La vie est belle
Description de l'image It's a Wonderful Life (1946 poster).jpeg.
Titre original It's a Wonderful Life
Réalisation Frank Capra
Scénario Frances Goodrich
Albert Hackett
Frank Capra
Jo Swerling
Acteurs principaux
Sociétés de production Liberty Films
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Comédie dramatique
Durée 130 min
Sortie 1946

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

La vie est belle (It's a Wonderful Life) est un film américain de Frank Capra sorti en 1946. Échec commercial à sa sortie, le film est depuis considéré comme un classique du cinéma américain et il est, à ce titre, régulièrement diffusé à la période de Noël par les chaînes de télévision américaines.

Basé sur la nouvelle The Greatest Gift (en) de Philip Van Doren Stern de 1943, elle-même vaguement basée sur la nouvelle Un chant de Noël de Charles Dickens de 1843[1], le film met en vedette James Stewart dans le rôle de George Bailey (en), un homme ayant renoncé à ses rêves pour aider les autres membres de sa communauté et dont les pensées suicidaires la veille de Noël provoquent l'intervention de son ange gardien, Clarence Odbody (en) (Henry Travers)[1] qui lui montre ce à quoi ressemblerait le monde s'il n'était jamais né et toutes les personnes dont il a changé la vie.

Lors de son exploitation en salles, le seuil de rentabilité du film est fixé à 6,3 millions $, soit environ le double de son coût de production, un chiffre qu'il est loin d'atteindre lors de sa sortie initiale. À cause du succès public limité du film, certains studios commencent à considérer que Capra a perdu sa capacité à produire des films populaires et à succès[2]. Bien que La vie est belle ait initialement reçu des critiques mitigées et ait été un échec au box-office, il est devenu un classique de Noël après l'expiration de ses droits d'auteur en 1974 quand il est tombé dans le domaine public, ce qui lui a permis d'être diffusé librement à la télévision[3].

Aujourd'hui, La vie est belle est considéré comme l'un des plus grands films du cinéma et parmi les meilleurs films de Noël[4]. Il est nommé aux Oscars dans cinq catégories, dont celle du meilleur film, et est considéré par l'American Film Institute comme l'un des 100 meilleurs films américains de tous les temps[5]. Il est 11e sur la liste en 1998, 20e en 2007, et 1er sur la liste des films américains les plus inspirants de tous les temps[6]. Capra a révélé que c'était son film préféré parmi ceux qu'il a réalisé, et qu'il le revoyait en famille à chaque Noël. C'était également l'un des films préférés de James Stewart[7]. En 1990, La vie est belle est désigné comme « culturellement, historiquement ou esthétiquement significatif » et ajouté au National Film Registry de la bibliothèque du Congrès.

Synopsis

Bande-annonce.
James Stewart et son ange gardien Clarence (Henry Travers).

La veille de Noël 1945, à Bedford Falls, New York, George Bailey envisage de se suicider. Les prières de sa famille et de ses amis atteignent le paradis, où l'ange gardien de deuxième classe Clarence Odbody est chargé de sauver George afin de gagner ses ailes.

Clarence voit des flashbacks de la vie de George. Il regarde George sauver son frère Harry de la noyade, laissant George sourd de l'oreille gauche. George empêche plus tard le pharmacien, M. Gower, d'empoisonner accidentellement un client à la suite d'une erreur dans la préparation d'un médicament.

En 1928, George prévoit une tournée mondiale avant l'université. Il rencontre Mary Hatch, qui est amoureuse de lui depuis toujours. Lorsque son père meurt subitement, George reporte son voyage pour installer l'entreprise familiale, Bailey Brothers Building and Loan. Henry Potter, membre du conseil d'administration avare, qui contrôle la majeure partie de la ville, cherche à la dissoudre, mais le conseil vote pour le maintien de la banque de prêt si George le dirige. George se résigne. Il travaille aux côtés de son oncle Billy, donnant ses frais de scolarité à Harry, étant entendu qu'Harry dirigera l'entreprise lorsqu'il obtiendra son diplôme.

Harry revient de l'université marié et avec une offre d'emploi de son beau-père, et George se résigne à diriger la banque de prêt. George et Mary se marient. Ils assistent à une ruée sur la banque et utilisent leurs économies de lune de miel pour maintenir la solvabilité de l'établissement. Sous George, la société crée Bailey Park, un lotissement permettant de devenir propriétaires aux locataires des bidonvilles hors de prix de Potter. Potter attire George avec un travail de 20 000 dollars par an mais, réalisant que la véritable intention de Potter est de fermer la banque de prêt, George refuse.

