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Prenant rapidement une grande ampleur, les flammes détruisent intégralement la flèche principale, qui s'effondre, ainsi que les toitures de la nef et du transept, charpente comprise. En s'effondrant, la flèche provoque l'écroulement de la voûte de la croisée du transept, d'une partie de celle du bras nord et de celle d'une travée de la nef. L'intervention de centaines de pompiers, jusqu'au lever du jour le lendemain, permet de sauver la structure globale de l'édifice et d'épargner les deux tours, ainsi que la façade occidentale, le trésor et l'essentiel des œuvres d'art de la cathédrale. Il s'agit du plus important sinistre subi par la cathédrale depuis sa construction.
L'incendie entraîne une très forte émotion, tant en France que dans le reste du monde, ainsi qu'une importante couverture médiatique. Au lendemain du sinistre, le président de la République, Emmanuel Macron, annonce vouloir reconstruire la cathédrale dans un délai de cinq ans.
Contexte
Historique
La cathédrale Notre-Dame de Paris, construite entre les XIIe et XIVe siècles sur l'île de la Cité, au cœur de Paris, avait été restaurée au XIXe siècle[1]. Elle n'avait jusqu'ici jamais été touchée par un incendie, alors que les départs de feu dans les églises étaient fréquents avant l’invention du paratonnerre au XVIIIe siècle, selon Odon Vallet, historien des religions[2]. L'électricité n'avait jamais été installée dans la charpente (surnommée « la forêt ») pour éviter les incendies[3].
Travaux de restauration
Depuis plusieurs mois, une partie du monument était en travaux de restauration, notamment pour nettoyer l'extérieur de la flèche, noircie par la pollution, et un ensemble de sculptures métalliques, oxydées[4]. Le chantier de la flèche devait durer quatre ans et, par la suite, le chœur devait être restauré sur dix ans[5]. L'État avait financé à hauteur de 2,5 millions d'euros la restauration de la flèche, somme que MgrPatrick Chauvet, recteur de la cathédrale, avait jugée insuffisante pour couvrir l'ensemble des travaux de rénovation[6]. Il avait notamment été question de faire appel à des mécènes internationaux[7].
Incendie
L'incendie se déclare le (début de la Semaine sainte[8]), vers 18 h 15[9]. Le départ de l'incendie se situe au niveau de la charpente près de la flèche de la cathédrale. Il trouve son origine dans les combles[réf. nécessaire], à la base de la flèche, œuvre de l'architecte Viollet-le-Duc, constituée de 500 tonnes de bois et 250 tonnes de plomb, qui surmonte la croisée du transept et culmine à 93 mètres[10]. D'après les pompiers, les flammes sont apparues au niveau des échafaudages installés sur la toiture et se sont propagées extrêmement vite[11], atteignant l'ensemble du toit et détruisant la charpente, la plus vieille de Paris, faite de 1 300 chênes, soit 21 hectares de forêt[12],[13].
Chronologie
Alerte et début de l'incendie
D'après les informations données par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, une première alarme incendie survient à 18 h 20, soit cinq minutes après le début de la messe du chanoine Jean-Pierre Caveau, qui débutait la lecture de l'Évangile au moment de la première alerte[14]. Une procédure de levée de doute s’ensuit. L’hypothèse d'un bug informatique sur le boîtier de commande des agents de la sécurité de l'édifice sera par la suite avancée, avant d'être finalement écartée. Pendant ce temps, une sonnerie d'alarme se fait entendre dans la cathédrale, entrecoupée de messages diffusés en français et en anglais, demandant à tous les visiteurs présents dans l'édifice de rester calme et de procéder à l'évacuation du bâtiment au plus vite. Croyant à une fausse alerte ou à un dysfonctionnement du système de sécurité incendie, les personnes présentes restent sur place pendant quelques minutes avant d'évacuer les lieux. Cette première alerte a retenti grâce au déclenchement d'un détecteur de fumée. Un employé de sécurité se rend alors dans les combles, sans constater le moindre incident[15].
À 18 h 43, cet employé découvre des flammes au niveau de la charpente après s'être rendu à un autre endroit, déclenchant ainsi une deuxième alerte. Un filet de fumée s'échappe du toit. Arrivés quinze minutes plus tard, les pompiers ne parviennent pas à maîtriser le feu. De nombreux témoins assistent à la scène[16].
Progression du sinistre
À 19 h 50, la grande flèche s'effondre[17]. Le feu semble alors diminuer progressivement en intensité, malgré de réguliers embrasements silencieux qui doublent brusquement la hauteur des flammes et libèrent un volumineux panache de fumée jaune[18],[19], traduisant la combustion d'alliage de cuivre et de plomb[20]. Ces embrasements réguliers pourraient être liés au chantier.
À 20 h 59, le feu semble avoir regagné en intensité et touche la tour nord[21]. À 21 h 7, un journaliste de France Info présent sur l'île de la Cité constate que cette tour nord commence à prendre feu[22], ce qui est confirmé peu après par l'agence Reuters[23],[24].
Interrogée sur la possibilité de larguer de l'eau à basse altitude, la direction de la Sécurité civile indique ne pas vouloir recourir à cette solution, car le poids de l'eau risquerait de fragiliser la structure[25]. Un porte-parole de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris précise que d’importants moyens d’intervention sont mobilisés[26] et des sapeurs-pompiers d'Île-de-France[a] arrivent en renfort. L'une des difficultés est l'absence de colonne sèche dans l'édifice[30].
Procédure de sauvetage
Peu avant 22 heures, le secrétaire d'État à l'Intérieur, Laurent Nuñez, arrivé sur place, annonce à la presse que le sauvetage de la cathédrale est en cours et mobilise quelque quatre cents pompiers et l'utilisation de dix-huit lances à eau[31]. Vers 22 h 50, le général Jean-Claude Gallet, commandant de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, annonce que les tours sont sauvées, l'action des pompiers ayant permis d'enrayer la propagation en direction de la tour nord[32].
Après trente minutes d'incendie, toiture et flèche sont embrasées (19 h 17).
Le 16 avril vers 4 heures du matin, le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, annonce que l'incendie est maîtrisé et partiellement éteint. À 9 h 50, il indique que le feu est éteint et qu'il s'agit d'entrer dans la phase de l'expertise pour examiner l'ensemble des structures et déterminer les conditions de leur consolidation[33].
L'incendie a mobilisé au total plus de six cents pompiers[34], appuyés par dix-huit lances et plusieurs camions à grande échelle[35].
Controverse sur les causes du sinistre
Benjamin Mouton, ancien architecte en chef des monuments historiques chargé de la cathédrale de 2000 à 2013 et qui a encadré la dernière mise à jour du dispositif de détection incendie, grâce à un dispositif très onéreux, déclare : « il fallait très peu de minutes pour qu'un agent aille faire la levée de doute. Nous avons fait remplacer de nombreuses portes en bois par des portes coupe-feu. Nous avons limité tous les appareils électriques, qui étaient interdits dans les combles »[36] ; la protection incendie avait été portée « à son plus haut niveau ».
