Carte des dialectes d'Alsace ; le welche est indiqué en orange.

Le welche, ou welsche, est le nom donné par ses propres locuteurs au dialecte lorrain roman parlé en Alsace dans le pays welche, dans l'ouest du Haut-Rhin, spécialement dans l'arrondissement de Ribeauvillé, et dans l'extrême sud-ouest du Bas-Rhin.

Le terme « welche »

Article détaillé : Walh.

Welsch, en allemand, est un mot qui signifie « étranger parlant une langue non-germanique », qui a désigné à l'origine des peuples de langue celtique, puis de langue romane. Ce mot peut avoir une connotation péjorative et a la même étymologie que Wales, Walcheren, Wallons, Walchengau, Walchensee ou Valaques : la forme adjective du germanique westique Walha + suffixe d'adjectif -isk (-ish en anglais, -isch en allemand). Les mots Gaule et gaulois en français procèdent du même étymon germanique[1]. L'origine du terme germanique walha semble être le nom du peuple celtique des Volques au contact des Germains en Allemagne du sud, avant leur départ pour la Gaule méridionale.

Les Alsaciens de langue alémanique ont appelé ainsi les Alsaciens de langue romane qui habitaient les hautes vallées vosgiennes. Ce mot nommait jusqu'à récemment toutes les populations de langue romane, que ce soit en Alsace, en Moselle ou pour désigner les Français de "l'intérieur". On le constate aussi dans la toponymie en Lorraine avec Welschoth / Audun-le-Roman opposé à Tütschoth / Audun-le-Tiche ou Welschnied / Nied française et Tütschnied / Nied allemande. Ce terme est attesté dès le XVIe siècle chez les greffiers de langue alémanique qui l'emploient pour désigner les habitants de la région de Schirmeck. Ce même mot fut introduit par Voltaire dans le français littéraire pour désigner péjorativement les Français[2]. Curieusement, les intéressés ont adopté le terme pour se désigner eux-mêmes, comme l'ont fait, à l'autre bout de la France, dans le Sud-Ouest, les Gavaches de la Gironde septentrionale (pays Gabay ou grande Gavacherie) et de l'Entre-deux-Mers (petite Gavacherie ou Gavacherie de Monségur), gens de langue d'oïl que leurs voisins gascons avaient surnommés « Gabais » ou « Gavaches », c'est-à-dire à peu près « sauvages ».

Vers 1862, à Strasbourg même, les gens du peuple désignaient encore les Français de l'intérieur sous le nom de Welches[3]. Ce nom était également utilisé à la même époque par certains montagnards alsaciens pour désigner les Lorrains de manière injurieuse[3].

Le welche aujourd'hui

Diverses initiatives tentent de garder vie à ce dialecte. En effet, le hameau de Tannach a monté un spectacle comique dans cette langue. Dans le Bas-Rhin, Neuviller-la-Roche et Steige organisent les rencontres des « tables de patois ».

En 1999, le musicien Rodolphe Burger et l'écrivain Olivier Cadiot ont publié sous forme de disque une « performance » consacrée à la langue welche[4].

En Suisse, Welsch est le surnom familièrement donné par les Suisses alémaniques aux Romands.

En Alsace, Le Pays Welche regroupe 5 communes dans le Canton de Lapoutroie : Fréland, Le Bonhomme, Orbey, Lapoutroie et Labaroche. Le patois welche y est encore couramment utilisé. Le Musée du Pays Welche retrace l'histoire et les coutumes de ses habitants. La Société d'histoire du Pays Welche regroupe toute une série de publications et de dictionnaire Français / Welche

Origines du parler welche

Les vallées welches le sont vraisemblablement depuis très longtemps et n'ont pas toutes la même histoire. On peut néanmoins tenir pour possibles trois apports successifs de population romane :

Les conséquences visibles à la fin du XVIIe siècle sont donc celles d’une vitalité plus forte pour les populations alsaciennes des piémonts qui éliminent la présence welche à Urmatt et à Grendelbruch et qui repoussent — par exemple — la limite linguistique plus haut dans la vallée de la Bruche à Natzwiller.

Ainsi, de nos jours, des noms des villages demeurent romans (Lapoutroie, Fréland, Orbey, Haute-Goutte, Belmont, Fouday, etc.) contrastant avec les communes voisines de Kaysersberg, Alspach, Ammerschwihr, etc., ou Lutzelhouse, Russ, Hersbach, Schirmeck, Wildersbach, Waldersbach qui sont pourtant et historiquement de langue romane ![Interprétation personnelle ?]

De même les noms de famille d'origine vosgienne : Petitdemange, Didierjean, Batot (que l'on retrouve dans le département des Vosges) contrastant avec les Muller, Meyer et autres Schmidt de la plaine, etc., mais les Holveck, Grosheins, Hazemann du Ban de la Roche demeurent de dialecte lorrain.

Classification Linguasphere

L'observatoire linguistique Linguasphere distingue cinq variantes :

Bibliographie

Articles connexes

Sur l'histoire

Sur la langue elle-même

Sources/Références

  1. Site du CNRTL : étymologie du mot "gaulois"
  2. On lit dans sa Lettre à M. le Comte d'Argental du 2 septembre 1767 : « Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse! vous êtes la chiasse du genre humain. Vous ne méritez pas d'avoir eu parmi vous de grands hommes qui ont porté votre langue jusqu'à Moscou. C'est bien la peine d'avoir tant d'académies pour devenir barbares ! Ma juste indignation, mes anges, est égale à la tendresse respectueuse que j'ai pour vous, et qui fait la consolation de mes vieux jours. » (En disant « mes anges », il s’adresse au comte et à son épouse).
  3. a et b Dominique Alexandre Godron, Étude ethnologique sur les origines des populations lorraines, Nancy, 1862.
  4. Cadiot - Burger : On n'est pas indiens c'est dommage