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Ses adeptes, les wiccans (féminin : wiccanes), prônent un culte envers la nature et s'adonnent pour une grande partie à la magie. La wicca est un culte à mystères. Les wiccans sont, pour la plupart, voués à certains dieux comme Hécate, la déesse de la magie et de la lune, Gaïa, la déesse de la Terre, etc.
La wicca est reconnue comme une religion aux États-Unis, y compris dans l'armée[1],[2],[3].
Le terme wicca a été créé par Gerald Brousseau Gardner au XXe siècle, qui affirmait qu’il voulait dire « sagesse » en vieil anglais. En réalité, sorcellerie en anglais ancien se dit wiċċecræft (d'où le terme actuel witchcraft) et wicca est le masculin de sorcier (le féminin étant wicce et le pluriel wiccan). Ces mots dérivent du verbe wiccian qui signifie « ensorceler, pratiquer la magie ».
D’autres étymologies concurrentes sont cependant apparues. Robert Graves, dans La Déesse blanche, traitant du saule, un arbre qui dans la Grèce antique était dédié à Hécate écrit : « Ses liens avec les sorcières sont si forts dans l’Europe du Nord que les termes sorcière (witch) et méchant (wicked) dérivent du mot utilisé pour nommer l'osier(wicker). » Margot Adler, dans Drawing Down the Moon, rattache wicca à l’indo-européen wic/weik dont la signification recouvre les sens de « soumettre » et de « changer ». Elle estime donc qu’une « sorcière aurait été une femme habile à imaginer, à soumettre et à changer la réalité ».
Histoire
Origines
La wicca s'inscrit dans la mouvance européenne du néopaganisme de la première moitié du XXe siècle. Elle consiste en un syncrétisme, largement inspiré des travaux de Charles Leland (1824-1903), Margaret Murray (1863-1963) et Robert Graves (1895-1985), et popularisé par le Britannique Gerald Gardner (1884-1964) dans deux livres : Witchcraft Today, publié en 1954 et The Meaning of Witchcraft en 1959[5],[6],[7].
Le Livre des Ombres, un ouvrage de la wicca gardnérienne, fut écrit à l'origine par Gérald Gardner.
Évolution du mouvement
D'abord confinée à un cercle restreint, la wicca s'est progressivement développée dans les pays anglo-saxons où elle constitue la principale forme de néopaganismenew age. Diffusée par les milieux féministes américains dans le contexte général de la contreculture des années 1970, elle s'est progressivement transformée et diversifiée, acquérant une dimension écologiste qu'elle n'avait pas au départ. Parallèlement aux structures initiatiques issues de la lignée de Gardner ou d'Alex Sanders, s'est créée une wicca éclectique que les membres pratiquent en dehors de toute initiation formelle. Les croyances et les pratiques divergent considérablement selon les individus, d'autant que la frontière entre la wicca proprement dite et les autres formes de néopaganisme est souvent floue. Elle s'est développée aux États-Unis parallèlement à une forte présence animiste dans la culture afro-américaine, le Hoodoo ou vaudou[8].
La diversité des pratiques, l'absence de structure centrale – et souvent de structure tout court – rendent le nombre des wiccans difficile à déterminer[9]. En 1990, l'étude NSRI avait estimé à 8 000 le nombre des wiccans aux États-Unis. L'étude ARIS, réalisée en 2001, en trouve 134 000 auxquels il faut ajouter une part significative des 140 000 Américains se définissant comme païens[10].
Les pratiques
Il n'existe pas vraiment de pratique spécifique à la wicca, celle-ci varie en fonction de la tradition adoptée. La plupart du temps, les rites se pratiquent en plein air, dans la nature, loin des regards. Actuellement, se développe une nouvelle forme de pratique, dite la pratique solitaire de la wicca ou « wicca de salon » (terme emprunté à Scott Cunningham) pour désigner les wiccans pratiquant chez eux, n'ayant pas la possibilité, ou le souhait, de le faire dehors.
Les fêtes
Sous le nom de « roue de l'année », la wicca regroupe vingt-et-une réunions de coven pour célébrer la fluctuation des saisons. Il s’agit d’un calendrier qui prend en compte les cycles solaires et lunaires, ainsi que ceux propres à l’agriculture traditionnelle.
Esbats
Les Esbats ont lieu lors des douze ou treize nuits de pleine lune de l'année. La lune est le symbole de la déesse et la pleine lune est le moment où celle-ci est dans sa plus grande puissance, ainsi les esbats sont principalement consacrés à glorifier la déesse par des hymnes et des invocations. C'est aussi durant ces esbats qu'ont lieu les travaux collectifs de wicca opérative.
Le Gardnerianisme (Wicca Gardnerian) découle de Gerald Gardner. Cette pratique très stricte nécessite, pour être wiccan ou wiccane d'être obligatoirement en coven et d'avoir été initié par une lignée d'initiateurs remontant à un wiccan/e reconnu (en fait à Gardner). Celui-ci a initié la plupart des membres qui ont démarré ce mouvement. C’est la première des wicca. Celle-ci est une filiation découlant de Gerald Gardner. C’est une tradition qui se dit stricte mais qui se fonde avant tout sur le principe que la wicca est une religion à mystères et initiatique. Des règles précises définissent les wiccans. Un wiccan est une sorcière qui fut initiée par une autre sorcière dans un cercle façonné comme veut la tradition. Un wiccan est une sorcière qui pratique en coven et dont l’initiateur (ou initiatrice) peut prouver sa « descendance » initiatique de Gerald Gardner. Un wiccan est toujours initié par une personne de l’autre sexe. Il existe en tout trois degré dans la wicca gardnerienne. Gerald Gardner a toujours dit qu’il fut lui-même initié par une certaine Lady Dorothy Clutterbuck, grand-prêtresse du « New Forest Coven » dans les années 1930-1940. Le célèbre Livre des Ombres (LDO) ou Book of Shadows en anglais (BOS) de Gerald Gardner est un des plus vieux documents du genre.
Alexandrianisme
L'alexandrianisme (ou Wicca Alexandrian) est fondé par un disciple de Gardner, Alexander Sanders. C'est un dérivé du précédent. La wicca alexandrienne est la deuxième branche de la wicca la plus connue. Son fondateur est Alex Sanders (1928-1988), personnage singulier qui disait avoir été initié à l’âge de sept ans par sa grand-mère.
Tradition dianique
La Wicca dianique[11],[12],[13],[14], appelée aussi dianisme ou sorcellerie dianique, est une tradition wiccane centrée sur la Grande Déesse et sur le féminin, fondée dans les années 1960 en Californie par Zsuzsanna Budapest.
Tradition faerique
La Tradition faerique ou « Pictish Wicca » : Cette tradition est un peu plus sombre que les autres puisqu'elle reconnaît la part obscure de chaque être et ne cherche pas à la nier. Elle s'inspire davantage de la culture celtique. Elle se base essentiellement sur la nature. Certains de ses membres ne la reconnaissent pas comme une branche de la wicca.
Autres
La Tradition Reclaiming : C'est une sorte de mélange entre de la spiritualité wiccane et un activisme politique (écologie, féminisme, etc.). Elle a été fondée par Starhawk.
La Seax Wicca / Wicca : La Seax-Wica est une tradition du néo-paganisme de la wicca qui est largement inspirée de l'iconographie du paganisme historique anglo-saxon et qui, contrairement au « Theodism », n'est pas une reconstruction de la religion médiévale, mais une réelle « nouvelle » branche de la wicca. La tradition a été fondée en 1973 par Raymond Buckland, un grand prêtre d'origine anglaise et initié à la wicca gardnerienne par Monique Wilson et qui a déménagé aux États-Unis dans les années 1970. Son livre, The Tree, a été rédigé avec l'intention d’être un guide de référence à la Seax-Wicca, et a été publié en 1974 par Samuel Weiser, puis réédité en 2005 sous le titre Buckland's Book of Saxon Witchcraft1.
La Tradition Ara: Tradition fondée en 1983 par l'avocate, activiste et sorcière newyorkaise, Phyllis Curott, qui vise à déconstuire certains aspects traditionnels du wicca et à intégrer plus profondément les concepts du chamanisme et de la divinité immanente de la nature. Ce mouvement est marqué entre autres par son rejet de la règle du triple retour, la considérant comme un principe punitif qui ne pourrait être la fondation d'un code éthique. Bien que l'organisation en covens soit courante, il est attendu que les initié.e.s continuent aussi leur pratique spirituelle de façon individuelle.
Mouvements wicca non officiels
On peut trouver de nombreux mouvements associés à la wicca n'en faisant pas officiellement parti, dont :
La wicca éclectique : Ce terme désigne les praticiens, croyants et covens n'appartenant à aucune tradition officielle précise. Ce type de pratique est très ouvert. Elle peut s’inspirer des textes wiccans ainsi que de plusieurs éléments de diverses traditions et mythologies. La plupart des wiccans éclectiques pratiquent en solitaire, mais certains se regroupent et forment des Covens. Chaque personne ou Coven possède ses propres règles. En conséquence, la hiérarchie traditionnelle (Initié, Grand Prêtre, Grande Prêtresse) est soit inexistante, soit l'attribution est laissée au vote des membres du Coven. La personne ayant créé et développé ce type de wicca est sans doute Scott Cunningham qui a écrit plusieurs livres sur la pratique de la wicca en solitaire, dont le best-seller "la wicca, guide de pratique individuelle". La wicca éclectique permet de créer "sa tradition", en fonction de ses affinités spirituelles, de son ressenti personnel et de ses préférences, ou bien même de se calquer sur les traditions déjà existantes. Certaines personnes solitaires poussent leurs recherches en dehors des livres publiés uniquement sur la wicca (documents universitaires, historiques, traitants de divers aspects des cultes préchrétiens, comme les spiritualités égyptiennes, celtes, scandinaves, etc.). À noter que la wicca éclectique est une forme de wicca avec très peu de contraintes, tant sur le plan spirituel qu'initiatique, le wiccan éclectique ne dépendant souvent d'aucun Coven officiel, garde sa totale liberté individuelle sur tous les aspects.
La Tradition nativiste Correllienne : Tradition wiccane présente un peu partout dans le monde, qui a été créé par Orpheis Caroline High-Correll.
Bibliographie
Ouvrages en lien avec la wicca
En français
Jean-Pascal Ruggiu, La Wichcraft, in Sexualité et ésotérisme, L’Autre Monde no 127, 1991 ;
Christian Bouchet, La Wicca, retour de la vieille religion ou mystification ?, Cahier du cercle Ernest Renan no 215, 2000 ;
Christian Bouchet, Wicca, Pardès, 2004 ; réédité La Wicca, les sorcières d’aujourdhui, Camion Noir, 2016 ;
Cristopher Wallace, La Magie wicca, De Vecchi, 2004 ;
Anne-Marie Lassalette-Carassou, L’aventure transatlantique du Wicca, in Bernadette Rigal-Cellard, Missions extrêmes en Amérique du Nord, Pleine page, 2005 ;
Thorn Mooney, La Wicca traditionelle, Danaë, 2020 ;
↑Interview avec Starhawk in Modern Pagans: An Investigation of Contemporary Pagan Practices, ed. V. Vale and John Sulak, Re/Search, San Francisco, 2001, (ISBN1-889307-10-6).
↑Adler, Margot. Drawing Down the Moon: Witches, Druids, Goddess-Worshippers, and Other Pagans in America Today. Boston: Beacon press, 1979; 1986. (ISBN0-8070-3237-9). Especially "Ch 8: Women, Feminism, and the Craft".
↑Budapest, Zsuzsanna. Holy Book of Women's Mysteries, The. 1980 (2003 electronic). (ISBN0-914728-67-9).
↑Ochshorn, Judith and Cole, Ellen. Women's Spirituality, Women's Lives. Haworth Press 1995. (ISBN1560247223). pp 122 & 133.