Il émet également des doutes sur la cause de l'incendie, ses propos étant confirmés par un expert anonyme du secteur de la construction selon lequel « L'incendie n'a pas pu partir d'un court circuit, d'un simple incident ponctuel. Il faut une vraie charge calorifique au départ pour lancer un tel sinistre. Le chêne est un bois particulièrement résistant »[37], et par des artisans connaisseurs de la cathédrale, selon lesquels « Le bois des charpentes était dur comme de la pierre, vieux de plusieurs siècles »[38]. Les causes réelles de l'incendie ne seront connues qu'à l'issue des enquêtes judiciaires et administratives en cours[37].
Le professeur Laurent Izard indique : « Il n’y avait aucun travaux en cours au niveau de la charpente de la cathédrale. Le seul chantier en cours était celui de l’installation de l’échafaudage. Mais les ouvriers ne pouvaient pas pénétrer sous le toit dans la charpente : il ne s’agissait que de travaux à l’extérieur. Impossible dans ces conditions que ces travaux aient pu mettre le feu accidentellement aux poutres à la charpente à l’intérieur de l’édifice. »[40] Cette question fait partie de l'objet des enquêtes en cours.
Moyens d'action mis en œuvre pour la lutte incendie
De nombreux moyens de lutte sont mis en œuvre selon la technique et le besoin pour traiter le feu en fonction des zones de la cathédrale[41].
À l'intérieur de la nef, le choix se porte sur un drone terrestre pour faire diminuer la température de la nef et limiter le risque humain face à l'effondrement de la voûte. Le robot lanceur d'eau Colossus, un engin sur chenille d'une masse de cinq cents kilogrammes, permet d'emporter deux cents mètres de tuyaux et d'envoyer trois mille litres d'eau par minute[42],[43].
Les drones aériens sont mis en place par la police pour survoler la cathédrale et repérer les départs de feu[41]. Un dessin opérationnel est également réalisé afin de bien pouvoir identifier les différents foyers et de maîtriser au mieux l'incendie ainsi que la stratégie à adopter[44].
Le feu est combattu par l'intérieur des tours et non par l'extérieur. Cette technique française permet d'éviter de repousser les gaz chauds vers l'intérieur de la tour et de limiter la montée en température[41],[45]. L'absence de colonne sèche dans l'édifice[46] a diminué l'efficacité de l'intervention. Seule la rosace nord sera traitée par l'extérieur depuis une grande échelle pour la refroidir[47].
Les moyens humains sont estimés à quatre cents pompiers dont une vingtaine ont pris le risque de pénétrer dans le bâtiment pour sauver les tours[48].
Le combat par l'extérieur se fait avec dix-huit lances sur grandes échelles et bras articulés.
Deux bateaux-pompes sont présents sur la Seine ainsi que de nombreuses pompes pour alimenter les lances[47].
Conséquences
Patrimoine
La flèche et la toiture sont en feu.
La flèche et la toiture sont détruites ainsi que trois endroits de la voûte.
En rouge les trous dans les voûtes de Notre-Dame de Paris.
En rouge les parties détruites de Notre-Dame de Paris.
En jaune la toiture qui a brûlé en 2019.
Superstructure
La flèche de la cathédrale, œuvre de Viollet-le-Duc, s'est effondrée[17]. Cette flèche était constituée d'une charpente de 500 tonnes de bois, recouverte de 250 tonnes de plaques de plomb (oxydé en surface). À la température de l'incendie, le plomb a fondu et a été en partie sublimé.
Les deux tiers de la toiture dont la charpente en bois de chêne — datant de l’époque de la construction de la cathédrale : du début du XIIIe siècle pour la nef et du XIIe siècle pour le chevet — sont détruits[49],[50]. Une partie des voûtes est touchée[51].
Les deux tours, la structure architecturale[52] et les vitraux des XIIe et XIIIe siècles des rosaces sont préservés[53] ; plusieurs autres vitraux plus récents ont subi des dommages importants[53], dont les deux petites rosaces aux pignons du transept.
Le pignon nord du transept, fragilisé et instable, a dû être renforcé et sécurisé[54].
Les premières photographies prises depuis la nuit du montrent que les deux grandes rosaces des bras sud et nord du transept semblent intactes, de même que les sculptures d'Antoine Coysevox et de Guillaume et Nicolas Coustou dans le chœur.
La Vierge à l'Enfant sculptée du XIVe siècle, aussi appelée Vierge au pilier et située au pied du pilier sud-est de la croisée du transept[61], a simplement été mouillée par les lances anti-incendie, mais n'est pas endommagée[62] (c'est auprès de cette statue que Paul Claudel se convertit au catholicisme)[63]. Les tableaux accrochés dans la cathédrale n'ont pas été abîmés[64].
Pratiquement à la base de la flèche se trouvait une grande horloge Collin datant de 1867. Elle a sans doute été détruite, mais des vestiges se trouvent peut-être parmi les décombres de la flèche. Cette horloge menait à quatre cadrans (deux par croisillons), qui ont tous été détruits. Cette horloge pourrait être reconstruite, dans la mesure où toutes les données sont disponibles[65].
Au sommet de la flèche, figurait une girouette surmontée d'un coq. Celui-ci renferme trois reliques : une parcelle de la couronne d'épines, une relique de saint Denis et une autre de sainte Geneviève[66]. D'abord cru perdu, le coq est retrouvé le lendemain du sinistre ; il n'est pas gravement endommagé[67],[68].
L'autel moderne, représentant les silhouettes stylisées des quatre évangélistes, commandé à l’artiste Jean Touret par le cardinal Jean-Marie Lustiger en 1989[69] est écrasé par un amas de pierres et de poutres brûlées après l'incendie. L’ancien autel traditionnel (maître-autel) de la Pieta au fond du chœur est épargné tout comme sa grande croix en bois doré[70],[62],[71].
Le grand orgue de Cavaillé-Coll de 1868, rendu provisoirement inutilisable par la suie et la poussière (il devra être démonté de fond en comble), ne semble avoir subi aucun autre dommage[72],[73],[74]. Eric Brottier, technicien-conseil auprès du ministère de la Culture en charge du chantier de rénovation de l'orgue de Notre-Dame entre 2012 et 2014 a indiqué à France Musique que « relativement épargné [...] patrimonialement, il existe toujours, il n'est pas perdu »[75],[76].
Vincent Dubois, co-titulaire de la tribune de la cathédrale avec Olivier Latry et Philippe Lefebvre rapporte cependant à La Lettre du musicien l'inquiétude des organistes : « le grand orgue Cavaillé-Coll, dont la dernière restauration remonte à 2014, a été, a priori, sauvé par la dalle de couverture en pierre qui relie les deux tours ; il n'y a pas de charpente à cet endroit-là du toit, l'eau envoyée par les pompiers a coulé de part et d'autre et n'est pas tombée sur la tribune de l'orgue ; le buffet et la tuyauterie seraient donc épargnés mais si les voûtes de la nef, très fragilisées, ne sont pas rapidement consolidées, il faudra probablement démonter l'instrument et trouver un atelier assez grand pour le mettre à l'abri ; il n’en existe pas de tel en région parisienne ; tout l'enjeu est de savoir, très vite, si les clés de voûte vont résister au poids de l'eau et du plomb fondu qui s'y est déversé »[77].
