Teinosuke Kinugasa
衣笠 貞之助
Description de cette image, également commentée ci-après
Teinosuke Kinugasa en 1952.
Naissance
Préfecture de Mie (Japon)
Nationalité Drapeau du Japon Japonais
Décès (à 86 ans)
Kyoto (Japon)
Profession Réalisateur
Scénariste
Acteur
Films notables La Porte de l'enfer
Une page folle
Carrefour

Teinosuke Kinugasa (衣笠 貞之助, Kinugasa Teinosuke?) est un réalisateur, scénariste et acteur japonais, né le dans la préfecture de Mie et mort le à Kyoto.

Il remporte le Grand prix au festival de Cannes 1954 pour La Porte de l'enfer (地獄門, Jigokumon?)[1].

Biographie

Teinosuke Kinugasa, acteur onnagata dans les années 1910.

Teinosuke Kinugasa naît le dans un milieu aisé ; il abandonne ses études en 1913 pour partir à Nagoya afin de devenir comédien[2]. Il commence sa carrière comme acteur onnagata (terme désignant un homme qui interprète un rôle féminin) au théâtre kabuki, puis au cinéma à la Nikkatsu dès 1917[3],[4]. Cette année-là, il tourne dans 44 films[3]. En 1920, il perd sa femme et son fils, victimes de la grippe espagnole[2]. Quelques mois plus tard, il écrit et réalise son premier film, La Mort de ma sœur (妹の死, Imōto no shi?). Dans ce film tourné en trois jours, il interprète lui-même le rôle de la sœur[3].

Au début des années 1920, Teinosuke Kinugasa est un des artisans de la résistance des onnagata contre l'apparition de véritables actrices dans le cinéma japonais, une « nouveauté » issue du cinéma occidental[4]. Mais les onnagata disparaissent progressivement des écrans et il quitte la Nikkatsu en 1922[4]. Il rejoint alors la société de production de Shōzō Makino comme réalisateur et tourne de nombreux films, des mélodrames mais aussi des jidai-geki[3].

En 1926, il fonde sa propre société de production, la Kinugasa Eiga Renmei (衣笠映画連盟?)[5]. Il produit et réalise Une page folle (狂った一頁, Kurutta Ippēji?), un film expérimental audacieux se passant dans un asile, à mi-chemin entre l'expressionnisme allemand et les recherches du cinéma muet soviétique, sur une idée de l'écrivain Yasunari Kawabata et de Riichi Yokomitsu[6]. Le film, longtemps considéré comme perdu, a été retrouvé chez lui par Kinugasa en 1971[2]. Il est considéré de nos jours comme un chef-d’œuvre du cinéma muet mondial[7].

Œuvre ambitieuse, Une page folle est néanmoins un échec commercial et par la suite, la Kinugasa Eiga Renmei revient dans le giron de la Shōchiku, produisant des films d'époques plus classiques[8],[5]. La société devenue moins rentable, l'équipe décide de jouer son va-tout en réalisant Carrefour (十字路, Jūjiro?) en 1928[8], un mélodrame plus explicitement influencé par le Kammerspiel germanique[6]. Son film terminé, Kinugasa part alors, ses bobines sous le bras pour un long voyage de deux ans en Occident[6]. Il présente Carrefour à Moscou (où il rencontre Eisenstein), à Berlin, à Londres, à Paris et à New York[5],[6],[8]. C'est sans doute la première intrusion du cinéma japonais en Occident, vingt-deux ans avant le Rashōmon d'Akira Kurosawa[6].

De retour au Japon, Teinosuke Kinugasa, cinéaste de gauche, rencontre des difficultés avec la censure avec son film Avant l'aube (1931). Par la suite, il tourne principalement des jidai-geki, notamment la première version parlante des 47 Rōnin (1932) et la trilogie La Vengeance d'un acteur (1935-36), dont Kon Ichikawa réalisera un remake en 1963 avec le même acteur dans le rôle principal, Kazuo Hasegawa[3].

En 1953, il s'installe quelque temps à Hollywood afin d'étudier de près les différents procédés couleurs et les vertus de l'écran panoramique[2]. Cette même année, il tourne La Porte de l'enfer, premier film en couleur de la Daiei et premier film en Eastmancolor au Japon, avec lequel il remporte la Palme d'or au festival de Cannes (1954) ainsi que l'Oscar du meilleur film en langue étrangère (1955)[2],[9].