La veille de Noël 1945, la ville prépare un accueil en héros pour Harry qui, en tant que pilote de chasse de l'US Navy, a reçu la médaille d'honneur pour avoir empêché une attaque kamikaze contre un transport de troupes. Billy se rend à la banque de Potter pour déposer 8 000 dollars de l'argent du bâtiment et du prêt. Il se moque de Potter en montrant un titre de journal sur Harry, puis enveloppe distraitement l'argent dans le journal de Potter qui le trouve et le garde, tandis que Billy ne se souvient pas comment il l'a égaré. Comme un examinateur de banque examine les dossiers de l'entreprise, George réalise le risque de scandale et d'accusations criminelles qu'ils courent. Revenant sans succès sur les pas de Billy, George le réprimande et décharge sa frustration sur Mary et leurs enfants. George fait appel à Potter pour un prêt, offrant sa police d'assurance-vie en garantie. Potter se moque du fait que George vaut plus mort que vivant, refuse d'aider et téléphone à la police.

George fuit le bureau de Potter, se saoule dans un bar et prie pour de l'aide. Suicidaire, il se dirige vers un pont voisin, mais avant qu'il ne puisse sauter, Clarence plonge dans la rivière et George le sauve. Lorsque George souhaite ne jamais être né, Clarence montre à George une réalité alternative dans laquelle il n'a jamais existé. Bedford Falls est maintenant Pottersville, une ville peu recommandable occupée par des lieux de divertissement sordides, le crime et des gens insensibles. M. Gower a été emprisonné pour homicide involontaire puis est devenu un mendiant sans-abri parce que George n'était pas là pour l'empêcher d'empoisonner le client. La mère de George ne le connaît pas. Oncle Billy a été interné après l'échec du bâtiment et du prêt. Bailey Park est un cimetière, où George découvre la tombe de Harry. Sans George, Harry s'est noyé et sans Harry pour les sauver, les troupes à bord du navire de transport ont été tuées. George trouve Mary, maintenant célibataire, et quand il l'attrape et prétend être son mari, elle crie et s'enfuit.

George s'enfuit vers le pont et supplie Clarence de retrouver sa vie. La réalité originale est restaurée et un George reconnaissant se précipite chez lui pour attendre son arrestation. Pendant ce temps, Mary et Billy ont rallié les habitants de la ville, qui viennent dans la maison Bailey et font un don plus que suffisant pour couvrir l'argent manquant. Harry arrive et porte un toast à George comme « la personne la plus riche de la ville ». Parmi les dons, George trouve un exemplaire des Aventures de Tom Sawyer, un cadeau de Clarence et portant l'inscription « Souviens toi, aucun être humain qui a des amis n'est un raté. Merci pour les ailes ! » Lorsqu'une cloche sur le sapin de Noël sonne, la fille de George, Zuzu, explique que « chaque fois qu'une cloche sonne, un ange prend ses ailes ». George regarde vers le haut en souriant et dit : « Atta boy, Clarence ! »

Fiche technique

Donna Reed dans La vie est belle.

Distribution

Acteurs non crédités

Production

Genèse du projet

Frank Capra.

À l'origine était une nouvelle nommée The Greatest Gift écrite en par Philip Van Doren Stern. N'ayant pas réussi à la publier, il la transforma en une lettre de vœux et l'envoya en à quelque 200 membres de son entourage[9]. L'histoire attira l'attention d'un producteur de la RKO, David Hempstead qui estima que cela pourrait donner les bases d'un bon film pour y faire jouer Cary Grant et en RKO Pictures en acheta les droits pour plus de 10 000 dollars[10]. Toutefois le premier script ne plut pas à Cary Grant qui préféra se tourner vers un autre film de Noël, Honni soit qui mal y pense.

En 1945, Frank Capra voit le potentiel de la nouvelle et en rachète les droits pour sa propre compagnie, Liberty Films. Capra en produit trois scripts et s’appuiera de l'aide de nombreux scénaristes pour l'écriture, comme Frances Goodrich, Albert Hackett, Jo Swerling, Michael Wilson et Dorothy Parker[9]. Les trois scripts finissent par fusionner en un scénario que Capra renommera de son titre définitif It's a Wonderful Life[9].

Le village de Seneca Falls dans le comté de New York affirme que c'est en visitant leur ville en 1945 que Frank Capra s'appuiera pour créer la ville de Bedford Falls. Toutefois, James Stewart et Donna Reed viennent tous deux de petites villes des États-Unis.

Casting

Donna Reed, James Stewart et Karolyn Grimes.

Frank Capra affirme avoir toujours voulu James Stewart pour le rôle même si l'historien du cinéma Stephen Cox indique que Henry Fonda était aussi dans les rangs[11]. Pour le rôle de Madeleine, Jean Arthur, Ann Dvorak et Ginger Rogers furent à un moment envisagées.

H. B. Warner qui tient le rôle du pharmacien Mr Gower, avait réellement étudié la médecine avant d'embrasser une carrière d'acteur.

Réalisation

Le film est réalisé au studio de la RKO de Culver City, en Californie, ainsi qu'au movie ranch de la RKO à Encino (Los Angeles), où furent construits les décors de la ville de Bedford Falls. Une partie des décors avait déjà servi pour le film de 1931 La Ruée vers l'Ouest.

Le décor conçu pour le film est un des plus grands jamais construits en studio. La ville imaginaire de Bedford Falls comprenant immeubles, maisons, boutiques et usines, fut en effet entièrement édifiée à Encino, occupant une surface de 16 000 m2[12]. Des pigeons, des chats et des chiens sont amenés dans le studio afin de lui rendre vie. Le studio fit détruire le ranch en 1954[13]. Toutefois, le gymnase dans lequel a lieu la compétition de danse existe toujours, il se situe au Beverly Hills High School de Beverly Hills et le système permettant d'ouvrir le plancher pour le transformer en piscine existe toujours en 2020[14],[15].

Le tournage démarre le , pour se terminer après 90 jours de tournage, le . Frank Capra s'entendra peu avec Victor Milner et le fera remplacer par Joseph Walker. Certains de ses plans seront même tournés à nouveau après le renvoi de Milner. Durant la scène où Gower doit frapper le jeune George, H. B. Warner qui était réellement alcoolisé, blessa superficiellement Robert J. Anderson. La scène où George sauve Clarence fut tournée en plein été et l'on peut voir James Stewart suer.

À l'occasion du film, la RKO testa une nouvelle neige chimique pour le film basée sur un mélange de neige carbonique et de corn-flakes écrasés[16]. Durant le tournage, Donna Reed gagnera un pari contre Lionel Barrymore en prouvant qu'elle est capable de traire une vache sur le plateau[12]. De plus, c'est vraiment elle qui brise la vitre de la demeure en lançant un caillou, alors que Frank Capra pensait engager un assistant qui effectuerait le tir à sa place.

À l'origine, la scène où Harry tombe dans l'eau glacée devait être différente : alors qu'ils jouaient au hockey, les enfants devaient s'aventurer sur la propriété de M. Potter et celui-ci finissait par lâcher ses chiens, provoquant la fuite d'Harry et sa chute. Elle fut finalement changée au cours du tournage. D'autres scènes furent tournées par Frank Capra sans jamais être mises dans le montage final. On devait y voir George Bailey s'agenouiller et prier. Capra supprima la scène trouvant que cela plomberait le film en lui sur-ajoutant sur son côté religieux[17],[18]. Clarence devait aussi apparaître face à Potter, le faisant mourir d'une crise cardiaque, toutefois Capra trouvait que c'était trop et la scène fut retirée du montage final.

Diffusion et réception critique

Un an après sa sortie, le film a fait l'objet d'une novélisation : It's a Wonderful Life, par M.C. Bolin, publié chez Harper (1947).

La vie est belle est, avec Le Magicien d'Oz, un des films de Noël les plus diffusés de la télévision américaine[19]. À la suite d'une erreur, le copyright sur le film ne fut pas renouvelé en 1971, le faisant entrer dans le domaine public entre 1974 et 1994, permettant à beaucoup de chaines locales américaines de le rediffuser durant la période des fêtes de fin d'année[20],[12]. Néanmoins, le studio Republic Pictures a fait valoir ses droits sur l'histoire à l'origine du film, et une décision du Congrès Américain redonne en 1993 les droits de diffusion à Republic, faisant sortir le film du domaine public[21].

