromes d'inspiration cubiste[25]. Il meurt le à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne. Il est enterré au cimetière de Nogent-sur-Marne. « Plus qu'aucun autre, évoque Jean-Paul Crespelle, il aura été le témoin de son temps, au point que, lorsqu'on songe aux grands animateurs de cette époque, son nom vient sous la plume avec ceux de Pablo Picasso, Jean Cocteau, Coco Chanel, André Breton, Paul Morand, Louis Jouvet, Jean Giraudoux, Christian Bérard »[26].

Œuvre

Grock (avant 1928), photographie anonyme.
Katherine Dunham par Alfredo Valente.
Loïe Fuller (vers 1901), Falk Studio.
Georges Pitoëff par Pierre Choumoff.
Jane Marnac par Reutlinger.
Fritz Lang en 1929.

Affiches

Affiches lithographiques de portraits

Affiches lithographiques pour le cinéma

Affiches lithographiques pour le théâtre et le music-hall

Affiches lithographiques liées à événements ou engagées

Affiches à thèmes humanitaires

Affiches publicitaires

Décors pour la scène

Décors pour le cinéma

Ouvrages illustrés

Expositions

Expositions personnelles

Expositions collectives

Réception critique

Collections publiques

États-Unis

France

Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas

Royaume-Uni

Drapeau de la Suède Suède

Drapeau de la Suisse Suisse

Collections privées référencées

Élèves

Hommages

Références

  1. « ark:/36937/s005b098ae27276d », sous le nom COLIN Paul (consulté le )
  2. a et b Encyclopædia Universalis, Paul Colin.
  3. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, p. 191-192.
  4. a et b Alexandre Sumpf, « Joséphine Baker et la Revue nègre », Histoire par l'image, octobre 2006.
  5. a b c d e f g h et i La lettre Flashbak, Paul Colin.
  6. a et b Chantal Humbert, « L'art nègre et les arts décoratifs - Joséphine Baker, ou l'explosion nègre au quotidien », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°5, 29 janvier 1988, pages 35-37.
  7. a et b Jacques Couelle, « Paul Colin », Cahiers Jean Giraudoux, Éditions Grasset et Fasquelle, n°10, 1981.
  8. a et b Gérald Schurr, « Les expositions à Paris - Bibliothèque nationale : Paul Colin », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°25, 20 juin 1986, page 69.
  9. a et b Valérie Marin La Meslée, « "Le Tumulte noir" de Paul Colin », Le Point, 30 décembre 2011.
  10. a et b Michèle Druon, « Joséphine Baker, Paul Colin et le tumulte noir des années folles », Le mot juste en anglais, janvier 2018
  11. a et b [PDF] Cité du Champagne Collet-Cogevi, De Colin à Matisse, dossier de presse de l'exposition, 2015.
  12. Celle ci fermera ses portes en 1972 après avoir accueilli plus de 2 000 élèves.
  13. « Portrait d'un affichiste », sur Persée
  14. a et b Coutau Bégarie et Associés, « Portrait de Suzy Solidor par Paul Colin », catalogue Chanson française et internationale, hôtel Drouot, 25 mars 2017.
  15. (en) Dieselpunks, The art of Paul Colin.
  16. Laurent Gervereau, « L'affiche de propagande pendant la Guerre d'Espagne », Matériaux pour l'histoire de notre temps, n°7-8 (thème : L'année 1936 dans le monde), 1986, p. 22-24.
  17. a et b Bibliothèque Forney, Silence, l'ennemi… guette vos confidences dans les collections.
  18. Musée départemental de la Résistance, Toulouse, L'affiche "Silence, l'ennemi… guette vos confidences".
  19. Advertising Times, Paul Colin.
  20. François Marcot, Les affiches en France de 1939 à 1945, Éditions du Musée de la Résistance et de la Déportation, 1987.
  21. a et b Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean-Moulin, Paul Colin dans les collections.
  22. a et b Article « Affiche », Les Muses, encyclopédie des arts, Grange Batelière, 1969, tome 1, p. 72-79.
  23. Étienne Ader et Charles Ratton, catalogue Collection Paul Colin - Masques et statuettes de l'Afrique noire et de l'Océanie, hôtel Drouot, 15 mai 1956.