Son dernier film, Le Petit Fuyard, tourné en 1966, est une co-production avec l'Union soviétique[2].

Teinosuke Kinugasa a réalisé plus de 120 films et signé près de 100 scénarios entre 1922 et 1966. Il a également joué dans plus de 60 films entre 1918 et 1923[10]. Il est l'auteur d'un livre, publié en 1977 par les éditions Iwanami : Ma jeunesse avec le cinéma - un aspect de l'histoire du cinéma japonais (わが映画の青春 日本映画史の一側面, Waga eiga no seishun - Nippon eiga-shi no ichi sokumen?)[11].

Filmographie

Teinosuke Kinugasa (au centre) et Hideo Fujino (à droite) dans Hakucho no uta (1920) d'Eizō Tanaka.

Acteur

Réalisateur

Eiko Minami dans Une page folle (1926).
Junosuke Bandō et Akiko Chihaya dans Carrefour (1928).
Affiche japonaise de La Porte de l'enfer (1953).
Affiche japonaise de Romance à Yushima (1955).
Ganjirō Nakamura et Machiko Kyō dans Une femme d'Osaka (1956)

Sauf indication contraire, les titres en français se basent sur la filmographie de Teinosuke Kinugasa dans l'ouvrage Le Cinéma japonais de Tadao Satō[12].

Les années 1920

Les années 1930

Les années 1940

Les années 1950

Les années 1960

Scénariste

Distinctions

Récompenses

Sélections

Notes et références

  1. Festival international du film de La Rochelle, « Teinosuke Kinugasa », sur archives.festival-larochelle.org, .
  2. a b c d e et f Collectif d'auteurs sous la direction de Pascal-Alex Vincent, Dictionnaire du cinéma japonais en 101 cinéastes : L'Age d'or 1935-1975, Carlotta Films, , 242 p. (ISBN 978-2-37797-017-9), p. 64-65.
  3. a b c d et e « Dictionnaire Larousse, édition du cinéma », sur larousse.fr, (consulté le ).
  4. a b et c Max Tessier, Le Cinéma japonais, Paris, Armand Colin, , 128 p. (ISBN 2-200-34162-8), p. 17.
  5. a b et c (en) « Jujiro », San Francisco Silent Film festival,‎ sfsff 2008 (lire en ligne).
  6. a b c d et e Max Tessier, Le Cinéma japonais, Paris, Armand Colin, , 128 p. (ISBN 2-200-34162-8), p. 24-25.
  7. « Une page folle (par Laure Favret) » (consulté le ).
  8. a b et c Tadao Satō, Le Cinéma japonais (tome I), Éditions du Centre Pompidou, , 264 p. (ISBN 2-85850-919-0), p. 127.
  9. (en) « The 27th Academy Awards - 1955 », sur oscars.org, Oscars du cinéma (consulté le ).
  10. (ja) « Filmographie », sur JMDB (consulté le ).
  11. Hideko Govaers, Reiko Inoue et La Cinémathèque française, « Le Cinéma japonais de ses origines à nos jours (de janvier 1984 à avril 1985) », Cinémathèque française, 1er trimestre 1984, 144 p. (lire en ligne), p. 105.
  12. Tadao Satō (trad. du japonais), Le Cinéma japonais (tome II), Paris, Éditions du Centre Pompidou, , 324 p. (ISBN 2-85850-930-1), p. 265-266.
  13. note : la 1re partie est réalisée par Shirō Toyoda, la 2e partie est réalisée par Mikio Naruse et la 3e partie est réalisée par Kajirō Yamamoto.
  14. La Légende du Grand Bouddha : titre français du film lors de la rétrospective « Les Splendeurs de la Daiei, 2e partie : les héritiers du grand maître » du 8 janvier au samedi 29 mars 2014 à la MCJP.
  15. a et b La Légende du Grand Bouddha (1953) - Festival de Cannes.
  16. a et b La Porte de l'Enfer (1953) - Festival de Cannes.
  17. a b et c Le Héron blanc (1958) - Festival de Cannes.
  18. La Chanson de la lanterne : titre français du film lors de la rétrospective « Les Splendeurs de la Daiei, 2e partie : les héritiers du grand maître » du 8 janvier au samedi 29 mars 2014 à la MCJP.
  19. (ja) « 1re cérémonie des prix du film Mainichi - (1946年) », sur mainichi.jp (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes