L'origine familiale de Robert le Fort est obscure et diverses conjectures ont été formulées. Selon certains, il serait d'origine neustrienne ; selon d'autres, d'origine saxonne[3] ou germanique[4],[5]. Au XXe siècle, des travaux de plusieurs historiens comme Karl Glöckner[6] ou Karl Ferdinand Werner[7] confirmés par Christian Settipani[8] ont permis de dégager un certain nombre d'hypothèses et de quasi-certitudes sur l'histoire et la généalogie de Robert le Fort.
Robert le Fort est cité dès 836, année au cours de laquelle il quitta la région du Rhin moyen[12], mais sans mention de titre.
Lors des luttes de pouvoir entre les fils de Louis Ier le Pieux, il prit parti pour Charles II le Chauve, gendre d'Eudes d'Orléans et donc époux de sa probable cousine germaine. Il dut abandonner ses terres, incorporées dans le royaume de Lothaire Ier, pour se réfugier à l'ouest, dans sa famille maternelle.
Karl Ferdinand Werner explique la réussite de son implantation dans la région ligérienne par les attaches familiales[9],[10] qui l'auraient lié au clan animé par le sénéchalAdalard et à deux groupes de parenté de l'Ouest :
En 856, Charles II le Chauve installe son fils Louis à la tête d'un « duché du Mans », territoire qui correspond à la marche de Neustrie[18]. Robert n'est mentionné ni à cette occasion, ni à partir de et au cours de l'année 854 quand les Normands remontent la Loire pour piller Angers, Tours ou Blois[19] : peut-être avait-il à cette époque perdu ses charges. Toujours est-il qu'on le retrouve en 858 aux côtés de Louis le Germanique, contre Charles et son fils[20]. Il ne se soumet qu'en 861, en échange du marquisat de Neustrie[21].
En 862, 864 et 865, Robert s'illustra dans la lutte contre les offensives des Vikings qui ont établi des bases à l'embouchure de la Loire (853) et de la Seine (856) sous la direction de leur chef Hasting.
En 862, Robert prend douze vaisseaux aux Normands sur la Loire. En 864, il attaque et disperse deux corps de Normands et en 865, il tue cinq cents des Normands qui avaient brûlé Poitiers[22].
Bernard Plantevelue, n'étant pas décidé à abandonner son héritage paternel, vint attaquer Robert le Fort qui dut abandonner Autun et pour se dédommager, prit possession de l'abbaye Saint-Martin de Tours et en chassa l'abbé[23].
En 866, Charles le Chauve lui octroya, outre à nouveau le marquisat de Neustrie, la collégiale de l'abbaye Saint-Martin de Tours, abbaye prestigieuse qui avait l'avantage de mettre à la disposition de Robert une mense abbatiale lui permettant de doter de nombreux vassaux[13].
Robert mourut la même année à la bataille de Brissarthe, l'opposant, avec d'autres comtes et 1 500 hommes, à des Vikings qui descendaient la Sarthe après avoir pillé Le Mans[21].
Réginon de Prüm raconte que les Normands tuèrent Robert le Fort devant l'église de Brissarthe.
L'épouse de Robert le Fort n'est mentionnée dans aucune source contemporaine. Plusieurs hypothèses ont été mentionnées à cet égard.
La première hypothèse, la plus communément admise, est de considérer que Robert le Fort est le second mari d'Adélaïde d'Alsace[24]. Adélaïde d'Alsace, connue aussi sous le nom d'Adélaïde de Tours (v. 805–ap. 866), était la fille de Hugues d'Alsace. Elle s'est mariée vers 839 avec Conrad Ier de Bourgogne[25]. Mais rien n'assure qu'Adélaïde se soit remariée après la mort de Conrad et cette hypothèse présente des faiblesses chronologiques.
La seconde hypothèse propose que Robert le Fort se soit marié avec une fille d'Adélaïde d'Alsace et de Conrad Ier. Cette hypothèse repose sur une interpolation de la chronique de saint Bénigne de Dijon, datant du XIIe siècle[26]. La transmission du prénom Hugues chez les Robertiens et le fait qu'Hugues l'Abbé, fils d'Adélaïde et de Conrad, succède à Robert le Fort renforcent l'hypothèse que l'épouse de Robert le Fort soit une proche parente d'Adélaïde.
La troisième proposition, avancée par l'historien allemand Karl Ferdinand Werner, fait de cette épouse une fille d'Eudes d'Orléans (vers 790–834). Mais s'il y a bien une parenté entre Eudes d'Orléans et Robert le Fort, c'est probablement par Waldrade, la mère de Robert le Fort, laquelle serait sœur d'Eudes d'Orléans.
↑Dans un but polémique, certains auteurs ont répandu la légende selon laquelle Hugues Capet ne serait pas le descendant de Robert le Fort mais d'un boucher comme Dante Alighieri dans la Divine Comédie (Purg. XX-52 : brocard repris mais non inventé par Dante — cf. Pézard). Cette idée a été reprise par exemple dans l'Histoire de France racontée à Juliette de Jean Duché mais cette fois appliquée à Robert le Fort lui-même. Les Robertiens sont issus d'une famille illustre dont certains membres sont devenus des serviteurs du royaume et de l'Église dès la fin de l'époque mérovingienne, comme Robert, chancelier de Clotaire III.
↑Le prénom Eudes était celui de l'oncle maternel de Robert le Fort, Eudes d'Orléans.
↑Eugène Jarry, Provinces et pays de France : essai de géographie historique, vol. 2, C. Poisson, (lire en ligne), p. 130.
↑Richer et Poinsignon, Histoire de Richer en quatre livres, P. Régnier, (lire en ligne), p. 17.
↑Gérard Galand, Les seigneurs de Châteauneuf-sur-Sarthe en Anjou : de Robert le Fort à la Révolution (vers 852-1791), Éd. Cheminements, (lire en ligne), p. 10.
↑(en) Charles Cawley, « Robert "le Fort" (-866) », dans « France, Capetian kings », ch. 1 : « Kings of France (Capet) », section A : « Kings of France 888-898 and 922-936 », sur medlands – Foundation for Medieval Genealogy (consulté le ).
↑Karl Glöckner, Lorsch und Lothringen. Robertiner und Capetinger - Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, Karlsruhe, 1936, t. 50, p. 301-354.
↑Karl Ferdinand Werner, « Les premiers Robertiens et les premiers Anjou (IXe – Xe siècles) », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1997.
↑Christian Settipani, La préhistoire des Capétiens (481-987), éd. Patrick Van Kerrebrouck, 1993, p. 399.
↑ a et bVoir les actes du colloque, publiés en 1997 sous la direction des historiens Olivier Guillot et Robert Favreau, par la Société des antiquaires de l'Ouest.
↑ a et bHervé Pinoteau, La symbolique royale française, Ve – XVIIIe siècle, P.S.R. éditions, 2004, p. 43.
↑Olivier Guillot, Albert Rigaudière, Yves Sassier, Pouvoirs et institutions dans la France médiévale, tome I : Des origines à l'époque féodale, Armand Colin, 2003, p. 153.
↑Paul-Alexandre Marchegay, André Salmon et Émile Mabille, Chroniques des comtes d'Anjou, Paris, Renouard, 1856-1871, 434 p. (lire en ligne), p. LV.
↑F. Lesueur, Thibaud le Tricheur comte de Blois de Tours et de Chartres au Xe siècle, Blois, Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, coll. « Mémoires de la société des sciences et lettres de Loir-et-Cher » (no 33), , 244 p. (lire en ligne), p. 36.
Olivier Guillot (dir.) et Robert Favreau (dir.), Pays de Loire et Aquitaine de Robert le Fort aux premiers Capétiens : actes du colloque scientifique international tenu à Angers en septembre 1997, Poitiers, Société des antiquaires de l'Ouest, coll. « Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers / 5e » (no 4), , 266 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne].
Hélène Noizet, « L'ascension du lignage robertien : du val de Loire à la Francie », Annuaire-Bulletin de la société de l’histoire de France, Paris, , p. 19-35 (ISBN978-2-35407-101-1, lire en ligne).
Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (481-987). Première partie : Mérovingiens, Carolingiens et Robertiens, Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1, Patrick van Kerrebrouck (éd.), Villeneuve d'Ascq, 1993 (ISBN2-9501509-3-4).