Schilder-boeck | |
Couverture de la première édition | |
Auteur | Carel van Mander |
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Pays | Provinces-Unies |
Genre | Dictionnaire biographique d'histoire de l'art |
Version originale | |
Langue | Néerlandais |
Titre | Het Schilder-Boeck Waer in haer ghestalt, aerdt ende wesen, de leer-lustighe Jeught in verscheyden Deelen in Rijm-dicht wort voor ghedraghen; Daer nae in dry delen 't leven der vermaerde doorluchtighe Schilders des ouden, en nieuwen tyd: Eyntlyck d'wtlegghinhe op den METAMORPHOSEON Pub. Ouidij Nasonis; Oock daer beneffens wtbeeldinghe der figuren. Alles dienstich en nut den schilders Const beminders en dichters. Oock alle staten van menschen. |
Éditeur | Passchier Wesbusch |
Lieu de parution | Haarlem |
Date de parution | 1604 |
ISBN | 90-70288-85-0 |
Version française | |
Traducteur | Henri Hymans |
Éditeur | J. Rouam |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1884-1885 |
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Het Schilder-Boeck ou Schilder-boek (connu en français comme Le livre des peintres) est un ouvrage écrit par le peintre et écrivain flamand Carel van Mander. Il a été édité pour la première fois en 1604 en néerlandais à Haarlem.
Het Schilder-boeck est composé de six volumes et est considéré comme l'une des principales sources de l'histoire de l'art et de théorie de l'art pour les XVe et XVIe siècles aux Pays-Bas.
Het Schilder-boeck est constitué de six volumes qui sont indexés et possèdent une couverture propre :
L'histoire de la peinture néerlandaise primitive est d'abord décrite par l'Italien Lodovico Guicciardini dans son Descrittione di Lodovico Guicciardini patritio fiorentino di tutti i Paesi Bassi altrimenti detti Germania inferiore (Description des Pays-Bas, 1567) : c'est une source pour le biographe Giorgio Vasari et son très célèbre Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, également connu comme Le Vite. D'ailleurs, les biographies du Schilder-boek ont un style et un format similaires au Vite. Carel van Mander fait de rares digressions à ce format : il commence, pour chaque peintre, par une vue générale sur sa jeunesse et une liste de ses maîtres, puis donne des informations sur sa carrière et conclut avec une liste des œuvres notables.
Cette tradition ne faisait pas grand cas de la topographie géographique des Pays-Bas et du fait que les frères Hubert et Jan van Eyck, considérés comme les pères de la peinture néerlandaise, étaient situés à Bruges. Carel van Mander essaya de corriger ces erreurs en listant tous les célèbres peintres néerlandais primitifs. Il rencontra de nombreuses difficultés pour obtenir des informations précises du fait des conflits politiques et sociaux de son époque.
Van Mander écrivait dans un pays où le calvinisme était puissant et l'art religieux était regardé avec suspicion. Le marché des sujets religieux a rapidement été remplacé par la peinture de genre et les allégories historiques. C'était devenu à la mode de choisir des sujets politiquement corrects, comme des histoires trop vieilles pour heurter protestants et catholiques. La ville d'Harlem avait besoin de se réinventer après avoir perdu son attraction comme site de pèlerinage pour saint Bavon. Ces dirigeants ont fait des commandes de peintures représentant sa gloire passée, telle que l'histoire de la croisade à Damiette, qui est à l'origine des armoiries d'Haarlem (en). Les artistes et les écrivains ont été à renouveler la source locale d'inspiration artistique. Van Mander contribue à cet effort en fournissant une liste de biographies d'anciens peintres dans son deuxième chapitre, « Vies des illustres peintres anciens, incluant les Égyptiens, Grecs et Romains » et dans son cinquième chapitre, « Commentaire sur les Métamorphoses d'Ovide »[1].
Selon Ernst van de Wetering, par son Schilder-boeck, Carel van Mander est « le premier à établir la synthèse de toutes les connaissances historiques, théoriques et pratiques relatives à la peinture »[2].
La deuxième édition inclut une biographie de van Mander dont Hessel Miedema (en) pense qu'elle a été écrite par son frère, présent avec lui quand il était sur son lit de mort. D'autres candidats ont été proposés pour écrire la biographie. Certains pensent que son fils, Carel van Mander le Jeune (en), a également pu en être l'auteur. Celui-ci se serait basé sur des informations biographiques que son père aurait compilées lui-même. Ces informations ne sont pas complètement fiables, mais restent la meilleure source d'information sur la vie de Carel van Mander[3].
Du fait que les pages ne sont numérotées que sur la page de droite, les index ont un addendum au numéro de page pour indiquer le recto et le verso de la page afin de la localiser plus efficacement. Chercher les peintres reste cependant difficile car l'indexation utilise les prénoms avant les noms de famille, étant donné que les noms de familles usités par les peintres eux-mêmes n'étaient pas concordants dans toutes les régions où ils avaient été actifs. Beaucoup de peintres étaient plus connus par leurs surnoms que par leurs prénoms. C'est pour cette raison que l’épellation des noms utilisés dans le texte ne correspondent pas toujours aux noms indexés.
L'ouvrage commence avec un livre sur la fondation de l'art de la peinture. Cette introduction est composées de quatorze chapitres sur la théorie de l'art évoquant de nombreux sujets comme les paysages, les animaux, la draperie et la composition des œuvres.
Les biographies d'anciens peintres du Het Schilder-boek sont en grande partie basées sur l’Histoire naturelle de Pline l'Ancien et n'offrent aucune nouveauté[4]. La liste qui suit concerne les peintres anciens les plus notables[1] :
Van Mander basa cette partie sur le Vite de Vasari, qui a fut publié un demi-siècle avant. Carel van Mander ne traduisit qu'environ la moitié des biographies de Vasari, remplaçant l'autre moitié par des peintres italiens contemporains du néerlandais lors de son séjour en Italie, tels que Le Tintoret qui devint connu après la publication du Vite. Par ailleurs, Van Mander fit un travail d'édition sur les biographies de Vasari en réinterprétant une partie du travail de Vasari et mettant à jour certaines informations[5]. Ce qui suit est une liste des textes de Vasari que van Mander a traduits et inclus dans son ouvrage avec leur notice correspondante[6] :
Van Mander est moins connu pour ses traductions sur l'art italien qu'il ne l'est pour ses biographies de peintres néerlandais. Ce qui suit est la liste des peintres déjà célèbres provenant des Pays-Bas[7] :
Van Mander décrivit également des peintres contemporains qu'il pensait devoir mentionner :
Carel van Mander suivit une formation humaniste et avait publié auparavant une traduction des Métamorphoses d'Ovide. Dans le Schilder-boeck, il fournit un commentaire sur cet ouvrage. Van Mander embrassa la philosophie de la Renaissance selon laquelle il n'y avait pas de conflit entre la mythologie classique et l’Ancien Testament, et que la mythologie était capable de véhiculer des vérités et leçons des évangiles. Par exemple, le mythe des Titans assaillant le trône de Jupiter peut être interprété comme l'illustration d'un dictum chrétien selon lequel l'orgueil est la cause de tous les maux. Les interprétations allégorisées des Métamorphoses dans le Schilder-boeck sont inspirées de cette vue de la Renaissance sur la mythologie classique[8].
Cette partie fut bien accueillie et fut vendue par la suite de façon séparée[9].
Le volume final traitant des représentations des figures contient une liste de plusieurs animaux et objets qui peuvent avoir un sens symbolique pour le peintre au moment de l'inclure dans la composition. Ce livre inclut plusieurs rites païens utilisables dans des allégories historiques.
Inclus avant l'index aux Métamorphoses, ce volume se veut un guide supplémentaire à l'ouvrage général.
La première édition sort en 1604 à Haarlem et est éditée par Passchier Wesbusch. Mais van Mander meurt deux ans plus tard, et les éditions ultérieures sont toutes posthumes : la deuxième édition est faite par Jacob Pietersz Wachter à Amsterdam en 1618 ; il y aura ensuite de nombreuses éditions en néerlandais ainsi que dans d'autres langues.
L'une des plus remarquables d'entre elles est celle de 1764 : éditée par Steven van Esveldt, Jacobus De Jongh met à jour les textes tandis que Jan l'Admiral réalise une grande série de portraits gravés[N 1] des peintres flamands et néerlandais[10],[11].
La première traduction française date de 1884-1885. Elle est l'œuvre de Henri Hymans, conservateur de la Bibliothèque royale de Belgique. Cette traduction est complétée par des notes et commentaires[12].
Le Schilder-boeck permit l'introduction des artistes néerlandais et flamands dans l'art italien et leur encouragement à voyager en Italie.
Cet ouvrage eut une grande influence sur l'écriture de l'art dans les XVIIIe et XIXe siècles. Cornelis de Bie (Het Gulden Cabinet, 1662), Joachim von Sandrart (Teutsche Akademie, 1675), Samuel van Hoogstraten (Inleyding tot de hooge schoole der schilderkonst, 1678), Philippe Baldinucci (Notizie de' Professori, 1681) et Arnold Houbraken (Schouburg, 1720) sont quelques-uns des biographes primitifs qui utilisèrent le travail de van Mander pour leurs textes biographiques de peintres néerlandais ou comme base pour développer leur propre théorie de l'art[13].
Les « Vies des illustres peintres néerlandais et allemands » est le volume le plus long du Schilder-boeck. Historiquement, il fut et continue d'être le plus important ouvrage pour les historiens de l'art qui cherchent des détails sur les peintres néerlandais primitifs[14]. Il est la source primaire la plus citée dans les nombreuses biographies d'artistes que van Mander y a inclus. Les historiens de l'art accordent beaucoup d'intérêt à sa critique des œuvres de ces artistes, en particulier lorsqu'il décrit le style pictural, l'utilisation de la couleur, ainsi que le lieu de conservation et le propriétaire des peintures, ce qui a permis d'établir leur provenance.
Le Schilder-boeck est inclus dans la Librairie Basique de la DBNL (les Canons de la littérature néerlandaise (en)), qui contient les ouvrages que ses compilateurs ont estimé être les 1 000 plus importants de la littérature néerlandaise, du Moyen Âge à l'époque contemporaine[15].