Suite persane | |
Début de la Suite persane pour double quintette à vent. | |
Genre | Suite |
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Nb. de mouvements | 3 |
Musique | André Caplet |
Durée approximative | 16 minutes |
Dates de composition | 1900 |
Création | Salle Érard,Paris France |
Interprètes | Société moderne d'instruments à vent |
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La Suite persane est une pièce de musique de chambre d'André Caplet composée en 1900 et écrite pour un double quintette à vent, soit un dixtuor instrumental réunissant deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux cors et deux bassons[1].
La Suite persane fait partie des œuvres de jeunesse de Caplet[2]. Elle est écrite durant ses années d'études au Conservatoire de Paris, en 1900[3], sans doute à l'instigation de Georges Barrère et de la Société moderne d'instruments à vent[4], déjà créateurs cette année-là du Quintette pour vents et piano du compositeur.
La création de la suite se déroule le à la salle Érard[5], à l'occasion d'un concert consacré exclusivement aux œuvres d'André Caplet[4].
L'œuvre est représentative de « l'univers exotique si présent dans l'univers des artistes depuis l'exposition de 1889 et alimenté par la musique des Russes qui occupe une place de prédilection parmi les musiciens français[6] ». Selon Jacques Tchamkerten, « la Suite persane ouvre vers un autre univers expressif, dans lequel Caplet prend ses distances avec les formes classiques et manifeste une liberté dans l'inspiration qui préfigure les chefs-d’œuvre de la maturité[4]. »
Rétrospectivement — le , dans son journal, où il rend compte du Dixtuor op. 14 de Georges Enesco[7] — le compositeur considère cette partition, avec le Quintette et les Pièces pour flûte, comme des « œuvres bien pâles, sans doute, mais qui m'ont laissé les plus doux souvenirs[8] ».
En 1925, Henri Woollett se remémore le Quintette et la Suite persane « déjà plus primesautière, où des thèmes d'apparence très orientale étaient traités avec plus de hardiesse d'esprit[9] ».
La Suite persane comprend trois mouvements, empreints de « l'esprit d'exotisme qui marque une partie du répertoire français de cette époque[10] » :
La durée moyenne d'exécution de la pièce est de seize minutes environ[12].
Le premier mouvement, Scharki (ou Sharki), commence par un thème à la coloration orientale, d'abord exposé à l'unisson aux flûtes et aux clarinettes, auxquelles se joignent ensuite les bassons, avant une harmonisation[4]. Caplet puise ici son inspiration d'un chant de l’est de la Perse[1]. Puis le développement est contrapuntique, précédant une courte réexposition et une coda à la nuance tout en douceur[4].
L'introduction du deuxième mouvement, Nihavend (ou Mhavvend), est formée d'arabesques en quintes parallèles qui conduisent à un thème mélancolique de la flûte, en mi mineur[4]. La référence musicale est un type de maqam (comme mélodie issue d’une gamme persane)[1]. Exposé sous diverses formes harmoniques, le motif s'efface à l'arrivée d'une deuxième partie, à la couleur plus occidentale (qualifiée de « fin de siècle » par Tchamkerten). S'ensuit une troisième partie, qui est une reprise variée de la première, avant une coda dans laquelle les arabesques initiales réapparaissent[4].
Le troisième et dernier mouvement, Iskia Samaïsi (ou Iskia Samaisi), est écrit en ré mineur modalisé et constitue le plus vaste de la suite. Il fait se succéder différents motifs : traits furieux aux flûtes et clarinettes, thème dansé aux hautbois puis aux flûtes, fanfares en gamme par tons, motifs en triolets[4]. Après un court développement, vient une partie plus lente, à la mélopée orientale, exposée d'abord aux cors, une sorte de chanson d'amour[1]. Ce motif est développé et traité en polyphonie, avant le retour d'éléments thématiques des parties précédentes, puis l'arrivée d'une transition modulante qui mène à une reprise de la première section. La pièce s'achève sur une « volubile et irrésistible coda »[13].
À la suite de la première audition, la revue musicale Le Ménestrel rapporte : « Une série de « feuillets d'album » et surtout une Suite persane pour instruments à vent, d'un riche coloris et d'une variété de rythmes particulièrement piquante, ont montré les ressources diverses d'un tempérament d'artiste, joignant déjà, à une technique très sûre, des qualités personnelles qui le placent à un rang distingué parmi les musiciens sur lesquels la jeune école peut fonder de sérieuses espérances[14]. »
Gustave Samazeuilh considère que, dans cette partition de jeunesse comme dans le Quintette pour instruments à vent et piano, André Caplet montre « une nature raffinée, déjà soucieuse de se libérer de l'observation étroite des disciplines de l'école, et de subordonner à un but poétique une sûreté technique déjà surprenante[15] ».
Il existe une version orchestrale de l'œuvre, dont le manuscrit, en partie sous forme d'esquisses, est conservé à la Bibliothèque nationale de France[4],[note 1]. L'orchestre, d'« un effectif très classique[18] », comprend 2 flûtes et piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes et 2 bassons, 4 cors en Fa, harpe, triangle, tambour basque et cymbale suspendue. Le quintette à cordes classique est composé des premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles et contrebasses[19]. La partition précise que la cymbale doit être « frappée par une baguette de cuivre », entre autres « discrets artifices [qui] participent à la teinte exotique[20] ».
Version originale pour double quintette à vent :
Version orchestrale :