Rich Communication Services, en abrégé RCS, est un protocole de messagerie enrichie défini par le consortium GSMA dans la norme RCC.71[1],[2] intitulée « Profil universel pour la messagerie avancée ». Il peut être utilisé entre deux appareils mobiles, s'ils sont tous les deux compatibles, via Internet. Il vise à remplacer les messages SMS ou MMS par un système de messagerie enrichie standardisée permettant le dialogue en temps réel, la transmission de flux multimédia, le transfert de fichiers de toutes natures, etc.
Pour les opérateurs mobiles, il s'agit de lutter contre la concurrence des messageries propriétaires telles que WhatsApp et Facebook Messenger, ou bien open source, comme Telegram ou Signal. Le trafic SMS/MMS, après une croissance très forte dans la décennie 2000, stagne puis régresse à la fin des années 2010. Pour les abonnés, la messagerie RCS permettrait de cumuler les avantages de l'interopérabilité des SMS/MMS et de la richesse des messageries propriétaires.
Le GSMA a commencé à travailler à partir de 2007 sur une offre de messagerie enrichie pour succéder aux SMS et MMS[3],[4]. Cela aboutit à un nouveau protocole baptisé Rich Communication Services (RCS) dont une ébauche sera publiée en 2008 mais la version finalisée seulement en 2016 sous le nom de « Profil universel pour la messagerie avancée » GSMA RCC.71. Ce protocole n’utilise ni les circuits commutés de la 2G/3G, ni le protocole SMSoIP de la 4G/5G, mais le transport de données sous IP.
Une première tentative de mise en œuvre a été entreprise en 2012 par un groupe d’opérateurs (dont Orange en France) sous la marque Joyn. D’autres ont suivi mais aucune n’a connu un réel succès faute d’interopérabilité avec l'ensemble des opérateurs et des terminaux.
Il faudra attendre que l’architecture IMS du LTE facilite cette interopérabilité en séparant le serveur de transport et le serveur d’application qui peut être géré par un tiers.
Google a saisi cette opportunité en 2018 et a signé des partenariats avec un grand nombre d’opérateurs. Son application Messages (en) est installée sur tous les mobiles Android récents et offre deux nouvelles fonctionnalités : le tchat qui remplace l’échange de SMS et le transfert de fichiers qui remplace les MMS photo ou vidéo sans leurs limitations (fichiers de plusieurs Mo et de toutes natures comme des documents pdf ou des fichiers Excel). Google tient un répertoire de numéros alimenté par les opérateurs partenaires et les utilisateurs de l’application, ce qui permet à Messages de connaître les mobiles compatibles RCS et de choisir le format des messages en fonction de la compatibilité du mobile destinataire. En réponse aux préoccupations concernant l'absence de chiffrement de bout en bout, Google a déclaré qu'il ne conserverait les données d'un message en transit que jusqu'à ce qu'il soit remis au destinataire[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13].
La messagerie RCS a été commercialisée sous les noms :
RCS a été implémenté dans Android, développé et propulsé de facto par Google. Sur de nombreux points, il est très similaire à l'iMessage d'Apple : il dépend d'une connexion internet, exigée, là où la 2G/3G permettaient la voix et les SMS sans connexion de données.
Initialement destinés à faire de la messagerie via Internet, RCS comme iMessage s'affranchissent de la connexion cellulaire, ce qui les rend directement concurrents aux messageries populaires des années 2010, comme Whatsapp, Telegram, Signal, et de très nombreuses autres applications. Cependant, au même titre que d'autres normes télécom, comme la VoLTE, le RCS et les solutions de messageries similaires, sont implémentées par les principaux industriels du secteur qualifiés de « géants du net », leur adoption a pu susciter une forte réticence, de la part des opérateurs de services et des équipementiers télécoms. De même, les fabricants de smartphones sont réticents à intégrer un système concurrent[16]. L'exemple symbolique fut par exemple le refus d'Apple d'intégrer le protocole RCS sur iOS, le système d'exploitation de l'iPhone[17].
Le protocole RCS utilise le transport de données sous IP et nécessite une application spécifique, contrairement au protocole SMSoIP associé à la VoLTE ou à la VoWiFi. L'identification de l'émetteur et l'authentification des messages sont assurées par la puce SIM.
En 2022, la messagerie RCS est uniquement disponible sur les mobiles Android. Elle utilise l'application Messages de Google. La couverture par un réseau mobile n'est pas indispensable lorsque les deux mobiles sont compatibles RCS, une connexion à Internet via WiFi ou Ethernet suffit. Néanmoins, la couverture par un réseau mobile offre plus de confort à l'émetteur des messages en lui évitant un rejet de ses messages lorsqu'un mobile destinataire n'est pas compatible RCS, car l'application Messages peut transformer les messages enrichis en SMS ou MMS et les router via le réseau cellulaire de l'opérateur.
Les spécifications RCS[2] définissent les services standardisés suivants. On peut les classer en deux catégories.
L'application Messages de Google prend en charge les cinq premiers services[19].
Ces services sont conçus pour permettre aux opérateurs mobiles de les monétiser auprès des tiers (développeurs, entreprises commerciales…).
Le principal reproche fait à l'application Messages de Google était son absence de chiffrement de bout en bout. Il faut relativiser ce reproche puisque les SMS/MMS traditionnels ne sont pas non plus chiffrés. Cependant, Google a annoncé en que le chiffrement de bout en bout était effectif dans le tchat privé (1-to-1) des nouvelles versions de Messages[20]. Cela rapproche Messages du niveau de sécurité de l'application iMessages d'Apple et de la plupart des messageries instantanées propriétaires.
Le second reproche que l'on peut faire à l'application Messages est qu'elle reste un système propriétaire de Google (via ses serveurs[21],[22],[23]) pour la partie messagerie enrichie même si elle utilise les protocoles standardisés du GSMA.