Tableau d'Andrea Mantegna, pinacothèque de Brera.

Les Plaies du Christ ou Saintes Plaies sont les cinq plaies des deux mains et des deux pieds de Jésus de Nazareth crucifié et cloué sur la croix, et de sa plaie au flanc droit faite par le centurion Longin avec son javelot, pour constater sa mort, selon l'Évangile selon Jean, 19. et selon une prophétie du psaume 22, 16 : « Ils ont percé mes mains et mes pieds ».

« Vous avez ainsi terrassé le démon, en usant de la croix comme d'une fronde garnie de cinq pierres, quand votre divin corps fut suspendu au bois de la croix par cinq plaies »

— Ludolphe le Chartreux[1],[2]

Sources bibliques

Articles détaillés : Passion du Christ et Crucifixion.
L'Incrédulité de saint Thomas du Caravage (1601-1602), Potsdam, palais de Sanssouci.

Ces plaies sont mentionnées dans l'Évangile de saint Jean 19, symbolisant la victoire sur la mort, dans l'épisode de la Résurrection : le thème de l'« incrédulité de saint Thomas » a de nombreuses représentations picturales . « Puis Il dit à Thomas : " Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté " » : La Résurrection est signe de la Divinité de Jésus mais ses plaies symbolisent son humanité, celle de l'Incarnation.

Histoire de la dévotion aux Cinq Plaies

Cinq Plaies sur une armoirie (vers 1451), Hyghalmen Roll (en), College of Arms.

La première allusion aux quinquepartitum vulnus se trouve chez Pierre Damien. De retour des croisades et de Terre sainte fleurit la dévotion à la Passion et aux Saintes Plaies de Jésus-Christ, de même en raison des stigmates de saint François d'Assise. On a une trace de ce renouveau de piété et de dévotion dans un mémorial des évêques de Pologne adressé au pape Clément XII :

«  En outre, les Cinq Plaies du Christ sont honorées par une messe et un office, et nous vénérons aussi en plus de ces blessures, les pieds et les mains, et le côté de notre Rédempteur Bien Aimé, ces parties du corps du Seigneur sont vénérées d'un culte tout spécial plus important que les autres précisément parce qu'Il a souffert des douleurs spéciales pour notre salut et parce qu'avec elles est vénérée une marque insigne de Son Amour par conséquent, nous pensons avec foi qu'elles ne peuvent être considérées sans en sentiment spécial de piété et de dévotion.  »

— Nilles , de rat. Fest. Cordon de para. Jesu et Mariae I, 126, Catholic Encyclopedia

Cette dévotion obtint son approbation dans l'Église pour la première fois au concile de Lavaur en 1368, can. 128 : « Ob reverentiam et honorem quinque vulnerum per Salvatorem nostrum in ara crucis pro redemptione nostra receptorum »[3], avec des indulgences de trente jours à qui dirait cinq Pater en l'honneur des Cinq Plaies à genoux[4] ou sept Ave Maria car elle était alors étroitement liée aux Sept Joies de la Vierge dans le même texte.

Symbolique spirituelle

Nicolas Cabasilas décrit ainsi le sens profond, dans le christianisme, de la Passion et de la Résurrection de Jésus, qui est l'Amour de Dieu pour les hommes et ses créatures symbolisé par les plaies qui transparaissent sur son corps glorieux, ayant échappé aux lois de la nature :

« Il porte les cicatrices sur son corps son corps est spirituel, il ne connaît plus ni pesanteur, ni épaisseur, ni aucune autre affection corporelle […] mais il n'a pas du tout effacé ses plaies ; au contraire, il a tenu à les garder, à cause de son amour pour l'homme, parce que c'est par elles qu'il a retrouvé l'homme qui était perdu et c'est en étant blessé qu'il a conquis celui qu'il aimait. »

Confréries

Page de garde du livre "Statuts de la Confrérie des cinq playes de Notre-Seigneur Jésus-Christ" (de Saint-Gaudens) publié à Toulouse en 1737.