L'orgue de chœur n'a pas brûlé non plus, les tuyaux n'ont pas fondu mais il a totalement pris l'eau. Johann Vexo, organiste de chœur de Notre-Dame depuis quinze ans jouait dans la cathédrale quand l'alarme a retenti vers 18 heures 30. Les organistes du monde entier rêvent de jouer un jour à Notre-Dame : c’est ici que la musique classique est née. Il faudra attendre des années avant de pouvoir rejouer cet instrument après sa remise en état, une fois qu’il aura pu être examiné de près[78].
Environnement
Une fumée blanche à jaunâtre, très opaque (et plus brièvement une fumée noire, dans la tour et au niveau d'un pignon) a été visible à des kilomètres[79] ; 250 tonnes de plomb, métal fondant à basse température (327,5 °C) et sublimé à haute température, recouvraient la flèche et 210 tonnes de plomb constituaient les 1 326 feuilles ou tuiles de plomb couvrant le reste de la charpente[80]. Pour parer aux risques d’intoxication, les habitations proches ont été évacuées[79].
Selon les relevés[81] d’Airparif du mardi , grâce aux conditions météorologiques « particulièrement dispersives avec un vent de est-sud-est de 3 m/s », le panache de fumée a été porté hors de Paris en suivant le « couloir de la Seine ». De plus, en raison de la température du foyer, la fumée s’est élevée à plusieurs dizaines de mètres sans contaminer localement les basses couches de l’air mais « l'incendie a provoqué le rejet d'une quantité très importante de particules »[79].
L'essentiel du panache de pollution semble avoir été entièrement déporté hors de Paris, car les cinq stations de mesures de la qualité de l'air les plus proches de l’incendie (situées à Beaubourg, sur le quai des Célestins, rue Bonaparte, boulevard Haussmann et place de l'Opéra) n’ont pas enregistré d’augmentation des particules fines, pas plus que les capteurs les plus éloignés. Aucun « véritable dépassement de seuil de pollution de l'air » n’a été enregistré par les capteurs durant le feu ou dans les heures qui l’ont suivi[79]. Des témoins présents au début de l'incendie ont néanmoins décrit un air irrespirable ou une forte odeur de brûlé quand les flammes ont commencé à être visibles sur la toiture[80]. Airparif n'exclut donc pas une pollution très locale[79].
Les trois ruches installées en 2013 sur le toit de la sacristie ont été épargnées et les 200 000 abeilles qu'elles abritent ont survécu à l'incendie[82]. Le bon déroulement de la reproduction des faucons crécerelles et autres oiseaux qui nichent dans la cathédrale est en revanche incertain[83].
Bilan humain
L'incendie n'a fait aucune victime civile. Toutefois, parmi les pompiers, un blessé a été pris en charge par l'AP-HP[84].
D'autres victimes parmi les premiers sapeurs-pompiers de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) qui sont intervenus sur les lieux au début de l'incendie ont été constatées et ont été prises en charge médicalement pour intoxications aux gaz et fumées[85],[86]. Moins de dix personnes ont été prises en charge par les secours[réf. nécessaire].
Vie politique
En raison de l'incendie, le président de la République française, Emmanuel Macron, décide de reporter la diffusion de l’allocution télévisée qu’il devait prononcer le à 20 heures pour la restitution du grand débat national. Il se rend sur les lieux[52] et prend la parole vers 23 h 40, annonçant : « Cette cathédrale, nous avons su l’édifier, la faire grandir, l’améliorer. Nous la rebâtirons tous ensemble parce qu’elle est une part du destin français »[87]. Plusieurs candidats suspendent leur campagne pour les élections européennes[88]. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, écourte son déplacement à Mayotte[89].
Le , les équipes de pompiers, de policiers, de membres de la Croix-Rouge et de la protection civile sont reçues au palais de l'Élysée par le président de la République, et devant l’hôtel de ville de Paris, où une cérémonie est organisée[90].
Vie religieuse
Les cérémonies et offices de la Semaine sainte ayant habituellement lieu à Notre-Dame sont déplacés à Saint-Sulpice, la plus grande église de Paris, qui contient 2 200 places assises, et à Saint-Eustache[91],[92].
Social
L'avenir d'un nombre important de personnes employées pour le fonctionnement de la cathédrale sous le statut de salariés ou de prestataires de service est incertain. Une partie des agents qui relèvent de l'État sont temporairement reclassés dans les autres musées de l'Île de la Cité, comme la Conciergerie ou la Sainte-Chapelle. Les soixante-huit salariés du diocèse de Paris voient leur salaire maintenu provisoirement par leur employeur[93],[94].
Enquêtes
Judiciaire
Cette section est liée à une affaire judiciaireen cours (avril 2019). Le texte peut changer fréquemment, n'est peut-être pas à jour et peut manquer de recul. N'hésitez pas à participer à l'écriture de synthèse de manière neutre et objective, en citant vos sources. N'oubliez pas que, dans nombre de systèmes judiciaires, toute personne est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement et définitivement établie.
Le parquet de Paris ouvre une enquête pour « destruction involontaire par incendie »[52] le jour même, afin de déterminer les causes du sinistre. Celle-ci est confiée à la police judiciaire de Paris[95]. Le préfet de police a institué, par l'arrêté n°2019-00371, un périmètre de sécurité autour de la cathédrale au sein duquel le séjour des personnes est réglementé jusqu'au 22 avril 2019[96]. Le 21 avril 2019, le préfet de Police, dans un nouvel arrêté, abroge le précédent arrêté, et fixe un nouveau périmètre de sécurité jusqu'à nouvel ordre[97],[98].
D'après les premières informations disponibles, les spécialistes du laboratoire central de la préfecture de police vont guider les techniciens de l'identité judiciaire pour les débuts de l'enquête, sous le contrôle des spécialistes de la procédure judiciaire à la brigade criminelle[9].
Selon une source policière citée par Le Monde, l'enquête devrait « marier des éléments policiers et des éléments techniques, avec des expertises qui vont être missionnées »[99]. Les ouvriers du chantier sont entendus dès la nuit du par les enquêteurs[100]. Au lendemain du sinistre, le procureur de la République de Paris indique que « rien ne va dans le sens d'un acte volontaire », privilégiant ainsi la piste accidentelle[101]. Six jours après l'incendie, « les enquêteurs restent prudents sur les circonstances du départ de feu, même si la piste d'une défaillance électrique est privilégiée. L'hypothèse d'un acte volontaire, comme celle d'un bug informatique, est écartée »[9].
