Excalibur
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L'Épée Excalibur, illustration d'Howard Pyle (1902).
Présentation
Pays d'origine Royaume de l'île de Bretagne
Type Épée
Époque fin du Ve siècle ou début du VIe siècle
Propriétaire(s) le Roi Arthur
Accessoire(s) Sa gaine rend son porteur invincible
Autre(s) nom(s) « Caledfwlch » (en gallois)
« Excalibor »
« Escalibor »
« Excaliber »
« Calibourne »

Excalibur est l'épée magique légendaire du roi Arthur, le roi des Bretons dans les textes de la légende arthurienne de la matière de Bretagne rédigés à l'époque du Moyen Âge.

Certains considèrent qu'Excalibur et l'Épée du Rocher (preuve du lignage d'Arthur) ne sont qu'une seule et même arme mais, dans la plupart des versions de la légende, ce sont bien deux épées distinctes.

Excalibur a la réputation d'être incassable et de trancher toute matière. Son fourreau protège son porteur de toute blessure. Le roi Arthur, détenant les deux artéfacts, était donc invincible sur les champs de bataille.

Étymologie et historique

La première mention de l'épée d'Arthur sous le nom d'« Excalibur » est due à Chrétien de Troyes.

L'étymologie de ce nom ancien, connu sous plusieurs variantes (Excalibor, Escalibor, Excaliber, Calibourne) n'est pas déterminée avec certitude, d'autant que « Excalibur » n'est pas le seul nom connu pour cette épée : par exemple, dans le conte Le Chevalier au papegau, elle s'appelle Chastiefol. Le mot « Excalibur » semble une altération savante d’éléments linguistiques issus du brittonique.

Arthur retirant l'épée Excalibur du rocher. Illustration de A. S. Forrest (1906).

L'épée d'Arthur s'appelle Caledfwlch en gallois (prononcé kalètvoulr), à rapprocher du breton Kaledvoulc'h ou Kaled foulch (« Dure Entaille »)[1]. Ces mots sont composés de caled, kalet qui signifie « dur » et de bwlch, boulc'h, qui signifie « entaille ». Ce terme se rapproche phonétiquement de l'irlandais Caladbolg / Galatbrog (« dure-foudre »), qui selon la légende fut le nom de l'épée de Nuada, roi des dieux de l'Irlande, les Tuatha Dé Danann. Pour Bromwich et Evans, spécialistes de la littérature médiévale galloise, ces deux variantes du nom ont une origine commune[2]. L'un des plus anciens documents donnant Caledvwlch comme nom à l'épée d'Arthur est le texte gallois du XIe siècle Culhwch ac Olwen (Culhwch et Olwen), qui la présente comme une des plus précieuses possessions du roi breton.

Au XIIe siècle, Geoffroy de Monmouth est le premier auteur à nommer cette épée dans une autre langue que le gallois[3]. Dans son Historia regum Britanniae, il latinise le nom en Caliburnus, altération du celtique peut-être d'après le mot chalybs, terme latin signifiant « acier » et issu du grec[4],[5],[6]. Le mot est repris par les poètes français peu après, et la forme évolue en Escalibor puis Excalibur. L'altération de l'initiale en Ex- est faite d'après le latin Ex cal[ce] liber[atus] (« libéré du caillou »)[7].

Cette invention est destinée à donner à la dynastie des Plantagenêts, rois d'Angleterre d’origine continentale, une légitimité prestigieuse en Grande-Bretagne, opposant à Charlemagne, l’ancêtre des rois de France, un mythique roi Arthur : le roi Henri II fait chercher le tombeau d'Arthur à Glastonbury et des moines assurent l'avoir trouvé. Ils prétendent aussi avoir trouvé Excalibur, l'épée du roi Arthur.