Le film fut l'objet d'un mémo du FBI qui voyait du communisme dans l'attitude de George[12].

Hommages

Le film figure à la 20e place du Top 100 de l'American Film Institute et fait partie de la Liste du BFI des 50 films à voir avant d'avoir 14 ans établie en 2005 par le British Film Institute et connut un remake destiné à la télévision en 1977, sous le titre de It Happened One Christmas (en).

James Stewart a toujours déclaré que de tous les films dans lesquels il a joué, La vie est belle était son préféré[12], c'est aussi le cas pour Donna Reed ainsi que pour Frank Capra qui estime que c'est le meilleur film qu'il ait réalisé[12]. Toutefois, en 1948, il affirmera que L'Enjeu est son meilleur film[réf. nécessaire].

La ville de Seneca Falls a créé depuis , un It's a Wonderful Life festival[22],[23] et possède un musée consacré au film.

Références dans d'autres œuvres

Selon le site TV Tropes, La vie est belle inspirera de nombreux scénarios de série télévisée dans laquelle un des personnages principaux, durant le temps d'un épisode, découvre le monde tel qu'il serait s'il n'était pas né.

Notes et références

  1. a et b « AFI Catalog of Feature Films The First 100 Years 1893–1993 », sur AFI Catalog, American Film Institute (consulté le )
  2. Eliot 2006, p. 206.
  3. Michael Pappas, « It's a Wonderful Life: From festive flop to Christmas classic », sur BBC Arts, British Broadcasting Corporation, (consulté le )
  4. Jeremy Arnold, Turner Classic Movies: Christmas in the Movies, (ISBN 9780762492480)
  5. « AFI's 100 Years ... 100 Movies 10th Anniversary Edition », American Film Institute (consulté le )
  6. « AFI's 100 Years ... 100 Cheers », American Film Institute (consulté le )
  7. Apparition aux films de la faculté de droit de l'Université de Chicago, 1978.
  8. Karolyn Grimes a laissé un livre, Zuzu Bailey's It's a Wonderful Life Cookbook (avec Franklin Dohanyes), Carol Publishing, 1996, ainsi qu'une biographie, Everytime a Bell Rings: The Wonderful Life of Karolyn Grimes (avec Clay Eals), Pastime Press, 1997. (voir son site officiel, en anglais).
  9. a b et c (en) A. Ervin « Some Kind of Wonderful, Frank Capra examines failure », Failure Magazine (version du 7 février 2009 sur Internet Archive).
  10. (en) « Tempest in Hollywood », The New York Times,‎ , p. X3.
  11. (en) Liz Greene, « One of America's Favorite Christmas Movies Has a Wonderful Life of Its Own: 72 Percent of Viewers are Younger Than the Movie », Blockbuster Inc (version du 7 décembre 2008 sur Internet Archive).
  12. a b c d e et f (en) Jennifer M Wood, « 25 Wonderful Facts About It’s a Wonderful Life », sur mentalfloss.com, .
  13. (en) « The RKO Encino Ranch – Residential Sets », sur retroweb.com.
  14. (en-US) « Does the 'It's a Wonderful Life' Swimming Pool Still Exist? », sur Snopes.com (consulté le )
  15. (en-US) Facebook et Twitter, « A technology marvel: The Beverly Hills High gym/pool », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  16. (en) Gary Wayne, « Hollywood on Location: the '40s » (version du 24 janvier 2016 sur Internet Archive).
  17. (en) Tim Dirks, « Review », sur filmsite.org, AMC Filmsite.
  18. (en) Robert L. Jones, « It Was A Wonderful Life » (version du 18 février 2013 sur Internet Archive).
  19. Denis Rossano, « Quoi de neuf dans le chapeau ? », L'Express, 23 décembre 2009.
  20. "Renewal Registrations, p. 1614". Catalog of Copyright Entries, January–June 1971, U.S. Copyright Office. Retrieved: November 8, 2010.
  21. La vie était plus belle avant, Romaine lubrique 2013
  22. (en) « It's a Wonderful Life festival », sur therealbedfordfalls.com.
  23. (en) Joan Barone McDonald, « Seneca Falls: It's a ‘Wonderful' town », The Buffalo News (version du 17 mars 2009 sur Internet Archive).
  24. (en) Bruce tout-puissant sur l’Internet Movie Database

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