MgrPatrick Chauvet, recteur de Notre-Dame de Paris, annonce le qu'il va déposer une plainte pour destruction involontaire après l'incendie de la cathédrale[102].
Administratives
Parallèlement à cette enquête judiciaire et à cette plainte au civil, des enquêtes administratives sont ouvertes pour déterminer les conditions dans lesquelles le feu s'est déclenché[103].
Réactions
Monde religieux et culturel
À partir de 22 heures, le soir de l'incendie, des églises françaises font sonner leurs cloches comme invitation à la prière[52]. Au lendemain du sinistre, le plénum de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg sonne à midi en signe de solidarité, suivi par les cloches d'une quinzaine de cathédrales européennes[104].
Le Saint-Siège fait part de sa tristesse et de son incrédulité. Le papeFrançois qualifie cet incendie de « catastrophe » dans un message adressé à l’archevêque de Paris[105], rappelant le symbole que représente pour la chrétienté la cathédrale Notre-Dame de Paris, en France et dans le monde[106]. L’archevêque de Monaco, MgrBernard Barsi, se dit en « union de prière avec tous les catholiques de France » et exprime son soutien à « tous les pompiers qui luttent pour la sauvegarde de ce haut lieu du patrimoine religieux français »[107]. Le grand-rabbin de FranceHaïm Korsia adresse un message de solidarité à l'archevêque de Paris MgrMichel Aupetit[108]. Il exprime sa sympathie au monde catholique en déclarant : « Pâques pour les chrétiens, c’est la mort et la résurrection. Je crois qu’il faut qu’on sache qu’il y aura la résurrection de ce bâtiment qu’on voit brûler »[109] ». Le recteur de la mosquée al-AzharAhmed el-Tayeb exprime sa tristesse devant « l'incendie massif qui touche le chef-d’œuvre architectural historique qu'est la cathédrale Notre-Dame de Paris. Nos cœurs sont tournés vers nos frères en France, qui méritent notre plein soutien »[110]. Le lendemain de l'incendie, le Conseil français du culte musulman et le recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane appellent les musulmans de France à « manifester leur solidarité » et à « participer à l'effort financier » pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris[111].
Au matin du , le violoncelliste Gautier Capuçon joue sur un trottoir, en face de la cathédrale, Après un rêve, mélodie profane écrite à l'origine pour une voix et piano par Gabriel Fauré.
À l’appel de la Conférence des évêques de France, et en solidarité avec le diocèse de Paris, toutes les cloches des cathédrales et des églises de France sonnent le 17 avril à 18 h 50, heure du début de l’incendie à Notre-Dame de Paris[112].
Certains bâtiments arborent le drapeau tricolore en hommage à la cathédrale Notre-Dame. L'Empire State Building, le nouvel édifice qui s'élève sur le site de Ground Zero, la Chapel of Our Lady of Jerusalem (en)[113], et la préfecture de police de Paris font partie des bâtiments qui se sont illuminés aux couleurs de la France[114]
Au soir de l'incendie, La Fenice a posté sur son compte Twitter un témoignage d'amitié et de soutien : « Nous avons été assaillis par le feu, mais par le feu nous sommes devenus plus forts qu'auparavant. Amis, nous sommes à vos côtés, ne craignez rien ! »[115],[116].
Au niveau national
De nombreuses personnalités et institutions de tous les domaines confondus réagissent sur différents réseaux sociaux et à la télévision.
Au lendemain de la catastrophe, Emmanuel Macron s’adresse aux Français, déclarant notamment : « Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore et je veux que ce soit achevé d'ici cinq années. L'incendie de Notre-Dame nous rappelle que notre histoire ne s'arrête jamais et que nous aurons toujours des épreuves à surmonter. Nous sommes ce peuple de bâtisseur, nous avons tant à reconstruire »[121]. Le 17 avril, le Conseil des ministres sera entièrement consacré aux suites de l'incendie de la cathédrale[122], selon l'Élysée. Il sera suivi d'une réunion de lancement de la souscription nationale pour la reconstruction de Notre-Dame.
Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, déclare : « la France est touchée dans sa chair, dans son identité, dans son histoire »[123]. Son successeur, François Hollande, estime que « Notre-Dame est notre patrimoine commun, c’est une blessure de la voir ainsi ravagée par les flammes »[124]. Pour Jean-Luc Mélenchon, députéLa France insoumise, « ce bâtiment est un membre de notre famille »[125].
Dans les jours suivant l’incendie, les ventes de livres liées à la cathédrale Notre-Dame de Paris augmentent fortement. Selon le baromètre d’Amazon, les dix-huit premières places sont alors occupées par des ouvrages en lien avec le monument, notamment le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, qui est largement en tête du classement et qui est en rupture de stock dans plusieurs librairies. Un phénomène comparable avait été observé quelques années plus tôt, lors des attentats de janvier 2015, où les ventes du roman Paris est une fête, d'Ernest Hemingway, s'étaient envolées, tout comme Traité sur la tolérance, de Voltaire[126].
Au niveau international
De nombreuses personnalités (chefs d'État et maires de grandes villes mondiales, ainsi que des personnalités internationales) et institutions ont réagi dès qu'elles ont été informées de l'événement.
Réactions internationales
ONU : António Guterres, secrétaire général des Nations unies, fait la déclaration suivante « horrifié par les images de l'incendie qui dévaste la cathédrale Notre-Dame — un joyau unique du patrimoine mondial qui règne sur Paris depuis le XIVe siècle. Mes pensées vont au peuple et au gouvernement français »[127].
Arménie : le Premier ministre, Nikol Pachinian, écrit sur Twitter : « Une immense tristesse devant ces images bouleversantes de Notre-Dame de Paris. L'Arménie s'associe à l'émotion de la France »[132].
Autriche : le président fédéral, Alexander Van der Bellen, exprime qu'il s'agit d'« images affreuses et dérangeantes » et que « nous sommes aujourd'hui en pensées à Paris ». Le président du Conseil nationalWolfgang Sobotka exprime qu'« en tant qu'historien, cela me fait particulièrement du mal de voir Notre-Dame, partie de notre héritage culturel européen, en flammes »[133].
Belgique : le Premier ministre, Charles Michel, déclare « Notre-Dame de Paris en feu, une immense émotion, Victor Hugo, une part de l’Histoire de France, de l’Europe. Mes pensées et mon soutien pour nos Amis français »[134].
Brésil : le président de la République, Jair Bolsonaro, exprime son « profond regret devant le terrible incendie qui sévit dans l’un des plus grands symboles de la spiritualité et de la culture chrétiennes et occidentales » et assure les Français des « prières » des Brésiliens[135].
Canada : le Premier ministre, Justin Trudeau, déclare : « Cela nous brise le cœur de voir la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes. Nous pensons à nos amis français qui combattent cet incendie dévastateur »[136].