Selon Roger de Hoveden, le roi d'Angleterre Henri Beauclerc l'aurait donnée au comte d'Anjou Geoffroy Plantagenêt en l'adoubant en 1127. Elle serait passée aux descendants de celui-ci, Henri II Plantagenêt, puis Richard Cœur de Lion. Sur la route de la croisade, Richard séjourna en Sicile pendant l'hiver 1190 / 1191 et y conclut une alliance avec le roi Tancrède, scellée par les fiançailles à venir de celui qu'il désigna pour son héritier, le jeune duc Arthur de Bretagne, avec l'une des filles de Tancrède. Et Richard lui céda aussi l'épée Calibourne pour l'octroi d'une vingtaine de navires qui lui étaient nécessaires pour la croisade. À la mort de Tancrède, l'empereur Henri VI s'en empara.

Mythe

Arthur, alors simple écuyer d’un chevalier, retire sans le savoir "l'épée du rocher" (qui n’est pas Excalibur) dans lequel elle est enfichée, il devient alors roi de Bretagne, après avoir prouvé que son maître n’était pas à l’origine de cet enlèvement dont il se vantait en replantant l’épée et en recommençant devant tous les prétendants au trône. L’épée du rocher fut donc la première arme d’Arthur mais elle fut brisée lors d’un combat. C’est pourquoi la Dame du Lac – une fée dont Merlin était profondément amoureux – demanda aux elfes de fabriquer une nouvelle épée pour Arthur. Excalibur fut forgée dans un métal enchanté si dur que rien ne pouvait le rompre. Elle avait le pouvoir d’assurer la victoire à son porteur même si celui-ci semblait moins fort que ses adversaires et son fourreau avait celui de protéger son détenteur. Détenant les deux…Arthur était invincible.

L'épée dans le rocher

Représentation d'Excalibur fichée dans son rocher. Musée du cinéma de Londres (en).

C'est Robert de Boron qui raconte le premier cet épisode, à la fin du XIIe siècle dans Merlin. Le trône du royaume de Bretagne était vacant et convoité par de nombreux nobles qui se battaient fréquemment pour se l'approprier. Devant cette discorde, le magicien Merlin convoque les barons du royaume à Logres pour la veille de Noël. Dans la nuit, apparaît mystérieusement un bloc de pierre carré supportant une enclume dans laquelle est plantée une épée. Sur la lame est écrit que celui qui parviendrait à l'en retirer deviendrait le roi de toute la Bretagne. Personne n'y parvint, sauf le jeune Arthur.

C'est la version, reprise notamment dans le livre L'Épée dans la pierre de l'écrivain britannique Terence Hanbury White, qui inspira le célèbre dessin animé de Walt Disney, Merlin l'Enchanteur en 1963.

La légende de la Dame du Lac

La Dame du Lac offrant Excalibur à Arthur. Gravure d'Alfred Kappes (1880).

L'autre variante met en scène la Dame du Lac ou fée Viviane : selon Sir Thomas Malory, un chevalier anglais du XVe siècle qui condensa en un seul ouvrage une grande partie de la geste arthurienne, notamment des écrits français, elle aurait été donnée par la première Dame du Lac, qui aurait précédé Viviane, l'épée retirée de la stèle de granit ayant été auparavant brisée dans un combat contre le roi Pellinor, le père de messire Lamorak (considéré comme le troisième meilleur chevalier au monde, après Messires Lancelot du Lac et Tristan) et de Perceval le Gallois.

Pour gagner l'épée, Arthur fait une promesse à la Dame du Lac mais ne tient pas parole, celle-ci ayant été décapitée sous ses yeux dans son château. Merlin aurait demandé à Arthur : « Qui des deux est le plus précieux ? L'épée ou le fourreau ? » Arthur répondit : « L'épée, assurément ». Mais, Merlin lui dit : « — Faux, c'est le fourreau car, tant que tu le posséderas, tes ennemis ne pourront te tuer ».

Disparition de l'épée

Digne fils d'Uther Pendragon, avec Excalibur au côté, le roi Arthur a réuni et pacifié les deux Bretagnes. À sa mort, l'épée est jetée dans un lac magique par Bedivere. Dans La mort du roi Arthur, une main (de la Dame du Lac ?) sort alors du lac et s'empare de l'épée[8].

Cet épisode a été rapproché de la légende de Batradz, héros de la mythologie ossète. En effet, le récit des derniers instants d'Arthur dans la Mort le roi Artu (« Artu », sans « r » à la fin, début du XIIIe siècle ) « suit de manière saisissante la trame narrative de la mort » de Batradz : « Dans les deux cas, le héros mourant demande que son épée soit jetée dans un lac : ses compagnons tentent d’abord de garder l’épée, mais devant l’insistance du héros, ils doivent se résoudre à s’en défaire, provoquant un phénomène extraordinaire qui trouble la surface de l’eau (surgissement d’une main dans le cas d’Arthur, tourbillon et tempête dans le cas de Batradz). »[9]


Excalibur dans la culture populaire

Le nom « Excalibur » a été réutilisé maintes fois dans un bon nombre de domaines, voir l'article : Excalibur Ce lien renvoie vers une page d'homonymie (homonymie).

Littérature

Cinéma

Excalibur fichée dans une enclume, comme dans le film d'animation Merlin l'Enchanteur de 1963 (parc Hong Kong Disneyland, 2006).

Films d'animation

Télévision

Bande dessinée et manga

Musique

Statue représentant la Dame du Lac donnant Excalibur au roi Arthur. Lac de Kingston Maurward, Angleterre.

Jeu vidéo

Dans la série de jeux vidéo The Legend of Zelda, Excalibur est désignée comme l'épée pourfendeuse du mal.

Hormis Zelda, d'autres jeux vidéo reprennent le nom de l'épée.

  • Dans Tomb Raider: Legend, Lara Croft récupère des reliques qui s'avèrent être des morceaux d'Excalibur ; à la fin du jeu, l'épée sera reconstituée entièrement grâce à une clé.
  • Dans Final fantasy VIII, Excalibur est le nom d'une des quatre épées de la G-force Gilgamesh.
  • Dans Final fantasy IX, Excalibur peut être obtenue après une quête pour Steiner, et une Excalibur 2 également en réalisant le jeu rapidement.
  • Dans Final Fantasy XI, Excalibur, l'épée « Relic Weapons », est obtenue par la collecte de monnaies anciennes et d'objets rares en dynamis.
  • Dans Fire Emblem, Excalibur est un sort magique de vent légendaire.
  • Dans Tales Of Symphonia, Excalibur est une épée récupérable à Meltokio.
  • Dans Sonic et le Chevalier Noir, Excalibur est la fusion des Quatre Épées Sacrées, permettant à Sonic de se transformer en Excalibur Sonic.
  • Dans Magicka, Excalibur est une épée fournie avec son rocher.
  • Dans Might and Magic VI : Le Mandat céleste, Excalibur peut être arrachée d'un rocher par les aventuriers dans la région des Eaux des Anguilles (Eel Infested Waters).
  • Dans Excalibur 2555 A.D., Excalibur apparaît aussi et est volée par des robots venus du futur.
  • Elle apparaît dans Castlevania: Aria of Sorrow en tant qu'arme à débloquer dans le mode Boss Rush. En revanche, l'épée est encore bloqué dans la pierre et le joueur est obligé de l'utiliser comme si c'était une masse.
  • Dans la série Golden Sun, Excalibur est une épée forgeable grâce à un minerai fantastique : l'orihalcon. On l'obtient en apportant ce minerai au forgeron de Yallam, l'obtention de l'épée n'est pas garantie du premier coup et peut nécessiter plusieurs tentatives. C'est une des meilleures armes du jeu.
  • Dans Mystic Quest Legend, Excalibur est la plus puissante des épées, récupérée au sein de la tour de Pazuzu.
  • Dans la saga Assassin's Creed, Excalibur est un artefact de la première civilisation et sera utilisée, en plus d'Arthur, par d'autres personnages historiques tels que Attila, Gengis Khan ou Jeanne d'Arc.
  • Plus précisément dans Assassin's Creed Valhalla, le joueur peut récupérer, une fois les Trésors de Bretagne collectés, l'épée située dans les ruines de la grotte de Myrddin dans le Hamtunscire.
  • Dans Fate Stay Night, Excalibur est le nom de l'artefact et du noble phantasm (l'attaque la plus puissante) du servant Saber.
  • Dans Inazuma Eleven, Excalibur est le nom de l'attaque d'Edgard Partinus, qui consiste à tirer droit au but en formant une épée ; l'attaque est plus dévastatrice quand elle est tirée de loin.
  • Dans The Secret World, le sorcier Freddy Beaumont réussit à récupérer Excalibur. Elle a le pouvoir d'ouvrir le cœur noir de l'île de Kingsmouth. Elle est finalement récupérée par Cassandra King quand Beaumont est vaincu par le joueur.
  • Dans Inflation RPG, Excalibur/Holy Sword est une puissante épée que le joueur peut obtenir dans une zone bonus.
  • Dans Warframe, Excalibur est une warframe que le joueur peut acquérir, expert dans le maniement des épées.
  • Dans la série Soul Calibur, Excalibur est l'un des noms de l'épée Soul Calibur qui d'après des légendes a été utilisé par le Roi Arthur pour repousser les saxons qui possédaient une arme maléfique, Soul Edge.
  • Dans Terraria, Excalibur est une arme fabricable à partir de lingots sacrés, et peut être améliorée pour devenir le "Véritable Excalibur". Cette version est, à son tour, utilisée dans la fabrication de la puissante "Lame Terra", quand associée avec sa version maléfique, la "Vraie épée des ténèbres".

