BGM-109 Tomahawk | |
Vol d'essai d'un TLAM Block IV en 2002. | |
Présentation | |
---|---|
Type de missile | Missile de croisière |
Constructeur | General Dynamics (à l'origine) Raytheon/McDonnell Douglas (de nos jours) |
Coût à l'unité | 569 000 $ US
936 000 $ US (2012) |
Déploiement | 1983 - auj. |
Caractéristiques | |
Moteurs | accélérateur à carburant solide (accélération) Turbofan Williams International F107-WR-402 à fuel TH-dimer (vol de croisière) |
Masse au lancement | 1 200 kg |
Longueur | sans booster : 5,56 m avec booster : 6,25 m |
Diamètre | 0,52 m |
Envergure | 2,67 m |
Vitesse | ~ 880 km/h |
Portée | de 1 250 à 2 500 km (selon les versions) |
Altitude de croisière | de 20 à 100 m |
Charge utile |
|
Guidage | GPS, inertiel (INS), TERCOM, DSMAC |
Détonation | FMU-148 depuis TLAM Block III |
Plateforme de lancement | Système de lancement vertical (VLS) ou, pour les sous-marins, tubes lance-torpilles |
modifier |
Le BGM-109 Tomahawk est un missile de croisière destiné à être équipé d'une ogive thermonucléaire ou conventionnelle, conçu par les États-Unis dans les années 1970. Il peut être lancé d'un bâtiment de surface, d'un sous-marin (sous-marins d'attaque conventionnels, sous-marin nucléaire d'attaque (SNA), d'un sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) ou sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière (SSGN)), et depuis les années 2020, de batteries terrestres mobiles[2].
La décision de fabriquer une version tactique du missile stratégique mer-mer SLCM fut prise en 1972. Deux prototypes pouvant être tirés par un tube lance-torpilles furent mis au point : le General Dynamics ZBGM-109 et le LTV ZBGM-110. Après essais, le BGM-109 Tomahawk fut retenu, et les premiers modèles de présérie virent le jour en 1977, pour finalement entrer en service opérationnel en 1983.
Il était prévu que la version servant de vecteur nucléaire, le TLAM/N, soit construite à 758 unités, 350 finalement ont été produites et 260 étaient en stock lors du début de leur retrait en 2010.
En 2004 est entré en service le RGM-109E (nommé aussi Tactical Tomahawk, TacTom, TLAM-E, Tomahawk Block IV) qui, malgré une portée réduite, dispose de la capacité de reprogrammer le missile durant son vol pour attaquer une autre cible, peut survoler une zone cible pendant un certain temps, permet l'évaluation des dommages à travers une caméra de bord et dont les coûts de production sont moitié moindres que ceux des Block III. Fin 2010, 4 805 exemplaires avaient été commandés[3]. En 2013, un système de navigation pouvant être reprogrammé par une liaison satellite, couplé à un autodirecteur recherchant des sources électromagnétiques permettant d'engager des cibles mobiles, telles que navires ou systèmes de défense antiaérienne, est testé sur le Tomahawk IV.
En 2015, un test démontre la capacité du Tomahawk à détruire une cible mouvante au sol, en utilisant les informations fournies par un réseau de plates-formes[4].
Le missile a fait face en 2015 à un arrêt de production prévu pour 2016, ce qui selon le blog National Defense ennuierait la firme Raytheon[5]. Cette dernière annonce en effet que l'arrêt des commandes pourrait entraver sérieusement le fonctionnement des chaînes de production du missile[5]. Mais le , un contrat pour la construction de 214 missiles et des pièces de rechange est signé[6] et la production et améliorations du missile sont assurées pour les années 2020.
