Mesure de pouls au poignet

Le pouls est la perception du flux sanguin pulsé par le cœur par la palpation d'une artère.

Histoire

Le pouls fut étudié par plusieurs médecins antiques, dont Hippocrate de Cos, Hérodicos, Chrysermos, Héraclide d'Érythrées et Claude Galien. Il fut étudié avant cela en médecine chinoise[note 1].

Prise de pouls

La prise de pouls consiste à appuyer avec les doigts, à travers la peau, une artère contre un os ; la pulpe des doigts permet de sentir les gonflements de l'artère dus à l'augmentation de la pression artérielle par la contraction du cœur (systole). Bien que le pouce bénéficie d'une sensibilité supérieure à celle des autres doigts[1], il est recommandé[Par qui ?] de mesurer le pouls avec des doigts autres que le pouce, afin d'éviter de percevoir son propre pouls.

La prise de pouls est la manière la plus simple d'évaluer le rythme cardiaque. Les pouls sont théoriquement symétriques, c'est-à-dire qu'ils sont ressentis avec la même facilité à droite et à gauche. Un pouls moins perçu d'un côté (a fortiori s'il est aboli) peut être un indice d'un problème situé sur l'artère entre le lieu de palpation et l'aorte. Un pouls normal peut être parfois difficilement perceptible du fait de la profondeur de l'artère.

Localisation des principaux pouls

Les pouls centraux

Par opposition aux pouls périphériques, les pouls centraux permettent de faire le diagnostic d'arrêt cardiaque lorsqu'ils ne sont pas perçus.

Les pouls périphériques

Les pouls périphériques, ou pouls distaux, permettent, lorsqu'ils sont retrouvés, de mesurer la fréquence cardiaque. Cependant, leur absence témoigne uniquement de lésions de l'artère palpée et ne peut donc pas renseigner sur l'activité cardiaque. Ils sont plus ou moins faciles à trouver et requièrent parfois une certaine expérience :

Utilité de la recherche des pouls

On peut analyser :

Le pouls permet de localiser également de manière simple une artère.

Le pouls est plus facilement perceptible avec les grosses artères que sont les artères carotides et fémorales (pouls centraux). La prise de pouls au poignet (pouls radial) est plus confortable, mais il peut arriver que l'on sente les pouls centraux et pas le pouls radial, notamment si la pression artérielle est basse ; cette situation est fréquente chez une personne ayant des problèmes de santé, et notamment en cas d'accident ou de malaise.

La sphygmologie, diagnostic médical par le pouls, fut utilisée dès l'Antiquité[3].

Estimation du rythme cardiaque

Pour estimer le rythme cardiaque, on compte le nombre de pulsation ressenties pendant une durée donnée, et on l'exprime en pulsations par minute. La durée doit être suffisamment longue pour pouvoir estimer la régularité du pouls et avoir un calcul simple, mais pas trop longue pour ne pas retarder d'autres gestes qui pourraient être nécessaires.

On peut compter les pulsations durant :

Le rythme cardiaque moyen pour une personne en bonne santé et au calme est d'environ :

Mais une personne peut avoir un pouls habituellement plus élevé ou plus lent, et ce en raison de nombreux facteurs (maladie, entraînement sportif régulier).

Un adulte ayant un pouls inférieur à 40 ou supérieur à 120 pulsations par minute au repos, sans explication nette, nécessite un avis médical en urgence s'il est accompagné d'un malaise car cela peut être révélateur d'un problème cardiaque grave (voir article Alerte (premiers secours)).

Estimation de la pression artérielle

Pouls et estimation de la
pression artérielle (T)
Pouls Perçu Non perçu
Carotidien
ou fémoral
T > 50 mmHg T < 50 mmHg
Radial T > 80 mmHg T < 80 mmHg

Lors de la prise de tension avec un brassard gonflable, on prend le pouls distal au membre comprimé afin de détecter la disparition et la réapparition du pouls.

La perception ou non d'un pouls central ou distal est aussi une méthode d'estimation de la tension (voir Pression artérielle > Estimation sans matériel).

Chez une personne présentant un malaise, avant l'arrivée du médecin

Cela reste un geste simple à réaliser et qui permet :

La prise de pouls est par ailleurs systématique dans le cadre du prompt secours.