Hommages

L'astéroïde (9499) Excalibur, découvert en 1973, est nommé en son honneur[11].

Notes et références

  1. Pierre-Yves Lambert, Les Quatre Branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen Age, Plessis, Gallimard, , p. 130/369
  2. (en) Rachel Bromwich & D Simon Evans, Culhwch and Olwen. An Edition and Study of the Oldest Arthurian Tale University of Wales Press, Cardiff, 1992, p. 65 ; voir aussi T. Green, Concepts of Arthur, Stroud : Tempus, 2007, p. 156
  3. « il ceignit son excellente épée, nommée Caliburn, forgée en l'île d'Avalon », traduction par Emmanuèle Baumgartner et Ian Short, La Geste du roi Arthur, éditions 10/18, Paris, 1993.
  4. (en) The American Heritage Dictionary of the English Language, 4e édition.
  5. (de) François Muller (dir.), Angewandte Linguistik : Linguistique appliquée, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, , 386 p. (ISBN 978-3-631-63476-9), Eine griechische Etymologie von "Excalibur", pp 163-69
  6. François Muller, « Une étymologie grecque d'Excalibur », Bulletin de l'Association Guillaume Budé,‎ , p. 79-95 (ISSN 0004-5527)
  7. (en) Dictionnaire Brewer's Dictionary of Phrase and Fable.
  8. Joël Grisward, « Le motif de l’épée jetée au lac : la mort d’Arthur et la mort de Batradz », Romania, 90, 1969, p. 289-340 et p. 473-514.
  9. Mark Adderley et Alban Gautier, Les origines de la légende arthurienne : six théories, Médiévales, 59, automne 2010, mis en ligne le 20 mars 2013, consulté le 23 octobre 2020
  10. (en) Stephen Holden, « 'The Illusionist': How Does a Man of Mystery Survive? It’s Magic », sur The New York Timescom, .
  11. (en) « (9499) Excalibur », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_7549, lire en ligne), p. 696–696

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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