Un enfant de guerre (parfois appelé enfant de la guerre) est un enfant né lors d'un conflit ou à la suite d'un conflit, dans un pays occupé, d’un père appartenant à la force étrangère, le plus souvent un soldat occupant (ou de passage dans ce pays) et d'une femme du pays.
Avoir un enfant d’un membre de l’armée ennemie est souvent regardé comme un acte de détresse[Quoi ?] économique ou sociale. Les mères sont souvent répudiées par leur famille, leurs amies et par toute la société en général. Le mot « enfants de la guerre » désigne plus généralement tous les enfants qui sont nés pendant une guerre, mais il peut également être utilisé communément pour désigner les enfants de guerre.
Les enfants d’un père membre d’une armée d'occupation ou d’une famille ayant collaboré avec l'ennemi occupant étaient naturellement innocents de ce qui se passait pendant la guerre. Mais ces enfants ont eu l’impression d’être coupables des crimes qui furent révélés lors des investigations d'après-guerre. Pendant leur adolescence, ils pouvaient éprouver de la culpabilité et de la honte, et furent l'objet de brimades[1].
L'Amicale Nationale des Enfants de la Guerre (ANEG)[2] et Cœurs Sans Frontières/Herzen ohne Grenzen[3] sont les deux organisations françaises qui s'occupent de la recherche des parents. Depuis 2009, le gouvernement allemand accorde sur demande la nationalité allemande aux enfants de la guerre des soldats allemands de l’Occupation en France pendant la Seconde Guerre mondiale[4],[5], ceux-ci peuvent donc obtenir une double nationalité. Concernant les soldats allemands, il existe pour les demandes de recherche en paternité le Service Deutsche Dienststelle (WASt) à Berlin[6].
Au début du XXIe siècle, les enfants de guerre de la Seconde Guerre mondiale sont désormais parvenus à l'âge de la retraite et cherchent des sources d'information. Les pères sont souvent déjà morts mais restent les enfants des familles allemandes pour permettre d'établir enfin des contacts familiaux. Cela réussit parfois et c'est le sujet des deux films (jusqu'alors en langue allemande) Feindeskind[7] et Besatzungskinder[8] qui ont pour thème les phases de recherche et de rapprochement.
Le nombre d'enfants nés d'un soldat allemand et d'une mère française en France est estimé pour les années 1941 à 1949 d'environ 75 000 à 200 000[9],[10].
Fabrice Virgili, chercheur au CNRS et conseiller historique, estime ce chiffre à 100 000 et déclare qu'il s'agissait « d'un phénomène de masse »[11]
Il n'y avait pas seulement les enfants nés de père allemand (Wehrmacht ou ses personnels civils, comme l'Organisation Todt ou autres, ainsi que les prisonniers de guerre) en France mais aussi ceux d'un père français (prisonnier de guerre, STO, soldat de l'occupation française) en Allemagne ou parfois de mère française travailleuse volontaire en Allemagne[12].
Pour les enfants et les petits-enfants des prisonniers de guerre en Allemagne, il y a plusieurs méthodes de recherche. Il y a encore des documents dans les archives différentes. À Paris se trouve une archive pour chercher mère ou père de naissance[16]. À Caen, il y a l'archive à la mémoire des hommes du Ministère de la Défense[17]. À Courneuve se trouve l'archive du Ministère des Affaires étrangères avec une salle de lecture[18]. Une autre possibilité est de chercher le sort des travailleurs forcés en Allemagne dans les archives du Service international de recherches (en allemand : Internationaler Suchdienst ITS in Arolsen)[19],[20].
Il y a aussi des « enfants de la guerre » de la Seconde Guerre mondiale au Danemark[21], en Norvège[22], aux Pays-Bas[23]. Plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, ont suivi les enfants des soldats alliés.
La recherche des enfants de la guerre nés de soldats américains pour leurs pères géniteurs est assistée par l'organisation GItrace[24],[25]. De plus il y a l'association en Allemagne GI Babies Germany e.V. qui s'occupe de rechercher les sources des enfants de l'après-guerre de père soldat américain et de mère allemande[26].
Suivaient plus tard ceux des soldats américains en Asie.
Les forces alliées ont occupé l'Allemagne pendant plusieurs années après la Seconde Guerre mondiale. Dans son livre 'GIs and Fräuleins', Maria Hohn estime que 66 000 enfants sont nés de l'union de soldats des forces alliées avec des femmes allemandes dans la période 1945-1955 :
Les historiens allemands Silke Satjukow et Rainer Gries estiment à environ 400 000 le nombre total d'enfants nés entre 1945 et 1955 en Allemagne de pères soviétiques, américains, français et britanniques – dont les trois quarts seraient de pères soviétiques, eu égard au grand nombre de viols durant les derniers mois de la guerre[27].
La prise de conscience des conditions imposées aux enfants et aux mères a amené en 1989 à l'adoption de la Convention internationale des droits de l'enfant. Depuis 2008, le Conseil de sécurité des Nations unies classe les atteintes sexuelles en temps de guerre comme crimes de guerre, une décision considérée comme « historique » par l'hebdomadaire allemand Die Zeit[28].