Une évaluation sérieuse de la fonction circulatoire d'une personne qui respire comprend :

Chez une personne consciente, on se contente souvent de prendre le pouls radial des deux côtés (pour évaluer fréquence, régularité, force et symétrie), et on ne prend le pouls carotidien que si l'on a du mal à sentir le pouls radial.

Sur un nourrisson (enfant de moins de un an), on prend en général le pouls huméral, sur la face interne du bras (partie le long du corps lorsque la personne est debout et que ses bras pendent) : on raison de la morphologie, il est malaisé voire impossible de prendre un pouls périphérique..

En cas d'arrêt cardiorespiratoire

Chez une personne qui ne respire pas, la prise d'un pouls central n'est en général pas pertinente car les autres signes (absence de respiration, absence de réaction aux insufflations) suffisent à qualifier l'état. Par ailleurs, des études[5] ont montré que même chez des personnes entraînées (médecins ou secouristes professionnels), il y avait une erreur d'environ 50 % : dans un cas sur deux, la personne perçoit un pouls alors qu'il n'y en a pas, ou au contraire n'en perçoit pas alors qu'il est présent. Pour ces deux raisons, la prise de pouls carotidien a été supprimée de l'enseignement des premiers secours au niveau européen[6] et donc français[7].

Le contrôle du pouls fait cependant en général partie du bilan en prompt secours (intervention en équipe entraînée et avec matériel), et de manière générale dans l'aide médicale urgente. On contrôle habituellement le pouls carotidien durant dix secondes.

Après un traumatisme

La prise de pouls fait partie de la surveillance générale de la victime, et est similaire à la surveillance d'une victime d'un malaise (cf. supra).

Si le pouls radial n'est perçu que d'un côté, cela peut indiquer une compression de l'artère ou une hémorragie du côté où il n'est pas perçu, notamment en cas de traumatisme (fracture, luxation) du membre supérieur, ou de compression (incarcération dans un véhicule, compression par un objet lourd, un effondrement…) du membre supérieur. La prise de pouls radial permet donc d'estimer la gravité de la lésion, et dans le cas d'une pose d'attelle, de vérifier que l'attelle n'est pas trop serrée.

Chez une personne présentant un traumatisme du bassin ou d'un membre inférieur, on peut tester la présence et la symétrie des pouls pédieux ou tibiaux postérieurs pour les mêmes raisons. Cependant, ceux-ci sont souvent difficiles à sentir même chez une personne en bonne santé : la perception d'un pouls donne une information (présence d'une circulation perceptible), mais l'absence de perception d'un pouls ne donne pas d'information, sauf si on le percevait et qu'on ne le perçoit plus. On se fiera donc plus à d'autres critères comme la coloration et la chaleur des extrémités. Si l'on réussit à prendre le pouls pédieux ou tibial postérieur, il est conseillé de marquer l'emplacement sur la peau (par exemple à l'aide d'un feutre ou d'un stylo) afin de pouvoir le retrouver facilement.

Cas particuliers des hémorragies traumatiques sur un membre lorsqu'il n'est pas possible d'appuyer directement avec la main : le traitement de choix, en attente de la prise en charge médicale, est le point de compression, c'est-à-dire la compression de l'artère en amont du lieu du saignement (artère humérale sur la face interne du bras pour les saignements de membre supérieur, artère fémorale au milieu du pli de l'aine pour un saignement de jambe, artère carotide pour un saignement au cou[8]). Une des manières de repérer l'endroit où exercer la compression est de rechercher le pouls, puisque la seule différence entre la prise de pouls et le point de compression est la force d'appui. Dans certains cas, le pouls permettant de connaître avec précision le lieu optimal de la compression peut ne pas être perçu du fait de la chute de la pression artérielle locale ou générale. La compression se fait alors dans la zone supposée du pouls. Son efficacité est contrôlée par l'arrêt du saignement.

Recherche d'une maladie artérielle

L'abolition d'un pouls peut témoigner d'un rétrécissement d'une artère par de l'athérome (mécanisme le plus fréquent), voire son occlusion. Cela peut conduire, au mieux à des douleurs du membre atteint lors d'un effort (claudication), au pire à une ischémie aiguë, qui, si elle n'est pas prise en charge rapidement, peut conduire à une amputation. Un avis médical est indispensable surtout s'il existe des symptômes (essentiellement des douleurs).