La poussée initiale pour l'éjection hors du tube de lancement est fournie par un moteur-fusée à carburant solide, relayé ensuite par un turboréacteur Williams F107 pesant 66,2 kg[7]. Le missile est équipé d'un système de guidage inertiel et/ou d'un système GPS, ainsi que d'un autodirecteur à infrarouges pour une frappe assez précise (de l'ordre de quelques mètres). Il peut emporter plusieurs charges utiles, le BGM-109D Tomahawk emportant 166 sous-munitions de type BLU-97. Il vole à une vitesse subsonique de 880 km/h (environ Mach 0,7) et sa portée maximale est de 2 500 km. Avec une tête conventionnelle, sa portée est de 1 104 km.
Un système nommé TAINS (en anglais : Tercom Aided Inertial Navigation System) guide le missile tiré sur des cibles terrestres à une vitesse subsonique (800 km/h) et volant à une altitude variant entre 20 et 100 m (pour éviter la détection radar) jusqu'à 2 500 km de son point de tir pour les TLAM-N, 1 600 km pour les TLAM-C et E et 1 250 km pour les TLAM-D[8]. Un second système, nommé DSMAC (pour l'anglais : « Digital Scene-Mapping Area Correlator », se prononce « dee-smack »), stocke une représentation graphique de la cible telle que le missile doit la voir en phase finale, pour s'assurer que les deux correspondent.
Entre 100 et 200 exemplaires du Tomahawk sont produits dans les années 2000/2010 chaque année à l'usine Raytheon de Tucson, en Arizona. Quelque 300 sociétés, basées dans 24 États, participent également activement au fonctionnement de la chaîne de production. Son coût était de l'ordre de 550 000 dollars américains en 1999. Une commande de 361 TLAM Block IV est passée le pour un montant de 337,84 millions de dollars, soit un coût unitaire de 935 844,87 dollars par missile (761 613,95 euros, au cours du )[9].
Ces missiles ont une recertification après 15 ans de service, c'est-à-dire à mi-vie. La recertification permet de remédier à certaines obsolescences et de réaliser l'entretien des missiles voire de les améliorer. Les Tomahawks block IV recertifiés en 2019 verront une amélioration du système de communication et des systèmes électroniques. Une ogive à charge creuse, nommée Joint Multi-Effects Warhead System (JMEWS)[10], testée la première fois en octobre 2010[11] est disponible. Le Tomahawk Bk IV modernisé sera aussi capable de frapper des cibles navales en mouvement[12]. Renommée Block Va pour la version antinavire et Vb pour celle armée de la JMEWS, ces versions qui entreront en service en 2023 doivent remplacer toutes les anciennes versions du Tomahawk qui seront converties à ces nouveaux standards[13].
Le missile Tomahawk a été accusé de contenir de l'uranium appauvri. En effet, la revue spécialisée Jane's Defence Weekly a un jour indiqué que le missile contenait ce métal, avant de retirer l'information[14].
Sept variantes du BGM-109 Tomahawk existent, employant divers types d'ogives :
La version GLCM tirée depuis des camions lance-missiles a été retirée du service actif et détruite, dans le cadre du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF treaty) de 1987.
En 1996, l'US Navy avait 142 navires totalisant 6 266 silos à missiles pouvant emporter un Tomahawk, soit 72 sous-marins (696 lanceurs) et 70 navires de surface (5 570 lanceurs). Il y avait alors plus de 4 000 missiles de croisière Tomahawk dans l'inventaire[19]. Fin mars 2011, le stock est d'environ 3 200[20].
Avec la chute du bloc soviétique et la détente qui a suivi sur le plan des armements nucléaires stratégiques, quatre sous-marins de la classe Ohio ont été convertis en sous-marins lanceurs de missiles de croisière (SSGN selon la terminologie OTAN) et sont entrés en service en 2007. Les tubes de lancement contiennent chacun une dizaine de missiles Tomahawk (154 missiles au total), ce qui donne à chacun de ces sous-marins une puissance de feu considérable contre des objectifs terrestres.
Depuis 1984, sur les sous-marins de la classe Los Angeles (sous-marin nucléaire d'attaque de l'US Navy), construits entre 1976 et 1995, 12 tubes à lancement vertical (VLS, Vertical Launch System) pour les missiles Tomahawk sont montés entre le sonar avant et le kiosque. La classe Virginia dispose d'un armement similaire.
La classe Seawolf s'impose comme le SNA le plus efficace qui soit. Les anglo-saxons l'ont qualifié de « Hunter Killer » (« chasseur tueur »). Fort de ses 8 tubes lance-torpilles de 660 mm, le SSN 21 Seawolf est le seul sous-marin au monde pouvant transporter 50 engins, tels que les torpilles Mk-48 ADCAP, des missiles AGM-84 Harpoon anti-navires ou les dernières versions du Tomahawk, capables d'être tirées tant sur des navires que sur des cibles à terre.
La Royal Navy a acquis et testé ses premiers Tomahawk en 1998. Le HMS Triumph de la classe Trafalgar, emporte quatre UGM-109E Tomahawk tirés par tubes lance-torpilles. En 2010, tous les SNA britanniques peuvent emporter cette arme.
Les navires de la classe Iowa sont une série de cuirassés construits pour l'US Navy durant la Seconde Guerre mondiale comportant quatre unités. Après sa dernière modernisation, en 1982, l'USS Missouri, le premier navire de surface doté de ce nouveau système d'arme, pouvait emporter 32 missiles de croisière BGM-109 installés dans huit Armored Box Launcher (ABL) emportant chacun quatre missiles. Les autres navires en étant équipés sont sept destroyers de la classe Spruance à partir de 1984, les quatre croiseurs de la classe Virginia et le USS Long Beach (CGN-9) avec deux conteneurs par bâtiment. Le dernier navire embarquant des ABL a été retiré du service en 1998.
Avec leurs systèmes de lancement verticaux, les croiseurs de classe Ticonderoga peuvent emporter un maximum de 122 missiles, les destroyers de classe Arleigh Burke 90 et les classe Spruance 61.
Sur un destroyer britannique type 45, l'artillerie navale pourrait notamment se composer de huit missiles de croisière Tomahawk anti-navires, qui pourraient être installés si le financement est suffisant, ce qui dans le contexte budgétaire des années 2010 n'est pas à l'ordre du jour.
Le Mark 70 PDS pour « Payload Delivery System » est un système comportan quatre cellules VLS MK.41 logées dans un conteneur de 12 mètres (40 ft). Le MK 70 PDS est produit par Lockheed Martin et a été dévoilé pour la première fois en septembre 2021 après le lancement d'un missile antiaérien SM-6 par l'USV Ranger en utilisant le système.
Bien que le système ait été principalement testé avec les SM-6, il est compatible avec tous les missiles actuellement intégrés dans le MK.41 VLS, y compris le missile de croisière Tomahawk.
L'armée de terre des États-Unis l'emploie, avec quelques modifications spécifiques , pour des batteries « Mid-Range Capability » (MRC) nommés également Typhon dont les prototypes sont réceptionnés début novembre 2022. Chaque batterie ayant quatre lanceurs prit en remorque par des Heavy Expanded Mobility Tactical Truck[2].
En 2009, plus de 1 700 Tomahawks avaient été tirés dans des opérations de combat, avec un taux de réussite de 85 à 90 %. En , on dénombrait un total de plus de 2 300 missiles tirés[22].
Le Hyunmoo-3C est un missile de croisière de fabrication sud-coréenne dévoilé à la fin des années 2000.
Deux des épaves parmi les 75 missiles tirés le contre Oussama ben Laden auraient été vendues par ce dernier à la Chine[33]. Une partie de leur technologie aurait permis de mettre au point les missiles CJ-10 et DH-10. Ces affirmations restent toutefois à vérifier.
Le Hatf 7 est un missile de croisière de fabrication pakistanaise, dévoilé lors de son tir d'essai en 2005. En juillet et , deux missiles de croisière américains Tomahawk, tombés en territoire pakistanais lors de la frappe américaine en Afghanistan, sont retrouvés quasiment intacts dans le sud de ce pays et ont probablement subi une rétro-ingénierie fournissant ainsi des informations.