Chili : le président, Sebastián Piñera, déclare : « Fort de ses 850 ans d'histoire et de sa merveilleuse beauté, l'incendie de #NotreDame de Paris est une véritable tragédie: beaucoup de force et de foi pour tous les français et ceux qui œuvrent sans relâche pour contrôler les incendies. Nos pensées et nos prières sont avec vous »[137].
Chine : Si le président chinois Xi Jinping a envoyé un message de soutien à Emmanuel Macron, de nombreux chinois « font un rapprochement entre l’incendie de Notre-Dame et celui de l'ancien Palais d'Été, le somptueux palais royal chinois, qui fut brûlé et pillé par les armées française et britannique en 1860 »[138]
Côte d'Ivoire : le président, Alassane Ouattara, exprime la « solidarité » de son pays « avec la France et toute la communauté chrétienne suite au terrible incendie qui a ravagé la Cathédrale Notre-Dame de Paris »[139].
Égypte : le président de la République, Abdel Fattah al-Sissi, fait part de sa tristesse, son soutien et son amitié au peuple français[140].
Émirats arabes unis : le ministre des Affaires étrangères, Anwar Gargash (en), tweete : « Très attristés par le terrible incendie qui détruit la grande cathédrale Notre-Dame. Un monument sacré important pour la France et au-delà. Une terrible catastrophe »[141].
Espagne : le président du gouvernement, Pedro Sánchez, indique : « L’incendie de Notre-Dame est une catastrophe pour la France et pour l’Europe. Les flammes ravagent 850 ans d’histoire, d’architecture, de peinture et de sculpture. Cela va être difficile à oublier. La France peut compter sur nous pour récupérer la grandeur de son patrimoine »[142].
États-Unis : le président, Donald Trump, déclare sur Twitter : « c'est si terrible d'assister à ce gigantesque incendie à Notre-Dame de Paris. Peut-être faudrait-il utiliser des bombardiers d'eau pour l'éteindre. Il faut agir vite »[143]. L'ancien président américain Barack Obama ainsi que sa femme, Michelle Obama et l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Hillary Clinton ont également apporté leur soutien au peuple français[144]. La Première dame, Melania Trump apporte son soutien via un tweet tout comme le vice-président des États-Unis, Mike Pence[88].
Grèce : le Premier ministre, Aléxis Tsípras, déplore une « grave perte pour le patrimoine culturel mondial »[88].
Iran : le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif (en), tweete : « Attristé que Notre-Dame - ce monument emblématique dédié au culte de notre Dieu unique et qui nous a tous rapprochés à travers le chef-d'œuvre littéraire de Hugo - soit partiellement détruite après avoir traversé les guerres et la révolution pendant 800 ans. Nos pensées vont aux Français et tous les catholiques »[145].
Italie : le président du Conseil, Giuseppe Conte, affirme qu'il s'agit « d'un coup au cœur pour les Français et pour nous tous les Européens ». Luigi Di Maio et Matteo Salvini, les vice-présidents du Conseil des ministres, apportent également leur soutien au peuple français[148],[149].
Japon : le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, déclare : « Si le gouvernement français demandait de l'aide de quelque manière que ce soit, le gouvernement japonais étudierait cela avec détermination »[145].
Liban : le Premier ministre, Saad Hariri, publie sur Twitter : « Le monde entier est pris de tristesse en voyant l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Un désastre de patrimoine et d’humanité indescriptible. Toute la solidarité du Liban avec le peuple français »[150].
Mexique : le président, Andrés Manuel López Obrador, a déclaré : « Je suis désolé pour l'incendie de la cathédrale Notre-Dame à Paris, en France. C'est une honte pour l'art, la culture et la religion »[151].
Pologne : le président de la République, Andrzej Duda, réagit sur son compte Twitter : « Une tragédie pour les gens croyants, une catastrophe pour la culture et l'art mondiaux »[141].
Québec : le Premier ministre, François Legault, déclare sur son compte Twitter : « Les terribles images qui nous proviennent de Paris me touchent profondément. Notre-Dame de Paris est un joyau ! J’ai une pensée pour les Parisiens aujourd’hui et pour les pompiers qui combattent les flammes »[153].
Royaume-Uni : la reine Élisabeth II s'est dite « profondément attristée » par l'incendie de Notre-Dame[154]. La Première ministre, Theresa May, affirme que « ses pensées vont aux Français ce soir et aux services d’urgence qui luttent contre le terrible incendie de la cathédrale Notre-Dame »[155]. Le maire de Londres, Sadiq Khan, déclare quant à lui « Scènes déchirantes de la cathédrale Notre-Dame en flammes. Londres est aujourd'hui dans le chagrin avec Paris et toujours dans l'amitié »[156].
Russie : le président, Vladimir Poutine, déclare « Notre Dame est un symbole historique de la France, un trésor inestimable de la culture européenne et mondiale, l'un des sanctuaires chrétiens les plus importants. La catastrophe survenue cette nuit à Paris a provoqué une grande douleur dans le cœur des Russes »[157].
Sénégal : le président de la République, Macky Sall, exprime son soutien au peuple français de la façon suivante : « Un des plus grands symboles de la France, Notre-Dame vieille de plus de 800 ans est en proie aux flammes depuis plusieurs heures. Au nom du Sénégal, j’exprime toute notre solidarité à la France et à toute la communauté chrétienne à travers le monde »[158].
Suisse : le président de la Confédération, Ueli Maurer, exprime la tristesse du gouvernement suisse « de voir en plein Paris un monument si cher au cœur de tous ravagé par des flammes »[159].
Turquie : le chef de la diplomatie, Mevlüt Çavuşoğlu, publie le message suivant sur Twitter : « La destruction de ce chef d'œuvre architectural appartenant au Patrimoine Mondial est une catastrophe pour l'humanité entière »[152].
Vatican : Alessandro Gisotti (it), directeur par intérim de la salle de presse du Vatican, fait savoir que « le Saint-Siège a appris avec incrédulité et tristesse la nouvelle du terrible incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, symbole de la chrétienté, en France et dans le monde »[160].
Venezuela : l'opposant et président autoproclamé, Juan Guaidó, publie sur Twitter : « Nous savons que le peuple français, toujours à l'avant-garde de la culture mondiale, se remettra de cette tragédie »[141].
Couverture médiatique
Les chaînes d'information en continu nationales et internationales couvrent l'événementErreur de référence : La balise ouvrante <ref> est mal formée ou a un mauvais nom.,[161],[162]. Les deux principales chaînes de télévision de France, TF1 et France 2, y consacrent leur soirée. France 3 et M6 prennent l'antenne en fin de soirée pour une édition spéciale. Différentes chaînes d'information internationales y consacrent de longs directs, comme CNN ou la BBC. L'événement fait la une des principaux journaux télévisés en Allemagne et en Italie et plus généralement dans le monde entier. La presse japonaise souligne que la cathédrale était un des rares lieux touristiques au monde où il était possible d'entrer librement[163].
Le lendemain, le , la cathédrale en feu apparaît dans les unes de journaux de plusieurs pays[164].
Plusieurs chaînes de télévision française déprogramment certaines émissions télévisées comme TF1 qui diffusera un numéro spécial de Qui veut gagner des millions en première partie de soirée consacré à la reconstruction de la cathédrale[165]. France 2 diffusera un numéro spécial d'Envoyé spécial et présentera une émission spéciale afin de récolter des dons pour la reconstruction animée par Stéphane Bern. Un grand concert qui réunira de nombreux artistes et près de 2 millions de téléspectateurs . Lors de cette soirée spéciale, le ministre de la culture, Frank Riester, a déclaré que la cathédrale était « presque sauvée » et la ministre des armées, Florence Parly, transmettra en direct un message vidéo provenant du porte-avions Charles-de-Gaulle où on peut voir les marins former sur le pont du porte-avions le dessin de la façade de la cathédrale et le mot Paris en bleu-blanc-rouge[166],[167]. W9 diffusera un numéro spéciale d'Enquête d'action consacré aux pompiers de Paris et la comédie musicale Notre-Dame de Paris qui sera rediffusée sur M6 quelques jours plus tard en deuxième partie de soirée[168],[169]. Arte diffusera le film Quasimodo, le bossu de Notre-Dame[170]. TFX proposera un Appels d'urgence spécial consacré aux pompiers de Paris. TF1 Séries Films proposera la rediffusion du film franco-italien Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy. France 5 proposera un numéro spécial en direct de La Grande Librairie, entièrement consacré à Notre-Dame. RMC Découverte proposera aussi une soirée spéciale avec la diffusion du documentaire Au cœur de Notre-Dame[167].
Choix des moyens d'intervention
En réaction aux propos du président américain Donald Trump sur l'utilisation des Canadair pour combattre l'incendie, de nombreux médias expliquent l'impossibilité et le danger d'une telle action[171]. D'abord parce que l'utilisation d'un avion de type Canadair « ce serait comme jouer au bowling avec la cathédrale, tout s'effondrerait », répond mardi le porte-parole de la Sécurité civile[172],[173]. Le doute sur une intervention aérienne est levé de par l'éloignement des appareils, basés sur Nîmes, à deux heures de vol de Paris : ils n'auraient pu intervenir de nuit en raison de la législation et du danger du vol de nuit basse altitude. Concernant les hélicoptères bombardiers d'eau, ce type d'appareil ne semble pas exister en région parisienne[174].
Les grandes échelles permettent de monter à 30 mètres de haut, les bras élévateurs montent à 45 mètres, et le bâtiment culmine à 69 mètres, ce qui rend complexe l'intervention par ce manque de moyens adaptés à la caractéristique du bâtiment[175].
Actions de réhabilitation et de reconstruction
Statut de l'édifice
La cathédrale n’était pas assurée auprès d'une compagnie d'assurance. L'État est propriétaire des cathédrales tandis que l'Église catholique en est affectataire[176]. À ce titre, l'État en assure l'entretien et les réparations[177]. L'essentiel de la charge de la restauration, préévaluée par certains assureurs à plus d’un milliard d’euros, revient donc à l'État. Néanmoins, les assureurs pourraient être mis à contribution si l'hypothèse de l'origine de l'incendie liée aux travaux était confirmée. En raison du plafonnement des responsabilités, cette contribution ne couvrirait qu'une faible fraction des coûts liés à la restauration[178].
Financement
L'incendie de la cathédrale a eu un retentissement mondial. Sidérées par cet évènement encore en cours, des personnes ont voulu exprimer leur attachement au momument en voulant d'ores et déjà une « reconstruction de Notre-Dame », par des dons financiers et en nature que l'État essaye d'organiser.
Cadre pour les donations
À la suite du Conseil des ministres du 17 avril 2019 consacré à la restauration de la cathédrale, un projet de loi sera proposé pour apporter, selon les propos du Premier ministre, Édouard Philippe, « les garanties de transparence et de bonne gestion » dans la gestion des dons[179],[180]
Avant l'incendie et en soutien aux travaux de restauration entrepris en 2018, la convention-cadre, conclue le entre l'État, la Fondation Notre-Dame, l'organisme américain de type 501c3Friends of Notre-Dame de Paris et la Fondation Avenir du patrimoine à Paris afin d'accélérer le rythme des travaux, prévoyait que les financement privés devaient être centralisés par la FAPP, l'État s'engageant, dans la limite de 4 millions par an, à augmenter sa subvention annuelle d'un euro supplémentaire pour chaque euro récolté par le mécénat privé[186].
Le délégué à la Fondation Notre-Dame a indiqué à l'antenne de la Radio chrétienne francophone que « les œuvres sociales, charitables sont indissociables de la construction d'un édifice religieux » en précisant que « si la cathédrale appartient à l'État, la Fondation Notre-Dame se montrera tout de même attentive sur la répartition des fonds, notamment en soulignant l'importance de re-financer les installations techniques qui rendent l'édifice utilisable pour célébrer les offices »[187].
Le Gouvernement français annonce un cadre légal pour les donations dévolues à la réparation de la cathédrale, accompagnées d'incitation fiscale pour les particuliers (75 % au lieu de 66 %)[188].
Un dispositif fiscal spécifique pour les dons de particuliers est promis par le gouvernement (déduction fiscale pour les particuliers à hauteur de 75 % pour des dons jusqu'à 1 000 euros, puis 66 % au-delà de ce montant, avec un plafonnement à 20 % du revenu imposable)[189].
Cadre des financement publiques
Concernant les financements, le Conseil d’État a jugé en 2005 que « le principe constitutionnel de laïcité n'interdisait pas l'octroi, dans l'intérêt général et dans les conditions définies par la loi, de certaines subventions à des activités ou des équipements dépendant des cultes ». Les édifices protégés au titre des monuments historiques peuvent, de part l'article 19 de la loi de 1905 et au titre de la politique globale de la protection du patrimoine, obtenir des subventions définies par des critères stricts du Code du patrimoine[190]. Cela s'étend aussi au mobilier de ces édifices.
Dons monétaires
Au soir de l'incendie, le président Emmanuel Macron annonce la mise en place d’une souscription nationale pour rebâtir la cathédrale[191]. Le Premier ministre réunit le lendemain les ministres de la Culture et des Comptes publics, ainsi que le secrétaire d’État à l'Intérieur, pour préparer un « plan de reconstruction » de Notre-Dame[192].
Rapidement, des citoyens, associations et élus émettent l'idée de créer des souscriptions afin de financer la reconstruction de l’édifice[193],[194]. La Fondation du patrimoine lance dès le une « collecte nationale » pour rassembler des fonds[195].
Le site de la Fondation du patrimoine est saturé par l’afflux de visiteurs le soir de l'incendie. La plateforme en ligne Leetchi ouvre une page liée au financement des réparations[196]. Au total, les dons des grandes fortunes[197] et entreprises de France s’élèveraient au à 600 millions de promesses de dons[198]. Les dons importants émanant des grandes fortunes françaises suscitent cependant une controverse dans le monde politique, en raison de la déduction fiscale de 66 % dont elles peuvent bénéficier au titre de la niche fiscale sur le mécénat[198].