  24. a et b Françoise de Perthuis, « Paul Colin : Cinquante ans de Paris sur les murs », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°35, 9 octobre 1981, page 10.
  25. Dictionnaire Bénézit, tome 3, Gründ, 1999, p. 776.
  26. Claude Robert (assisté de Jean-Pierre Camard), Catalogue de la vente de l'atelier Paul Colin, Hôtel Drouot, 24 octobre 1981, p. 5.
  27. a b c d e f g h i j k l m n et o Stedelijk Museum, Paul Colin dans les collections.
  28. a b et c La cinémathèque française, Paul Colin.
  29. a et b (en) Victoria and Albert Museum, Wiéner et Doucet de Paul Colin dans les collections.
  30. a et b (en) Museum of Modern Art, Paul Colin dans les collections.
  31. a et b Musée des arts décoratifs de Paris, Paul Colin.
  32. a et b Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Paul Colin dans les collections
  33. C.N.D.P., Les débuts de la construction européenne
  34. a et b (en) Victoria and Albert Museum, Tabarin de Paul Colin dans les collections.
  35. Paul Colin, « Dunlop », sur gazette-drouot.com (consulté le ).
  36. Paul Colin, « Réfrigérateur Bosch : Affiche lithographiée signée Paul COLIN », sur encheres-nantes-labaule.com (consulté le ).
  37. a et b Jean Valmy-Baysse, « Les décors de la Comédie-Française », L'Art et les artistes, tome XXXI, 1936, p. 242
  38. Olivier Barrot, « Paul Colin : Joséphine Baker et la Revue nègre », émission Un livre, in jour, N°1743, ina.fr, 1998 source : YouTube ; durée : 1 min 46 s.
  39. « Paul Colin parle de son exposition à la galerie La Boétie et de sa carrière d'affichiste et de décorateur de théâtre », émission Arts d'aujourd'hui, France Culture, 29 avril 1967.
  40. La Gazette de l'Hôtel Drouot, vendredi 14 mars 1969.
  41. La Gazette de l'Hôtel Drouot, vendredi 13 mars 1970.
  42. a et b Michel d'Ornano, Paul Colin, éditions Salon de Paris / Chapelle de la Sorbonne, 1981.
  43. « Paul Colin, peintre et affichiste », La Gazette de l'Hôtel Drouot, n°38, 3 novembre 1989, pages 70-71 et n°40, 17 novembre 1989, pages 100-101.
  44. Le Villare, Lithographies. « Le Tumulte noir » de Paul Colin, présentation de l'exposition.
  45. « Une exposition Simenon », Le Monde, 4 décembre 1981.
  46. Musée national centre d'art Reina Sofía, El espectáculo está en la calle. El cartel moderno francés, présentation de l'exposition.
  47. a et b Galerie Catherine Houard, Quand Paris était une fête - La collection Jacques Crépineau, présentation de l'exposition, 2011.
  48. Musée d'art de Pully, De Cuno Amiet à Zao Wou-Ki - Le fonds d'estampes Cailler, dossier de presse, 2013
  49. Bibliothèque-médiathèque de Metz, Et maintenant, aux fesses !, présentation de l'exposition, 2014
  50. a b et c (en) Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum, Paul Colin dans la collection Richard H. Driehaus.
  51. Centre de l'affiche de Toulouse, Paquebots, présentation de l'exposition, 2018.
  52. Louis Chéronnet, « Paul Colin », Art & Décoration, mai 1933, tome LXII, pages 129-138.
  53. Roland Dorgelès, dans Catalogue de la vente de l'atelier Paul Colin - Maquettes d'affiches, peintures, dessins, hôtel Drouot, 21 mars 1969.
  54. Philippe Buton, La joie douloureuse - La Libération de la France, Éditions Complexe, 2014, pages 192-193.
  55. (en) Nevada State Museum, Paul Colin dans les collections.
  56. Musée de la Résistance et de la Déportation, La "Marianne aux stigmates" de Paul Colin dans les collections.
  57. Musée franco-américain, Paul Colin dans les collections
  58. Bibliothèque royale de Suède, La donation Paul Lipschutz.
  59. Musée du design de Zurich, Paul Colin dans les collections.
  60. Le Delarge, André Depouilly
  61. Biographie de Jos Le Corre à la faïencerie Keraluc de Quimper
  62. « Au courant des arts - La nature se joue en transparence pour Bernadette de Meaux », Connaissance des arts, n°83, janvier 1959, p. 21.

Voir aussi

Bibliographie

Radiophonie

Liens externes

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