Localisation d'une artère

Le pouls est un moyen simple de localiser une artère pour l'utiliser comme :

Le pouls constitue un repère anatomique pour trouver d'autres structures[style à revoir] :

En surveillance de certains examens

La recherche des pouls fait également partie de la surveillance des patients en cours de traitement, pour détecter certaines complications. Par exemple, la prise des pouls pédieux et tibiaux postérieurs, à intervalles réguliers, est systématique en cardiologie pour surveiller un patient après une coronarographie ou ayant une contrepulsion intra-aortique Contrepulsion par ballon intra-aortique.

Cas particuliers

Explorations complémentaires

Prise de pouls en médecine chinoise

La prise de pouls est attestée en Chine depuis le IIIe siècle avant notre ère. En occident, Jan Nieuhof est le premier auteur à signaler, très succinctement, la technique de prise de pouls par les praticiens chinois. La première description détaillée de la technique chinoise paraît toutefois dans une brochure publiée en français à Grenoble en 1671 (et qui eut alors beaucoup de succès). Andreas Cleyer et Boym font également état de la sphygmologie chinoise, respectivement en 1682 et en 1686. Jean-Baptiste Du Halde mentionne aussi cette pratique. Deux médecins de Montpellier, de Bordeu et Fouquet, expérimentent la prise de pouls chinoise tout comme l'anglais John Floyer [10].

Dans le monde indien, l'Ayurveda connaît également une technique de prise de pouls appelée Nadipariksha.

Voir aussi

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Bibliographie

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Article connexe

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Histoires des sciences, p. 427. Claude Chastel : « Dans la médecine chinoise du VIe siècle av. J.-C. [...] il existe 657 points d'acuponcture répartis selon douze méridiens corporels [...] où l'organisme malade que l'on étudie par la « pulsologie » récupère la « force de vie » (le Ts'i, avec aussi la Moxibustion). » ; p. 429 : « En Inde ancienne, après le VIIe siècle, on examinait le pouls, sous l'influence des Chinois. »

Références

  1. [réf. incomplète]Examen clinique, éléments de sémiologie médicale. Epstein, Perkin, De Bono, Cookson, page 150
  2. « artère dorsale du pied », sur le dictionnaire de l’Académie nationale de médecine
  3. Eric Marié, Le diagnostic par les pouls en Chine et en Europe : Une histoire de la sphygmologie des origines au XVIIIe siècle, Springer, , 470 p. (lire en ligne)
  4. Direction Générale de la sécurité civile et de la gestion des crises, Recommandations relatives aux premiers secours, Icone graphic, , 456 p. (ISBN 978-2-11-139309-7, lire en ligne), p. 285
  5. Cardiopulmonary resuscitation: errors made by pre-hospital emergency medical personnel, M. Liberman, A. Lavoie, D. Mulder, J. Sampalis (Montreal General Hospital Trauma Program, Department of Surgery, Université de McGill, Québec, Canada), Resuscitation vol. 42 (1) p. 47–55,
  6. (en) European Resuscitation Council Guidelines 2000 for Adult Basic Life Support « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)[PDF] (7 pages, 145 ko)
  7. Guide national de référence - Formation aux premiers secours, p. 61, (GNRFPS), Direction de la défense et de la sécurité civiles, Bureau de la formation et des associations de sécurité civile, éd. ministère de l'Intérieur (France), 2001, téléchargeable sur le site du ministère de l'Intérieur[PDF] (211 pages, 1,3 Mo)
  8. Guide national de référence - Formation aux premiers secours, p. 68, (GNRFPS), Direction de la défense et de la sécurité civiles, Bureau de la formation et des associations de sécurité civile, éd. ministère de l'Intérieur (France), 2001, téléchargeable sur le site du ministère de l'Intérieur[PDF] (211 pages, 1,3 Mo)
  9. Garnier Delamare, Dictionnaire illustré des termes de médecine, Paris, Maloine, , 1094 p. (ISBN 978-2-224-03434-4), p. 760.
  10. Pierre Huard, Mirko Drazen Grmek « Les reflets de la sphygmologie chinoise dans la médecine occidentale » Biologie médicale, Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, 1962, vol. 15, no 2, pp. 183-184.