Le monde de la construction fait également des annonces : Vinci s'engage à apporter un mécénat de compétences et annonce sa participation financière à la souscription, tout comme la famille Duval. L'entreprise lance également un appel à une union du secteur français du BTP[199]. Groupama annonce vouloir offrir 1 300 chênes pour la reconstruction de la charpente[200].
Dans le secteur sportif, côté hippisme, il est décidé de rebaptiser le Prix du président de la République, qui doit se tenir dimanche de Pâques à Auteuil, du nom de la cathédrale et « d’en reverser le bénéfice au profit de la reconstruction » du monument[201]. SRO Motorsport annonce également verser la somme de 50 000 euros pour financer la reconstruction de l'édifice[202].
À l'international, la ville hongroise de Szeged annonce faire un don de 10 000 euros, en mémoire de l'aide qu'elle avait reçue de Paris en 1879 pour sa reconstruction à la suite d'une inondation dévastatrice[201]. La French Heritage Society (siège à New York), association américaine à but non lucratif qui aide à la préservation du patrimoine français, qu'il se trouve en France ou aux États-Unis, a mis en place un fonds pour recueillir les donations qui seront nécessaires à la restauration de la cathédrale[203]. Stéphane Bern indique que la milliardaire brésilienne Lily Safra a fait un « don important »[204]. Apple, par la voix de Tim Cook, s'engage également à faire un don[205]. L'université Notre-Dame-du-Lac aux États-Unis promet un don de 100 000 dollars pour « une église dont l'architecture gothique exquise a élevé vers Dieu les esprits et les coeurs pendant des siècles », selon son président[206].
Le lendemain de l'incendie, Stéphane Bern déclare que quelque 900 millions d'euros ont déjà été promis pour la cathédrale[207].
Tableau des dons
Le tableau suivant reprend les principales promesses de dons, par ordre décroissant :
Dans un autre domaine, Ubisoft en plus d'un don de 500 000 euros offre temporairement en téléchargement son jeu vidéo Assassin's Creed Unity, qui contient notamment une reproduction détaillée de la cathédrale[242]. Facebook et Amazon mettent en place des cagnottes afin de récolter de l'argent pour financer la reconstruction de la cathédrale.
Dons en nature
En parallèle, des promesses de dons en nature sont faites par différentes organisations, notamment :
Groupama, qui propose de donner 1 300 chênes centenaires pour la reconstruction de la charpente en bois[243] ;
ArcelorMittal, qui offre de l'acier pour contribuer à la reconstruction, et propose également ses compétences en matière de construction et d'architecture[244] ;
EDF, qui propose ses compétences et son expertise dans les réseaux électriques de secours et la sécurisation des chantiers électriques[245] ;
Air France, qui propose d'assurer le transport gratuit des acteurs officiels qui participeront à la reconstruction de la cathédrale[246] ;
Deux jours après l’incendie, le ministre de la Culture Franck Riester estime que la structure principale est sauvée, mais les architectes, dont Philippe Villeneuve (architecte en chef des monuments historiques) et son prédécesseur Benjamin Mouton, sont inquiets des effets des eaux d’extinction. L’effondrement de la flèche en feu, puis du reste de la charpente ont aussi créé un choc mécanique important et les pierres de la voûte calcinée sont probablement fragilisées[36]. Les pierres tendent à se transformer en chaux, et les jets d'eau lancés par les pompiers leur ont fait subir un choc thermique supplémentaire. Le pignon du transept nord et une partie de la tour sud sont probablement aussi fragilisés[36].
Dans les premières 48 heures après la catastrophe, des travaux de consolidation sont entrepris, notamment pour le pignon nord qui doit être déposé[248],[249].
Pour protéger la cathédrale de la pluie, une bâche sera installée très rapidement. Elle devrait prendre la forme d'un toit pointu, plus haut que l'ancien toit de la cathédrale, afin de laisser un certain espace de travail aux artisans qui œuvreront à la reconstruction de la charpente. Selon Franck Riester, « s'il se mettait à pleuvoir, il y aurait une accumulation d'eau et ça pèserait sur la voûte ». En cas de précipitations, l'eau pourra ainsi s'écouler le long des parois de la bâche[250].
le pignon du transept nord menace de s'écrouler et des travaux de consolidation sont réalisés dans la nuit du 21 avril ;
le pignon occidental est très fragilisé, la statue de l'ange est fendue sur toute la hauteur ;
l'angle de la tour sud ayant surchauffé les pierres, celles-ci sont devenues friables, ce qui augmente le risque que les chimères s'effondrent. Une opération pour les retirer est lancée.
Il exprime aussi son inquiétude sur trois points problématiques dus à l'effondrement de la voûte au niveau de la nef, de la croisée du transept et du transept nord. Un programme de consolidation par échafaudage est mis en place dès le 18 avril 2019 pour limiter le risque d'effondrement des autres parties de la voûte.
Assainissement du site
Les 300 tonnes de plombs fondus de la flèche, les eaux d'extinctions, cendres vont nécessiter une attention particulière lors de l'assainissement du site afin de limiter les pollutions toxiques[253],[254]. L'organisation de surveillance de la qualité de l'air Airparif procède a des analyses en laboratoire des filtres sur le risque plomb[255].
Sécurisation et restauration des œuvres
Dans un second temps, le , une phase d'évaluation et de sécurisation des œuvres encore présentes dans l'édifice est mise en place (tableaux, panneaux de bois sculpté, bas-reliefs…)[256],[257]. Les tableaux encore présents devraient être restaurés et entreposés au musée du Louvre.
Le , 15 grands tableaux sont mis en sécurité et seuls quatre restent dans la cathédrale, intacts mais situés dans des zones dangereuses[258].
Reconstruction
Le jour du sinistre, le président de la République, Emmanuel Macron, annonce que la cathédrale sera reconstruite[259],[260] et le lendemain, lors d'une allocution télévisée spéciale, il déclare : « Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d'ici cinq années »[261]. Le jour suivant, le Premier ministre Édouard Philippe annonce qu'un concours international d'architecture va être lancé pour reconstruire la flèche de la cathédrale[262]. Puis le général Jean-Louis Georgelin est nommé à la tête d’une mission de représentation spéciale « afin de veiller à l'avancement des procédures et des travaux qui seront engagés »[263]. Le gouvernement se donne aussi la possibilité de créer un établissement public pour porter cette reconstruction[264].
Ce délai, diversement apprécié par les spécialistes pour sa faisabilité[265], correspond à la tenue des Jeux olympiques de Paris 2024[266]. Philippe Plagnieux, professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université Panthéon-Sorbonne estime qu'il faudrait cinq à dix ans[267] et Frédérick Grevet, architecte du patrimoine, allonge le délai à une vingtaine d’années[268]. Mais selon Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques, il est peu probable que la charpente en bois soit reconstruite à l'identique, les derniers chefs-d'œuvre architecturaux ayant brûlé récemment étant rarement reconstruits à l'identique en raison de la longueur nécessaire des travaux[269]. Nonobstant l'étendue exacte des dégâts, le délai fixé par le président de la république exclue à priori la construction d'une nouvelle charpente en bois copie de la précédente. Seule une charpente avec des matériaux actuels (acier ou béton) permettrait de tenir la date de livraison. Jack Lang, ancien ministre de la Culture, appelle même à une reconstruction encore plus rapide que le président : « Il faut se donner un délai court, comme on l'a fait dans le passé pour des chantiers d'exception […] non pas dix ans, quinze ans, mais trois ans »[24].
Plans existants
Des plans de la charpente furent réalisés en 2015 par les architectes Cédric Trentesaux et Rémi Fromont avec une précision de 1 à 2 cm[270],[271].
L'Américain Andrew Tallon avait réalisé un relevé 3D par balayage laser de plus d'un milliard de points de référence afin d'offrir un outil moderne aux architectes[272],[270].
Technologies et artisanat
Les technologies modernes savent reproduire avec rapidité et précision les techniques des compagnons charpentiers, tailleurs de pierre. Les robots à commande numérique peuvent être équipés de différents outils de taille, de découpe[270].
Propositions architecturales et avis d'architectes
Les architectes proposent des solutions que les experts analyseront pour prendre la bonne décision[273].
Les architectes de la Direction régionale des Affaires culturelles proposent une charpente en métal pour respecter les délais annoncés par le président Emmanuel Macron[270]. La compétence technique existe et ne pose pas de difficulté majeure, souligne le secrétaire général des Compagnons du devoir[274].
Sans compter le plomb de la flèche, les 210 tonnes de plomb du toit (densité 11,3) d'épaisseur 5 mm couvrent environ 3 700 m2[275]. En cuivre (densité 8,92) d'épaisseur 1 mm. Une épaisseur de cuivre de 0,6 mm[276]ferait passer le poids de 33 à ~20 tonnes (gain en poids du métal d'environ 90 %). Le poids de la même surface métallique pèserait seulement 33 tonnes (gain en poids du métal d'environ 84 %). Pour la charpente, les nouveaux bétons hautes performances comme les bétons fibrés permettraient de gagner encore du poids tout en étant plus résistant. Ainsi, le Ductal est de six à huit fois plus résistant qu'un béton classique tout en étant deux fois moins lourd[277].
L'allègement de la toiture (couverture et charpente), tout en étant aussi solide, nécessiterait moins de matériaux et permettrait une mise en œuvre plus rapide, mais aussi de moins solliciter la structure en pierre fragilisée par l'usure du temps et l'incendie lui-même. L'utilisation de nouveaux matériaux autres que le bois, le plomb ou l'ardoise pour la reconstruction de charpentes de cathédrales ne serait pas inédit. Ainsi, le toit de la cathédrale Notre-Dame de Chartres constitué d'une charpente de fer supportant le toit en cuivre, a remplacé la forêt en châtaigner et le plomb disparus dans l'incendie de 1836. Tout comme le toit de la cathédrale Notre-Dame de Reims refait à partir de 1919 après les bombardements de 1914 ou celui de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes détruit par un incendie en 1972, dont les nouvelles charpentes sont en béton armé.
Jean Nouvel ne voit pas d'incompatibilité à apporter de la modernité dans la reconstruction, mais souhaite que la flèche de Viollet-le-Duc soit reconstruite à l'identique, celle-ci faisant pour lui « partie des choses intangibles de la cathédrale »[278]. L'agence Foster + Partners de Londres propose dans les jours qui suivent une esquisse montrant une toiture en verre et une flèche en cristal et acier inoxydable[279]. La petite agence dijonnaise Godart + Roussel réagi dans le même temps et diffuse des esquisses proposant un projet contemporain, avec une toiture vitrée et une flèche épurée en acier[273]. Jean-Michel Wilmotte indique pouvoir tenir le délai de cinq ans en utilisant des matériaux contemporains comme une charpente en acier, une couverture en titane et une flèche en carbone[273]. Dominique Perrault explique que « le patrimoine d'aujourd'hui est une superposition d'époques, chaque siècle ou presque aura laissé son empreinte sur la cathédrale »[273]. Roland Castro ne serait pas contre une flèche nouvelle, n'appréciant guère celle de Viollet-le-Duc, mais plaide pour une reconstruction à l'identique de la toiture, déclarant : « C'est un moment pour développer l'apprentissage, il y a par exemple des métiers formidable autour du plomb. Refaire la charpente bois serait également un moyen d'étudier l'histoire de cette technique »[273]. Denis Valode est contre le concours international d'architecture et affirme : « Ayons le courage de reconstruire Notre-Dame à l'identique. »[280].
Avis de l'Unesco
Une délégation de l'Unesco, dirigée par sa présidente Audrey Azoulay, est reçue le 19 avril 2019 par la présidence de la République. Lors de cette entrevue, l'organisme s'engage à apporter son soutien à la reconstruction de la cathédrale, reconnaissant le droit à chaque génération d'édifier le patrimoine en « s'adaptant au processus naturel et historique de changement et de transformation » et aux « nouvelles possibilités offertes par l'évolution des technologies »[281].
Dans la culture populaire
Détournement humoristique
Le concours proposé par le Premier Ministre relatif à la création d'une nouvelle flèche suscite de nombreuses réactions humoristiques des citoyens dont les médias relatent l'humour ainsi déployé notamment sur les réseaux sociaux[282],[283],[284].
Fake news et photomontage
Les fakes news sont abondantes sur les réseaux sociaux , les médias les relatent pour tenter d'enrayer leur propagation[285],[286],[287].
Hommage des dessinateurs et humoristes de presse écrite
Les dessinateurs et humoristes de presse écrite rendent hommage avec leur style dans leur rédactions dés le lendemain du drame[288].
Business de l'incendie
De nombreux produits dérivés relatif à la catastrophe apparaissent dans les commerces[289],[290]. Le club de football PSG met en vente un maillot floqué avec Notre-Dame, au profit des associations liées aux pompiers[291],[292].
Mais aussi les rééditions des grands classiques sur Notre-Dame font leur retour en force avec notamment le roman de Victor Hugo[293].
↑cf. article Paul Claudel : « J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus. »
↑Propos recueillis par Suzanne Gervais, « Vincent Dubois : « Le grand orgue de Notre-Dame de Paris est un miraculé » », La Lettre du musicien, (lire en ligne).
↑[Notre-Dame de Paris : le feu est maîtrisé, le point sur l'incendie Site du journal Paris-Match, article "Notre-Dame de Paris : le feu est maîtrisé, le point sur l'incendie"], consulté le 16 avril 2019.
↑ abc et dIndustrie-techno, « Quelles techniques pour reconstruire la « forêt » de la cathédrale Notre-Dame ? », industrie techno, (lire en ligne, consulté le )