Festina lente est un adage latin ou locution latine signifiant « Hâte-toi lentement »[1]. Il a la forme d'un oxymore et correspond à l'adage grec σπεῦδε βραδέως (speûde bradéōs). Il a été la devise de nombreux personnages ou familles : l'empereur Auguste (sous la forme grecque), l'imprimeur Alde Manuce, les Médicis, la famille aristocratique anglaise des Onslow (en) ou encore la famille Bouvier d'Yvoire. C'était aussi la devise de l'entreprise d'horlogerie suisse qui a donné naissance à la marque Festina.
Selon Suétone[2], σπεῦδε βραδέως était un des adages favoris d'Auguste, au point qu'on a souvent considéré que c'était sa devise[3] : « Il pensait que rien ne convenait moins à un chef accompli que la hâte et la témérité. C'est pourquoi, il répétait souvent ces adages : « Hâte-toi lentement », « Mieux vaut un capitaine prudent qu'audacieux », et encore : « On fait assez vite ce qu'on fait bien » [4]».
Érasme, qui commente cette expression dans ses Adages[5], suggère que la formule a pu être inspirée à Auguste par une expression qu'on trouve chez Aristophane[6], mais sans l'oxymore : σπεῦδε ταχέως (« Hâte-toi vite »).
La devise a parfois été attribuée aussi à l'empereur Titus, sans que cela s'appuie sur une source antique. En fait, une monnaie de l'époque de Titus présente le motif de l'ancre et du dauphin, mais c'est seulement au XVe siècle que ce motif apparaît comme une version figurée de la devise.
L'intérêt pour cet adage se manifeste fortement à la Renaissance, surtout à travers ses différentes traductions figurées. Le Songe de Poliphile, rédigé en 1467 et publié par Alde Manuce en 1499, le mentionne en l'associant au motif de l'ancre et du dauphin ; cette œuvre aura une influence profonde pendant deux siècles au moins.
L'adage prend ici la forme Semper festina lente (« Hâte-toi toujours lentement »). Dans le type de rébus prisé à cette époque, le cercle symbolise la permanence et traduit semper, tandis que l'ancre exprime la stabilité (lente) et le dauphin la vélocité (festina). La forme longue de l'adage montre l'influence directe du Songe sur l'un des sept emblèmes de la cour centrale de l'université de Salamanque (es), où le texte latin est accompagné, là aussi, de son équivalent grec ΑΕΙ ΣΠΕΥΔΕ ΒΡΑΔΕΩΣ, orthographié en fait « αει • σπευ • δεβραδεοσ »[7].
Cosme Ier de Médicis, grand-duc de Toscane, choisit cette devise en référence à Auguste, dont il emprunte également le signe astrologique du capricorne. Son symbole est d'ailleurs une tortue portant une voile sur la carapace, illustrant cette devise.
La Fontaine dit de la tortue, dans Le Lièvre et la Tortue : « Elle se hâte avec lenteur » et Boileau applique cet adage au travail de l'écrivain :
Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse et le repolissez.
Ajoutez quelquefois et souvent effacez.
— Art poétique, I, 171-173.
La famille anglaise des comtes d'Onslow (en), dans le Shropshire, à laquelle appartient le compositeur français George Onslow (1784-1853), avait pris cette devise, par jeu de mots sur le nom de la famille (on – slow).
La devise a été traduite en images de diverses façons :