Pupput
Hammamet
Image illustrative de l’article Pupput
Thermes et habitations (édifice du satyre et de la ménade).
Localisation
Pays Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Nabeul
Coordonnées 36° 23′ 34″ nord, 10° 33′ 45″ est
Géolocalisation sur la carte : Tunisie
(Voir situation sur carte : Tunisie)
Pupput
Pupput
Histoire
Époque Rome antique

Pupput, également orthographiée Putput, Pudput, Pulpud et Pulpite en latin, parfois localisée à Souk el-Obiod ou Souk el-Abiod (arabe : أبيض soit « marché blanc »), est une colonie romaine correspondant à un ensemble de sites archéologiques tunisiens situés sur la côte, dans le sud de l'agglomération d'Hammamet, entre les oueds Temad (ou el-Thimad) au nord et Moussa au sud[1].

Histoire

Cette région agricole, densément occupée dans l'Antiquité, est probablement habitée dès le Ve siècle av. J.-C. par les Berbères et les Carthaginois (sanctuaire et inscription à Thinissut[2] par exemple), mais aucun vestige punique ne semble avoir été signalé sur les sites de Pupput même[3].

D'un simple vicus du territoire de Carthage sous Antonin le Pieux[4], Pupput accède au rang de colonie honoraire sous l'empereur Commode, entre 185 et 192[5], sans doute grâce au jurisconsulte Lucius Salvius Iulianus. Selon une dédicace à Licinius[6] datant du début du IVe siècle et conservée au musée national du Bardo, le nom romain de la ville est Colonia Aurelia Commoda Pia Felix Augusta Pupput[7].

Extrait de l'Atlas archéologique de la Tunisie (1892), sites 11-12 et 14.

L'agglomération appartient à la Byzacène[8] (province civile) et à la Proconsulaire[9] (province ecclésiastique). Pour expliquer cela, certains auteurs, comme Noël Duval, ont envisagé des variations de frontières et une « conurbation » avec Siagu (Ksar Ezzit[3],[10] dans l'est de l’agglomération de Bir Bouregba), située en Proconsulaire, à quelques kilomètres au nord[11]

Elle serait redevenue vicus dans l'Antiquité tardive, le siège épiscopal étant signalé dans les listes d'évêques de 411 (donatiste et catholique), 484, 525 et 646[11].

Après les périodes vandale et byzantine, la région, comme l'ensemble de la Tunisie, passe sous domination arabe à la fin du VIIe siècle[12]. Le centre urbain se déplace alors plus au nord-est, où est fondée la ville d'Hammamet, auprès des thermes (comme son nom l'indique[13]), à l'emplacement de la médina.

Les constructions antiques de Souk el-Obiod semblent avoir été abandonnées à partir de cette dernière réimplantation.

Vestiges

Article connexe : Nécropole de Pupput.
Site de Pupput au nord-est de la Tunisie.

Les sites archéologiques sont localisés dans la zone touristique d'Hammamet Sud.

Les auteurs du XIXe siècle mentionnent la présence d'installations hydrauliques[14] (dont un aqueduc venant de l'oued el-Faouara, vers Siagu), d'un capitole, d'un théâtre et d'un amphithéâtre[15]. Ce dernier a été redécouvert lors de fouilles d'urgence[11], mais de nombreux vestiges ont disparu, entre autres en raison de l'importante urbanisation de la zone[16].

Parmi les vestiges sauvegardés par l'Institut national du patrimoine[17] depuis les années 1960 figurent des adductions d'eau, des réservoirs, des demeures et d'autres édifices, pavés en général de mosaïques, mais surtout des thermes romains.

La découverte, à 300 mètres du site des habitations de Pupput[18], de la plus grande nécropole romaine d'Afrique pallie la rareté des textes et éclaire d'un jour nouveau le passé de la cité.

Éléments

La maison au triclinium noir et blanc est typique des maisons de l'Afrique romaine, avec un péristyle centré autour d'un viridarium entouré d'une colonnade et garni d'un bassin-fontaine ; au nord du portique se trouvent deux espaces dont la salle à manger pavée d'une mosaïque noir et blanc.

Le monument du satyre et de la ménade est quant à lui articulé autour d'un long corridor au nord duquel se situent une série d'appartements indépendants, dont certains sont pavés de mosaïques, notamment une mosaïque géométrique polychrome avec une scène de satyre et ménades.

De son côté, la maison dite au péristyle figuré, organisée autour d'un péristyle, possède des chambres pavées de mosaïques à décors géométriques et floraux polychromes ; la mosaïque de la cour reproduit au sol l'ombre portée par les colonnes du portique qui l'environnent, d'où le nom de portique figuré. Un complexe thermal est annexé à cette demeure.

La maison dite du viridarium à niches tire son nom des niches semi-circulaires de la cour centrale.

Les thermes de dimensions moyennes n'ont vu que leur frigidarium et leur palestre dégagés alors que la basilique a disparu sous les fondations d'un hôtel, seule une mosaïque tombale ayant été sauvée par l'Institut national du patrimoine[19].

Notes et références

  1. Voir le détail du site A00016 de la Carte d'État-major [de Tunisie] (échelle 1/50.000), feuille 37 (début XXe siècle ?).
  2. 36° 26′ 19″ N, 10° 35′ 35″ E.
  3. a et b Samir Aounallah, Le Cap Bon, jardin de Carthage : recherches d'épigraphie et d'histoire romano-africaines (146 a.C.-235 p.C.), Bordeaux, Ausonius, coll. « Scripta Antiqua » (no 4), , 388 p. (ISBN 978-2-910-02326-3), p. 231-239 et suiv.
  4. Itinéraire d'Antonin, 58, 3 (lire en ligne).
  5. CIL 8, 24092.
  6. CIL 8, 24093.
  7. Ben Abed-Ben Khedher 2006, p. 509.
  8. Martianus Capella, VI, 670 et ILAfr 314.
  9. André Chastagnol, « Les gouverneurs de Byzacène et de Tripolitaine », Antiquités africaines, no 1,‎ , p. 120 (ISSN 0066-4871, lire en ligne, consulté le ).
  10. 36° 25′ 54″ N, 10° 35′ 09″ E.
  11. a b et c « Pupput (Souk el-Abiadh) », dans Jehan Desanges, Noël Duval, Claude Lepelley et al. (dir.), Carte des routes et des cités de l'est de l'Africa à la fin de l'Antiquité : nouvelle édition de la carte des voies romaines de l'Afrique du Nord conçue en 1949, d'après les tracés de Pierre Salama, Turnhout, Brepols, (ISBN 978-2-503-51320-1), p. 196–197.
  12. Mohamed Benabbès, L'Afrique byzantine face à la conquête arabe : recherche sur le VIIe siècle en Afrique du Nord [thèse de doctorat : Histoire : Paris 10 : 2004], sous la dir. de Claude Lepelley, 2004 (OCLC 492040374).
  13. Hammamet, en arabe : حمامات, est le pluriel du mot hammam.
  14. Gauckler 1900.
  15. Guérin 1862, p. 261-262.
  16. Certains vestiges n'était déjà plus visibles au début du XXe siècle.
  17. Ben Abed-Ben Khedher et Griesheimer 2004.
  18. 36° 23′ 51″ N, 10° 33′ 40″ E.
  19. Ben Abed et Duval 1997.

Bibliographie

Fouilles archéologiques

Notices et références courantes

Contexte scientifique

Sur les autres projets Wikimedia :