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Ernest Ginsburger |
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Ernest Ginsburger est un rabbin français du XXe siècle né à Héricourt (Haute-Saône), et mort à Auschwitz le [1],[2]. Grand-rabbin de Genève, de Belgique puis de Bayonne, il participe comme aumônier à la Première Guerre mondiale. Dès le début de l'Occupation, il dénonce l'idéologie nazie dans des articles et des sermons. Arrêté en mars 1942, il meurt en déportation l'année suivante.
Le père d'Ernest Ginsburger, Emmanuel (alias Maurice) Ginsburger, est le président de la communauté israélite de Héricourt. Sa mère est Jeannette Bonef. Son cousin, dont il est très proche, est le rabbin Moïse Ginsburger[3], père de Roger Ginsburger devenu plus tard Pierre Villon, le résistant et homme politique communiste. La famille quitte Héricourt pour Lunéville, en Meurthe-et-Moselle et Ernest Ginzburger devient bachelier en 1893.
De 1894 à 1900, Ernest Ginsburger fait ses études rabbiniques au Séminaire israélite de France (SIF). Il étudie à la Sorbonne et à l'École des hautes études, section des sciences historiques et philologiques. Il est titulaire d'un diplôme de bachelier en droit, sanctionnant les deux premières années d'études en droit.
À Paris, il habite au 4, rue Fléchier, dans le 9e arrondissement[4]. Il dirige un cours d'instruction religieuse du Consistoire de Paris.
Ernest Ginsburger pose sa candidature, sans succès, au poste rabbinique de Dijon, en Côte-d'Or, en 1900, puis à Châlons-sur-Marne (aujourd'hui appelé Châlons-en-Champagne), dans la Marne, puis à Remiremont dans les (Vosges) en 1902, et de nouveau à Dijon en 1907, mais à cet endroit il ne le peut, « pour cause... de célibat »[5], puis à Lyon en 1908.
Ernest Ginsburger est élu grand-rabbin de Genève en 1908[6], position qu'il occupe jusqu'en 1923[7],[8].
Dans le cadre de ses fonctions, il met l'accent sur l'éducation juive et agit en faveur des réfugiés et persécutés juifs auprès de la Société des Nations et du Bureau international du travail. Il représente l'Alliance israélite universelle, l'Anglo-Jewish Association et l'American Jewish Joint Distribution Committee (Joint). Il préside la section suisse de la Ligue des amis du sionisme. Il demande de l'aide pour les étudiants juifs russes réfugiés en Suisse et qui sont démunis[9].
Par autorisation du gouvernement français il devient conseiller de la délégation turque à la conférence de Lausanne. Son action diplomatique concourt à l'établissement du passeport Nansen.
Durant la Première Guerre mondiale, Ernest Ginsburger s'engage comme aumônier[10],[11]. Il fait partie du 18e corps d'armée. En tant qu'aumônier, il assiste blessés et mourants en Belgique, successivement à Charleroi, Nieuport, Steenstrate[12],[13] et au mont Kemmel. Il réussit à faire interner en Suisse des milliers de prisonniers alliés. Il participe à l'Œuvre de secours aux prisonniers français. Il fonde l'Œuvre israélite de secours aux prisonniers de guerre. En 1916, il est transféré à une division d'infanterie algérienne puis en 1917, remplace le rabbin Léon Fridman[14],[15],[16],[17] au groupe des brancardiers de corps.
Le , il épouse à Paris Germaine Zivy (née en 1894). Ils vont avoir deux fils[18]. Elle décède en 1928, à l'âge de 34 ans[19].
Ernest Ginsburger est élu grand-rabbin de Belgique en [20],[21],[22],[23]. Il s'installe à Bruxelles, le . En 1926, à la suite d'inondations, 4 000 travailleurs juifs perdent leur emploi en Belgique et Ernest Ginsburger lance un appel d'aide à la communauté juive en leur faveur[24]. Il démissionne de ses fonctions en 1929.
En 1929, Ernest Ginsburger devient le grand-rabbin de Bayonne, des Landes et des Basses-Pyrénées. Il s'installe à Bayonne le . En 1931, il adresse un télégramme de félicitations à la jeune République espagnole. Il obtient du gouvernement républicain espagnol le droit pour des Juifs victimes du nazisme d'immigrer dans certaines provinces d'Espagne.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, à cause de son âge (63 ans), Ernest Ginsburger n'est pas mobilisé. Dès le début de l'Occupation, il lutte contre le nazisme par des sermons et des articles ouvertement anti-hitlériens. Dans un sermon de Pâques 1941, il compare la défaite de l'aviation allemande dans la Manche à l'engloutissement des armées égyptiennes dans la mer Rouge. Il diffuse des tracts clandestins. Il adresse une lettre au régime de Vichy pour protester contre la réquisition de la synagogue de Bayonne. Cette dernière est transformée en entrepôt des services du ravitaillement allemand.
Ernest Ginsburger est arrêté à Bayonne[25],[26],[27] en . L'historien du rabbinat Roger Berg évoque la découverte de documents antinazis à l'ambassade de France en Belgique comme cause de son arrestation[28]. Il est interné au camp de Royallieu (Compiègne)[29], puis au camp de Drancy. Il est déporté, par le convoi no 47, en date du [30]. L'historien Martin Gilbert mentionne la présence de Ernest Ginsburger dans ce convoi[31],[32]. Ernest Ginsburger est assassiné à son arrivée Auschwitz, le .
« Hier soir, pour 20 h 30, je suis allé assister à une causerie que devait faire le rabbin sur les origines des persécutions exercées contre les Juifs depuis l'époque où les Juifs ont commencé à fonder des communautés dans les villes et les pays bordant la Méditerranée et dans les différents pays de l'Europe. Cette causerie était très intéressante, et il nous a dit qu'il n'a pu trouver l'origine du mot « Juif », car en réalité on devrait les appeler « judéens », comme venant de la Judée. Ce sont les chrétiens, et en particulier le catholicisme, qui ont institué la persécution des Juifs. »