Elles étaient très répandues dans l'Église d'autrefois : il existait une confrérie des Cinq Plaies dans de nombreuses villes ou villages de France, par exemple à Bordeaux en l'église Saint-Éloi en 1496 établie le dimanche de Quasimodo pour demander la fin d'une épidémie de peste chez les religieux de Saint Augustin ainsi qu'à Toulouse et à Amiens[5] dont la fête était le , à Mantes (procession de 1588 qui comportait une représentation des trois vertus théologales de foi, espérance et charité mentionnées dans la Prière à Jésus crucifié)[6], etc. En Espagne à Jerez de la Frontera confrérie Las Sagradas cinco Llagas del Cristo, vêtus de blanc (appelée aussi le Silence Blanc, El Silencio Blanco). Sainte Marie-Françoise des Cinq-Plaies était une religieuse franciscaine proche de saint Pierre d'Alcántara.

À Lyon, une chapelle de La Croix-Rousse est dédiée aux Cinq Plaies, avec une archiconfrérie (Dévouées de la Maison des Cinq Plaies, sans vœu monastique, à la suite d'une œuvre pieuse fondée dans le sillon du Curé d'Ars), puis une congrégation de Sœurs du Sauveur, les Chanoinesses régulières des Cinq-Plaies de Notre-Seigneur en 1886, qui se développera au Manitoba au Canada[7].

Dévotion aux Cinq Plaies

Plaies du Christ, Cologne (XVe siècle).

Fêtes

Prières

Cinq Plaies, image allemande (XVIe siècle).

Symbolique populaire

Symboles religieux

La symbolique des plaies se retrouve dans la coutume d'introduire dans le cierge pascal cinq grains d'encens, d'oindre les quatre côtés et le milieu de l'autel durant une cérémonie, de dédier ses enfants aux Cinq Plaies du Christ, ou de penser aux Cinq Plaies en disant les cinq Pater du Rosaire[réf. nécessaire].

Selon le chanoine Collin, les catholiques effectuent le signe de croix de la main entière, étendue, les cinq doigts rassemblés, pour représenter les Cinq Plaies[16].

Symboles de la nature

Oursin.

«  D’un côté, l’étoile qui guida les Rois mages vers la crèche, Les quatre trous de la Crucifixion et le cinquième, celui de la lance romaine qui donna la mort. Sur la face arrière, le dessin des pétales de la poinsettia d’hiver qui ne fleurit qu’à Noël. Lorsqu’on casse cet oursin comme une hostie, il libère cinq petits éléments calcaires qui ressemblent étrangement à des oiseaux blancs aux ailes déployées : Les colombes du Saint Esprit et la Résurrection  »

— Légende de l'oursin des sables

Plusieurs saints comparent les plaies du Christ à des pierres précieuses, sans les définir, le diamant, le rubis ou une autre pierre rouge ou violette, figurant comme dans l'Apocalypse de saint Jean, dans le ciel, ceci de manière métaphorique. Par exemple Nicolas Cabasilas parle « des cicatrices d'amour, qui ornent ses mains, ses pieds et son côté comme des pierres précieuses ». Cette comparaison trouvait parfois une illustration concrète : cinq pierres précieuses, cinq rubis peuvent ainsi représenter les Cinq Plaies au Moyen Âge, sur les crucifix et les croix[18]. En Angleterre on fit des bagues représentant, les Cinq Plaies, à partir du XVe siècle, l'une fut découverte à Coventry et se trouve au British Museum, sur laquelle est représenté le Christ sortant de son tombeau, les instruments de sa Passion. Enfin chaque plaie est associée à un puits, en tout cinq Puits, de Pitié, de Réconfort, de Miséricorde, de Grâce, de Vie éternelle.

Fra Angelico : Noli me tangere, cellule 1 du couvent de San Marco, vers 1440. En agrandissant l'image on peut apercevoir deux symboles dans les fleurs sous les pieds des deux personnes représentées.

Dans le couvent San Marco de Florence, Fra Angelico a, sur la fresque Noli me tangere de la Résurrection du Christ, représenté une plante avec un point rouge sur ses cinq feuilles aux pieds de Jésus, et cinq fleurs rouges qui semblent être des pensées près de sainte Marie Madeleine, qui visuellement semblent se situer entre ses bras. Elles sont censées symboliser les Cinq Plaies, fleurs groupées comme un chapelet ou en couronne aux pieds de Marie Madeleine, et en éventail près de Jésus[19].

Les plaies de Jésus dans les arts

Détail du Christ mort de Hans Holbein le Jeune (1522).

Drapeaux

Les Cinq Plaies ont parfois figuré sur des drapeaux ainsi dans la province d'York en Angleterre en 1536[20].

Représentations

Église de Logonna-Daoulas, Bretagne.

Il existe de nombreuses représentations picturales individualisées de ces plaies dans les livres d'Heures du Moyen Âge car elles sont un objet de dévotion et de culte :

Elles sont visibles dans leur ensemble sur le corps du Christ par les représentations artistiques du Christ dans sa Passion :

Notes et références

  1. La grande vie de Jésus-Christ.Ludolphe le Chartreux (1300?-1378 [1]
  2. Ces plaies sont traditionnellement représentées dans les paumes, malgré la longue étude du Docteur Pierre Barbet montrant que le Christ avait été crucifié dans les poignets
  3. Heinrich Joseph Wetzer, Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique: rédigé par les plus savants professeurs et docteurs en théologie de l'Allemagne catholique moderne ..., Gaume frères et J. Duprey, (lire en ligne)
  4. source originale Jean Grancolas Commentarius historicus in Romanum Breviarium [lire en ligne]
  5. Amiens A morsibus serpentibus protegere, a luparum rabie delevrare, a consimilibus letharlibus morbis
  6. Aubin Louis Millin, Antiquités nationales, ou, Recueil de monumens: pour servir à l'histoire générale et particulière de l'empire françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc. : tirés des abbayes, monastères, châteaux, et autres lieux devenus domaines nationaux, Chez M. Drouhin, (lire en ligne)
  7. Guy Laperrière, Les congrégations religieuses: 1880-1900 ; T. 2, Au plus fort de la tourmente : 1901-1904, Presses Université Laval, (ISBN 978-2-7637-7442-8, lire en ligne)
  8. Jean Baptiste Glaire, Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, Poussielgue Frères, (lire en ligne)
  9. Source L'Encyclopédie Catholique, Volume XV. Publié 1912. New York: Robert Appleton Company. Nihil Obstat, le 1er octobre 1912. Remy Lafort, STD, Censeur. Imprimatur. + John Farley Cardinal, Archevêque de New York - Cité sur le site de Croire (voir liens externes)
  10. « Prière de Sainte Claire d'Assise aux Cinq Plaies de Jésus - images saintes », sur imagessaintes.canalblog.com, (consulté le )
  11. Père Jean-Pierre, « la Prière à Jésus du Staretz Isidore de Russie », sur le blog nectaire par : jean pierre (consulté le )
  12. Traité dogmatique et pratique des indulgences Jean Baptiste Bouvier page 168, [lire en ligne].
  13. (en) Sur Google Books : Stories of the rose : The making of the Rosary in the Middle Ages - Anne Winston-Allen - 1997 - 210 p. (lire en ligne)
  14. (en) The Rosary ‘our sacred heritage’
  15. Sœurs du Sauveur - Chanoinesses régulières des Cinq Plaies du Sauveur, Centre du patrimoine, Saint-Boniface (Manitoba).
  16. Traité du signe de la croix fait de la main ou la religion catholique justifiée sur l'usage de ce signe : ouvrage historique et moral, Demonville, , 370 p. (lire en ligne), p. 4.
  17. « Legend of the Sand Dollar », sur mrmom.amaonline.com (consulté le )
  18. Histoire des maîtres généraux de l'Ordre des frères prêcheurs'', Daniel Antonin Mortier page 349
  19. Source : Voir les images en détail [2] Fra Angelico figure les stigmates du Christ par des indices, des taches ou des traces ("Noli me tangere", cellule 1 du couvent de San Marco, vers 1440)
  20. Source Histoire ecclésiastique, Volume 19 Par Claude Fleury [3] r Jésus est venu faire la paix sur le sang de sa croix.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes